«Les ouvrages de psychologie, de philosophie et de
religion parlent tous de la nécessité de l’honnêteté et de la vérité. Nous
avons un besoin vital de croire qu’on nous dira toujours la vérité. Pourtant,
il serait intéressant de nous demander si nous connaissons quelqu’un qui soit absolument
intègre. ... Mais que veut dire honnête? Honnête comment? Dans quelles
circonstances? Avec qui? Honnête pour les choses importantes? Autant de
questions qui suggèrent qu’il y a plusieurs sortes et plusieurs degrés
d’honnêteté.
Quelle
que soit la définition que l’on en donne, il reste que la malhonnêteté est la
grande coupable de l’échec des relations. Les familles se séparent, les amants
s’agressent physiquement et commettent des ‘crimes passionnels’. Les commerces
se dissolvent, les gouvernements s’écroulent et les nations se livrent à des
guerres sanglantes. Il est souvent moins ‘grave’
de dire un mensonge pour éviter de graves crises. On se dit : ‘Tant que cela ne blesse personne’...
Les
exemples de malhonnêteté sont légion dans presque tous les secteurs de notre
société, à tous les niveaux. On les retrouve dans les relations les plus
ordinaires, comme au sein des politiques internationales les plus complexes. Si
les gens ne mentent pas carrément, on peut dire qu’ils pratiquent des
semi-vérités.
Les
publicistes nous déclarent avec une vulgarité criarde que leurs produits sont
les meilleurs. Ils promettent la guérison, un soulagement instantané, si nous
achetons leurs produits. Même les plus naïfs savent que ce sont des mensonges,
mais nous les entendons si souvent que nous finissons par être désensibilisés;
ils ne nous choquent plus.
Les
journalistes qui se vantent de porter la vérité aux yeux du public n’hésitent
pas à mentir pour avoir accès à la vérité. Les promesses électorales des
politiciens ne sont pas tenues. On nous promet d’équilibrer le budget, de faire
disparaître la criminalité, de mettre fin aux guerres, d’éliminer la pauvreté...
Certains promettent même de donner un regain de vitalité à la famille et de
réintroduire la morale dans notre société décadente. Après plus de cent ans de
rêve américain de liberté, de justice et d’égalité pour tous, nous avons encore
de l’espoir. Nous ne sommes pas stupides mais conditionnés à ne pas être trop
exigeants dans le domaine de la vérité.
Un
mensonge ‘fait son chemin’. Si, comme
c’est le cas pour la vérité, le mensonge ne suscitait qu’une réaction, nous
n’aurions qu’un choix à faire : y croire ou non. Mais le mensonge nous
laisse généralement dans un état de confusion, de crainte, d’incertitude, de
doute, de ressentiment. On a sous-évalué l’importance de dire la vérité. Les
doutes qui naissent du mensonge ont une grande influence sur la durabilité de
la confiance. Elle est au cœur de toute relation. Il n’y a pas de confiance
sans vérité.
Le besoin
de croire est très humain. Nous avons besoin de nous faire mutuellement
confiance. Je crois que nous deviendrions fous si nous ne pouvions avoir
confiance en personne. La vérité procure un sentiment de sécurité qui nous rend
plus ouverts.»
~ Leo Buscaglia (Loving Each Other,
1984)
Or les mensonges et les escroqueries de
l’industrie pharmaceutique menacent la vie même des consommateurs de
médicaments. C’est quand même terrifiant. Sauf en cas de nécessité absolue, je
me tiens loin des pilules, par expérience personnelle et instinct de survie. Et
aussi parce que j’ai vu des gens de mon entourage aux prises avec des effets
secondaires néfastes, souvent pires que les symptômes qu’on cherchait à traiter
– par exemple, les anxiolytiques de la catégorie des benzo qu’on administre
comme des bonbons en CHSLD. Je me méfie du made in China puisqu’on ne peut compter sur de quelconques normes de salubrité, de qualité et de sécurité d’utilisation.
Raison de plus en matière de produits pharmaceutiques : des tas de
lumières rouges clignotent! De toute façon, les grands laboratoires pharmaceutiques
ne souffrent pas d’une overdose d’honnêteté; le problème est international (1).
L'industrie pharmaceutique ne crée pas des
remèdes... elle crée des clients.
Je ne voudrais être dans les souliers des «clients»
qui prennent ces médicaments :
Huit lots
supplémentaires de médicaments à base de valsartan seront rappelés «par précaution» a indiqué Santé Canada. Plusieurs
produits avaient déjà fait l’objet d’un rappel en juillet pour les mêmes
raisons, le N-nitrosodiméthylamine
(NDMA) classé comme une substance
cancérogène probable par l’Organisation mondiale de la santé.
Le Devoir, le 4 août 2018 :
Le rappel de médicaments à base de valsartan est
la goutte qui fait déborder le vase pour l’Ordre des pharmaciens du Québec. Ce
médicament destiné aux patients cardiaques, qui a été prescrit à plus de quatre millions de Canadiens en 2017, a fait
l’objet d’un rappel mondial le mois dernier et lève une fois de plus le voile
sur les risques associés aux monopoles dans l’industrie pharmaceutique.
Du N-nitrosodiméthylamine
(NDMA), une substance classée comme cancérogène probable par l’Organisation
mondiale de la santé, a été retrouvée dans des médicaments à base de valsartan
dont l’ingrédient actif, sous forme de
poudre, a été produit par la pharmaceutique Zhejiang Huahai en Chine.
Le hic,
c’est que le laboratoire pétrochimique
de l’entreprise est l’unique fournisseur
de cette poudre pour la plupart des grandes compagnies pharmaceutiques.
Zhejiang Huahai a fait son mea culpa cet été en disant que la contamination
était probablement due au fait qu’elle a modifié son processus manufacturier en
2012.
La
valsartan est l’ingrédient actif de plusieurs médicaments destinés aux personnes atteintes de maladies
cardiovasculaires, comme l’insuffisance cardiaque et l’hypertension artérielle.
La contamination pourrait être présente dans certains médicaments depuis 2012.
De la
poudre au comprimé
L’usine chinoise fournit la majorité des géants de
l’industrie. C’est pourquoi on retrouve ces médicaments sous plusieurs noms
dans les pharmacies, tels que Act-Valsartan,
Teva-Valsartan, Sandoz Valsartan, Valsartan de Sanis,
Valsartan de Pro Doc Limitée et
Valsartan de Sivem produits
pharmaceutiques.
La liste complète des produits rappelés est
disponible sur le site de Santé Canada.
Alliances
intéressées, alliances dangereuses pour la santé
Pierre Biron
Agora | Dossier : Système de santé
Joel
Lexchin. Doctors In Denial : Why Big Pharma And The Canadian Medical
Profession Are Too Close For Comfort. Toronto : Lorimer; 2017 -
ISBN 978-1-4594-1244-6 (imprimé) - ISBN 978-1-4594-1245-3 (EPUB)
L’auteur, urgentologue et expert en politique du
médicament, peint une fresque historique des alliances entre la profession médicale, l’industrie et les
gouvernements au Canada. Ces alliances entre tous les acteurs du médicament
se font au détriment des consommateurs, volontaires ou obligés. Voici quelques
observations et réflexions choisies dans son livre :
a) Cette «alliance» est antérieure à l’amorce du néolibéralisme ouvertement mise en œuvre par Reagan aux É.-U. et Thatcher au R.-U.; elle en fut renforcée et continue de l’être. En même temps la privatisation de la santé a commencé à s’installer au pays dans les années 1980 et continue de le faire : frais accessoires en cabinet et à l’hôpital; privatisation de la collecte de sang, de la radiologie pointue, des polycliniques, de laboratoires biomédicaux; désaffiliation du régime public par des médecins; PPP dans la construction et la gérance d’hôpitaux (pourtant avérés désastreux à l’étranger et au pays), PPP ou financement privé en recherche clinique et en formation médicale continue; tous des indicateurs fermement dénoncés par Médecins québécois pour un régime public (Canadian Doctors for Medicare dans le reste du Canada).
b) L’alliance et la privatisation convergent pour justifier que l’on trouve éthiquement normales de nombreuses situations conflictuelles liées aux soins, à la formation, à la recherche et à la santé publique. L’alliance et les PPP se ressemblent en assumant que des fonds privés soient nécessaires pour «servir le public», une aberration en soi car le privé ne vise que le profit et le public vise le meilleur service au meilleur coût.
c) Toute bonne pratique de soins doit reposer sur un savoir médical et une habileté clinique dont l’objectif doit demeurer soignant alors que les pharmaceutiques dominées par le marketing n’hésitent pas à enfreindre leurs propres codes, à tricher, à encourir des condamnations civiles et criminelles, à corrompre politiques, agences, médias, instances médicales, revues savantes, chercheurs cliniques, associations de patients et prescripteurs. Les engagements de l’industrie à se comporter en firmes socialement responsables ne sont que des fausses promesses alors qu’on y pratique une marchandisation socialement irresponsable.
a) Cette «alliance» est antérieure à l’amorce du néolibéralisme ouvertement mise en œuvre par Reagan aux É.-U. et Thatcher au R.-U.; elle en fut renforcée et continue de l’être. En même temps la privatisation de la santé a commencé à s’installer au pays dans les années 1980 et continue de le faire : frais accessoires en cabinet et à l’hôpital; privatisation de la collecte de sang, de la radiologie pointue, des polycliniques, de laboratoires biomédicaux; désaffiliation du régime public par des médecins; PPP dans la construction et la gérance d’hôpitaux (pourtant avérés désastreux à l’étranger et au pays), PPP ou financement privé en recherche clinique et en formation médicale continue; tous des indicateurs fermement dénoncés par Médecins québécois pour un régime public (Canadian Doctors for Medicare dans le reste du Canada).
b) L’alliance et la privatisation convergent pour justifier que l’on trouve éthiquement normales de nombreuses situations conflictuelles liées aux soins, à la formation, à la recherche et à la santé publique. L’alliance et les PPP se ressemblent en assumant que des fonds privés soient nécessaires pour «servir le public», une aberration en soi car le privé ne vise que le profit et le public vise le meilleur service au meilleur coût.
c) Toute bonne pratique de soins doit reposer sur un savoir médical et une habileté clinique dont l’objectif doit demeurer soignant alors que les pharmaceutiques dominées par le marketing n’hésitent pas à enfreindre leurs propres codes, à tricher, à encourir des condamnations civiles et criminelles, à corrompre politiques, agences, médias, instances médicales, revues savantes, chercheurs cliniques, associations de patients et prescripteurs. Les engagements de l’industrie à se comporter en firmes socialement responsables ne sont que des fausses promesses alors qu’on y pratique une marchandisation socialement irresponsable.
[...]
Article intégral :
Image :
© Wildpixel (via
Searcy Law)
(1) Les
études médicales
L'une des questions critiques à se poser lorsqu’on
lit un article de revue médicale est : qui a financé l'étude? Dans la plupart
des revues, les chercheurs doivent identifier leurs sources de financement. Alors
c’est quoi le problème? Eh bien, les chercheurs peuvent masquer la véritable
origine du soutien financier : le cacher, le camoufler, ou même blanchir
l'argent par le biais d'un groupe de façade. Pourquoi la source de financement
est-elle importante? Sur les milliers d'études, une sur huit serait financée
par l'industrie et publiée pour ses conclusions favorables. Mais nous ne
pouvons pas le certifier puisque 77 % des auteurs ne révèlent pas leurs sources
de financement. Le problème est que la responsabilité de divulguer les vraies sources de financement est laissée
à l’entière discrétion des auteurs. Alors, combien de chercheurs divulguent la
vérité?
Un rédacteur
en chef de longue date au New England
Journal of Medicine a écrit un article cinglant sur les sociétés
pharmaceutiques et les médecins qui ont omis de déclarer les centaines de
milliers de dollars qu’ils ont reçus des sociétés pharmaceutiques telles que
GlaxoSmithKline. Cette société a été poursuivie et condamnée à des milliards de
dollars d’amendes pour des activités de corruption et de suppression de
données. Quand GSK obtenait des résultats «commercialement inacceptables», elle
les enterrait, tout simplement. Des amendes de milliards de dollars, mais pour les
entreprises pharmaceutiques cela fait partie des coûts pour faire des affaires.
Aussi répréhensibles que soient les pratiques de l'industrie pharmaceutique, une
grande partie des membres de la profession médicale est encore plus coupable. Nous
pouvons nous attendre à ce que les sociétés pharmaceutiques accordent la
priorité aux résultats financiers, mais nous atendons plus d’honnêteté
de la part des professionnels de la santé. ~ Michael Greger, MD., Care2
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