«Nul
n’est suffisamment intelligent pour comprendre sa propre bêtise.»
~ Jean-Paul
Sartre (L’idiot de la famille)
Depuis
les années 1960, les religions traditionnelles étaient jusqu’à récemment en
perte de vitesse (du moins au Québec/Canada). Malheureusement, la séparation de la
religion et de l’état reste toujours vulnérable, jamais acquise. Aujourd’hui, les
fondamentalistes chrétiens (catholiques, protestants ou évangélistes born again) prennent d’assaut les partis
politiques conservateurs (de droite et d’extrême droite) et,
reprenant du poil de la bête, ils revampent leur image pour gagner de nouveaux adeptes.
Ce
matin, je visitais mes sites athéistes en quête d’informations supplémentaires
sur le missionnaire John Allen Chau que la tribu des Sentinelles a éliminé de
façon radicale, dans la pure tradition des colonisateurs eux-mêmes.
Le
fanatique avait une idée fixe : coloniser l’esprit des insulaires. Un genre de compulsion morbide. Lors d’une
tentative de communication la veille de sa mort, il rapporte dans son journal
qu’il a dit aux Sentinelles «Mon nom est John, je vous aime et Jésus vous
aime», juste avant qu’une flèche atteigne la Bible qu’il tenait sur sa poitrine.
Il a dû interpréter l’incident comme un signe de Jésus l’invitant à poursuivre sa
mission. Il avait apporté des cadeaux : des ciseaux, des épingles à ressort,
une ligne à pêche et un ballon de football – mais pas de bijoux de pacotille,
de petits miroirs ou de smartphones...
Des évangélistes d’extrême droite considèrent
Shaun comme un martyr; ils veulent
récupérer son corps, exigent une enquête et la punition des coupables (!). En
fait, c’est le missionnaire au cerveau endoctriné qui mériterait un procès posthume pour non respect des lois du
pays, violation des droits de la personne et de propriété (intrusion en territoire
protégé), et tentative de suicide :
1.
Il n’a pas respecté les politiques du gouvernement indien interdisant l’accès à
l’île
2.
Il a soudoyé des pêcheurs pour l’y conduire; sept d’entre eux ont été arrêtés
3.
Il s’était déjà approché de l’île à 4 ou 5 reprises précédemment
4.
En évangélisant les Sentinelles contre leur gré il aurait bafoué leurs droits
et libertés
5.
Il a commis une tentative de suicide puisqu’il savait à quoi il s’exposait
John
Chau se croyait donc au-dessus des lois parce qu’il obéissait à une «commande
de Jésus». Au point de vue strictement juridique, l’intrusion est un crime, que
la motivation soit basée sur des croyances religieuses (de fausses lois
surnaturelles – la main invisible), des valeurs socioéconomiques ou autre. Et,
c’est illégal à peu près partout dans le monde – essayez de vous introduire à
répétition sur des terres privées dont les propriétaires ont indiqué à maintes
reprises qu'ils voulaient qu'on les laisse tranquilles, et il y a de bonnes
chances que vous vous retrouviez à l'hôpital, ou pire... à la morgue.
Vous
trouverez plusieurs citations du missionnaire. Celle-ci est tirée de sa dernière
lettre à ses parents : “You guys
might think I’m crazy in all this. But I think it’s worth it to declare Jesus to these people.”
En
certains pays, on qualifie les athées de malades
mentaux. En certains autres, l’athéisme et le blasphème sont passibles de la
peine de mort – ça c’est vraiment fou.
Amérique Centrale et Amérique du Sud ont toujours été majoritairement contrôlées
par le christianisme fondamentaliste, et actuellement, l’endoctrinement atteint
des sommets.
Le rôle prédominant des églises
évangéliques dans les mouvements populistes
Medium
large ICI Radio-Canada Première 22 novembre 2018
Photo
: AFP/Getty Images / Evaristo Sa. Les groupes évangéliques ont joué dans
l'élection du candidat d'extrême droite Jair Bolsonaro au Brésil, selon André
Gagné.
Guerre
culturelle, accès à l'avortement, droits des communautés LGBTQ... Ces dossiers
poussent les groupes religieux évangéliques à s'impliquer en politique, et
c'est en partie grâce à eux que le candidat d'extrême droite Jair Bolsonaro a
été élu au Brésil, ou que les conservateurs ont fait des gains au Sénat lors
des élections de mi-mandat aux États-Unis, selon André Gagné. Le spécialiste de
la droite religieuse explique comment l'influence de ces groupes commence à se
faire sentir au Canada.
Audiofil :
«L'ignorance
et la bêtise du peuple font la force du dictateur.» ~ Jdan Noritiov
Mais
le Québec n’est pas en reste; les preachers ont récupéré les techniques de
manipulation d’Edward Bernays et ça marche.
La Chapelle, une église au temps
d’Instagram
Jean-Philippe
Proulx
Le
Devoir 10 novembre 2018; Société
Les
mouvements évangéliques gagnent en popularité au Québec et certains ciblent les
millénariaux à grands coups de concerts, de musique rock, usant avec efficacité
des réseaux sociaux. Incursion dans une Église pas comme les autres.
Dimanche, un peu avant 17 h. Les passants de
l’avenue du Parc, située dans le quartier branché du Mile-End à Montréal,
terminent leurs emplettes, entrent et sortent des nombreux petits cafés. Devant
le théâtre Fairmount, deux immenses fanions font leur apparition : «la Chapelle».
Chaque semaine depuis 2013, plus de 200 jeunes millénariaux s’y entassent pour
louanger Dieu, là où quelques heures plus tard se produira le groupe de musique
métal Dance With the Dead.
La fébrilité s’empare de la salle quand
l’écran géant qui occupe toute la scène amorce un décompte de cinq minutes. Les
gens prennent place. Autour de nous, les fidèles portant chaussures Adidas,
skinny jeans, tuques orange, hoody et autres vestes en jean prolifèrent. À
quelques exceptions près, ils ont moins de 35 ans. Pendant que des placiers
armés de walkies-talkies s’affairent à installer les retardataires, les
stroboscopes s’activent. Le décompte arrive soudain à zéro et un nom apparaît à
l’écran : Jésus. Le spectacle peut commencer.
«Faites du bruit pour Jésus»
Évangéliser sur Instagram
Téléphones
à la main, les gens n’hésitent pas à prendre des photos ou à filmer, partageant
ce contenu sur les réseaux sociaux. La Chapelle répand sa foi dans les médias
sociaux autant que dans les âmes, en adoptant le langage des millénariaux.
Véritable Église de l’ère Instagram, la Chapelle offre des services à la fois
high-tech et minimalistes, entre concert rock et discussion TED. En plus
d’Instagram, les fidèles sont encouragés à utiliser Facebook, notamment pour
partager les sermons, disponibles en baladodiffusion.
Article
intégral :
La neutralité religieuse vaut-elle
pour toutes les confessions?
Par chance que Jésus n'est pas mort sur une chaise électrique, les gens en porteraient une pendue à leur cou. Hum...
Selon Étienne Dumas, cofondateur de Tradition Québec, la religion catholique ne doit pas être soumise à la neutralité et les crucifix devraient rester à leur place :
Selon Étienne Dumas, cofondateur de Tradition Québec, la religion catholique ne doit pas être soumise à la neutralité et les crucifix devraient rester à leur place :
Augmentez,
diminuez ou cessez l'immigration, ce n'est pas là le vrai problème. Le vrai problème est celui de la
déchristianisation. Celui-ci créé les autres problèmes. L'abandon des
réalités supérieures, au profit de la bassesse du matérialisme, nous donne une
population récalcitrante à l'idée même de se régénérer. Elle revendique comme
droit (le mot est fort!) l'avortement – c'est-à-dire le droit aux meurtres des
innocents – afin de continuer de jouir sans conséquences. Baignant dans le
matérialisme, elle va, dans un futur pas si lointain, se terrer dans l'illusion
de la réalité virtuelle. Le désabusement de tout cela, ainsi que l'égocentrisme
nous donne le vice contre-nature. Celui-ci, mélangé avec toutes sortes
d’idéologies loufoques (lesquelles sont étrangères à notre véritable pensée
nationale) nourrit toute une frange avancée de la Révolution : transgenrisme,
féminisme, ainsi que le dernier cru de l’imbécillité, l'anti-spécisme, forme
folle du végétarianisme. Nul besoin d'expliciter davantage.
Non, François Legault n'est pas Honoré
Mercier (autant libéral qu'il fut). Il
est encore moins l'intrépide défenseur de nos droits comme le fut le grand
Maurice Duplessis. Le salut ne viendra pas des urnes.
Si vous désirez vraiment vous opposer à
cette destruction programmée de notre gentilé et de notre civilisation, revenez au catholicisme bâtisseur de notre
nation. En mettant Dieu, la famille et la patrie dans l'ordre, vous aurez
l'antidote nécessaire aux égards de la pensée.
En ces temps de confusion générale, revenir
à ses racines est un acte contre-révolutionnaire.
L’endoctrinement
pur et dur
La Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X
(FSSPX) appuie l’extrême-droite québécoise
Par Xavier
Camus
Dans
mon précédent billet, j’ai évoqué l’existence de catholiques intégristes qui
n’hésitent pas à animer des conférences et cérémonies religieuses pour le
compte de groupes néofascistes, afin d’en faire des «soldats du Christ».
Qui sont ces prêtres réactionnaires qui
dirigent notamment une école à Lévis?
La Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X
(FSSPX) fut fondée en Suisse par Mgr Marcel Lefebvre, en 1970, lui qui rejetait
avec hargne le concile Vatican II (1962-1965).
Fermée à la notion de progrès, la FSSPX a
multiplié les appuis à des partis politiques d’extrême-droite (dont le Front
national) au cours des dernières décennies. Dans une perspective
«national-catholique», on y vénère d’anciens héros fascisants tels les espagnols
Primo de Rivera et le général Franco, le rexiste Léon Degrelle, le maréchal
Pétain qui collabora avec les nazis, etc. Au Québec, c’est le duplessisme qui
tient lieu d’idéal politique à reconquérir...
En Europe, leur actuel leader spirituel est
Mgr Bernard Fellay. Tout aussi radical que ses prédécesseurs, il cibla en 2013 qui seraient leurs ennemis à
abattre : «Les ‘ennemis de l’Église’
sont les Juifs, les francs-maçons, les modernistes!»
Pour
le Canada, le responsable de la FSSPX est l’abbé Daniel Couture, celui-là même
qui avait donné des conférences au Saguenay et à Québec en août 2015, dans
l’objectif de pourfendre le féminisme et
promouvoir le retour des femmes à la maison... De jeunes néonazis – qui
fondèrent peu après Atalante Québec – étaient venus lui prêter main-forte en
traversant une contre-manifestation.
Afin
de «rechristianiser» l’Occident, la FSSPX reçoit l’apport de dynamiques dévots
tels Kenny Piché et Étienne Dumas, fondateurs du groupe Tradition Québec.
Cette organisation identitaire et
patriarcale fut formée à l’orée de 2014. Elle se veut une coalition de jeunes
«pères de famille» catholiques pratiquants du Saguenay et de la région de
Québec, ayant pour objectif la défense de nos origines chrétiennes. Comme le
décrit le président fondateur Étienne Dumas : «Nous ne nous battons pas pour
des bâtiments ou du matériel, mais pour Dieu et notre patrie. Notre identité
est malade depuis 50 ans du fait qu’on occulte et qu’on renie ce que nous
sommes.» (28 février).
Un autre chaud partisan de Tradition Québec
est l’historien Jean-Claude Dupuis, qui plaide de son côté pour une
réhabilitation de la figure de Maurice Duplessis. Selon lui, il fut «le plus
grand premier ministre de l’histoire du Québec» (Le Carillon, 2017). Ses
ouvrages de tendance réactionnaire sont publiés par la Fondation littéraire
Fleur de Lys, à Lévis.
J.-C.
Dupuis donna la première conférence officielle de Tradition Québec le 15 mai
2015, dénigrant la Révolution tranquille. Il multiplia ses contributions par la
suite et fut également invité pour quelques entrevues par la Fédération des
Québécois de Souche (FQS).
On peut constater, en dernière analyse, que
la FQS joue un rôle de premier plan par les tribunes qu’elle offre à ces
intégristes de Tradition Québec, les mettant parfois en liaison avec les
boneheads d’Atalante. La FQS opère ce même type de service avec d’autres
idéologues radicaux, venus de partout en Occident, pour les faire connaître à
nos activistes locaux.
Source :
Un
journaliste de L’OBS écrivait au sujet de la Fraternité : «Autre fait notoire :
les écoles, implantées en pleine campagne, vivent en totale autarcie puisque
les enfants scolarisés y vivent souvent en pensionnat. Les locaux? Ils sont
souvent prêtés ou donnés par des bienfaiteurs de la Fraternité, châteaux,
abbayes, ou monastères : la FSSPX, qui a son siège en Suisse, est une
organisation internationale. Et riche. Avant, ces intégristes étaient
marginaux. Aujourd'hui, leur discours identitaire, très réac, est en phase avec
un certain air du temps. Cela les conforte. En ‘éducation civique’, on apprend
à ‘reconnaître la race blanche’.
Un documentaire-choc sur la montée de
l'extrême droite
Medium
large ICI Radio-Canada Première 19 novembre 2018
Dans
ce documentaire, La bombe, Maxime Fiset, skinhead néonazi repenti, plonge dans les
souvenirs refoulés de sa radicalisation d'extrême droite, afin de mieux
comprendre la tangente xénophobe que le mouvement nationaliste identitaire
québécois a récemment prise.
Maxime Fiset est aujourd’hui chargé de
projet au Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence
(CPRMV). «Personne ne pouvait m’empêcher de [faire] mon chemin, affirme-t-il au
sujet de son passé. On se radicalise parce qu’il manque quelque chose.»
Aujourd’hui, il se sent utile : «Les
repentis comme moi ont trois fonctions : être un mentor, aider à comprendre et
pouvoir servir de contre-discours.»
Audiofil :
Centre
de prévention de la radicalisation qui mène à la violence
Le documentaire La bombe,
Télé-Québec
Quatre
Québécois sur 10 pensent que nos frontières sont trop perméables. Que les
immigrants menacent la pureté du Québec. Et si l'intolérance, le racisme,
l'islamophobie étaient en train de gagner du terrain en douce et menaçaient la
paix sociale?
Réalisateur : Gabriel Allard Gagnon
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