3 décembre 2016

Je m’en confesse, j’ai peur

Mise à jour au sujet de Standing Rock, 5 décembre 2016 : Les autorités américaines ont annoncé dimanche avoir rejeté le tracé de l’oléoduc controversé dans le Dakota du Nord, offrant une victoire aux Amérindiens et aux écologistes qui le contestaient. Dave Archambault, président de la réserve sioux de Standing Rock, a salué le «courage» manifesté par le président Barack Obama, le corps des ingénieurs de l’armée, le ministère de la Justice et le ministère de l’Intérieur, qui «ont pris les mesures pour corriger le cours de l’histoire et faire la bonne chose». La société texane, Energy Transfer, avait refusé d’examiner un tracé pouvant épargner les deux principales sources d’approvisionnement en eau de la communauté lakota, soit le lac Oahe et la rivière Missouri.
   La tournure des événements me réjouit au plus haut point. Je souhaitais que, pour une fois, les «Indiens» l'emportent sur les cowboys à cheval sur leurs pipelines.

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Oui, j'ai peur, parce que le pétrole passe avant tout, avant la préservation de la qualité de l’air, de l’eau et des terres, c’est-à-dire avant la vie.

Je repensais aux projets ultra-polluants (1) approuvés par Justin Trudeau en me disant que si j’étais dans ses baskets «Rockrunner» Valentino Garavani, je ne pourrais absolument pas dormir la nuit. Bonne idée de faire le tour du monde en baskets, l’épuisement peut vaincre l’insomnie.

Le scientifique David Suzuki, pilier du mouvement écologiste canadien, a récemment lancé une campagne pour inscrire dans la Constitution le droit à un environnement sain, appelant tout un chacun à devenir un «écoguerrier» pour sauver le climat. 
     Ce généticien et animateur de télévision estime qu'en protégeant ce droit dans les textes constitutionnels, tels que la «Charte des droits et libertés» au Canada, chaque pays serait à l'abri des soubresauts liés aux alternances politiques.
     «On pensait en avoir fini avec plusieurs combats, il y a 30-35 ans : contre la construction de barrages, contre les forages pétroliers dans des endroits inappropriés, contre la navigation de superpétroliers le long des côtes de Colombie-Britannique. Mais maintenant, on doit mener à nouveau ces mêmes batailles. On ne peut pas continuer comme ça!» 
     À propos du premier ministre canadien Justin Trudeau, au pouvoir depuis un an, M. Suzuki a salué sa volonté affichée à Paris, lors de la COP21, de limiter le réchauffement de la planète à 2°C, voire à 1,5°C, tout en s'interrogeant sur les moyens mis en oeuvre par son gouvernement libéral. De nouveaux oléoducs devraient être mis en chantier prochainement au Canada, après l'aval du gouvernement, mais «si on est sérieux sur l'accord de Paris, il faut en finir très, très rapidement avec les énergies fossiles. Et si vous construisez un oléoduc, il faut l'utiliser pendant 30 à 35 ans pour amortir son coût, alors qu'on devra être sorti des hydrocarbures bien avant cela.» 
     «Vous devez être des écoguerriers au nom de vos enfants dont l'avenir est complètement en jeu en ce moment», conclu David Suzuki.
(Source : La Presse, novembre 2016)

J’ai extrêmement peur pour les écoguerriers de Standing Rock, au Dakota.

Standing Rock : quand les pro et les anti-pipelines se côtoient

Le gouverneur du Dakota du Nord a ordonné l'évacuation d'urgence du camp occupé depuis des mois par des manifestants, situé sur le site du Dakota Access Pipeline, en raison des conditions difficiles de l'hiver. Photo : Reuters / Lucas Jackson

Les opposants au projet de construction de l'oléoduc Dakota Access continuent d'affluer vers le camp de Standing Rock, qui est occupé depuis plusieurs mois par des manifestants. Mais pour s'y rendre, ils doivent souvent côtoyer des gens pour qui le projet de pipeline est plutôt une bonne nouvelle.

Un texte de notre envoyé spécial Janic Tremblay au camp de Standing Rock
Article intégral :
http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1003705/standing-rock-pipeline-petrole-dakota-opinion

[...] À l’évidence, de nombreux passagers à bord du vol 3665 à destination de Bismarck s’attendent à geler au cours des prochains jours. [...] Depuis quatre mois, manifestants et forces de l’ordre s’affrontent dans la réserve autochtone des Sioux où le grand chef Sitting Bull a jadis rendu son dernier souffle. 
     Au coeur du litige, le passage d’un pipeline qui doit relier le Dakota à l’Illinois : le Dakota Access Pipeline (DAPL). Les Sioux de l’endroit prétendent que l’emprise du conduit de transport est située sur leurs terres et passe notamment sur certains de leurs cimetières et lieux sacrés. Ils s’opposent aussi au tracé qui traverse le fleuve Missouri en plaidant qu’une éventuelle fuite compromettrait la qualité de l’eau, dont eux et tous les riverains du coin dépendent. 
     Les partisans de la construction du pipeline disent que c’est la façon la plus sécuritaire de transporter du pétrole, que les Américains ne peuvent pas encore se passer des énergies fossiles et surtout que les Sioux n’ont aucun droit sur ces terres publiques. Les deux groupes ont des positions irréconciliables et ne s’aiment pas beaucoup. Ce matin, ils doivent cohabiter dans un avion rempli à pleine capacité pendant 90 minutes. Des voisins de siège s’observent et se jugent en silence. La tension est évidente dans certains cas.

Les esprits s’échauffent rapidement

Et de fait, ça décolle bien avant que l’avion ne quitte le tarmac : «Personne ne va me priver de mon essence! Je pilote des voitures de course et j’en ai besoin», lance Kirk Bachmeier. «Ce projet doit aller de l’avant!» Son voisin de siège lui rétorque que les changements climatiques sont réels et qu’il faut arrêter de développer des infrastructures pétrolières. Manque de pot, Kirk ne croit pas que les humains sont responsables des changements climatiques. Ouvertement créationniste, Kirk Bachmeier dit que Dieu y est sans doute pour quelque chose dans les cycles de réchauffement et de refroidissement de la planète, au grand désespoir de son voisin. Le ton monte. [...] 
     De l’autre côté de l’allée, un passager qui arrive de New York s’agite en montrant les photos d’une jeune fille dont le bras a été déchiqueté pendant les manifestations et les affrontements avec les forces de l’ordre. Elle risque d’ailleurs de le perdre. «C’est une grenade lancée par les policiers qui a fait ça! Ça n’a aucun sens! » Tout de suite, quelques hommes répliquent que c’est impossible, car les policiers qui assurent la sécurité n’ont pas ce type d’armes. Selon eux, c’est plutôt une bombe artisanale fabriquée par les manifestants qui serait en cause. Tout le monde s’accuse mutuellement de mentir et de ne pas connaître la vérité. Ici aussi, on est à la limite d’une algarade.
[...]

En complément

JP Sears publie régulièrement des vidéos sur sa chaîne YouTube pour aider les gens à s'aider eux-mêmes. Il produit aussi des vidéos satiriques sous le nom «Ultra Spiritual series». En plus de leur côté divertissant, ces vidéos humoristiques incluent des messages sous-jacents importants – «du moins je le pense, dit-il, mais j'ai un parti pris parce que ce sont mes vidéos.»

Voici sa dernière satire «Ultra Spiritual». En résumé, les environnementalistes anti-pipelines qui protestent pacifiquement au Dakota pour préserver les ressources d’eau potable sont coupables de crime contre les compagnies pétrolières, les forces de l’ordre et l’État qui en réalité ne veulent que notre bien; et c’est une honte. 
     «Dans toute l’histoire américaine, le groupe de gens qui a été le plus maltraité, opprimé, méprisé et trahi par le gouvernement est celui des compagnies pétrolières. Ça me crève le coeur. En ce moment, à Standing Rock, un groupe de manifestants pour la protection de l’eau essaient d’empêcher les pauvres compagnies pétrolières d’installer leur pipeline au Dakota. Ces oppresseurs n’on aucun respect pour les compagnies pétrolières ni notre riche tradition qui consiste à détruire et ruiner les ressources d’eau sur les sites sacrés des premières nations américaines. ... Les compagnies pétrolières ont suffisamment été maltraitées. Elles ont besoin de notre aide ...» Etc.

https://www.youtube.com/watch?v=F2JG7JL6xqA&feature=youtu.be

An outstanding satire: “Stand with Standing Rock by JP Sears”



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(1) Five years ago today, in the middle of the night, an oil pipeline operated by Enbridge ruptured outside of Marshall, Michigan. It took more than 17 hours before the Canadian company finally cut off the flow, but by then, more than a million gallons of tar sands crude had oozed into Talmadge Creek. The oil quickly flowed into the Kalamazoo River, forcing dozens of families to evacuate their homes. Oil spills of that magnitude are always disastrous, but the Kalamazoo event was historically damaging. 
     The first challenge was the composition of the oil. Fresh tar sands crude looks more like dirt than conventional crude it’s far too thick to travel through a pipeline. To get this crumbly mess to flow, producers thin it out with the liquid constituents of natural gas. Diluted bitumen, or dilbit, as it’s called in the tar sands industry, is approximately three parts tar sands crude, one part natural gas liquids. 
     When dilbit gushed into Talmadge Creek in 2010, the mixture broke apart. The volatile natural gas liquids vaporized and wafted into the surrounding neighborhoods. The airborne chemicals were so difficult to find and eliminate that Enbridge decided it would be better to simply buy some of the homes that were evacuated, preventing the residents from ever returning. 
     Kalamazoo is a reminder. It won’t be the last.

http://www.ecowatch.com/5-years-since-massive-tar-sands-oil-spill-kalamazoo-river-still-not-cl-1882075674.html

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