Pour
pousser les plus grands pollueurs-prédateurs (entre autres, l’industrie
pétrochimique et l’agrobusiness) à devenir éco-responsables, tout ce que nous
pouvons faire c’est changer nos propres habitudes de consommation, nos
comportements. Sinon, ils continueront à détruire la terre sans se faire de
souci.
Quand on sait, on peut choisir.
Choisir
d’aller d’un côté ou de l’autre selon sa propre conscience.
L’ignorance
n’offre aucun choix.
Certaines
personnes sont si pauvres qu’elles n’ont que de l’argent!
L’aristocratie
Par William Martin | 24 mars 2015
(From The Tao Te Ching, Chapter 30 – trans. Stephen Mitchell)
Le
terme «aristocratie» désigne généralement un groupe d’individus considérés
comme supérieurs, c’est-à-dire les plus élevés et privilégiés de la hiérarchie
– bref, ce sont les gens qui croient avoir le droit inné de gouverner le monde
à leur guise.
Les
aristocraties traditionnelles étaient composées de membres de la royauté et de
riches propriétaires terriens. Aujourd'hui l'aristocratie se compose
principalement de quelques privilégiés au contrôle de vastes quantités de
richesses et dont l’influence s'étend sur tout le globe grâce aux structures
d'entreprises. Cette aristocratie moderne contrôle la structure politique des
pays du «premier-monde» (first-world) sous une façade de «démocratie» où la
richesse équivaut à des votes. À
l’instar de tous ces groupes durant l'histoire, ces aristocrates modernes
autoproclamés ne voient pas les conséquences de leurs actions ni qu’ils
s’exposent à la révolution et à la destruction. Cependant, contrairement aux
aristocraties précédentes, cette version moderne a le pouvoir de détruire non
seulement son propre statut privilégié, mais aussi le tissu même de la vie sur
la planète.
La dernière pièce d’Anton Tchekhov, La
Cerisaie, constitue une puissante illustration des forces en opération au sein
de la structure des groupes d'élites. C'est l'histoire d'une famille
d’aristocrates russes menés à la faillite en raison de leur autogratification.
Ils se voient contraints de vendre leurs biens immobiliers, y compris leur
fameuse cerisaie. On leur propose diverses solutions pour sauver leur
propriété, notamment en rentabilisant le verger. Mais ils refusent. Au lieu de
cela, ils continuent de vivre comme s’ils n’allaient jamais faire face aux
conséquences de leur mode de vie, empruntant et dépensant jusqu'au dernier
centime. Dans l'acte final, ils quittent leur propriété pour toujours,
abandonnés à un avenir inconnu. Pendant qu’ils quittent, on entend au loin le
bruit des haches dans le verger.
Nous continuons tous (pas seulement
l'aristocratie) de nous accrocher à notre manière de vivre. Beaucoup de gens
proposent des solutions de rechange qui pourraient aider à sauver la planète et
créer un monde juste et équitable, mais l'arrogance, le pouvoir aveugle, les
habitudes et l'évitement dominent les discussions. Le bruit de la hache dans le
bois est de plus en plus fort, mais peu de gens l’entendent. En fin de compte, si jamais nous devons quitter la
«propriété», nous n’aurons nulle part où aller; et le rideau tombera sur
notre pièce de théâtre humaine, peut-être pour toujours.
[...]
ça, c'est la grande connerie des hommes,
on se dit toujours qu'on a le temps, qu'on pourra faire cela le lendemain,
trois jours plus tard, l'an prochain, deux heures après. Et puis tout meurt. On
se retrouve à suivre des cercueils [...]
~
Philippe Claudel (Les âmes grises,
p.78, Stock, 2003)
Les champions et les championnes du
climat
Sur tous les continents, des citoyens
s'activent au quotidien pour lutter contre les changements climatiques. Jeunes
activistes, scientifiques, économistes, écologistes ou ministres tentent à leur
façon d'influencer et d'inverser le cours des choses. Notre envoyé spécial à la
COP24 en Pologne en a rencontré quelques-uns.
[Extraits]
Étienne
Leblanc, envoyé spécial en Pologne | Le 15 décembre 2018
«La forêt amazonienne et les peuples
qui y vivent sont très menacés par les effets des changements climatiques. Je
passe tout mon temps à tenter d'attirer l'attention sur des pratiques barbares
de compagnies qui, avec le soutien des gouvernements, coupent la forêt pour
faire place à du bétail.
Couper des arbres pour produire de la viande, c'est absolument tout le
contraire de ce qu'il faut faire pour atténuer les effets des changements
climatiques.» ~ Juan Carlos Jintiach Arcos, activiste pour l'organisation
Peuples autochtones de l'Amazone, Équateur
«Je n'ai pas besoin de lire un rapport
scientifique pour comprendre les effets des changements climatiques. Dans mon pays, on voit le niveau de
la mer augmenter sans cesse. Les terres agricoles sont envahies par l'eau
salée, les gens sont obligés de se déplacer à l'intérieur des terres, ou de
partir. Nous sommes le canari dans la mine. Tous les jours, je travaille pour
que les décideurs politiques des pays riches entendent notre message.» ~ Mereseini
Marau, Secrétariat du Forum des îles du Pacifique, Fiji
«Il y a une grande injustice climatique sur
la planète et il faut l'éliminer. Nous ne sommes pas vraiment responsables des
changements climatiques, mais nous en subissons les effets de façon très
intense. Je passe beaucoup de temps à rencontrer des élus des pays
industrialisés pour les sensibiliser à notre réalité.» ~ Diego Pary Rodriguez,
ministre des Affaires étrangères de Bolivie
Article
intégral :
Tchadienne, 34 ans et «porte-parole»
des sans voix du climat
[Extraits]
Étienne
Leblanc, envoyé spécial en Pologne | Le 14 décembre 2018
On entend rarement parler des peuples autochtones d'Afrique, de ceux et celles qui, dans les faits, sont en première ligne des changements climatiques. À 34 ans, Hindou Oumarou Ibrahim est la porte-voix de ces sans voix du climat, dont les femmes sont les premières victimes.
On entend rarement parler des peuples autochtones d'Afrique, de ceux et celles qui, dans les faits, sont en première ligne des changements climatiques. À 34 ans, Hindou Oumarou Ibrahim est la porte-voix de ces sans voix du climat, dont les femmes sont les premières victimes.
Les perturbations du climat bouleversent le
savoir traditionnel des peuples nomades. «On avait les saisons qui commençaient
exactement toujours le même mois, mais maintenant, on ne sait plus. On a des
saisons de pluie qui sont de plus en plus violentes ou de plus en plus rares.
On finit avec des sécheresses ou des inondations, qui ont des impacts sur la
sécurité alimentaire.» ~ Hindou Oumarou Ibrahim
Ces
mutations climatiques génèrent des conflits entre des communautés qui vivaient
paisiblement entre elles. «Les ressources se raréfient, la population augmente,
les besoins augmentent et du coup, on ne sait plus qui peut avoir accès aux
ressources. La loi du plus fort s'applique», explique la jeune femme.
Mis ensemble, les 54 pays d'Afrique ne
comptent que pour 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. À lui
seul, le pays de Hindou Oumarou Ibrahim est officiellement responsable de… 0,00
% des émissions mondiales, selon l'Atlas Mondial du Carbone. En d'autres mots,
le niveau est trop faible pour apparaître dans les statistiques.
«Dans
ma communauté, les gens se déplacent à dos d'âne, à dos de cheval ou à dos de
taureau, donc c'est zéro émission de CO2», dit Mme Ibrahim.
«C'est là où j'appelle à l'injustice
climatique et environnementale», poursuit-elle, expliquant que son peuple
subit ces perturbations sans en être l'origine.
«Ceux qui ont causé [ces changements climatiques] perdent du temps en
discutant au lieu de faire des actions concrètes», déplore-t-elle.
De son aveu, ces grandes rencontres ne
l'emballent pas vraiment. «Quand on
vient dans les négociations sur le climat et qu'on se projette dans la vie des
communautés à la maison, on est frustrés, on est déçus. C'est deux mondes
séparés, dit-elle. Les gens qui devraient parler de ça, ceux dont le destin est
entre les mains des négociateurs, sont très loin de ces négociations.»
Hindou Oumarou Ibrahim trouve qu'on y parle trop d'économie et pas assez des
êtres humains qui subissent les effets des changements climatiques.
«Ce ne sont pas les cercles économiques qui
vont compter, dit-elle. C'est les cercles qu'on ne voit pas. Cette valeur qu'on
ne voit pas dans l'immédiat, mais qui contribue énormément dans notre vie.
Comme lorsqu'on protège les forêts en Afrique centrale et qu'on contribue ainsi
à atténuer les changements climatiques en Europe.»
Elle promet toutefois de continuer à
participer aux négociations sur le climat pour tenir les décideurs à l'oeil : «Un monde meilleur ne se construit pas par
une poignée de gens qui vont décider pour le reste du monde.»
Article
intégral :
Collage : Joe Webb http://www.joewebbart.com/
«Sur le chemin de l'école, il faut
faire attention aux gens qui ont des fusils, car ils peuvent tirer avec, te
tirer dessus, et puis là aussi tu es mort. Le problème, c'est qu'il y a plein
de gens avec des fusils : il y a les militaires de mon pays, et puis des
militaires d'autres pays qui sont venus dans mon pays pour faire la paix en
faisant la guerre.»
~
Philippe Claudel (Le monde sans les
enfants, p.66, Stock, 2006)
Les
conflits et les destructions que l’économie de marché néolibérale a entraînés sont
abominables et impardonnables. Les oligarques économiques ont soulevé des
peuples les uns contre les autres, ont dépouillé d’immenses territoires de
toute végétation, pollué les réserves d’eau potable, exterminé des peuples quasi
entièrement et quantité d’espèces animales, et nous les laissons continuer en
toute impunité. Que pouvons-nous faire contre la corruption, contre des bandes
de tueurs et de violeurs armés?
J’ai
pleuré en écoutant les discours bouleversants du Dr Denis Mukwege et de Nadia
Murad, lauréats du Prix Nobel de la Paix 2018.
Le
Dr Mukwege me réconcilie avec l’espèce humaine. D’une rare ténacité, il n’a
jamais dévié de son idéal en dépit des menaces contre ses œuvres et d’une
tentative d’assassinat en octobre 2012 à laquelle il a échappé de justesse. Son
discours sur la paix contraste méchamment avec ceux de nos guignols politico-économiques
préhistoriques.
Extraits tirés de l’allocution du Dr
Mukwege
Vidéo
et transcription
Photo :
Skynews. Le Dr Denis Mukwege a dédié sa vie aux victimes des violences
sexuelles.
"Dans
la nuit tragique du 6 octobre 1996, des rebelles ont attaqué notre hôpital à
Lemera, en République Démocratique du Congo (RDC). Plus de trente personnes
tuées. Les patients abattus dans leur lit à bout portant. Le personnel ne
pouvant pas fuir tué de sang-froid.
Je ne pouvais pas m’imaginer que ce n’était
que le début.
La violence macabre ne connaissait aucune
limite.
Cette violence malheureusement ne s’est
jamais arrêtée.
Ce qui s’est passé à Kavumu et qui continue
aujourd’hui dans de nombreux autres endroits au Congo, tels que les viols et
les massacres à Béni et au Kasaï, a été rendu possible par l’absence d’un État
de droit, l’effondrement des valeurs traditionnelles et le règne de l’impunité,
en particulier pour les personnes au pouvoir.
Le viol, les massacres, la torture,
l’insécurité diffuse et le manque flagrant d’éducation, créent une spirale de
violence sans précédent.
Le bilan humain de ce chaos pervers et
organisé a été des centaines de milliers de femmes violées, plus de 4 millions
de personnes déplacées à l’intérieur du pays et la perte de 6 millions de vies
humaines. Imaginez, l’équivalent de toute la population du Danemark décimée.
Nous avons tous le pouvoir de changer le
cours de l’Histoire lorsque les convictions pour lesquelles nous nous battons
sont justes.
Je viens d’un des pays les plus riches de la
planète. Pourtant, le peuple de mon pays est parmi les plus pauvres du monde.
La réalité troublante est que l’abondance de
nos ressources naturelles – or, coltan, cobalt et autres minerais stratégiques
– alimente la guerre, source de la violence extrême et de la pauvreté abjecte
au Congo.
Nous aimons les belles voitures, les bijoux
et les gadgets. J’ai moi-même un smartphone. Ces objets contiennent des
minerais qu’on trouve chez nous. Souvent extraits dans des conditions
inhumaines par de jeunes enfants, victimes d’intimidation et de violences
sexuelles.
En conduisant votre voiture électrique, en
utilisant votre smartphone ou en admirant vos bijoux, réfléchissez un instant
au coût humain de la fabrication de ces objets.
En tant que consommateurs, le moins que l’on
puisse faire est d’insister pour que ces produits soient fabriqués dans le
respect de la dignité humaine.
Fermer les yeux devant ce drame, c’est être
complice.
Ce ne sont pas seulement les auteurs de
violences qui sont responsables de leurs crimes, mais aussi ceux qui
choisissent de détourner le regard.
Mon
pays est systématiquement pillé avec la complicité des gens qui prétendent être
nos dirigeants. Pillé pour leur pouvoir, leur richesse et leur gloire. Pillé
aux dépens de millions d’hommes, de femmes et d’enfants innocents abandonnés
dans une misère extrême… tandis que les bénéfices de nos minerais finissent sur
les comptes opaques d’une oligarchie prédatrice.
Cela fait vingt ans, jour après jour, qu’à l’hôpital de Panzi, je vois
les conséquences déchirantes de la mauvaise gouvernance du pays.
Bébés, filles, jeunes femmes, mères, grands-mères, et aussi les hommes
et les garçons, violés de façon cruelle, souvent en public et en collectif, en
insérant du plastique brûlant ou en introduisant des objets contondants dans
leurs parties génitales.
Je vous épargne les détails.
Le
peuple congolais est humilié, maltraité et massacré depuis plus de deux
décennies au vu et au su de la communauté internationale.
Aujourd’hui, grâce aux nouvelles
technologies de l’information et de la communication, plus personne ne peut
dire : je ne savais pas.
Il
n’y a pas de paix durable sans justice. Or, la justice ne se négocie pas.
Agir c’est un choix.
Agir, c’est refuser l’indifférence.
S’il faut faire la guerre, c’est la guerre
contre l’indifférence qui ronge nos sociétés.
Nous sommes tous redevables vis-à-vis de ces
femmes et de leurs proches et nous devons tous nous approprier ce combat ; y
compris les États qui doivent cesser d’accueillir les dirigeants qui ont
toléré, ou pire, utilisé la violence sexuelle pour accéder au pouvoir.
Les États doivent cesser de les accueillir
avec le tapis rouge et plutôt tracer une ligne rouge contre l’utilisation du
viol comme arme de guerre.
Une ligne rouge qui serait synonyme de
sanctions économiques, politiques et de poursuites judiciaires.
Poser un acte juste n’est pas difficile.
C’est une question de volonté politique.
Finalement,
après vingt ans d’effusion de sang, de viols et de déplacements massifs de
population, le peuple congolais attend désespérément l’application de la
responsabilité de protéger les populations civiles lorsque leur gouvernement ne
peut ou ne veut pas le faire. Il attend d’explorer le chemin d’une paix
durable.
Le défi est clair. Il est à notre portée."
Extraits tirés de l’allocution de
Nadia Murad
Vidéo
et transcription
Photo:
Reuters / Rodi Saïd. Des réfugiés fuient la violence des forces loyales à l'État
islamique dans la ville de Sinjar, et marchant vers la frontière syrienne, à la
périphérie de la montagne de Sinjar, près de la ville frontalière syrienne
d'Elierbeh du gouvernorat d'Al-Hasakah, le 11 août 2014. Des militants de l'État
islamique ont tué au moins 500 membres de la minorité ethnique Yézidi irakienne
au cours de leur offensive dans le nord de l'Irak, a déclaré le ministre
irakien des droits humains à Reuters. L'État islamique a poussé des dizaines de
milliers de Yézidis et de chrétiens à fuir pour sauver leur vie.
"Je
souhaite m’adresser à vous du fond de mon cœur et vous rappeler comment le
cours de mon existence et la vie de toute la communauté yézidie ont changé à la
suite de ce génocide, et comment Daech a tenté d’exterminer une des composantes
de l’Irak en enlevant ses femmes, en tuant ses hommes et en détruisant ses
lieux de pèlerinage et de culte.
J’espère
qu’aujourd’hui marquera le début d’une ère nouvelle, où la première priorité
sera la paix, et où le monde pourra collectivement commencer à définir une
nouvelle feuille de route pour protéger les femmes, les enfants et les
minorités de la persécution, et particulièrement les victimes de la violence
sexuelle.
Encore petite fille, je rêvais de finir mes
études secondaires, d’ouvrir un salon de beauté dans notre village et de vivre
près de ma famille à Sinjar. Mais ce rêve a tourné au cauchemar. Des évènements
inattendus se sont produits. Un génocide. J’y ai perdu ma mère, six de mes
frères et les enfants de mes frères. Chaque
famille yézidi peut rapporter la même histoire, l’une plus horrible que
l’autre, du fait du génocide.
Oui, nos vies ont changé du jour au lendemain,
d’une manière que nous avons peine à comprendre. Chaque famille yézidie compte
des parents séparés de leurs proches. Le tissu social d’une communauté
pacifique a été lacéré, toute une société réunie sous la bannière de la paix et
d’une culture de la tolérance a été consumée dans une guerre absurde.
Dans notre histoire, nous avons subi de
nombreux pogromes du fait de nos croyances et de notre religion. En conséquence
de ces massacres, il ne reste plus que quelques rares Yézidis en Turquie. En
Syrie, qui comptait jadis quelque 80 000 Yézidis, il n’en reste aujourd’hui
plus que 5 000. En Irak, les Yézidis font face à un destin similaire, leur
nombre a diminué de manière significative. Le but de Daech, qui est d’éradiquer
notre religion, deviendra réalité si une sécurité adéquate des Yézidis n’est
pas assurée. C’est aussi le cas d’autres minorités d’Irak et de Syrie.
Après
le génocide, nous avons reçu des témoignages internationaux et locaux de
sympathie, et de nombreux pays ont reconnu ce génocide, mais le génocide ne
s’est pas arrêté. La menace d’anéantissement perdure.
Au XXIe siècle, à l’âge de la mondialisation
et des droits humains, plus de 6 500 femmes et enfants yézidis ont été faits
prisonniers, vendus, achetés, abusés sexuellement et psychologiquement. Malgré
nos appels quotidiens depuis 2014, le sort de plus de 3000 femmes et enfants
aux mains de Daech reste encore inconnu. Chaque
jour, des jeunes filles dans la fleur de l’âge sont vendues, achetées, retenues
captives et violées. Il est inconcevable que la conscience des dirigeants de
195 pays ne se soit pas mobilisée pour libérer ces filles. S’il s’était agi
d’un accord commercial, d’un gisement de pétrole ou d’une cargaison d’armes,
gageons qu’aucun effort n’aurait été épargné pour les libérer.
J’entends tous les jours des histoires
tragiques. Des centaines de milliers, des millions même de femmes et d’enfants
du monde entier souffrent de persécutions et de violences. Tous les jours,
j’entends les cris des enfants de Syrie, d’Irak et du Yémen. Tous les jours,
nous voyons des centaines de femmes et d’enfants d’Afrique et d’ailleurs
devenir la cible de massacres et un combustible pour les guerres, sans que
personne ne bouge pour les aider ou demander des comptes à ceux qui commettent ces
crimes.
Depuis bientôt quatre ans, je sillonne le
monde pour conter mon histoire, celle de ma communauté et celle d’autres
encore, tout aussi vulnérables, sans obtenir justice. Les auteurs de violences sexuelles contre les Yézidies et d’autres femmes et filles ne sont toujours
pas poursuivis pour leurs crimes. Si la justice n’est pas rendue, ce génocide
se répétera contre nous et contre d’autres communautés vulnérables. La justice
est la seule façon d’assurer la paix et la coexistence entre les différentes
composantes de l’Irak. Si nous ne voulons plus revoir de femmes captives et
violées, nous devons demander des comptes à ceux qui ont utilisé la violence
sexuelle comme arme pour commettre des crimes contre les femmes et les filles."
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