Le suicide collectif
amorcé avec la révolution industrielle se poursuit sans interruption, et
l’ensemble des industries y veille, menaçant espèce après espèce – et la nôtre
par voie de conséquence – grâce à son incomparable savoir-faire.
On voit des désastres à la hauteur des
scénarios apocalyptiques du cinéma. J’aimerais croire à la prière. Il n’y a pas
de mots pour qualifier le film d’horreur qui joue en boucle à l’échelle
planétaire. Restaurer des lieux, relocaliser des gens, limiter la propagation
des épidémies, soigner, fournir de l’eau potable, de la nourriture, des
vêtements, rétablir l’électricité... c’est un casse-tête colossal. Comment
sortir de pareil bourbier? Où fuir? Il n’y a pas de refuges. C'est infiniment
triste et l'on se sent impuissant devant l'ampleur de la tâche, malgré le
nombre de bonnes âmes qui se dévouent.
Une exploration/extraction hydraulique respectueuse de l’environnement, ça
n’existe tout simplement pas.
Pour pousser les plus
grands pollueurs comme l’industrie pétrochimique et l’agrobusiness à devenir
éco-responsables, tout ce que nous pouvons faire est de changer nos propres
habitudes de consommation et nos comportements. Sinon, ils continueront à
détruire la terre sans se faire de souci.
Quand on sait, on peut
choisir, choisir d’aller d’un côté ou de l’autre selon sa propre conscience.
L’ignorance n’offre aucun choix.
Image : auteur inconnu
La poète Élyane Rejony, auteure drômoise,
dénonce le cynisme à la fois tragique et désopilant de l’avenir que certains
voudraient nous imposer.
Source : Le souffle
court, Mont Saint-Hilaire | Un site pour protéger le paysage Québécois
Cynic-slam de schiste
Nous allons chercher du
gaz, au fond des schistes, caché,
Nous ne sommes pas des
nazes, nous pouvons tout exploiter.
La technologie est
fiable, j’vous jure, c’est pas une fable;
Nous maîtrisons la
nature, cassons les roches les plus dures
Sans peur et sans
fioritures, sur nos engins, ça carbure!
Fracturation
hydraulique, potion magique chimique,
Prospection
hyper-technique, et secousse tellurique,
Aux Etats-Unis, voyez,
nous forons sans trop d’critiques.
Nous sommes des malabars
pour fabriquer des dollars
Et détruire tous vos
espoirs. On a l’autorisation,
Tout’ vos récriminations
f’ront pas baisser nos actions.
Vous aurez des têtes de
puits, vous verrez ça s’ra joli
Sur les garrigues de
buis. Il y aura beaucoup d’camions,
Ca fera d’l’animation
dans vos bois à l’abandon.
Les paysages sont beaux?
C’est un argument bobo!
L’eau est rare dans vos
contrées? On saura s’en débrouiller.
Le calcaire est plein de
trous? Nous avons remède à tout.
Si ça risque d’exploser,
vous pourrez déménager,
Et si ça sent trop
mauvais, vous pourrez vous boucher l’nez.
Vous n’aimez pas l’eau
dans l’gaz, vous aurez le gaz dans l’eau.
L’eau du robinet
s’enflamme? Ca amus’ra vos marmots!
Destruction et
pollution? Tout progrès a sa rançon.
Arrêtez donc de pleurer
dès qu’on vous donn’ du progrès,
Faut bien faire quelques
ravages pour nourrir vos gaspillages.
Cessez de nous fendr’ le
cœur au nom d’la nature qui meurt,
Ecolos enquiquineurs!
Parole de profiteurs,
vous êtes des ayatollahs,
Pas comme nous les
décideurs qui n’voulons que votr’ bonheur.
Nous détruisons la
planète? Tout de suite les grands mots...
Le monde marche sur la
tête? Fallait le comprendre plus tôt!
© Elyane REJONY
Drôme - Janvier 2011
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