Qu’est-ce
qui a bien pu pousser le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Luc
Blanchette, à prendre une telle initiative?
Les
justifications sont tellement stupides, c’est incroyable. Le grossiste chinois
Alibaba va sauter sur la manne...
Québec met fin aux quotas de piégeage pour le
lynx
Alexandre
Shields
Le Devoir
30 août 2018 | Environnement
Photo :
Alexandre Shields / Le Devoir. Selon les
données du gouvernement du Québec, environ 2500 lynx du Canada sont piégés
chaque année.
[C’est
quand même pas rien!]
Le
gouvernement Couillard a décidé d’abolir les quotas de piégeage pour les deux
espèces de lynx qu’on retrouve au Québec, mais aussi de permettre les captures
sur tout le territoire et sur une plus longue période de l’année. Le ministère
de la Faune affirme que ces félins sont suffisamment abondants pour aller de
l’avant avec de telles mesures, même s’il ne détient aucun inventaire.
Par la voie d’un arrêté ministériel très
technique publié dans la Gazette officielle du 8 août, le ministre des Forêts,
de la Faune et des Parcs, Luc Blanchette, a annoncé officiellement la fin des
quotas pour les trappeurs qui piègent le lynx du Canada et le lynx roux. Des
informations confirmées au Devoir par le ministère.
Jusqu’à présent, les trappeurs qui capturent
le lynx du Canada pour vendre sa fourrure pouvaient piéger un maximum de sept
bêtes au cours d’une même saison, et ce, à la condition de répartir leurs
prises dans différentes régions du Québec.
Quant au lynx roux, un seul animal pouvait
être mis à mort. Il faut dire que cette espèce, surtout présente dans le sud de
la province, a été décimée par le piégeage en raison de la grande valeur de sa
fourrure sur le marché au cours des années 1970 et 1980. La situation est alors
devenue si critique que le gouvernement a imposé une fermeture du piégeage
pendant plus de 20 ans, soit de 1991 à 2011.
Dès
cet automne, cependant, les trappeurs québécois pourront piéger sans avoir à
respecter de quotas, et ce, sur l’ensemble du territoire de la province.
Qui plus est, la période de trappage s’étendra sur environ cinq mois dans
l’ensemble des «unités de gestion des animaux à fourrure». [...]
«Il peut sembler risqué de permettre un
piégeage plus permissif des lynx. Cependant, cette nouvelle réglementation ne
doit pas être considérée comme une invitation à augmenter la pression déployée
pour capturer ces espèces. Elle souhaite plutôt reconnaître la réalité de
l’activité de piégeage et la sélectivité imparfaite de certains engins, de même
que limiter les mises en infraction involontaires», a expliqué le MFFP dans une
réponse écrite.
La «récolte» de lynx «ne devrait pas
tellement changer», selon la biologiste Marianne Cheveau.
«Le marché de la fourrure est moins
favorable, parce que la fourrure ne se vend pas très cher en ce moment, donc la
pression mise sur les populations n’est pas très élevée.» [...]
Interpellé sur la «cruauté» réelle ou
supposée du trappage, il [le MFFP] souligne qu’avec le recours aux collets, «l’animal
meurt très rapidement» (1). Cette
technique est d’ailleurs de loin la plus utilisée au Québec. Les trappeurs
peuvent toutefois utiliser légalement les pièges à patte, qui ne tuent pas la
bête.
Il n'est
pas rare de rencontrer des animaux pris au piège en forêt. Au Canada, de
nombreux pièges sont disséminés afin de récupérer la fourrure ou bien la chair
d'animaux tels que le castor, le lynx roux, les fouines ou les renards. Dans
certaines régions, la chasse au lynx du Canada est interdite, là où l'espèce
est considérée comme en danger, voire «particulièrement en danger». Or, les
pièges posés par les chasseurs ne font pas de distinction, ainsi arrive-t-il
souvent que les lynx s'y retrouvent empêtrés.
Il n’existe pas de manière non-violente de brutaliser
et de torturer
Trappés,
les animaux sauvages mettent parfois longtemps à mourir de faim, de soif et de
froid. Ils sont pris dans des pièges qui les retiennent ou les suspendent par
une patte, broient leur chair et leurs os ou les étranglent.
D’autres,
les prisonniers des «fermes d’élevage», passent leur vie dans des cages
attendant une mort toujours douloureuse : injection dans le cœur,
électrocution par le rectum, désarticulation, asphyxie, empoisonnement ou
extermination par balle. Un seul jacket «Opéra» nécessite 200 chinchillas.
Photo :
Jo-Anne McArthur; élevage de visons.
Le documentaire
THE GHOSTS IN OUR MACHINE (Les animaux qu’on nous cache) par Liz Marshall porte
sur la photoreporter Jo-Anne McArthur qui a pour mission de documenter la
guerre invisible face au monde animal. Une puissante charge contre les abus de
l’Homme envers les animaux… un superbe exemple de cinéma engagé.
Le 15
juin 2018 : le Luxembourg a été le
dixième pays européen à prohiber les élevages d’animaux pour la fourrure.
La loi entrera en vigueur en octobre 2018. Le ministre de l’Agriculture avait
présenté ce projet de loi en 2016.
Le 23
juillet 2018 : le parlement flamand (Belgique) a adopté une
loi similaire. Les dix-sept fermes d’élevage encore en opération dans les
Flandres, devront fermer leurs portes d’ici 2023.
Un article de Fur Free Alliance :
Le piégeage
Chaque
année, des millions d'animaux sauvages, dont le lynx roux, le coyote, le
renard, le lynx, le raton laveur et le loup, sont capturés et tués dans des
pièges, principalement aux États-Unis, au Canada et en Russie, bien que le
piégeage soit également pratiqué à plus petite échelle dans d'autres pays.
Les pièges sont aveugles, ils attrapent le
premier animal à marcher dessus. D'innombrables chiens, chats, cerfs, oiseaux
et autres animaux – y compris des animaux menacés et en voie de disparition – sont
également blessés et tués chaque année par les pièges. Ces animaux sont appelés
des «déchets» par les trappeurs.
Le
piégeage est une pratique intrinsèquement violente
Les pièges utilisés, y
compris les pièges à patte à mâchoires d'acier, les pièges au corps et les collets
métalliques autoserrants, sont des dispositifs inhumains qui causent beaucoup
de douleurs et de souffrance. Les pièges sont conçus pour maintenir les animaux
dans un étau plutôt que de les tuer – ce qui signifie qu'ils ne peuvent pas fuir
leurs prédateurs. Les trappeurs appellent ça l'anneau de sécurité (ring-off). Certains
peuvent mourir d’une hémorragie ou à cause du choc, mais la plupart des animaux
resteront vivants pendant des jours avant que le trappeur ne revienne les tuer.
L'American Veterinary Medical Association
(AVMA) et l'American Animal Hospital Association
ont déclaré que le piège à mâchoires d’acier est inhumain.
Ainsi, plusieurs animaux meurent en essayant
de se libérer, et de déshydratation, d'hypothermie et d’hémorragie. Souvent, les
animaux deviennent si désespérés qu'ils s’automutilent en rongeant le membre
piégé jusqu’à l’os afin de se dégager, se cassant les os et les dents sur l’acier
dans le processus. Quand le trappeur revient enfin, si l'animal n’est pas mort,
il est battu, étranglé ou piétiné pour éviter d'endommager la peau. [Ndlr :
On les assomme d’un coup de gourdin sur le plat du museau, puis avec le
plat d’une hache, on leur assène un coup entre les épaules; on les étouffe en maintenant
les pieds sur la gorge de l’animal – imaginez la terreur. Il faut être sadique.]
La fréquence de vérification des pièges
varie entre une fois toutes les 24 heures et une fois tous les 14 jours. La
réglementation sur le piégeage est inadéquate et extrêmement difficile à
appliquer, ce qui signifie que des quantités incalculables de souffrances
animales ne sont pas documentées et ne font pas l'objet d'enquêtes.
Les animaux de compagnie pris au piège
Les
pièges à mâchoires d'acier, le Conibear ou les collets, de par leur nature, ne
sont pas sélectifs. Chaque année aux États-Unis [ndlr : idem au Canada],
des pièges blessent et tuent des millions d'animaux «non ciblés» – des chiens
et des chats domestiques, des lapins, des cerfs, des oiseaux chanteurs, des
rapaces, du bétail et même des espèces menacées.
Appelés «animaux-déchets», les
animaux non ciblés sont souvent simplement jetés. Les blessures
causées par les pièges à mâchoires d’acier sont souvent si graves que le membre
d'un animal de compagnie piégé doit être amputé. Le piège Conibear, par exemple,
fait un grand nombre de victimes involontaires.
The Association for the Protection of Fur-Bearing
Animals
Il n’existe pas de pièges humanitaires
(1) Le collet étrangle lentement l’animal lorsque
celui-ci se débat pour se libérer. J’ai vu un lièvre coincé de la sorte, les
joues gonflées, les yeux exorbités. C’est horrible. L’ami avec qui je faisais
du ski de randonnée l’a dégagé. Il a ensuite enlevé plusieurs collets aux
alentours ce jour-là.
Le Conibear (mâchoires rotatives en
acier) n’assure pas une mort rapide et sans souffrance puisqu’il est possible
que l’animal n’y entre pas correctement et qu’il se prenne par le cou ou l’abdomen
si l’impact n’est pas assez puissant.
Le piège à patte (leg-hold), vieux
de plus de 300 ans et que Charles Darwin décrivait comme «l’instrument de
torture le plus diabolique jamais inventé», est maintenant interdit dans de
nombreux pays parce qu’il est trop cruel – sauf au Canada, aux États-Unis et en
Russie. L’animal pris dans un piège à patte ne meurt pas immédiatement. Faites
un test en claquant la porte de votre voiture sur votre poignet en hiver; restez
ainsi pendant 24 heures – vous songerez peut-être à vous automutiler... Certains
trappeurs ont une prédilection pour ce piège parce qu’il laisse l’animal vivant
et capable, dans une certaine mesure, de se défendre contre les prédateurs et ainsi garder son «manteau»
de fourrure intact.
Voulant promouvoir
les captures humanitaires, les experts
suggèrent de mettre des serrures aux collets, des coussins aux pièges à patte et un mécanisme de noyade automatique pour
les animaux semi-aquatiques (castor, rat musqué, loutre de rivière).
Dans les années 1990, à Vegreville en
Alberta, un centre de recherche environnementale comprenant des
intervenants de l’industrie de la fourrure et de divers ministères fédéraux et
provinciaux ont réalisé des tests de piégeage prétendument humanitaire. Avec
une subvention de 2,5 millions de dollars ils ont piégé «scientifiquement» la
martre, le vison, le raton laveur et le renard. Dans un vaste enclos clôturé et
protégé par un système d’alarme, on filmait les animaux. Des appareils
électroniques évaluaient le niveau de traumatisme et les réactions de l’animal,
ainsi que le temps écoulé entre la capture et la mort. Les chercheurs
prétendaient qu’un piège qui pourrait tuer un animal en trois minutes serait humanitaire. À la condition toutefois que
l’animal soit de la bonne espèce, qu’il ait le bon format et le bon poids, et
surtout qu’il s’introduise de la façon appropriée dans le piège. Il faudrait donner
un cours 101 aux animaux : comment s’introduire dans un piège sans abimer
son poil.
Comprendre
la vie, c’est reconnaître qu’aucun être vivant n’a choisi l’espèce à laquelle
il appartient. L’humain et l’animal sont prisonniers de leur apparence. Les
animaux ne sont pas des «inférieurs», ils possèdent simplement une forme
physique et une conscience différentes de la nôtre.
En complément
Soyez chic, ne portez pas de fourrure!
Des trois
félins sauvages du Canada (le lynx, le lynx roux et le couguar), le lynx et le
lynx roux se ressemblent le plus et sont les plus étroitement apparentés. Ils
sont probablement tous les deux des descendants du lynx d’Eurasie, qui est plus
grand qu’eux. Il existe certaines différences mineures entre le lynx et le lynx
roux. Le lynx roux est un peu plus petit, et ses pieds sont un peu moins grands
que ceux du lynx, ce qui fait que le lynx roux est moins bon chasseur dans la
neige profonde. Le bout de la queue du lynx est noir, tandis que la queue du
lynx roux est striée de trois ou quatre barres noires et marquée d’une tache
noire près du bout sur la surface supérieure; les taches sur le poil du lynx
roux sont plus prononcées. Quant au couguar, il est beaucoup plus grand et plus
puissant que le lynx et le lynx roux; on le reconnaît facilement à sa longue
queue.
Au Canada, mis à part le déclin de la
population de lièvres d’Amérique, la proie principale du lynx, le piégeage
semble être le seul facteur important de mortalité. ... Le piégeage produit le
plus grand effet anthropique sur le lynx. Il est facile de piéger le lynx et
lorsque les prix des fourrures sont à la hausse les trappeurs prennent une plus
forte proportion de la population de lynx, ce qui peut éliminer la plupart des
lynx d’une région donnée. Le piégeage a déjà apporté des changements à long
terme à la taille des populations de lynx au Canada. ...
De nos jours, le lynx est piégé dans tous
les territoires et dans toutes les provinces sauf l’Île-du-Prince-Édouard, la
Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick. Les saisons de piégeage sont
réglementées, et les gestionnaires des espèces sauvages peuvent modifier les
règlements, selon les besoins, d’une année à une autre et selon les districts
d’une province. ...
...L’exploitation
forestière facilite l’accès des trappeurs en créant des routes. Si la
réglementation relativement à l’exploitation forestière n’est pas assez
prudente et souple, les grandes coupes à blanc éliminant presque entièrement
les forêts de conifères sur de grandes superficies nuiront probablement aux
populations résidentes de lynx.