Au lendemain
des attentats au WTC, George W. Bush invitait les Américains à aller magasiner comme
d’habitude. Alors, une crise économique empêcherait-elle les gens de dépenser
sans compter pendant les fêtes? Jamais de la vie. En janvier prochain, comme à
tous les ans, plusieurs seront épuisés, déçus, déprimés, endettés, sinon
ruinés. La foire mercantile avec ses promesses de bonheur pogne encore. Les folles dépenses? Un peu plus sur la carte de
crédit, c’pas grave, on règlera ça en février au retour de la croisière en
Martinique.
L’authentique
esprit de Noël : dépensons beaucoup d’argent pour de la merde dont nous n’avons
pas besoin
«Carte de
crédit : Chacun des petits rectangles de plastique, dont l'ensemble constitue
un jeu de société de consommation, aussi appelé jeu de cash-cash.» ~ Albert
Brie
«Organiser l’inflation,
on appelle ça aider. Les gens achètent des fausses pièces.»
(Série
satirique Kaamelott)
Au coeur du cercle vicieux du
consumérisme
Fabrication/production
– Publicité – Distribution – Consommation : un système machiavélique dont
il est de plus en plus difficile de nous extirper, surtout avec Internet...
«La publicité
est basée sur une chose : le bonheur. Tu sais ce qu'est le bonheur? C'est
l'odeur d'une voiture neuve, c'est l'absence de peur, c'est un panneau
d'affichage sur le bord de la route qui crie et te rassure : quoi que tu fasses,
c'est ok. Tu es ok.»
«Les
gens veulent tellement qu'on leur dise ce qu'ils doivent faire qu'ils
écouteront n'importe qui.»
«Tu
associes l’amour à des palpitations cardiaques,
tu n’es plus capable manger ni de travailler, tu te maries et tu fais des
enfants. La raison pour laquelle tu ne l'as pas senti, c'est parce qu'il
n'existe pas. Ce que vous appelez l'amour a été inventé par des gars comme
moi... pour vendre des bas de nylon.»
~ Don Draper,
série Madmen
Le plus cruel
avec la publicité c’est qu’elle ne reflète pas ce que font les gens, mais ce qu’ils rêvent
de faire. Et, la notion de bonheur est basée sur la satisfaction des désirs
à travers la consommation d’objets. La pub présente donc des contextes de
relations humaines joyeuses, festives, amicales, romantiques, sexuelles associés
à leurs marques. Par exemple la bière au beach party, le VUS à l’aventure, la
grosse maison cossue au statut social, les vêtements au pouvoir de séduction,
etc. Complètement dingue. Mais les gens mordent encore à l’hameçon, malgré tous
les résultats de recherche en psychologie comportementale, largement
accessibles au grand public, qui ont démontré que les choses ne procurent pas le bonheur.
Un
documentaire à voir sur le sujet (en anglais) :
Advertising
at the Edge of the Apocalypse
Jeremy Earp, Sut Jhally 2017
Dix ans après
son précédent film, Advertising & the
End of the World, le célèbre spécialiste des médias Sut Jhally poursuit en
explorant les retombées personnelles et environnementales dévastatrices de la
publicité et la culture commerciale quasi-totalitaire. Le film retrace
l'émergence de l'industrie de la publicité au début du XXe siècle jusqu'à la
commercialisation à grande échelle de la culture d'aujourd'hui, en identifiant
le mythe qui traverse toute la publicité : l'idée que les marques d'entreprise
et les biens de consommation sont les clés du bonheur et de la réalisation
humaine. Nous voyons comment ce récit puissant, soutenu par des milliards de
dollars annuellement et propagé par des manipulateurs intelligents, nous a
aveuglés sur les coûts catastrophiques de l'accélération constante des taux de
consommation. Le résultat est un film puissant qui déballe les questions
fondamentales concernant le mercantilisme, la culture des médias, le bien-être
social, la dégradation de l'environnement et la dichotomie entre le capitalisme
et la démocratie.
Street art : Banksy, "Shop till you drop"
J'ai trop de
larmes pour pleurer
ils font la
guerre à la nature
Moi qui
tutoyais le soleil
je n'ose plus
le regarder en face
~ Jacques
Prévert
Consumérisme et environnement
«Notre économie
extrêmement productive exige que nous fassions de la consommation notre mode de
vie. Nous avons besoin que les choses soient consommées, brûlées, usées,
remplacées et jetées à un rythme de plus en plus rapide. Nous avons besoin que
les gens mangent, boivent, s'habillent, roulent, vivent d’une consommation
toujours plus dispendieuse. Cela exige que nous convertissions l'achat et
l'utilisation des biens en rituels, que nous trouvions nos satisfactions
spirituelles, les satisfactions de notre ego, dans la consommation.»
~ Victor
Lebow, analyste en commerce de détail, 1955
Aussi
offensant que cela puisse paraître pour beaucoup de gens, cet énoncé résume
assez bien l'orientation que notre société a prise au cours du siècle dernier. Nous
sommes actuellement enfermés dans un modèle de consommation élevée et sans
cesse croissante, dont l'impact sur la planète et sur la santé de notre société
et des gens qui la composent est évident.
Notre consommation
illimitée prend la forme :
- de produits
jetables, souvent non recyclables
- d’immenses
maisons
- de grandes
banlieues luxueuses
- d’habitudes
de voyage polluantes et invasives dans le monde entier
- de grosses
et puissantes voitures
L'on s'attend
à une consommation infinie sans pénalité.
Le paradigme de la croissance à perpétuité sert bien les élites, car il
crée les conditions dans lesquelles leur richesse croîtra le plus rapidement. Pour
le reste de la population, la fascination pour les biens matériels masque les
faiblesses sous-jacentes :
- l’endettement
- l’épuisement
des ressources
- les longues
heures de travail
- la
diminution de la qualité de vie
Mondialisation (auteur inconnu)
Le fantasme de
l’analyste en commerce de détail des années 1950 ne peut plus servir de guide à
une société progressiste. La surconsommation est au cœur de plusieurs de nos
problèmes fiscaux, sociaux et environnementaux actuels. Les paramètres de contrôle d'une société de
consommation sont complètement déformés en ce qui concerne le bien-être
national et individuel. À mesure que nous nous dirigeons vers une société de
conservation, nous pouvons voir plus clairement à quel point le consumérisme insoutenable
va à l'encontre du progrès social.
Au-delà d'un certain point, plus de richesse
matérielle et de confort ne rendent pas les gens plus heureux. Ce fait a été établi dans de nombreuses
études. Le niveau de richesse requis pour le bonheur et la satisfaction de
vivre à grande échelle est peut-être à la moitié de ce dont jouissent
actuellement les citoyens des pays les plus industrialisés. Cependant, il est
tout aussi clair que les élites tirent le maximum de profit et de puissance de
la consommation maximale et de l'activité économique qui en découle.
En créant davantage de biens aux coûts les
plus bas, le consumérisme et son acolyte, le mondialisme, ont créé un système
commercial interdépendant extrêmement complexe. Un tel système produit en effet
des quantités massives de biens, mais il diminue aussi la base des économies
qui y participent et les laisse ouvertes à de graves dommages en cas de
perturbation sur les longues chaines d'approvisionnement en biens essentiels, y
compris la nourriture et l'énergie.
D'excellentes études ont identifié les
impacts de telles perturbations sur les civilisations passées. Les effets sont
dévastateurs. Dépendre trop fortement du commerce, se spécialiser à un degré
trop élevé et créer des systèmes financiers complexes a semé les graines de
l'effondrement dans beaucoup de civilisations avancées pour lesquelles des
documents sont disponibles. La recherche qui a donné naissance au livre 1177 BC, The Year Civilization Collapsed
par Erich H. Cline établit ce schéma d'effondrement des sociétés avancées de la
Méditerranée. Il s'agit du premier exemple dont les dossiers adéquats sont
disponibles.
Global
Crisis, de Geoffrey Parkers, couvre les effondrements sociétaux qui se sont
produits dans le monde entier au 17e siècle. L'incroyable précision
et la clarté du mécanisme du commerce et de la désintégration sociale sont
rendues possibles par la richesse comparative de la documentation avec laquelle
Parker a dû travailler. Cline, par comparaison, a dû effectuer beaucoup plus de
travail de détective, en grande partie basé sur l'archéologie.
L'incapacité de changer est le point
culminant de nombreuses archives sur le déclin social. Plus la base économique est
restreinte, plus la prise de décisions est entre les mains d'une élite dont la
fortune est liée à cette même base. Il devient très difficile pour une société de
retirer le pouvoir et les ressources à cette base et de diversifier l'économie,
surtout lorsque l'élite est sous la pression des rendements décroissants dans
son activité principale.
Des longues chaînes d'approvisionnement et
énergivores pour les ressources vitales, une base économique et une assiette
fiscale restreintes, couplée à des flux complexes des monnaies fiduciaires est
un château de cartes qui n’attend qu’un coup de vent pour s’écrouler. L'histoire
traite surtout des guerres, des révolutions et des drames sociaux qui se
produisent quand une société de consommation se résigne à cause de son incapacité
de produire ce dont elle a besoin pour se maintenir.
Toute société qui fait passer la
consommation avant la production, l'investissement et la conservation de ses
ressources va inévitablement connaître une transformation spectaculaire et
peut-être rapide en une économie plus large et un mode de vie plus égalitaire. Cette
nouvelle norme sociétale pourrait bien se situer à un niveau de sophistication
bien inférieur à celui qui aurait été possible si la société précédente avait
défendu la durabilité plutôt que la consommation.
Source :
Canadians
for a Sustainable Society https://sustainablesociety.com/
~~~
Dans
la même veine :
The
Age of Stupid (L’âge
de la stupidité)
Franny Armstrong, 2009
Le pétrole EST le gouvernement, dit
le commentateur
2055 – Un
homme vit seul au sommet d’une tour. Celle-ci contient les œuvres d’art qui
étaient il y a seulement deux générations éparpillées aux quatre coins de la
Terre. Cet homme allume son ordinateur relié à l’ensemble des archives vidéo du
monde. Face à notre planète bleue dévastée, il cherche à comprendre : pourquoi n’avons-nous pas réagi lorsqu’il
était encore temps? N’y avait-il pas de signes annonciateurs des
dérèglements climatiques dès le début des années 2000? Réponse à travers une
série de reportages montrant l’homme face à sa propre compagnie d’aviation
indienne lowcost et analyse l’impact
environnemental de l’aviation. Il place aussi le spectateur devant la fonte des
glaciers alpins et les conséquences de l’ouragan Katrina. Suite à cela, le
gâchis du pétrole est dénoncé ainsi que les désastres orchestrés par Shell en
Afrique. Un reportage en Irak montre également la vie d’enfants vendant les
chaussures jetées dans les pays riches. Enfin, un installateur d’éoliennes est
suivi dans un combat face à l’ignorance des populations. Intéressant et
dérangeant! (Natura-Sciences)
«Le Président
est un produit. Ne l'oublie pas.» ~ Pete, série Madmen
«Le
gouvernement a lâché des lance-flammes contre les nazis et des bombes à
fragmentation contre les Japonais. Le napalm a été inventé en 1942. C'était
partout en Corée, j'étais là. Et maintenant c'est au Vietnam. Mais l'important est
que si nos boys se battent et qu'ils en ont besoin, si l'Amérique en a besoin,
Dow le fabrique et ça marche.»
~ Don Draper, série Madmen
Auteur :
Banksy. Désolé! Le mode de vie commandé est présentement en rupture de stock
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