22 décembre 2018

Pot-pourri «spirituel» de Noël

[...] je réserve dans l'année un certain nombre de semaines, appelons-les blanches, appelons-les noires, où je n'accorde aucun intérêt, quel qu'il soit, au monde qui m'entoure. Quand j'émerge de cette abstinence médiatique, il s'avère toujours que je n'ai rien raté d'important. Nous vivons sous une pluie crépitante de désinformation et de rumeurs, avec un nombre très réduit de nouvelles décisives. Au cours de ces semaines d'abstinence, je me consacre à la recherche d'une autre sorte d'informations : celles que j'ai en moi. ~ Henning Mankell (Avant le gel, Seuil/Policiers, 2005)

La connaissance ouvre des portes, tandis que l’ignorance les verrouille. La connaissance, confirmée par l’intuition, est peut-être la seule parcelle de libre-arbitre que nous ayons pour prendre conscience de nos comportements robotisés. Si jamais les humains choisissaient la coopération «désintéressée», à l’intérieur de leurs sociétés respectives et globalement avec les autres sociétés, eh bien, peut-être qu’ils pourraient oser se qualifier de «supérieurs». Cette vision frise l’utopie et requiert une bonne dose d’imagination... mais bon.

«Si ça brasse sur le navire, ne t’accroche à rien qui traîne sur le pont», dit le proverbe.

Mes vœux les plus sincères :

Existe-t-il une voie spirituelle universelle?
Je dis que chacun a son propre
chemin de vie avec ses propres expériences.

La spiritualité ne se pratique pas,
Elle se vit au quotidien...
C’est pouvoir s’éveiller et évoluer en liberté,
sans dépendre d’une structure, de rituels imposés,
c’est être responsable et ne pas se rendre
esclave et dépendant d’une institution humaine
se substituant à nous.

Être spirituel, c’est voir au-delà des apparences,
c’est croire que les possibilités sont infinies,
c’est vivre à partir de notre cœur,
c’est être ouvert et bienveillant
avec soi-même et les autres,
c’est vivre pleinement l’instant présent
et en toute simplicité...

~ Cnudde M. (Voie spirituelle)

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David Rand a retweeté Raïf Badawi, le 20 octobre 2018  

Les lois contre le blasphème sont barbares.
Les lois contre l'apostasie sont encore pires.
Les deux sont d'horribles atteintes à la liberté de conscience.

Rappel de la cause : Raïf Badawi, blogueur et défenseur des droits humains a été condamné en 2012 à 10 ans de prison, 1000 coups de fouet, et 290 000 $ d’amende. En plus de cela, après avoir purgé sa peine, il lui sera interdit de quitter le pays ou d’utiliser les réseaux sociaux pendant dix ans. L’Arabie saoudite a organisé la première flagellation publique du prisonnier d’opinion le 9 janvier 2015, en lui infligeant 50 coups de fouets. Les autres séries de coups de fouet ont été reportées dû à la santé fragile de Raïf, diabétique, et aux vives réactions de la communauté internationale pour empêcher cette pratique barbare. Raïf Badawi est devenu la cible des autorités saoudiennes après avoir créé un site internet faisant la promotion de la liberté d’expression sur des sujets relatifs aux droits humains, à l’égalité, aux droits des femmes ainsi qu’à d’autres questions sociales importantes. Sa sœur qui milite pour les droits de la personne, a aussi été emprisonnée. (Amnistie Internationale)


Ottawa a à peine levé le petit doigt pour sortir Raïf Badawi de la prison saoudienne où il croupit, malgré les appels à l’action internationaux et les vigiles. Un écran de boucane pour subjuguer la communauté internationale car Justin Trudeau ne cesse de clamer que le Canada accueille ceux qui «fuient les persécutions, la terreur et la guerre». Or il aurait suffi d’accorder une citoyenneté canadienne honorifique à Raïf Badawi.
   Le monde entier s’aplatit devant l’Arabie saoudite. Les relations internationales s’enlisent ainsi dans l’hypocrisie jusqu’au cou. De sorte que tout ce qui entoure l’affaire Omar Khadr laisse extrêmement songeur et pointe vers des liens peut-être plus obscurs qu’on ne le pense entre le gouvernement fédéral et Riyad.
   Ottawa a versé une indemnité de 10,5 millions de dollars à l'ex-adolescent-soldat Omar Khadr pour le dédommager des sévices qu'il a subis lors des 10 années passées à la prison américaine de Guantanamo. Mais ce n’était pas suffisant.
   Récemment, le Canadien, maintenant âgé de 32 ans, demandait le droit d’obtenir un passeport afin de pouvoir se rendre en Arabie Saoudite pour faire un pèlerinage à La Mecque. Il souhaitait également pouvoir parler sans surveillance à sa soeur, Zaynab Khadr qui avait suscité la controverse en se prononçant en faveur d’Al-Qaïda par le passé. La juge albertaine a toutefois refusé d'assouplir les conditions de remise en liberté sous caution de l'ancien détenu de la prison de Guantanamo lors d'une audience vendredi matin (21/12/2018).

Traitement inégal? La question se pose car la disparité est flagrante. Raïf Badawi n’a commis aucun crime de guerre ni assassiné qui que ce soit (accidentellement ou volontairement). Le gouvernement fédéral voulait sans doute esquiver des représailles. Le tweet de Mme Freeland nous a valu quelques coups de fouet préventifs. Que voulez-vous le Canada est lui aussi prisonnier de Riyad en raison de ses ventes d’armes, entre autres. Faire libérer Raïf Badawi aurait cependant eu un impact significatif, et cela aurait signifié que nous n’acceptons pas les arrestations et les assassinats de journalistes comme ce fut le cas avec Jamal Khashoggi... D’un autre côté, Ottawa se démène pour faire libérer Michael Kovrig et Michael Spavor, détenus par la dictature chinoise dont nous sommes également prisonniers. Est-ce qu’on accorde plus de valeur à certaines personnes qu’à d’autres en fonction de leur statut social?

«N’oubliez pas : le prix qu’il faut payer pour la liberté diminue à mesure qu’augmente la demande.» ~ Stanislaw Jerzy Lec,  écrivain polonais (1909-1966)

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Si seulement la Bible rendait les gens meilleurs au lieu d’en faire des fanatiques sanguinaires. Le climat de haine et de violence omniprésent dans l'Ancien Testament, c'est du Stephen King. La Bible devrait être bannie des écoles. «Il [Dieu] est jaloux, fier de l'être, impitoyable, injuste et tracassier dans son obsession de tout régenter... Adepte du nettoyage ethnique, c'est un revanchard assoiffé de sang, un tyran lunatique et malveillant; ce misogyne homophobe, raciste, mégalomane et sadomasochiste pratique l'infanticide, le génocide et le 'fillicide'.» ~ Richard Dawkins

Le sacrifice d’Amelia


Une femme qui a noyé sa propre fille de quatre ans, puis l'a incendiée pour plaire à Dieu, reproduisant ainsi une version plus violente du mythe biblique d'Abraham et d'Isaac, a été innocentée de toute accusation de meurtre. Carly Ann Harris, une mère galloise, était en procès pour le meurtre de sa fille Amelia. Harris croyait apparemment que sacrifier sa fille sauverait l'humanité, et le jury s’est laissé convaincre qu'elle était légalement folle, ce qui signifie qu'elle ne recevra pas de peine de prison.

Article intégral en anglais :

À propos des religions  

Il n’est nul besoin de s’étendre sur des religions telles que l’islam ou le christianisme, dont les activités prosélytes sont bien connues. Mais ce phénomène se répand à présent dans l’hindouisme. Figurez-vous que ces gens ont commencé à construire des temples à l’étranger, dans des villes comme New-York, Milwaukee ou Philadelphie. A-t-on vraiment besoin d’exporter toutes les absurdités et autres non-sens qui ont cours sous l’étiquette de l’hindouisme? Doit-on réellement transmettre ces superstitions de pacotille aux autres pays? Qu’espérons-nous au juste en montrant à travers le monde tout ce charabia pompeux?
   La religion, d’une manière générale, a perdu son contenu profond. Elle est organisée aujourd’hui comme les grandes entreprises, dont elle partage du reste les méthodes. Derrière ces hiérarchies organisées opèrent toutefois des forces extrêmement puissantes. Celles-ci possèdent tout l’argent nécessaire et n’hésitent pas, le cas échéant, à recourir à la force. En outre, la plupart des journaux préfèrent garder le silence sur leurs activités. Qui voudrait en effet critiquer les religions établies et perdre ainsi des centaines de milliers de lecteurs?
    En fait, les différentes hiérarchies cléricales se consacrent principalement au renforcement de leurs institutions, et les gourous à l’augmentation du nombre de leurs disciples. Doit-on ici parler de religion? Ou s’agit-il tout simplement de fanatisme? Et quelle est donc la différence entre pareille «religion» et la politique?
    Peut-on concevoir qu’un certain nombre d’esprits lucides se rassemblent afin de prévenir un tel danger? Je vous répondrai d’abord que les esprits raisonnables ne sont guère légion parmi les religieux. La lucidité ne fait pas d’ordinaire bon ménage avec la superstition.
    À la vérité, la corruption règne partout, et les soi-disant religieux y contribuent eux aussi. Voyez ces adeptes qui se querellent à longueur de temps, en utilisant des arguments du type : «Mon gourou est plus grand que le tien.» Où sont donc les êtres lucides? Et comment espérez-vous les trouver parmi ces groupes avides de compétition? [...]
    À considérer tout cela, une seule question vient à l’esprit : la religion peut-elle échapper à la croyance, au dogme et au rituel pour se fonder simplement sur l’éthique de la vie quotidienne? Autrement dit, existe-t-il un sacré au sein duquel on puisse vivre authentiquement? Mais qui saurait entendre une telle question? 
   Briser le carcan des habitudes n’est pas chose facile. L’homme se soumet à un modèle, tombe dans une sorte de léthargie et évite soigneusement tout ce qui peut le remettre en question. Au fond, les gens cultivent l’amertume et le cynisme. D’un point de vue psychologique, rares sont ceux qui veulent la liberté. Certes chacun aime être libre d’agir à sa guise – mais qu’en est-il de la liberté intérieure ?
    Celle-ci demande un long et patient travail d’exploration sur soi. Détruire le vieux cocon exige en effet une énergie phénoménale. En vérité, la plupart des gens qui assistent à mes conférences sont surtout poussés par la curiosité. Combien d’entre eux entendent vraiment mener une vie juste et droite? Combien sont prêts à faire l’expérience de ce que je leur transmets, à le mettre en pratique dans leur vie? Aujourd’hui, le matérialisme règne en maître.
    Au fond, la Vérité n’intéresse pas grand monde. Si l’on est incapable de transcender le jeu des phénomènes pour se mettre en quête de l’essentiel, on reste prisonnier du passé. Et la plupart des gens refusent de voir plus loin. Ce qu’ils veulent, c’est se divertir. Même la religion est devenu un divertissement.  

Jiddu Krishnamurti / Ultimes paroles (entretiens entre janvier 1981 et décembre 1985); Albin Michel 1997


À propos de la croyance en Dieu

La croyance en Dieu a été un puissant stimulant qui a poussé l’homme à mieux vivre. Pourquoi niez-vous Dieu? Pourquoi n’essayez-vous pas de ranimer la foi de l’homme en l’idée de Dieu?

– Examinons avec intelligence le problème dans son ampleur. Je ne nie pas Dieu. Ce serait sot de le faire. Seul l’homme qui ne sait pas ce qu’est la réalité se complaît dans des mots qui n’ont pas de sens. L’homme qui dit «je sais» ne sait pas. Celui qui vit la réalité d’instant en instant n’a aucun moyen de communiquer cette réalité.
   Croire c’est nier la vérité; les croyances font obstacle au réel; croire en Dieu ce n’est pas trouver Dieu. Ni le croyant ni l’incroyant ne trouveront Dieu; la réalité est l’inconnu, et votre croyance ou non-croyance en l’inconnu n’est qu’une projection de vous-mêmes, donc n’est pas le réel. Il y a partout de nombreux croyants; des millions de personnes croient en Dieu et y trouvent leur consolation. Tout d’abord, pourquoi croyez-vous? Vous croyez parce que cela vous donne du contentement, une consolation, un espoir, et cela donne aussi un sens à la vie. En fait, votre croyance n’a que très peu de valeur, parce que vous croyez et exploitez, vous croyez et tuez, vous croyez en un Dieu universel et vous vous assassinez les uns les autres. Le riche, lui aussi croit en Dieu; il exploite cruellement, accumule de l’argent et bâtit ensuite un temple ou devient philanthrope.
   Ceux qui ont lancé la bombe atomique sur Hiroshima disaient que Dieu était avec eux; ceux qui s’envolaient d’Angleterre pour détruire l’Allemagne disaient que Dieu était leur copilote. Les dictateurs, les premiers ministres, les généraux, les présidents, tous parlent de Dieu; ils ont une foi immense en Dieu. Sont-ils au service de l’humanité? Ils disent qu’ils croient en Dieu et ils ont détruit la moitié du monde et la misère est partout. L’intolérance religieuse divise les hommes croyants et incroyants, et aboutit à des guerres religieuses. Cela montre à quel point nos esprits sont préoccupés de politique.
   La croyance en Dieu a-t-elle été «un puissant stimulant qui a poussé l’homme à mieux vivre»? Votre stimulant ne devrait-il pas être votre désir de vivre proprement et simplement? Si vous avez recours à un stimulant, c’est le stimulant qui vous intéresse, et non pas le fait de rendre la vie possible à tous. Et comme votre stimulant est différent du mien, nous nous querellons à leur sujet. Si nous vivions heureux tous ensemble, non pas à cause de notre croyance en Dieu, mais du fait de notre humanité, nous partagerions tous les moyens de production en vue de produire pour tous. Par manque d’intelligence, nous acceptons l’idée d’une supra-intelligence que nous appelons Dieu; mais ce Dieu, cette supra-intelligence, ne vous accordera pas une vie meilleure. Ce qui mène à une vie meilleure c’est l’intelligence; et il ne peut pas y avoir d’intelligence s’il y a croyance, s’il y a des divisions de classes, si les moyens de production sont entre les mains d’une minorité, si existent des nationalités isolées et des gouvernements souverains. Toutes ces choses indiquent un manque évident d’intelligence. Ce sont elles qui font obstacle à une vie meilleure, et non l’incroyance en Dieu.
   Vous croyez de différentes façons, mais vos croyances n’ont absolument aucune réalité. La réalité c’est ce que vous êtes, ce que vous pensez; et votre croyance en Dieu n’est qu’une évasion de votre vie monotone, stupide et cruelle. En outre, les croyances, invariablement, divisent les hommes. Il y l’hindou, le bouddhiste, le chrétien, le communiste, le socialiste, la capitaliste, etc. Les croyances, les idées divisent; elles n’unissent jamais les hommes. Vous pouvez rassembler quelques personnes en un groupe, mais ce groupe sera opposé à d’autres groupes. Les idées et les croyances n’unifient pas; au contraire, elles séparent; elles sont désintégrantes et destructives. Par conséquent votre croyance en Dieu propage en fait la misère dans le monde. Bien qu’elle ait pu vous donner une consolation momentanée, elle vous a en réalité apporté un surcroît de misères et de destructions sous forme de guerres, de famines, de divisions de classes et d’actions individuelles dénuées de toute pitié. Donc vos croyances ne sont pas du tout valables. Si vous croyiez réellement en Dieu, si c’était une expérience vraie pour vous, votre visage aurait un sourire, et vous ne seriez pas en train de détruire des êtres humains.
   Qu’est-ce que la réalité, qu’est-ce que Dieu? Dieu n’est pas un mot, le mot n’est pas la chose. Pour connaître l’immesurable, l’intemporel, l’esprit doit être libéré du temps, ce qui veut dire qu’il doit être débarrassé de toute pensée, de toutes idées sur Dieu. Que savons-nous de Dieu ou de la vérité? Vous ne savez rien concernant cette réalité. Tout ce que vous savez ce sont des mots, les expériences d’autrui et quelques moments d’expériences personnelles plutôt vagues. Mais cela n’est pas Dieu, cela n’est pas la réalité, cela n’est pas au-delà du champ de la durée. [...]  
   Dieu, la vérité – le nom n’a pas d’importance – est quelque chose qui entre en existence d’instant en instant, et qui n’a lieu que dans un état de liberté et de spontanéité, et non lorsque l’esprit est discipliné à l’imitation d’un modèle.

La première et la dernière liberté / Par Krishnamurti (1895-1986); Éditions Stock 1954

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