21 décembre 2018

Des Fêtes gobeuses de cash

En 1974, à l’émission Consommateurs avertis, le journaliste André Ménard avait questionné des élèves de l’École Laurier, à Montréal :  
   «Qu’est-ce que tu as demandé pour Noël?» «Un train électrique.» «En as-tu déjà un?» On entend l’enfant acquiescer. «Il fonctionne encore? Oui? Pourquoi en veux-tu un autre?» On l'entend ensuite demander à une fillette qui souhaitait avoir une poupée «qui marche et qui boit» pour Noël : «Est-ce que tu as déjà une poupée?» «J’en ai huit.» «Huit? Et t’en veux d’autres?», réplique le journaliste ahuri. (Gravel le matin, Ici Radio-Canada Première, novembre 2018)

«Noël... en chiffres» de Statistiques Canada fournit des données sur la consommation gravitant autour du temps des Fêtes (1). En décembre 2016, les Canadiens ont dépensé plus de 50 milliards de dollars (vente au détail). Certains sondages prévoient qu’en 2018 les ventes pourraient dépasser celles de 2017. Combien de bébelles seront remisées au sous-sol ou balancées aux ordures? C’est fou.

Le piège des marques 

L’extrait qui suit est tiré de : En as-tu Vraiment besoin? | PIERRE-YVES MCSWEEN; Guy Saint-Jean Éditeur 2016 

En glorifiant une marque, on crée un désir, on suscite de l’envie, on forge une personnalité. On vend du rêve, pas de la réalité.  

La valeur des marques
Pourquoi se procurer des marques? Pourquoi vouloir une sorte de panneau ambulant? Parce qu’on a réussi à nous donner l’impression qu’on faisait partie de quelque chose de plus grand que nous en les consommant. Or, il s’agit d’un sentiment d’appartenance un peu futile et sans valeur.
   Les marques sont un outil d’acceptation sociale : un genre de police d’assurance de non-rejet. Bien que ce soit futile, acheter telle ou telle marque adoptée par un groupe d’amis équivaut à accorder sa confiance à une certaine tranche de la population.

Le désir d’hier et l’inutilité de demain 
Avec les années, les marques changent, la mode évolue, mais le phénomène perdure. Une année, c’était Burton, une autre, c’était Tommy Hilfiger. Il y a aussi eu les manteaux Canada Goose : les fameux manteaux tous pareils. Dans les corridors de HEC Montréal, c’en était une farce.
   Qui se souvient des célèbres t-shirts Vuarnet? Ils ont complètement disparu de la carte, sauf quelques exemplaires encore en bon état dans les comptoirs de l’Armée du Salut.
   Les consommateurs d’Apple ne sont pas seulement des consommateurs; ils sont parfois des disciples. Des disciples prêts à écouter la grand-messe annuelle, au moment de la sortie des nouveaux produits. Des disciples prêts à défendre la marque et à participer à l’obsolescence programmée. Le marketing a gagné, la raison a perdu.
   Les marques nous projettent dans la réalité attirante d’un autre. Notre cerveau fait une association et manque aussi d’esprit critique quand vient le temps de sonner un sens à notre interprétation des marques. Quand une vedette s’associe à tel produit, est-ce logique? Endosse-t-elle vraiment le produit ou plutôt le chèque qui y est lié? Est-ce qu’Eugénie Bouchard se bourre vraiment de Coke Diète? Maria Sharapova affirmait prendre des médicaments pour prévenir ou traiter le diabète, très présent dans la famille. Or, elle a sa propre marque de bonbons, Sugarpova. Honnêtement, n'est-ce pas là un illogisme d'image?


Les marques laissent leur marque dans notre cerveau. C’est du vent, on le sait, on le sent. On ne peut expliquer pourquoi on est esclave des marques à certains égards. On a un biais cognitif de représentativité. Plus on entend parler d’une marque de façon positive, plus notre cerveau lui confère de la valeur. Il faut juste en être conscient.
   Par contre, certaines marques sont si ancrées dans notre inconscient qu’elles s’apparentent à un tatouage et s’imprègnent dans notre processus de réflexion. On ne choisit plus un produit parmi les marques facilement disponibles, mais on exige UNE marque, pour laquelle on a un préjugé cognitif favorable. Il est très difficile de se libérer de ce réflexe d’opter pour une marque connue ou prestigieuse, même si la différence de prix représente une somme substantielle à mettre sur la table.
   Même les espaces naturels ont une marque. Même les régions géographiques ont une marque. Tout est marque. Tout adulte vivant dans une société de consommation verra son jugement faussé par la reconnaissance de la marque. 

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(1) Quelques-unes des hallucinantes statistiques de surconsommation saisonnière.

ARBRES DE NOËL 


Production  

● 77,6 millions de dollars – La valeur des recettes monétaires agricoles tirées de la production d'arbres de Noël au Canada en 2016.
● 1 872 – Le nombre d'exploitations agricoles qui cultivaient des arbres de Noël en 2016. Cette activité agricole est concentrée au Québec, en Nouvelle-Écosse, en Ontario, en Colombie-Britannique et au Nouveau-Brunswick.

Exportations d'arbres de Noël fraîchement coupés

● 43,1 millions de dollars – La valeur des arbres de Noël fraîchement coupés qui ont été exportés par le Canada dans le monde en 2016.
● 1 952 489 – Le nombre d'arbres de Noël fraîchement coupés qui ont été exportés par le Canada dans le monde en 2016.

● 5,1 millions de dollars – La valeur des arbres de Noël fraîchement coupés qui ont été importés au Canada en provenance des États-Unis en 2016.

Importations d'arbres de Noël artificiels

● 61,0 millions de dollars – La valeur totale des arbres de Noël artificiels importés au Canada en 2016.
● 59,5 millions de dollars – La valeur des arbres de Noël artificiels importés au Canada en provenance de la Chine en 2016.

CADEAUX

L'échange de cadeaux est un aspect important de Noël, sans parler de Hanoukka et de l'Aïd al-Adha. (Les données ne sont pas désaisonnalisées)

● 5,1 milliards de dollars – La valeur des aliments et des boissons achetés chez les grands détaillants au Canada en décembre 2016. Il s'agit d'une hausse de 16,92 % par rapport à la moyenne mensuelle des ventes de 4,35 milliards de dollars pour cette catégorie en 2016, et de 16,8 % par rapport aux ventes en novembre 2016.
● 459,9 millions de dollars – La valeur des téléviseurs et de l'équipement audio et vidéo achetés chez les grands détaillants au Canada en décembre 2016. Il s'agit d'une hausse de 121,3 % par rapport à la moyenne mensuelle des ventes de 207,8 millions de dollars pour cette catégorie en 2016, et de 31,0 % par rapport aux ventes en novembre 2016.
● 417,8 millions de dollars – La valeur des jouets, des jeux et des articles de passe-temps (y compris les jeux électroniques) achetés chez les grands détaillants au Canada en décembre 2016. Il s'agit d'une hausse de 203,7 % par rapport à la moyenne mensuelle des ventes de 137,6 millions de dollars pour cette catégorie en 2016, et de 38,8 % par rapport aux ventes en novembre 2016.
● 274,9 millions de dollars – La valeur des ordinateurs et des logiciels achetés chez les grands détaillants au Canada en décembre 2016. Il s'agit d'une hausse de 65,4 % par rapport à la moyenne mensuelle des ventes de 166,3 millions de dollars pour cette catégorie en 2016, et de 11,9 % rapport aux ventes en novembre 2016.
● 263,4 millions de dollars – La valeur des petits appareils ménagers électriques achetés chez les grands détaillants au Canada en décembre 2016. Il s'agit d'une hausse de 91,5 % par rapport à la moyenne mensuelle des ventes de 137,6 millions de dollars pour cette catégorie en 2016, et de 33,0 % par rapport aux ventes en novembre 2016.
● 238,5 millions de dollars – La valeur des articles de table, des articles de cuisine, des batteries de cuisine et des moules achetés chez les grands détaillants au Canada en décembre 2016. Il s'agit d'une hausse de 82,1 % par rapport à la moyenne mensuelle des ventes de 131,0 millions de dollars pour cette catégorie en 2016, et de 46,6 % par rapport aux ventes en novembre 2016.
● 154,8 millions de dollars – La valeur des cosmétiques et des parfums achetés chez les grands détaillants au Canada en décembre 2016. Il s'agit d'une hausse de 69,2 % par rapport à la moyenne mensuelle des ventes de 91,5 millions de dollars pour cette catégorie en 2016, et de 48,9 % par rapport aux ventes en novembre 2016.
● 171,6 millions de dollars – La valeur des articles de sport achetés chez les grands détaillants au Canada en décembre 2016. Il s'agit d'une hausse de 16,2 % par rapport à la moyenne mensuelle des ventes de 147,6 millions de dollars pour cette catégorie en 2016, et de 47,7 % par rapport aux ventes en novembre 2016.
● 98,7 millions de dollars – La valeur de la papeterie, des fournitures de bureau, des cartes, du papier d'emballage et des articles pour réception achetés chez les grands détaillants au Canada en décembre 2016. Il s'agit d'une hausse de 85,1 % par rapport à la moyenne mensuelle des ventes de 53,3 millions de dollars pour cette catégorie en 2016, et de 43,5 % par rapport aux ventes en novembre 2016.
● 118,0 millions de dollars – La valeur des montres et des bijoux achetés chez les grands détaillants au Canada en décembre 2016. Il s'agit d'une hausse de 130,4 % par rapport à la moyenne mensuelle des ventes de 51,2 millions de dollars pour cette catégorie en 2016, et de 108,2 % par rapport aux ventes en novembre 2016.
● 73,7 millions de dollars – La valeur des appareils-photo (traditionnels et numériques) ainsi que du matériel et des fournitures photographiques connexes achetés chez les grands détaillants au Canada en décembre 2016. Il s'agit d'une hausse de 177,4 % par rapport à la moyenne mensuelle des ventes de 26,6 millions de dollars pour cette catégorie en 2016, et de 88,4 % par rapport aux ventes en novembre 2016.

AVEZ-VOUS ÉTÉ SAGE?

Selon la tradition, les enfants qui n'ont pas été sages reçoivent un morceau de charbon dans leur bas de Noël!
● 61,0 millions de tonnes – La quantité de charbon produite au Canada en 2016.

BONBONS ET ALIMENTS À GRIGNOTER

● 460,2 millions de dollars – La valeur des ventes de bonbons, de confiseries et d'aliments à grignoter des grands détaillants canadiens en décembre 2016, le mois où les ventes ont été les plus élevées.

VINS MOUSSEUX


● 363,2 millions de dollars – La valeur des ventes de vins mousseux au Canada en 2015-2016. Les produits canadiens représentaient un septième de cette valeur.
● 17,2 millions de litres – Le volume des vins mousseux vendus au Canada en 2015-2016.

CONSOMMER DE FAÇON RESPONSABLE

● 70 500 – Le nombre d'affaires de conduite avec les facultés affaiblies déclarées par la police en 2016, soit environ 1 400 de moins que l'année précédente.
● 100 – Le nombre d'affaires de conduite avec les facultés affaiblies (alcool ou drogues) causant la mort en 2016.

BRÛLER LES CALORIES ACCUMULÉES

● 31,3 millions de dollars – La valeur des ventes d'équipement d'exercice et de conditionnement physique des grands détaillants canadiens en janvier 2016. En décembre 2015, la valeur des ventes d'équipement d'exercice et de conditionnement physique des grands détaillants se chiffrait à 29,0 millions de dollars.
● 17,1 millions de dollars – En comparaison, la moyenne mensuelle des ventes d'équipement d'exercice et de conditionnement physique des grands détaillants canadiens en 2016.

LAIT DE POULE ET CRÈME À FOUETTER

● 5,2 millions de litres – Le volume des ventes commerciales de lait de poule au Canada en décembre 2016. Plus de 2,6 millions de litres de lait de poule ont été vendus en novembre 2016.
● 5,7 millions de litres – Le volume des ventes commerciales de crème à fouetter au Canada en décembre 2016. Octobre 2016 était le deuxième mois où l'on a enregistré les ventes les plus élevées, soit 4,9 millions de litres.

DINDES ET DINDONS

● 21,8 millions – Le nombre de dindes et de dindons produits au Canada en 2016.
● 183,4 millions de tonnes – La quantité de dinde produite au Canada en 2016.
● 1 992 – Le nombre d'exploitations agricoles produisant des dindes et des dindons au Canada.

Le chat n'en veut même pas. 

Les deux derniers items m’ont inspiré l’article «Des Fêtes gobeuses d’animaux» ci-après. Je n’oublie pas mes amis animaux... 

Avertissement : le contenu pourrait meurtrir les coeurs sensibles. 

Comme je souhaiterais que les humains soient moins cruels et aient de la considération pour nos compagnons de voyage.

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