Parmi les élus, Rachel Notley est sans doute celle qui a subi la plus radicale lobbytomie de la part de l’industrie pétrolière. Elle devrait descendre de ses grands chameaux et réfléchir au jour, peut-être pas si loin, où en raison de l’exploitation bitumineuse, l’eau potable vienne à manquer dans sa province. Elle voudra peut-être construire un pipeline pour transporter de l’eau potable du Québec vers l’Alberta... péréquation ou pas.
Quand des provinces s’opposent à ce qu’elle répande son pétrole partout, elle utilise le boycottage – ce fut le cas avec Colombie Britannique et maintenant c’est le tour du Québec.
Le problème c’est que l’Alberta a mis tous
ses oeufs (pourris) dans le même panier. Or, à mesure que les dérèglements climatiques
feront leur œuvre, divers problèmes surviendront. Il n’y a aucun pays dans le
monde capable de cesser d’utiliser ces énergies sales du jour au lendemain. Une
vicieuse dépendance a été créée au cours du dernier siècle – les pétrochimistes
ont décidé d’en mettre dans tout à cause des surplus. Or au lieu d’augmenter la
production, il faudrait la limiter à l’essentiel si l’on veut éviter
l’hécatombe.
Y a-t-il quelqu’un qui veut payer un cours
101 sur les dérèglements climatiques aux élus récalcitrants qui veulent poursuivre la course écosuicidaire?
Ce n’est pas parce que le pétrole «finance des
écoles, des hôpitaux et des routes» qu’on peut le dire propre – c’est comme financer
des bonnes œuvres avec l'argent du crime organisé.
En
général, je désapprouve la manière dont la Coalition avenir Québec
s'apprête à gérer les défis environnementaux. Cependant, je suis d'accord avec le rejet du
pipeline Énergie Est. On se doit de souligner les bons coups tout autant que
les mauvais.
«Pétrole sale albertain» : Rachel
Notley répond à François Legault
Mylène
Crête
Presse
canadienne
François
Legault s'est fait dire de descendre de ses grands chevaux par la première ministre
de l'Alberta, Rachel Notley, mardi, alors qu'un ex-député fédéral appelle au
boycottage des produits du Québec.
Selon Mme Notley, le premier ministre
québécois doit réaliser que son gouvernement tire beaucoup d'avantages du
pétrole albertain.
«Je dirais au nouveau premier ministre du
Québec qu'il a besoin de descendre de ses grands chevaux, qu'il a besoin de
jeter un coup d'oeil à ce qu'il y a dans le sol et qu'il a besoin de comprendre
que, non seulement notre produit n'est pas sale, mais qu'il finance les écoles,
les hôpitaux, les routes et potentiellement certaines des infrastructures
hydroélectriques au Québec», a-t-elle dit.
Celle-ci réagissait aux propos tenus par
François Legault vendredi à l'issue de la conférence des premiers ministres à
Montréal. Il se prononçait alors sur le projet d'oléoduc Énergie Est, que
l'Alberta, la Saskatchewan et le Nouveau-Brunswick tentent de raviver et dont
le tracé traverserait le Québec. Ce projet, abandonné en 2017 par TransCanada,
visait à transporter le pétrole des sables bitumineux albertain vers les
raffineries de l'est du pays.
François Legault a refusé cette «énergie
sale» pour laquelle il n'y a pas d'acceptabilité sociale sur le territoire
québécois, tout en soulignant que le Québec pouvait vendre son
hydroélectricité.
«Je ne me sens pas du tout gêné de refuser
de l'énergie sale, alors que, nous, on offre de l'énergie propre à un prix très
concurrentiel», avait-il affirmé.
Depuis, l'ex-député conservateur au fédéral
et ex-chef du Parti Wildrose à la législature albertaine, Brian Jean, incite les Albertains au boycottage des produits québécois
puisque le Québec reçoit «près de 60 % de toute la péréquation» «financée par
le pétrole de l'Alberta». Sa publication a été partagée près de 11 500 fois
sur Facebook depuis samedi.
Le Québec a fait l'objet de critiques lundi,
lors de la rencontre des ministres des Finances à Ottawa, parce qu'il recevra
la part du lion du transfert de péréquation en 2019-2020, soit plus de 13
milliards, alors qu'il nage dans les surplus.
Le gouvernement fédéral versera en tout près
de 20 milliards en péréquation à cinq provinces la même année pour assurer un
niveau de services publics équivalents partout au pays. Outre le Québec, le
Manitoba, la Nouvelle-Écosse, l'Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick
recevront un chèque.
L'Alberta,
considérée comme l'une des provinces riches, se plaint de vivre une crise en
raison du faible prix du pétrole. Le gouvernement néodémocrate prévoit un
déficit de 7,5 milliards pour l'année financière en cours.
Les craintes climatiques sont réelles,
alors l’industrie des sables bitumineux doit fermer
Par
Thomas Walkom
The
Star | Affaires nationales, le 4 décembre 2018
Photo :
Jeff McIntosh / La Presse canadienne. Un bassin de résidus reflète
l'installation de la mine de sables pétrolifères Syncrude près de Fort
McMurray, en Alberta, en juillet 2008. De nouvelles recherches financées par le
gouvernement indiquent que les niveaux actuels d'émissions des sables
bitumineux finiront par acidifier une région du nord de l'Alberta et de la
Saskatchewan de la taille de l'Allemagne.
En Pologne, le Canada et près de 200
autres pays font un effort de dernière minute pour sauver le monde des
changements climatiques dévastateurs.
Ici,
les gouvernements canadien et albertain tentent de sauver une industrie qui est
l'une des plus grandes émettrices de gaz à effet de serre au pays et qui
contribue aux dérèglements climatiques.
Si cela semble une contradiction, c'est
parce que c'est le cas.
Le compromis libéral conçu par le premier
ministre Justin Trudeau et son gouvernement il y a deux ans ne fonctionne pas.
Il s'agissait d'un grand marché qui d’une façon a permettrait de réduire les
émissions de gaz à effet de serre sans que les Canadiens n'aient à en souffrir.
En fait, ce devait être un pacte entre
Ottawa et l'Alberta. Le gouvernement fédéral aiderait la première ministre de
l'Alberta, Rachel Notley, à exploiter et à transporter le pétrole des sables
bitumineux de la province. En retour, elle appuierait une sorte de taxe
nationale sur le carbone demandée par Trudeau.
Chaque partie donnerait un peu pour parvenir
à un compromis canadien classique. C'était la théorie.
Et en des circonstances normales, ça aurait
dû marcher.
Mais les circonstances actuelles sont loin
d'être normales. Les changements climatiques ne sont pas simplement une autre
faille dans les relations fédérales-provinciales que l'on peut résoudre en
modifiant, par exemple, la formule de péréquation.
Si le consensus scientifique est exact, il
s'agit d'une crise comparable à une guerre nucléaire mondiale.
Déjà, le changement climatique provoque des
sécheresses exceptionnellement graves dans certaines régions et des tempêtes
exceptionnellement violentes dans d'autres. Elle menace d'inonder une grande
partie de la Floride. Il fait fondre les glaces de l'Arctique.
Il s'est exprimé par des inondations en
Europe et des incendies dévastateurs en Colombie-Britannique, en Californie et
en Alberta. Il est généralement considéré comme l'une des causes profondes de
la guerre civile syrienne et on s'attend à ce que cela débouche sur une
recrudescence de conflits.
Lorsque la présidente de l'Assemblée
générale des Nations Unies, Maria Espinosa, a averti que l'humanité était «en danger
de disparition» à cause du changement climatique, elle n'exagérait pas.
Le monde a tenté d'y faire face depuis le
sommet de Paris en 2015. Là-bas, les nations ont convenu de travailler ensemble
pour éviter que les températures mondiales n'augmentent trop rapidement.
Mais l'accord de Paris n'était pas
contraignant. Les pays fixent leurs propres objectifs de réduction des
émissions et ne sont pas tenus de les atteindre.
Depuis lors, les groupes scientifiques de
l'ONU ont fait deux constats troublants. Premièrement, les objectifs annoncés
ne suffisent pas; le changement climatique se produit plus rapidement que
prévu. Deuxièmement, la plupart des pays, y compris le Canada, ne sont pas en
voie de tenir les promesses faites, même inadéquates.
La conférence de deux semaines sur le
changement climatique à Katowice, en Pologne, vise à encourager les signataires
de Paris à devenir plus ambitieux.
Bonne chance. Le président américain Donald
Trump a abandonné l'Accord de Paris. D'autres menacent de faire de même.
Le Canada est probablement plus typique.
Bien qu'il soit théoriquement un ardent partisan de l'accord, il est le moins
enthousiaste à l'idée de prendre les mesures qui s'imposent.
Plus précisément, Ottawa insiste pour
appuyer une industrie des sables bitumineux qui est l'un des plus anciens
contributeurs aux changements climatiques au Canada.
Bien que les sables bitumineux ne soient
responsables que de 10 % des émissions de carbone du Canada, ils comptent parmi
les plus importantes sources ponctuelles de gaz à effet de serre du pays et un
puissant symbole de ce que l'humanité fait de travers.
Sur
le plan économique, les sables bitumineux sont condamnés. Dans un monde inondé
de schiste bitumineux bon marché, les nouveaux projets de sables bitumineux
sont finalement trop coûteux à développer – même si le pipeline Trans Mountain
de 4,5 milliards de dollars qu'Ottawa a acheté pour acheminer le bitume de
l'Alberta vers la côte Pacifique se concrétise.
D'un point de vue environnemental, c'est un
désastre, tant en ce qui concerne les bassins de décantation créés pour stocker
leurs déchets que les émissions de carbone qu'ils rejettent dans l'air.
Les réductions de production imposées et l’achat
de wagons-citernes par le gouvernement peuvent permettre aux sables bitumineux de
boiter encore un peu. Mais dans un monde dont l'existence même est menacée par
les gaz à effet de serre créés par cette industrie, l'option la plus
raisonnable est de fermer.
Un
article à monter sur ses grands chevaux :
CO2
vs the COPs
By Barry Saxifrage in Analysis
Canada’s National Observer | December 12th 2018
“Whatever our world leaders are 'doing' to
reduce emissions, they are doing it wrong.”
"We have to understand what the older
generation has dealt to us, what mess they have created that we have to clean
up and live with.”
– Greta Thunberg, 15-year-old Swedish climate hero
speaking at COP24
The primary force overheating our planet,
destabilizing our climate and acidifying our oceans is the surging levels of
carbon dioxide in our atmosphere.
Since 1990,
at the Rio Summit, world leaders have met annually and pledged to stop this
"speeding freight train" before it gets too dangerous. Right now they
are meeting in Katowice, Poland, for the twenty-fourth year in a row, at a
United Nations Conference of the Parties (COP 24).
Despite
decades of global promises and negotiations CO2 levels have not stabilized. Not
only are emissions still rising, they are actually accelerating upwards.
There is no mystery about where all this
new CO2 is coming from – fossil fuels like oil, gas and coal. Every year,
humanity digs up and burns more fossil carbon than it did the year before. And
every year we continue to dump the resulting tens of billions of tonnes of CO2
pollution directly into our atmosphere.
------
(1)
Le terme «pétroleuses» se référait aux femmes accusées d’avoir utilisé du
pétrole pour allumer des incendies, en 1871, lors de l’écrasement de la Commune
de Paris par les versaillais. Après l’incendie de l’Hôtel de ville de Paris le
24 mai, on affubla de ce terme les femmes qui avaient pris part aux combats
armés, faisant d’elles les boucs émissaires du vandalisme survenu pendant la
Semaine sanglante. (Wikipédia)
Les
gravures publiées au moment où le mythe de la pétroleuse naît, et alors que les
femmes impliquées dans la Commune sont traduites devant les conseils de guerre,
elles viennent fournir à l’opinion publique des représentations efficaces de
ces allégories noires ou négatives de la Commune comme règne du chaos et de la
destruction. Cette iconographie recourut souvent à l’excès pour alimenter
l’imagerie anti-communarde et le mythe de la pétroleuse, en dépit des démentis.
Dans tous les cas, les pétroleuses ont servi à exorciser la «grande peur» de la
Commune et de ses incendies. Malgré le mythe populaire de la pétroleuse, aucune
femme n’a jamais été reconnue coupable d’incendie criminel délibéré selon les
archives désormais accessibles. (L’histoire
en images)
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