10 août 2018

Triste boomerang de l’apathie

«Les conversations sur la pluie et le beau temps deviendront intéressantes quand apparaîtront les premiers signes de la fin du monde.»
~ Stanislaw Jerzy Lec (1909-1966)

Les humains se réveillent quand les catastrophes leur sautent en pleine face. Dommage, car habituellement il est trop tard pour rectifier la trajectoire. Ainsi en va-t-il du réchauffement climatique et de l’exploitation tout azimut des ressources planétaires (minerais, pétrole/gaz, forêts, pêcherie, eau potable...).

Changements climatiques : il y a 30 ans, James Hansen de la NASA tirait la sonnette d'alarme

Un texte d'Étienne Leblanc, journaliste spécialisé en environnement

Publié le vendredi 22 juin 2018 à 12 h 03 Mis à jour le 23 juin 2018 à 5 h 11
Le 23 juin 1988, lors d'un célèbre exposé devant le Sénat américain, James Hansen avertit les élus que le réchauffement de la planète est une réalité. Le climatologue de la NASA crée une onde de choc. Mais 30 ans plus tard, qu'en est-il? Les experts tirent toujours la même sonnette d'alarme... et les politiciens hésitent toujours à prendre des mesures à la hauteur du défi.
   James Hansen aurait voulu s'être trompé. Mais les données de l'Institut Goddard en sciences spatiales de la NASA qu'il dirigeait à l'époque laissent peu de place au doute : «L'effet de serre est détecté et il modifie déjà notre climat», dit-il sans détour aux sénateurs américains le 23 juin 1988.
Article intégral :

Dozens of scientists from over 20 countries explain how mining, logging and fossil fuels disrupt the water on earth

By Carl Meyer in News, Energy, Politics | The Observer July 12th 2018

Canadian government departments should work closer together to determine how the interaction of forests and water is being disrupted by fossil fuel extraction, mining and logging, says a Canadian scientist at the centre of a new report presented to the United Nations.
   Irena Creed, a Canadian biology professor and executive director of the School of Environment and Sustainability at the University of Saskatchewan, co-chaired a 19-member panel that compiled evidence showing how the health of the planet’s forests is intricately tied to the safeguarding of sustainable access to water.
   “There’s an emerging scientific body of evidence that is starting to suggest that it’s not just what happens when the raindrop falls to the ground...but that the forests produce water,” says Canadian scientist Irena Creed. #cdnpoli #cdnsci
   The July 10 report by the Global Forest Expert Panel on Forests and Water — a major collaboration of 50 scientists from more than 20 countries including 11 different Canada-based contributors — highlights cutting-edge research demonstrating a whole different way of managing the Earth's ecosystems.
As climate change accelerates changes to the environment, it brings with it increased risk to the water supply, including water quality.
   “That ongoing activity is important for Canada’s economy, but that ongoing activity in the face of increasing risk of wildfires, or infestations, or air pollution, creates a great deal of uncertainty in terms of how our economy can rely on these resources that are extracted from the boreal forest,” said Creed.
   “It’s also important to consider the quality of water, if you think about many communities that live in the boreal forest, the two-thirds of Indigenous communities in Canada that don’t have access to clean, reliable sources of drinking water.”
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DANS NOTRE COUR

Déforestation, fracturation hydraulique, perte des aires fauniques protégées 

Ces coupes ont été effectuées à l’automne 2017 sur un flanc des monts aux Perches, à plus de 600 m d’altitude. Un couple d’aigles royaux en danger niche non loin, selon le Comité de protection des monts Chic-Chocs.

Lundi 6 août 2018 - Les caribous de Gaspésie n’auront bientôt plus de refuge. C’est ce que craint le biologiste Martin-Hugues St-Laurent, directeur de recherche en écologie animale à l’Université du Québec à Rimouski.


Les forestiers ont tellement coupé en 30 ans dans la réserve faunique de Matane qu’ils ont atteint les sommets escarpés des Chic-Chocs où se réfugient les derniers caribous de Gaspésie.
   Le porte-parole du Comité de sauvegarde des Chic-Chocs, Louis Fradette, connaît ces montagnes depuis 40 ans. Au fil des ans, il a vu les machines escalader les sommets de plus en plus hauts, parfois au-delà de 600 mètres d’altitude. «Ils vont vers les sommets et dans les côtes, dans des milieux très fragiles où la repousse est limitée comparée aux basses altitudes et à la vallée. Il y a un secteur qui a été coupé en 2007 où rien n’a repoussé encore», a-t-il confié au Journal de Montréal.
   Un projet d’aire protégée est à l’étude dans le secteur depuis 2013 et les coupes y sont interdites sur 184 km2. Mais pour le Comité de protection des Chic-Chocs, la zone devrait s’étendre sur 400 km2.
Comité de sauvegarde des Chic-Chocs : http://chic-chocs.org/index.html

Le problème c’est que ce territoire compte des droits miniers et des permis d’exploration pétrolière et gazière.

Ndlr : Le ministre des Ressources naturelles Pierre Moreau avait promis qu’il n’y aurait pas d’exploration pétrolière/gazière dans les lacs et les rivières. Le ministre a déclaré par la suite qu’il n’y aurait pas d’exploration sous les lacs et rivières, mais à côté. L’exploration sape d’énormes quantités d’eau – chaque fracturation hydraulique requiert entre 15 et 20 millions de litres d’eau. Où la puiseront-ils? 

Parenthèse : Pendant les campagnes électorales, chefs et députés font la cour aux électeurs avec des promesses qu’ils ne tiendront pas (comme Pierre Moreau), sauf les moins significatives. Ne soyons pas crédules, et rappelons-nous que voter pour un candidat, c’est voter pour des lobbies. Je sais, les représentants dotés d’un Quotient Environnemental (QE) à peine passable sont extrêmement rares. Espérons que les prochains lobbyistes élus n’imiteront pas nos voisins du sud qui viennent de rouvrir la porte à l’amiante et d’assouplir les normes anti-pollution des voitures, en plus du reste – leur processus d’autodestruction est ahurissant, c'est à suivre...

À consulter :
Registre  des lobbyistes, gouvernement du Québec
Registre des lobbyistes, gouvernement du Canada 

IL FAUT DE L’EAU POUR ÉTEINDRE DES FEUX...

Sur la ligne de feu

Le monde est en train de perdre la guerre contre le réchauffement climatique


La terre brûle. De Seattle à la Sibérie cet été, les flammes ont consumé des pans entiers de l'hémisphère nord. L'un des 18 incendies de forêt qui déferlent sur la Californie, l'un des pires de l'histoire de l'état, génère une telle chaleur qu'il crée son propre climat. Les incendies qui ont ravagé une zone côtière près d'Athènes ont tué 91 personnes. Ailleurs, les gens étouffent sous la chaleur. Environ 125 personnes sont mortes au Japon à la suite d'une vague de chaleur qui a fait grimper les températures à Tokyo au-dessus de 40°C pour la première fois.
   De telles calamités, autrefois considérées comme terrifiantes, sont maintenant monnaie courante. Les scientifiques disent depuis longtemps qu’à mesure que la planète se réchauffe (aujourd'hui il fait environ 1°C de plus qu'avant l’allumage des premiers fours de l'ère industrielle) les modèles météorologiques vont se déchaîner. Une analyse préliminaire a montré que l’été européen étouffant aurait été la moitié moins grave s'il n'y avait pas eu le réchauffement climatique provoqué par l'homme.


Californie – Le Mendocino Complex, a battu le record, vieux de quelques mois seulement, du feu le plus destructeur en termes de superficie brûlée dans l'histoire récente de l'ouest des États-Unis. Depuis le 27 juillet, il a déjà dévoré quelque 120 000 hectares. Maîtrisé à seulement 34 %, il continuait sa course folle dans les collines boisées, escarpées et difficilement accessibles autour de Clear Lake, au nord de San Francisco. Le Mendocino Complex est composé de deux foyers mitoyens: le Ranch Fire, circonscrit à 20 % et qui constitue la principale menace, et le River Fire, circonscrit à 78 %. Ni les obstacles naturels comme les rivières ni les fossés aménagés artificiellement n'ont réussi à ralentir le Ranch Fire, que les pompiers combattent à l'aide de plusieurs hélicoptères et avions bombardiers d'eau, deux énormes Douglas DC-10 et un Boeing 747. «Si le Mendocino Complex était une ville, ce serait la quatorzième plus grande des États-Unis. Plus grande que New York, Chicago, Philadelphie et Houston», a tweeté mardi Cal OES, le bureau des services d'urgence du gouverneur de Californie.
(Agence France-Presse, 6 août 2018)

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Le 28 juillet 2010, l'assemblée générale des Nations Unies a voté pour déclarer que l'accès à l'eau potable et à des installations sanitaires est un droit humain fondamental.
   L’eau n’est pas une denrée que l’on peut s’approprier à des fins commerciales privées, pas plus que les rayons du soleil! Nous payons sans rechigner pour les stations d’épuration des eaux usées, mais au-delà de ça c’est du vol qualifié, en particulier quand des mafieux vendent de l’eau du robinet embouteillée. 


Le Coca-Cola sert de substitut à l'eau potable à San Cristóbal de las Casas

Jordyn Cormier, 24 juillet 2018 | Care2  

Pourquoi Coca-Cola/Femsa a-t-il le droit de mettre en bouteille 300 000 gallons (1 135 500 litres) d'eau par jour dans une ville qui n'a pas assez d'eau potable pour ses habitants?

Photo : le soda substitut de l’eau

Pénurie d'eau – qu’est-ce que cela signifie pour vous? Pas d’arrosage de pelouse? Des douches écourtées? Des litres d'eau embouteillée? Pour les habitants de San Cristóbal de las Casas, au Mexique, cela signifie boire du Coca-Cola, presque exclusivement. Et cela cause autant de dégâts que la pénurie d'eau.
   Dans cette ville de montagne, certains résidents ont de l'eau courante seulement quelques fois par semaine, ce qui les oblige à acheter de l'eau des camions-citernes pour une utilisation quotidienne. L'urbanisation rapide, l'effondrement des infrastructures et les changements climatiques ont asséché les puits qui autrefois hydrataient toute la ville, de sorte que l'eau potable devient de plus en plus rare.
   En l’absence d’usine de traitement des eaux usées, les eaux d'égout non traitées se déversent directement dans leur précieux réseau hydrique, le contaminant avec des agents pathogènes. Pourtant, l'usine locale de Coca-Cola, détenue par le géant mexicain de boissons gazeuses Femsa, est autorisée à extraire légalement 300 000 gallons (1 135 500 litres) d'eau propre de la ville à chaque jour afin de la colorer, la sucrer et la transformer en sodas, privant ainsi les résidents d’eau potable.
   Avec une telle pression sur l'approvisionnement local en eau, qu'est-ce que les résidents boivent le plus? Des boissons gazeuses. L'usine locale d'embouteillage a rendu le soda plus abondant et meilleur marché que l'eau embouteillée. En conséquence, les habitants de cette ville du Chiapas ont tendance à boire environ 2 litres de Coca-Cola par jour.
   Et, avec des pubs sournoises qui manipulent les résidents pour qu'ils boivent de plus en plus de soda au lieu de l'eau, un grand nombre de gens tombent malades.
Le diabète dans la ville du sud du Mexique a augmenté de 30 % entre 2013 et 2016. La maladie cause maintenant 3 000 décès chaque année, soit une proportion importante de la population de moins de 200 000 personnes. C'est la deuxième principale cause de décès dans la petite ville et elle afflige presque toutes les familles.
   Les habitants de San Cristóbal de las Casas protestent, mais les dirigeants de Coca-Cola refusent d'accepter le blâme.
   Selon le New York Times, un cadre de Femsa «a rejeté les critiques selon lesquelles les boissons de la société ont eu un impact négatif sur la santé publique. Les Mexicains, a-t-il dit, ont peut-être une propension génétique au diabète».
   Coca-Cola et Femsa font croire qu'il n'y a rien de mal à boire deux litres de soda chaque jour – et que celui-ci ne cause certainement pas le diabète.
   Le militant local Martin López López, disait dans un communiqué : «Coca-Cola est abusif, manipulateur. Ils prennent notre eau pure, la colore et nous trompent avec leurs pubs télé en disant que c'est l'étincelle de vie. Puis ils prennent l'argent et s'en vont.»
   Bien que l'usine contribue à l'économie locale, cette stimulation économique ne vaut pas la peine de perdre des milliers de vies chaque année. Les humains ont besoin d'eau potable. Aucun humain ne devrait être manipulé ou forcé de consommer du soda à la place de l'eau.
Source : 

La guerre pour l’eau est identique à celle pour les terres arables. L’envahissement se fait en pantoufles, sournoisement, camouflé derrière des noms de compagnies dites «locales». Si nos élus continuent de permettre à des multinationales comme Nestlé, Coca-Cola et autres, de s’approprier notre eau potable (elles font main basse au Québec, en Ontario, Colombie-Britannique +), nous pourrions bientôt connaître le triste sort de nombreuses populations de par le monde :
   «Depuis 1990, le Mexique a parié sur la privatisation de toute l’économie  mexicaine avec le traité de libre-échange. C’est une politique néolibérale de privatisation. Ils privatisent le pétrole, l’énergie électrique, le gaz, l’eau, les forêts, tes terres, tout le pays est en vente en fin de compte. L’État providence, l’État des programmes sociaux, des projets pour son peuple, cet État mexicain a disparu. Beaucoup de conflits sont nés de ce traité de libre-échange. Le gouvernement disait que ce serait bénéfique. Mais en réalité c’étaient des mensonges.» 

Mexique, sous l'emprise du Coca 
Documentaire | 30min
Un film de Julie Delettre produit par Wild Angle Productions
À voir :

Résumé :
Les dessous de la mondialisation
Public Sénat | Octobre 2016

Les faces cachées de la fabrication des produits que nous consommons

Au Mexique, Coca-Cola a acquis un pouvoir considérable. Dans le sud du pays, au Chiapas, l’un des états les plus pauvres, la multinationale américaine a fait main basse sur l’eau et sur la vie de ses habitants. Le Chiapas est considéré comme le réservoir d´eau du Mexique. Dans les années 80, la firme Coca Cola installe à San Cristobal de las Casas sa plus grosse usine, qui emploie près de 300 personnes. Elle y pompe l’eau nécessaire à sa production, puisant directement dans la nappe phréatique de la ville jusqu’à en assécher certaines communautés alentours. Pour fabriquer 1 litre de Coca, il ne faudrait pas moins de 6 litres d’eau. Et les bénéfices de cette industrie ne semblent pas encourager les pouvoirs publics à affronter les problèmes de son réseau hydrique vétuste. Entré dans l’ALENA en 1994, le Mexique a suivi les pas des États-Unis dans sa politique néolibérale. La multinationale américaine s’est ainsi immiscée partout. Pas un village qui ne soit labellisé aux couleurs rouges et blanches de la marque. Les Mexicains sont devenus les plus gros consommateurs au monde de soda et notamment de Coca-Cola. Lors des cérémonies et rituels mayas, la boisson gazeuse remplace désormais les boissons fermentées d’autrefois. Des conséquences sanitaires désastreuses en découlent : 70 % de la population, sevrée également à la malbouffe, est en surpoids. Le diabète est l’une des principales causes de mortalité. Face à ce fléau, certains habitants tentent se mobilisent et tentent de se réapproprier leur ressource naturelle.

Gavage des enfants au Coca-Cola.

Cette pub de 1934 n’est pas un hoax. Coca-Cola a souvent associé son poison à la santé, la vitalité et l’innocuité. La fausse revendication : Served in Leading Hospitals. You can be sure it is pure and wholesome. Coca-Cola is a pure drink of natural products, with no artificial flavour or coloring. Complying with pure food laws all over the world.

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Les eaux du Mexique sont aussi utilisées à des fins d’exploitation minière et gazière

L’industrie minière – tout comme l’extraction de gaz et de pétrole – a un impact extrêmement important car elle consomme quotidiennement des millions de litres d’eau. La mine d’or Los Filos, dans l’État de Guerrero, dans le sud du pays, en utilise 418,8 millions chaque jour rien que pour la lixiviation, processus durant lequel les tonnes de minéraux extraits sont aspergés d’eau et de cyanure de sodium pour séparer l’or des détritus. Cette mine, située dans une zone gangrenée par le narcotrafic, est exploitée depuis 2007 par Goldcorp, première compagnie minière des Amériques et deuxième au niveau mondial. Goldcorp prévoit d’extraire 200 tonnes d’or de Los Filos dans les vingt prochaines années, pour un chiffre d’affaires de 7 milliards de dollars. L’entreprise canadienne s’est installée grâce aux accords de libre-échange nord-américains (Alena). L’usage de produits toxiques comme le cyanure a de graves impacts sur l’environnement et les populations.
   [...] L’un des objectifs de la réforme est d’ouvrir la voie à l’exploitation des hydrocarbures «non conventionnels», tels que le gaz de schiste, extraits au moyen de la technique controversée de la fracturation hydraulique (fracking en anglais). Chaque fracturation requiert entre 15 et 20 millions de litres d’eau, et les produits chimiques utilisés pénètrent dans les nappes phréatiques. Les gisements de schiste mexicains se trouvent essentiellement à la frontière avec les États-Unis, dans les régions les plus arides du pays. Leur exploitation à grande échelle risque de créer de nouvelles zones de conflits liés à l’eau.

Source : Le Mexique va-t-il se vider de son eau au profit des multinationales?
Libéralisation | 30 octobre 2015

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