23 février 2017

Raymond Devos et l’agent de police

Crise au SPVM : deux décennies de guerre intestine, une vendetta entre frères d'armes de la police de Montréal.

«Si vous avez de la difficulté à vous y retrouver dans ces histoires de flics-qui-enquêtent-sur-des-flics-parce-qu'ils-enquêtent-sur-des-flics, vous n'êtes pas les seuls. J'adore les commissions d'enquête, une des grandes ressources naturelles du Québec. Nous produisons 50% de l'hydroélectricité du Canada, 91% de son sirop d'érable et probablement 95% de ses commissions d'enquête. Soyons fiers, mais n'abusons pas.» ~ Yves Boisvert (Police contre police, La Presse 23 février 2017) 

L’argent des contribuables jeté par les fenêtres...

Ce qui mène à un autre cul-de-sac – les gouvernements veulent plus d’études et de statistiques avant d’agir car la situation n’est pas claire : «Il paraît que la crise rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Je ne vois pas en quoi c'est une crise. Depuis que je suis petit, c'est comme ça.» ~ Coluche (Pensées et anecdotes; Le cherche midi éditeur 1995)

Pour  réduire la pauvreté et les inégalités l’argent jeté par les fenêtres permettrait d’offrir l’éducation gratuite aux familles les plus pauvres, comme le propose l’Institut de recherche en politique publique http://irpp.org/fr/, un institut libre de toute idéologie politique semble-t-il. Des faits et des suggestions.

Ce qui mène à un autre cul-de-sac particulièrement tragique : 
   Trump aurait répondu «l’argent c’est la vie» aux protestataires de Standing Rock qui soutiennent que «l’eau c’est la vie» (non vérifié, mais quand on le regarde aller, il n’est pas difficile de conclure que son dieu est l’argent). 
   Il a certainement fallu beaucoup d’argent pour payer les forces armées et policières déployées à Standing Rock (incluant un char d’assaut!) pour forcer le peu de manifestants pacifiques et inoffensifs restants à quitter les vestiges du camp. Seuls les journalistes des médias autorisés par la MB pouvaient filmer. Quelques braves reporters indépendants qui tentaient de couvrir les événements jusqu’à la dernière minute ont été arrêtés. Un vétéran aurait reçu une décharge de pistolet électrique. Un journaliste avait reçu des balles de caoutchouc dans la main quelques jours auparavant, avec des séquelles permanentes. Et ainsi de suite.

J'avoue que j'avais bien peur que les forces armées ne massacrent les derniers résistants à l'opprobre «où le bien a perdu sa récompense et le mal sa hideur» (Gide). Un résumé des dernières heures : 
https://www.theguardian.com/us-news/2017/feb/22/dakota-access-pipeline-standing-rock-evacuation-police

On aspergeait les manifestants d’une substance blanche toxique (composants inconnus) qui causait de graves irritations de la peau. Un reportage sur la violence policière à Standing Rock (novembre 2016) :
http://www.huffingtonpost.com/georgianne-nienaber/morton-county-sheriff-bla_b_12797812.html

Un internaute américain suggérait de laisser Trump (l’agent orange) aller au Royaume-Uni ou en Russie ou au Mexique et de le bannir à son retour. Bonne idée!

Beau trait d’ironie (bannière américaine de manifestation) :
LÉGALISEZ LA DÉMOCRATIE (Legalize Democracy)

Donc, en marche vers des états policiers? Possible. 

Place à la satire.
Parfois c’est tout ce qu’il reste pour faire face au viol de nos droits et libertés.

Ça fait déguisé
Raymond Devos

L’autre jour, j’étais dans ma voiture, je me fais arrêter par un agent de police.
Il me dit :
Donnez-moi vos papiers!
À quel titre?
Police!
Je ne vous crois pas.
Puisque je vous le dis!
Prouvez-le!
J’ai l’uniforme!
Justement, il ne vous va pas! Ça fait déguisé!
Vous ne m’avez pas bien regardé, non?
Si! Et plus je vous regarde, plus je trouve que vous n’avez pas l’air vrai!
Qu’est-ce qui vous choque?
Tout!... Le képi est de travers!... les manches sont trop longues... et votre bâton, il est douteux!
C’est réglementaire!
Bon! Vous avez vos papiers?
Oui!
Passez-les moi... (Je regarde ses papiers.) Oui! il y a bien marqué «agent de police» mais rien ne prouve que ces papiers soient les vôtres!
Il y a ma tête!
Justement! Elle ne me revient pas!
Ce sont mes traits!
Vos traits?... ils ne sont pas réguliers!
!
Vous prétendez être un agent de police?
Oui!
Bon! Eh bien! Je vais demander quelques renseignements...
À votre service!
Où se trouve le boulevard Haussmann? Oh! Ce n’est pas la peine de regarder votre carnet!... vous ne savez pas?
Non!
C’est grave! C’est grave!... et la rue de la Chaussée-d’Antin?
Ça, je l’ai su!...
Et vous ne le savez plus?... c’est très grave!
Les rues, ce n’est pas mon fort!
Bon! Je vais vous poser quelques questions sur le Code de la route... Je suis dans ma voiture, je roule à droite... une voiture sur la gauche me rentre dedans... qu’est-ce que vous faites?
Je fais un constat!
Non, monsieur!
Si!
Non, monsieur!
Si!
Pourquoi?
Parce que quand on a besoin de vous, vous n’êtes jamais là!
C’est juste! Je n’y avais pas pensé.
Faites attention! C’est que c’est grave! C’est grave! 
!
Bon! Une autre question! J’arrive à un carrefour, je brûle un feu rouge... qu’est-ce que vous faites?
Rien!
– Pourquoi?
– Parce que je ne suis pas là!
– Si, monsieur, quand on brûle un feu rouge, il y a toujours un agent qui est là!
– C’est juste! Je suis là! Je suis caché, mais je suis là!
– Bon! Que faites-vous?
– Je vous demande vos papiers!
– À quel titre?
– Police!
– Je ne vous crois pas!
– Puisque je vous le dis!
– Prouvez-le...
– Je ne peux pas... alors là... j’avoue... je ne peux pas.
– Bon! Vous allez me suivre au commissariat de police.
– J’en viens!
– Vous allez y retourner.
– Je ne veux pas y retourner! Je ne veux pas retourner au commissariat!
– Pas d’enfantillage! Ils ne vous feront pas de mal!
– Vous ne les connaissez pas!
– Écoutez!... vous prétendez être un agent de police... vous ne connaissez ni le code, ni le nom des rues... Savez-vous seulement où se trouve le commissariat de police?
– Oui! C’est à l’angle du boulevard Haussmann et de la rue de la Chaussée-d’Antin.
– Ah! C’est maintenant que ça vous revient? C’est trop tard! Allez! Au poste!
Je l’ai emmené au poste.
J’ai dit au commissaire :
– Vous connaissez ce monsieur?
– Oui!... Qu’est-ce qu’il a encore fait?
– Il veut me faire croire qu’il est agent de police!
– C’est exact! C’est exact! Ce n’est pas la première fois qu’on nous le ramène! Il n’a pas le physique... personne n’y croit... nous-mêmes on n’y croit plus... 

(Matière à rire, période 1956-1968; p. 427)

Raymond Devos
Matière à rire
L’intégrale de : Ça n’a pas de sens, Sens dessus dessous et À plus d’un titre 
Plon, 1991 et 2006

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