31 décembre 2016

Lettres de fin d’année

Lettre de survivants aux puissants de ce monde 

C.P. Terre
31/12/2016

a/s de l’Organisation des Nations Unies
New York / Genève 

     Selon le bilan annuel, la dette des autocrates et néocolonialistes envers la terre ne cesse de croître. Leur participation récurrente à la pollution, à la destruction et à la violence globale est démentielle, impardonnable. Il est temps que ça cesse.
     Aux dernières nouvelles, des psychiatres en blouses blanches avec des masques à oxygène seraient à leurs portes – ont-ils des parents proches? De toute façon, s’ils prenaient de longues vacances (à l’asile ou sur Mars peut-être?), nous pourrions enfin respirer et avoir un avenir. 

     Prière de faire suivre, 

     Les survivants de toutes les espèces

 
(Photographe inconnu)
 
Gif : http://headlikeanorange.tumblr.com/

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Lettre d’Albert Camus à un ami allemand

Les chroniques Lettres à un ami allemand furent publiées dans le journal Combat. L'ensemble fut publié en 1945 par les éditions Gallimard. «Elles avaient un but, précise Camus dans sa préface, qui était d'éclairer un peu le combat aveugle où nous étions et, par là, de rendre plus efficace ce combat.» La dernière lettre inclut cette citation du roman Oberman (Étienne Pivert de Senancour) : «L'homme est périssable. Il se peut; mais périssons en résistant, et si le néant nous est réservé, ne faisons pas que ce soit une justice.»

On peut changer la nationalité de l’ami fictif de Camus à volonté car les choix ne manquent pas en ce moment...

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La question de la justice se pose principalement lorsqu’on cherche des solutions aux conflits d’intérêts. Mais n’existe-t-il pas une essence, ou bien un simple facteur commun, permettant une définition une et universelle? Au travers de sa correspondance avec son «ami allemand», Albert Camus revient sur les fondements de l’intérêt commun de cette notion, livrant un véritable message de «lutte contre la violence».

Juillet 1944

Voici venir les temps de votre défaite.
Je vous écris d’une ville célèbre dans l’univers et qui prépare contre vous un lendemain de liberté. […]

Vous n’avez jamais cru au sens de ce monde et vous en avez tiré l’idée que tout était équivalent et que le bien et le mal se définissaient selon qu’on le voulait. Vous avez supposé qu’en l’absence de toute morale humaine ou divine les seules valeurs étaient celles qui régissaient le monde animal, c’est-à-dire la violence et la ruse. Vous en avez conclu que l’homme n’était rien et qu’on pouvait tuer son âme, que dans la plus insensée des histoires la tâche d’un individu ne pouvait être que l’aventure de la puissance, et sa morale, le réalisme des conquêtes. Et à la vérité, moi qui croyais penser comme vous, je ne voyais guère d’argument à vous opposer, sinon un goût violent de la justice qui, pour finir, me paraissait aussi peu raisonné que la plus soudaine des passions. 

Où était la différence? C’est que vous acceptiez légèrement de désespérer et que je n’y ai jamais consenti. C’est que vous admettiez assez l’injustice de notre condition pour vous résoudre à y ajouter, tandis qu’il m’apparaissait au contraire que l’homme devait affirmer la justice pour lutter contre l’injustice éternelle, créer du bonheur pour protester contre l’univers du malheur. Parce que vous avez fait de votre désespoir une ivresse, parce que vous vous en êtes délivré en l’érigeant en principe, vous avez accepté de détruire les œuvres de l’homme et de lutter contre lui pour achever sa misère essentielle. Et moi, refusant d’admettre ce désespoir et ce monde torturé, je voulais seulement que les hommes retrouvent leur solidarité pour entrer en lutte contre leur destin révoltant. 

Vous le voyez, d’un même principe nous avons tiré des morales différentes. C’est qu’en chemin vous avez abandonné la lucidité et trouvé plus commode (vous auriez dit indifférent) qu’un autre pensât pour vous et pour des millions d’Allemands. Parce que vous étiez las de lutter contre le ciel, vous vous êtes reposés dans cette épuisante aventure où votre tâche est de mutiler les âmes et de détruire la terre. Pour tout dire, vous avez choisi l’injustice, vous vous êtes mis avec les dieux. Votre logique n’était qu’apparente. 

J’ai choisi la justice au contraire, pour rester fidèle à la terre. Je continue à croire que ce monde n’a pas de sens supérieur. Mais je sais que quelque chose en lui a du sens et c’est l’homme, parce qu’il est le seul être à exiger d’en avoir. Ce monde a du moins la vérité de l’homme et notre tâche est de lui donner ses raisons contre le destin lui-même. Et il n’a pas d’autres raisons que l’homme et c’est celui-ci qu’il faut sauver si l’on veut sauver l’idée qu’on se fait de la vie. Votre sourire et votre dédain me diront : qu’est-ce que sauver l’homme ? Mais je vous le crie de tout moi-même, c’est ne pas le mutiler et c’est donner ses chances à la justice qu’il est le seul à concevoir. 

Voilà pourquoi nous sommes en lutte. Voilà pourquoi nous avons dû vous suivre d’abord dans un chemin dont nous ne voulions pas et au bout duquel nous avons, pour finir, trouvé la défaite. Car votre désespoir faisait votre force. Dès l’instant où il est seul, pur, sûr de lui, impitoyable dans ses conséquences, le désespoir a une puissance sans merci. C’est celle qui nous a écrasés pendant que nous hésitions et que nous avions encore un regard sur des images heureuses. Nous pensions que le bonheur est la plus grande des conquêtes, celle qu’on fait contre le destin qui nous est imposé. Même dans la défaite, ce regret ne nous quittait pas. […] 

Dans cette nuit d’Europe où courent les souffles de l’été, des millions d’hommes armés ou désarmés se préparent au combat. L’aube va poindre où vous serez enfin vaincus. Je sais que le ciel qui fut indifférent à vos atroces victoires le sera encore à votre juste défaite. Aujourd’hui encore, je n’attends rien de lui. Mais nous aurons du moins contribué à sauver la créature de la solitude où vous vouliez la mettre. Pour avoir dédaigné cette fidélité à l’homme, c’est vous qui, par milliers, allez mourir solitaires. 

Maintenant, je puis vous dire adieu.

Via : http://www.deslettres.fr/


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À qui Mohandas Gandhi enverrait-il un message similaire aujourd’hui?
Sans doute à plusieurs tyrans, en Cc.

Au nom de l’humanité

Lorsque l’armée allemande envahit la Tchécoslovaquie au printemps 1939, rares sont ceux qui peuvent encore ignorer les conséquences d’un tel acte. Mohandas Gandhi, leader non-violent de l’indépendance indienne, décide d’écrire à Adolf Hitler, l’homme sur le point d’orchestrer la Seconde Guerre mondiale. En raison d’une intervention du gouvernement britannique, la lettre de Gandhi, un plaidoyer exhortant Hitler à éviter la guerre «au nom de l’humanité», ne parviendra jamais à son destinataire. [?!] Et à peine un mois plus tard, le monde assiste, horrifié, à l’invasion de la Pologne et au début du conflit le plus meurtrier de l’histoire. [Jusque-là...]

Lettre de Mohandas Gandhi à Adolf Hitler – 23 juillet 1939

As, Wardha
C.P. Inde
23/07/39

Cher ami,

     Des amis m’ont pressé de vous écrire au nom de l’humanité. Mais je me suis dérobé à leur requête, car j’avais le sentiment qu’une lettre de moi serait impertinente. Quelque chose me dit que je ne dois pas tergiverser et que je dois lancer mon appel, quelles que soient ses chances. 
     Il est évident que vous êtes aujourd’hui la seule personne au monde à pouvoir empêcher une guerre qui réduirait l’humanité à l’état sauvage. Devez-vous payer ce prix pour votre objectif, si précieux qu’il puisse vous paraître? Écouterez-vous l’appel de celui qui a volontairement banni la méthode guerrière, et non sans un succès considérable? Quoi qu’il en soit, j’espère votre pardon si j’ai fait erreur en vous écrivant.

     Je demeure, 
     Votre sincère ami, 
     M.K. Gandhi

À Herr Hitler
Berlin
Allemagne

Source : Au bonheur des lettres, recueil de courriers historiques, inattendus et farfelus rassemblés par Shaun Usher; Éditions du sous-sol, 2014
Site de l’auteur : http://www.lettersofnote.com/

28 décembre 2016

De gros problèmes à résoudre en 2017

La guerre, les carburants fossiles et la corruption sont à l’origine de la majorité de nos problèmes. Ainsi, la façon dont les propriétaires autoproclamés de ce monde les aborderont sera déterminante. L’humanité semble avoir perdu la boule, alors j’ai peu de raisons d’être optimiste.

GUERRE OU PAIX

On échappe la boule et ploc! c’est terminé.

Dave Granlund http://www.davegranlund.com/cartoons/

«Qu’est-ce qui nous tient à ce globe en dehors de la pesanteur?»
~ Stanislaw Jerzy Lec

SERMENT D’ALLÉGEANCE AUX CARBURANTS FOSSILES 

We pledge Allegiance by Jonathan Schmock
https://twitter.com/jonathanschmock?lang=fr

“I wonder how the elite will feel as the world crumbles around them, and they realize that they won’t be able to buy another Earth.” ~ Steven Christensen
Via https://www.facebook.com/senatorsanders/

«L’instinct de conservation est parfois le moteur du suicide. N’attendez pas trop de la fin du monde.» ~ Stanislaw Jerzy Lec

CORRUPTION


«Tout est entre les mains de l’homme. C’est pourquoi il doit se les laver souvent.» ~ Stanislaw Jerzy Lec

BONNE FIN D’ANNÉE quand même!

25 décembre 2016

Les fleurs ne poussent pas sous les blindés

Photo : E. Buchot

L’étonnement avec la grâce se confond,
Et l’immense lueur étoilée est au fond.
On dirait, tant l’enfance a le reflet du temple,
Que la lumière, chose étrange, nous contemple;
Toute la profondeur du ciel est dans cet oeil.
Dans cette pureté sans trouble et sans orgueil
Se révèle on ne sait quelle auguste présence;
Et la vertu ne craint qu’un juge : l’innocence.

~ Victor Hugo (extrait de L’enfant; juin 1874)

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«Il est pratiquement impossible de nier le caractère original d’un enfant tellement son individualité est présente dès les premiers jours de la vie. L’enfant n’est pas une feuille blanche sur laquelle les parents écrivent un scénario.»

~ Guy Corneau (L’amour en guerre; 1996)

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L’ingérence humanitaire, c'est le droit qu'on donne à des États d'envoyer des soldats dans un autre État pour aller tuer des pauvres innocents chez eux, dans leur propre pays, dans leur propre village, dans leur propre case, sur leur propre natte.

L'énorme machine de l'ONU sert l'intérêt des toubabs européens colons et colonialistes, et jamais l'intérêt du pauvre nègre noir sauvage et indigène.

J'étais un enfant de la rue. Et quand on n'a plus personne sur terre, ni père ni mère ni frère ni sœur, et qu'on est petit, un petit mignon dans un pays foutu et barbare où tout le monde s'égorge, que fait-on? Bien sûr on devient un enfant-soldat.

J'ai tué beaucoup d'innocents au Liberia et en Sierra Leone où j'ai fait la guerre tribale, où j'ai été enfant-soldat, où je me suis bien drogué aux drogues dures.

Les gars qui étaient sur la moto avaient cru que c'étaient des coupeurs de route. Ils ont tiré. Et voilà le gosse, l'enfant-soldat fauché, couché, mort, complètement mort. Walahé! Faforo!

Quand un Krahn ou un Guéré arrivait à Zorzor, on le torturait avant de le tuer parce que c'est la loi des guerres tribales qui veut ça. Dans les guerres tribales, on ne veut pas les hommes d'une autre tribu différente de notre tribu.

Tous les villages étaient abandonnés, c'est comme ça dans les guerres tribales : les gens abandonnent les villages où vivent les hommes pour se réfugier dans la forêt où vivent les bêtes sauvages. Les bêtes sauvages ça vit mieux que les hommes... 

~ Ahmadou Kourouma (extraits de Allah n'est pas obligé; Seuil 2000 / Points) 

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Les enfants exposés à la guerre

Des millions d’enfants sont affectés par les guerres et les conflits armés. Séparés de leurs familles, ils assistent malgré eux aux pires violences, subissent de graves blessures ou sont tués. Les enlèvements, les viols et l’exploitation des enfants recrutés comme soldats font partie des atrocités qui accompagnent la plupart des guerres.

La guerre transforme les enfants en épaves. Elle les chasse de leur chez-soi, détruit les écoles et les centres de santé, prive les enfants d’un entourage protecteur et de la plupart de leurs droits. Les tortionnaires ont alors beau jeu et beaucoup d’enfants sont exposés à l’exploitation, aux abus systématiques et à la violence. Même après la fin d’un conflit, les enfants souffrent encore des années de leurs blessures psychiques, du manque de soins, de l’absence de perspectives; ils continuent d’être exposés au danger des mines antipersonnel et des armes à dispersion non explosées.

https://www.unicef.ch/fr/nous-aidons-ainsi/programmes/les-enfants-exposes-la-guerre

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La Syrie monopolise notre attention. Mais que se passe-t-il au Yémen? Une mise à sac radicale.

Pourquoi la guerre au Yémen dure-t-elle encore?
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2016/10/11/pourquoi-la-guerre-au-yemen-dure-t-elle-encore_5011952_3218.html  

La guerre oubliée; le monde a tourné le dos à une crise de plus en plus grave
https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2015/09/yemen-the-forgotten-war/

La vente de blindés canadiens à l’Arabie saoudite scandalise beaucoup de monde, pas juste au Canada. Ce qui n’a pas empêché pas le ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion de déclarer péremptoirement devant le Conseil des relations internationales que le gouvernement canadien était «déterminé à faire du Canada un architecte résolu de la paix». «Inspiré par le principe de conviction responsable», il se disait «fier de contribuer à cet effort afin de promouvoir les droits de la personne, la démocratie, la diversité, la croissance inclusive et durable, et la paix.»

Que signifie principe de conviction responsable? Hum...  

Le gouvernement Trudeau en Cour
Décembre 2016

Des membres de l’opération «Droits blindés»  [ont plaidé les 19 et 20 décembre] devant la Cour fédérale du Canada contre l’exportation de chars d’assaut canadiens en Arabie saoudite. http://droitsblindes.org/ 
   Le professeur de droit Daniel Turp, deux avocats et une cinquantaine d’étudiants avancent que la décision du ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion, d’accorder le 8 avril 2016 des licences d’exportation de véhicules blindés légers (VBL) de la compagnie General Dynamics Land Systems Canada est contraire à la Loi sur les conventions de Genève et à la Loi sur les licences d’exportation et d’importation du Canada. Ils visent à ce que la cour déclare illégale la délivrance de ces licences et à bloquer l’exportation des véhicules.
   L’opération «Droits blindés» craint que les véhicules soient utilisés contre des populations civiles, se fiant notamment au rapport d’Amnistie internationale et aux actions des forces saoudiennes au Yémen.

Suite :
http://journalmetro.com/actualites/national/1066454/debut-du-plaidoyer-contre-des-blindes-canadiens-en-arabie-saoudite/

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«Si l’argent est le nerf de la guerre, la vraie, il alimente également la guerre économique. ... Deux nations qui négocient ensemble se rendent réciproquement dépendantes : si l’une a l’intérêt d’acheter, l’autre a l’intérêt de vendre; et toutes les unions sont fondées sur des besoins mutuels (Hirschman, Les passions et les intérêts). ... La moralité du tiroir-caisse est une idée à la mode ... cette moralité représente la volonté d’effacer les rapports de violence et de pouvoir qui se cachent derrière la manipulation de l’argent. L’argent n’est pas neutre; il n’y a que son imagerie qui le laisse croire.»

~ Ianik Marcil (Les passagers clandestins, métaphores et trompe-l’œil de l’économie; Éditions Somme toute, 2016)

24 décembre 2016

Restons optimistes

[N’appelez pas ça post-vérité. Il y a un mot plus simple : mensonges.]

Comme la lumière, la vérité finit toujours par inonder les recoins les plus sombres.

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Célébrez, mais méfiez-vous des rabais saisonniers vide-poches... 

«Une femme avait pour toute fortune une belle pièce de cinq francs toute neuve. Elle se dit : il faut que j'achète une tirelire pour la mettre. Elle acheta une tirelire qui lui coûta 5 francs. Quand elle eut sa tirelire, elle s'aperçut qu'elle n'avait plus sa pièce. Ceci est l'histoire de beaucoup de gens.»
~ Victor Hugo (Choses vues / Robert Laffont – Bouquins, 1987)

Illustration : Steve Cutts

23 décembre 2016

Le dernier homme encore debout gagne la guerre

Toutes les grandes religions ont le même objectif : rendre le monde meilleur.
 
«Vous savez, nous devrons le faire un jour ou l’autre. Jeter les fusils et inviter tous ces pantins du Nord et du Sud à une fête. Le dernier homme encore debout à la fin gagne la guerre...» ~ Série télévisée Hawkeye
 
Si les religions n’existaient pas, il y aurait encore plus de violeurs et de pédophiles, de tueurs qui tirent sur les gens dans la rue, sur les membres de leur famille, sur des écoliers, sur des noirs dans les églises, sur des gays dans les discothèques, et ainsi de suite. La peur de l’enfer peut prévenir ces ignominies : c’est un antidote à la violence! On le constate à chaque jour... 
 
Quelle différence y a-t-il entre les croyances politiques des extrémistes islamiques et celles des extrémistes chrétiens?
 
 
Source : WhoMe, an atheist? https://twitter.com/kushkandy95
 
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Il y a des bizarreries dans la religion catholique. Prenons la conception immaculée de Marie : Jésus aurait-il été conçu par insémination artificielle, et donc né d’un père inconnu? Est-ce que l’insémination artificielle est tolérée par l’Église? Sinon, les catholiques adorent le fruit d’un péché mortel. Tut-tut-tut.

 
 
Alternative à la pilule anticonceptionnelle :  
Image : Anne Tainter Inc. 

21 décembre 2016

Les promesses de Trump

C’est la saison du partage, des réconciliations, des vœux de paix, de prospérité et de bonheur. Mettons-nous la tête dans le sable et crions «Dieu est tout». Or ce «dieu» c’est l’argent. Les conflits économiques et sociopolitiques sont intenses, notamment parce que l’argent ne circule pas dans notre système social injuste, inique.

À force de jouer à la roulette russe avec les élections, tôt ou tard la balle fatidique sort du barillet. God bless America. Un réveil brutal, avec son cortège de peurs et d’actes de violence, pourrait se produire en 2017, même parmi ceux qui ont fait élire Trump. Il est évident que la minorité de bénéficiaires du système économique actuel corrompu se battra férocement pour conserver sa pérennité. Pendant toute sa campagne, Trump s’en est pris à la banque d’affaires Goldman Sachs qu’il rendait responsable de la crise de 2008. La logique de Trump est tortueuse car son cabinet sera constitué de milliardaires et multimillionnaires de la haute finance new-yorkaise – des personnes très dures qui n’ont aucune notion d’humanisme. Seul le cash compte.


“Character matters to the presidency and Donald Trump will bring the highest level of integrity to the highest office of the land.” ~ Mike Pence

Je me permets d'en douter...  

Une enquête de l’agence Associated Press révélait que 80 % de la population des États-Unis est pauvre ou en passe de le devenir. Le gouvernement américain pense que la réponse au problème est de retirer encore plus de services au 80 % de la population qui en a le plus besoin, réduisant régulièrement la quantité de bons alimentaires disponibles. Si «le plus grand créateur de jobs que Dieu ait jamais créé» fait ce qu’il dit, soit chasser les Mexicains illégaux  et rompre tout commerce avec les Chinois, eh bien il devra se priver d’une main-d’œuvre à très bon marché. Les chômeurs et les assistés sociaux  seront probablement soumis au travail forcé dans des conditions inhumaines ne respectant pas les droits de la personne, sous-payés et non syndiqués.


Je ne veux pas être pessimiste, mais un pronostique de paix et de prospérité (pour les classes inférieures de la pyramide) me semble à peu près nul. Les lignes d’écoute du genre SOS Suicide risquent d’être surchargées au printemps prochain...

Le point de vue d’un économiste réputé pour comprendre la fumisterie : 

Économie Orwellienne

Le 20 janvier prochain, Donald Trump prendra le pouvoir à Washington D.C., et il y a une chose que tout le monde se demande, c’est s’il mettra en œuvre des politiques économiques qui devraient vraiment nous inquiéter. Eh bien il y a ici un économiste, Michael Hudson, qui a bien réfléchi à la question et qui a étudié de près la corporation des économistes et la manière dont elle trompe le grand public en faveur des 1% les plus riches.

SHARMINI PERIES: Michael Hudson vient nous parler de son prochain livre, J is for Junk Economics: A Guide to Survival in an Age of Deception. Michael est un distingué chercheur en économie de l’Université du Missouri, Kansas City. Merci Michael d’être avec nous.

MICHAEL HUDSON: C’est bon d’être de retour à Baltimore.

PERIES: Donc Michael, votre nouveau livre, J is for Junk Economics est la suite, si on peut dire, de Tuer l’hôte: comment les parasites financiers et l’esclavage de la dette détruisent l’économie mondiale. Dites-nous pourquoi vous avez écrit ce second livre.

HUDSON: Tuer l’hôte était la description historique de la façon dont le secteur financier a pris le pouvoir, de la manière dont il a cherché à contrôler le gouvernement pour résister au mouvement vers la démocratisation en rétablissant une oligarchie financière. Les révolutions d’Europe en 1848 avaient pour objectif de libérer les économies des propriétaires fonciers, des monopoles et des banques. À la fin du XIXe siècle, il y a eu une contre-révolution économique qui a redéfini la notion de libre marché. 
     Quand Adam Smith et John Stuart Mill et même Marx parlaient de libre marché, ils parlaient d’un marché libéré des riches. Ces riches étaient principalement les propriétaires qui collectaient le loyer de la terre sur une base héréditaire sans travailler. Et aussi, les financiers et les banquiers, qui voulaient depuis longtemps que les gouvernements créent des monopoles pour les leur donner à la place du remboursement de la dette. 
     Toute l’idée du capitalisme industriel était de se libérer de ces coûts inutiles. Une économie n’a pas besoin qu’une classe de propriétaires perçoive des loyers. Elle n’a pas besoin qu’il y ait des loyers sur les monopoles. Mais vers la fin du 19ème siècle, les propriétaires ont riposté en prétendant qu’il était impossible qu’un revenu n’ait pas été gagné. Ils ont prétendu que les rentiers étaient productifs et non parasitaires. 
     L’essence de l’économie classique était de dire qu’il y a une différence entre la valeur et le prix. La valeur est le coût réel de la production de biens et de services. Ce coût peut être évalué en fonction de ce que ça coûte d’embaucher des travailleurs à un salaire décent. Tout ce qui n’est pas un coût réel est juste un privilège, un droit légal d’installer un péage et d’extraire un loyer. 
     Tuer l’hôte décrit comment la lutte contre la réforme économique classique a été menée politiquement. Je me concentre sur ce qui s’est passé depuis que Margaret Thatcher et Ronald Reagan ont introduit le néolibéralisme, suivis par les Clinton, par Tony Blair en Angleterre et par la plupart des pays européens actuels. J is for Junk Economics décrit comment le vocabulaire économique a été retourné d’une manière orwellienne pour signifier le contraire de ce que les mots signifiaient auparavant. Un marché libre signifie maintenant un marché où les propriétaires sont libres de facturer tout ce qu’ils veulent. Où les monopolistes sont libres de facturer ce qu’ils veulent. Un marché libre de toute réglementation. 
     L’intention néolibérale est de créer une méthodologie perverse. Je sais que le mot «méthodologie» est un mot technique. Ce que j’entends par là, c’est qu’ils donnent une vision mensongère de l’économie. Les statistiques du revenu national d’aujourd’hui, par exemple, font apparaître Goldman Sachs comme un producteur. Comme si Donald Trump jouait un rôle productif! L’objectif est de faire croire que les gens qui s’approprient une partie de la richesse produite sans travailler sont productifs, alors qu’ils ne fournissent pas de service qui contribue réellement au PIB et à la croissance économique. 
     Les gens pensent que le concept du PIB est scientifique, en partie parce que c’est un chiffre précis et qu’il peut être quantifié. Mais le concept sous-jacent de «marché» fait croire que la pauvreté actuelle est normale. Il fait croire que Goldman Sachs et Donald Trump sont des créateurs d’emplois au lieu d’être des destructeurs d’emplois. C’est illogique, quand on y réfléchit. 
     Je parle donc de vocabulaire. J’ai établi un dictionnaire de A à Z de tous les concepts qu’il faut connaître pour percer à jour la rhétorique orwellienne qui sous-tend l’économie dominante aujourd’hui. L’économie dominante est devenue de la junk économy. Par exemple, tout le monde pense qu’il est parfaitement naturel de payer un loyer. Les néolibéraux soutiennent qu’une économie bien gérée ne devrait pas être gouvernée du tout, mais que Wall Street, la ville de Londres, Paris ou d’autres centres financiers devraient s’occuper de la planification économique. Selon eux, il faut laisser les gestionnaires financiers décider de la planification, parce que ce sont les gens les plus productifs du monde – alors que le gouvernement est juste un poids mort bureaucratique. 
     C’est le contraire de ce qu’on croyait il y a 100 ans. Je pense que j’ai déjà dit dans cette émission que le premier professeur d’économie a été Simon Patton, au 19ème siècle, à la Wharton School of Economics à l’Université de Pennsylvanie. Il considérait l’infrastructure publique – les routes et les autres transports – comme le 4e facteur de production. Le plus gros budget d’investissement des pays concerne les routes, l’eau et les égouts, les communications de base, les systèmes téléphoniques, les ressources naturelles et bien sûr les terres. Tout cela est maintenant privatisé. Mais l’objectif de la gestion publique – par exemple celle de la santé en Europe – est de diminuer le coût de la vie, de réduire le coût des affaires, pour rendre l’économie plus compétitive. 
     En revanche, sous le Thatchérisme ou le Clintonisme (appelez ça comme vous voulez), l’objectif était de confier les infrastructures, les routes et même les trottoirs à des monopoles financés par Wall Street. Ils se mettent aussitôt à exiger un loyer pour pouvoir s’en servir. Le résultat est que le coût de l’économie américaine devient très élevé. Donc, quand Donald Trump dit qu’il va redonner toute sa grandeur à l’Amérique, ce qu’il veut dire c’est qu’elle va redevenir compétitive. Mais comment peut-on la rendre compétitive si on augmente autant le prix des soins de santé pour les Américains? Ils dépensent maintenant autant en soins de santé qu’un Asiatique gagne dans une année entière. Même si on donnait aux Américains toute leur nourriture et leurs vêtements, et tout ce dont ils ont besoin gratuitement, ils ne seraient toujours pas compétitifs. C’est à cause de tout ce que les salariés doivent payer sur leurs salaires, autant de choses qui dans d’autres pays sont fournies par le gouvernement : les soins de santé, les services publics, les routes et ainsi de suite. 
     C’était la stratégie de développement économique de l’Amérique au XIXe siècle. C’est ce qui a fait des États-Unis le pays le plus compétitif au monde, et lui a permis de vendre moins cher que les autres. C’est aussi ce qui a rendu l’Allemagne compétitive. C’est ce qui a rendu le Japon compétitif. Mais tout cela se passe maintenant, comme si le monde qui existait avant 1980 – avant Margaret Thatcher, avant Ronald Reagan, avant même Bill Clinton – n’avait pas vraiment existé. On a expurgé les outils fondamentaux de la pensée économique, le  vocabulaire qui avait été développé pour distinguer entre les bénéfices réels obtenus grâce aux investissements et à la main-d’oeuvre et la rente économique, qui est une sorte de péage, de droit de tirage qui permet d’extorquer de l’argent au-delà du coût réel de production.

PERIES: Vous avez dit quelque chose de vraiment important, à savoir que les gens (du moins au cours de ce cycle électoral) commençaient à croire que Donald Trump créait des emplois plutôt qu’il en détruisait. Qu’est-ce que vous vouliez dire par là, et comment les gens ont-ils été menés en bateau?

HUDSON: Je ne voulais pas dire qu’ils croyaient vraiment qu’il créait des emplois. Il voulait les convaincre qu’il créait des emplois. Et c’est vrai, il a embauché beaucoup de travailleurs et de sous-traitants. Mais il n’a probablement pas créé autant d’emplois qu’il n’en a été perdu par les gens qui jouent dans ses casinos. J’enseigne à Kansas City et un étudiant a fait une étude sur les raisons pour lesquelles les gens font faillite. La plupart des gens qui font faillite ne peuvent pas payer leur loyer. Ils ont perdu leur travail. Il ne leur reste plus qu’un seul moyen pour pouvoir payer leur loyer et ne pas se retrouver à la rue. Il y a un bateau amarré dans la rivière, où les gens peuvent jouer et parier. Ils vont y jouer en espérant un gain de 100 contre 1. C’est quitte ou double. Pour eux, c’est rationnel. Ils vont probablement perdre, mais la seule façon pour eux de garder leur tête hors de l’eau est de gagner à la loterie. Bien sûr, la plupart finissent par perdre. Donald Trump espère convaincre les ouvriers qu’ils peuvent devenir millionnaire – et s’ils gagnent à la loterie, ils préféreront ne pas être taxés, n’est-ce pas? Alors il faut être gentil avec les millionnaires d’aujourd’hui, parce que vous pourriez gagner à la loterie et sortir de la classe ouvrière. 
     C’est l’illusion du «capitalisme ouvrier». Ce serait sympa si c’était vrai. Mais je pense que c’est un mythe – un mythe auquel les gens veulent croire. Les lobbyistes qui représentent les élites et les intérêts de Wall Street veulent faire croire aux gens qu’ils vont pouvoir devenir des capitalistes, au moins en miniature. Mais le père de Donald Trump lui a donné quelques millions pour démarrer. Les dès sont pipés pour la plupart des gens. Une analyse honnête de l’économie devrait expliquer en quoi les dés son pipés et pourquoi les gens sont de plus en plus pauvres depuis 2008. 
     Pendant les 8 dernières années, l’administration Obama a présidé à une longue récession qui a touché 95% de la population. Toute la croissance a bénéficié aux 5% les plus riches. Il faut qu’on le sache.

PERIES: Pourtant, quand nous avons entendu le président Obama parler de son propre héritage, à plusieurs rassemblements de soutien à la candidature de Clinton, il a dit que nous étions bien plus riches qu’en 2008. Qu’est-ce qui est vrai?

HUDSON: Je pense qu’en prétendant que les pauvres étaient heureux, Obama a donné le baiser de la mort à Hillary. C’est ce qui lui a fait perdre l’élection. Imaginez Hillary allant dire aux gens qu’ils sont bien plus à l’aise qu’il y a 8 ans. La plupart des gens penseraient, «Qu’est-ce que tu racontes, je ne suis pas plus riche, je suis plus pauvre. Mon salaire a diminué.» En effet, si vous faîtes partie des 95 % des Américains, votre salaire a diminué. Vous êtes talonné par les dépenses de santé. Vos coûts de logement augmentent sans cesse. Tous vos coûts augmentent, alors que vos conditions de travail s’aggravent. Je pense que la plupart des électeurs penseraient : «Ça ne va pas mieux du tout. Qu’est-ce que ça veut dire? Hillary et Obama essayent-ils de nous faire prendre des vessies pour des lanternes?» 
     Ils étaient révoltés. Ils se sont dit : «Ils ne me rouleront plus. Peu importe que l’autre camp ne vaille pas mieux, il faut les jeter dehors. Même si nous ne pouvons pas voter pour quelqu’un de bien, au moins pouvons-nous continuer à chasser les méchants.» Peut-être que, comme à la roulette, un bon candidat va sortir un jour, comme un numéro gagnant. Malheureusement ce n’est pas comme ça que ça marche.

PERIES: Parlons donc des mythes qui sont vendus aux gens, comme quand le président Obama leur dit, pendant la campagne électorale, qu’ils sont mieux lotis qu’ils ne le sont réellement. Comment sont vendus ces mythes, et comment font-ils pour que les gens y croient?

M. HUDSON: Une façon de les convaincre que ça va mieux est de leur dire que les chiffres du PIB sont en hausse. C’est vrai. Pour l’ensemble de l’économie, le produit intérieur brut a en fait augmenté depuis 2008. Le problème, c’est qu’il n’a augmenté que pour 5% de la population. Mais il a tellement augmenté pour Wall Street, tellement augmenté pour 5% de la population, que son augmentation est supérieure au déclin subi par les 95%. 
     Je ne sais pas si j’en ai déjà parlé dans votre émission, mais j’ai participé en Allemagne à une conférence archéologique où on parlait du passage de l’empire romain à l’Âge des ténèbres et à la féodalité. Un critique a dit qu’il y avait une nouvelle interprétation économique, une nouvelle archéologie économique. Dans cette nouvelle façon de voir, il n’y a pas vraiment eu d’âge des ténèbres, car le commerce de luxe parmi les riches – les propriétaires terriens et les seigneurs de guerre – était si florissant que tandis que la population était transformée en serfs, les riches s’en sortaient très bien. Les archéologues ont trouvé de la belle poterie et des objets de luxe : pour eux, le sommet de la pyramide vivait dans le luxe. Il y avait tellement d’argent qu’il y avait sans doute une vraie croissance. Alors, ils appellent croissance la transition au servage et à la servitude de la population, parce qu’énormément de richesse a été ponctionnée par le haut de la pyramide. 
     La question est, est-ce vraiment de la croissance ou pas? Le président Obama et Hillary essaient de faire croire aux gens que si le PIB augmente et qu’ils n’en profitent pas, c’est de leur faute. C’est un discours qui «accuse la victime». Il accuse les victimes de ne pas avoir sû tirer profit de la croissance dont ont joui Goldman Sachs et Wall Street, Chase Manhattan et tous les banquiers qui auraient dû être jetés en prison. 
     La plupart des gens ne voulaient pas se voir comme des victimes, et ils se sont dit que Donald Trump allait faire quelque chose  pour eux au lieu de simplement s’enrichir lui-même.

PERIES: C’est vrai. Et pourquoi est-ce que vous rendez Obama responsable de tout ça? N’a-t-il pas effectivement hérité d’une situation économique terrible?

HUDSON: La raison pour laquelle il est infiniment pire que le président Bush ou même le président Clinton est que 2008 a été un tournant dont il pouvait tirer parti. Les grands présidents de l’histoire, sont ceux qui ont été présidents pendant une grande guerre ou à un tournant de l’histoire. Obama a donné de l’espoir en promettant le changement. Mais ce n’était que de la démagogie. Il n’a apporté ni espoir, ni changement. Si, il a donné de l’espoir à Wall Street. Il a livré ses compatriotes à Wall Street. Au lieu de changer les choses, il a remis l’économie entre les mains de Wall Street. Il a confié le Trésor à Robert Rubin et à son gang de Wall Street qui avaient soutenu Bill Clinton. Rubin avait pris le contrôle de la banque la plus corrompue du pays, Citigroup. Sheila Bair de la FDIC voulait la fermer et la nationaliser. Mais Obama a donné le ministère de la Justice à des factotums de Wall Street comme Eric Holder qui a refusé de mettre un seul de ces bandits de banquiers en prison. 
     Donc, Obama a fait comme s’il représentait le peuple mais en fait il l’a matraqué. Exactement comme il l’a fait quand il travaillait à Chicago à gentrifier le quartier noir de la ville, en faisant gagner des milliards de dollars dans l’immobilier aux familles Pritzker et Crown. Il a livré ses administrés à ses sponsors, en les arrosant de fausses promesses et de belles paroles.

MICHAEL HUDSON – SHARMINI PERIES, décembre 2016

Article original : http://www.counterpunch.org/2016/12/09/orwellian-economics/

Traduction: Dominique Muselet

Source : http://lesakerfrancophone.fr/economie-orwellienne

19 décembre 2016

Leur destinée entre les mains de Trump

Mise à jour – Selon le décompte effectué par les médias américains, le républicain a franchi en fin d'après-midi le cap des 270 grands électeurs, synonyme de majorité absolue. Le président désigné Trump est donc officiellement élu. Bad day for the planet. 

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Le collège électoral américain, composé de 538 grands électeurs, doit confirmer aujourd’hui le républicain Donald Trump au poste de président des États-Unis.

Le sort des États-Unis entre les mains d’un prédateur sexuel d’une vulgarité obscène, d’un bigot instable, menteur compulsif, raciste et climatosceptique? Bienvenue à l’obscurantisme!

Photo : Reuters

Pas étonnant que «des scientifiques inquiets de l'arrivée de Trump sauvegardent des milliers de documents» (tant aux États-Unis qu’au Canada)
http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1006576/scientifiques-inquiets-arrivee-donald-trump-sauvegardent-milliers-documents

Ça ne peut pas arriver ici

«Le sénateur était vulgaire, presque analphabète, un menteur facile à détecter, dont les "idées" étaient presque idiotes, qui prêchait la piété comme un voyageur de commerce vend du mobilier pour les églises, et dont l'humour célèbre était du cynisme de magasin général… Il n'y avait pas acteur plus bouleversant sur scène, au cinéma, ou dans une chaire. Il agitait les bras, cognait sur les tables, roulait des yeux fous, vomissait la colère biblique de sa bouche béante; mais il pouvait roucouler comme une mère allaitante, supplier comme un amoureux transi, et, entre les deux tours il pouvait assommer froidement et presque dédaigneusement les foules avec des chiffres et des faits –  des chiffres et des faits qui étaient inévitables même lorsque, comme il arrive souvent, ils étaient totalement inexacts…» ~ Sinclair Lewis (It Can’t Happen Here) 

Ça vous rappelle quelqu’un?

Quand Lewis a écrit sa description du sénateur "Buzz" Windrip qui s’est s'emparé du pouvoir lors des élections de 1936, il s'est appuyé sur des rapports sur la montée du nazisme en Allemagne, compilés par son adjointe, la journaliste Dorothy Thompson. 
   It Can’t Happen Here (Ça ne peut pas arriver ici) n'est pas un livre particulièrement bon, même si, comme la description ci-dessus l’indique, Lewis a capté le ton distinctif de la démagogie américaine. Mais, il nous rappelle quand même qu'il y a eu d'autres périodes où la démocratie du pays fut très instable.

Source : Jeff Sparrow  
https://www.theguardian.com/commentisfree/2016/dec/05/reaching-for-perspective-books-to-make-sense-of-the-new-world-order?CMP=share_btn_tw

L’ornithologue scientifique Laura Erickson (1) s’inquiète aussi des conséquences dramatiques de la nomination de Trump et de son féroce clan climatosceptique. Il y a de quoi! C’est épouvantable. J’ai lu dans un autre article que son choix portait sur Bernie Sanders.

«Après l'élection du mois dernier, des gens que je connais parlaient sérieusement de fuir les États-Unis. J'étais en Ouganda pendant l'élection, et plusieurs personnes ont soulevé la possibilité de simplement rester là, mais dans l'ensemble, le Costa Rica et la Nouvelle-Zélande semblaient les choix les plus populaires. Les personnes qui ont consacré leur vie entière à la protection de la faune, des habitats naturels, de la qualité de l'air et de l'eau, ou des questions de base comme l'égalité entre humains ici en Amérique, sont soudainement dans un état tragique de peur et de désespoir.
   Ce qui m'a amenée à rechercher un essai sur lequel j’étais tombée par hasard dans un exemplaire du magazine Woman's Day trouvé chez une amie il y a quelques années. “Homily for a Troubled Time” écrit par Bernard DeVoto, fut publié en janvier 1951, une autre période où l'Amérique vivait dans la peur.» ~ Laura Erikson (dimanche, 18 décembre, 2016)

Suite en anglais :
http://blog.lauraerickson.com/2016/12/bernard-devotos-homily-for-troubled-time.html

Je seconde sa proposition. (Je le répète, nous pouvons beaucoup apprendre des animaux, certaines espèces nous battent à plate couture en matière de comportements.)  

Choisissons une mésange comme président
Laura Erickson
Mercredi, 8 octobre 2008

Photo : Laura Erickson 

[...]
Quelle que soit la manière dont elle arrive, une nouvelle c'est nouvelle, et à tous les quatre ans, dans un cycle aussi régulier que les rythmes naturels, nous, les Américains, nous devenons de plus en plus agités et irritables puisque nous faisons encore face une élection nationale. En ce moment, les mésanges sont aussi en train d'organiser la hiérarchie de leur nouveau groupe, mais elles n'ont pas l'air aussi irritées que nous, peut-être parce qu'elles n'accordent pas à leurs leaders une quelconque autorité sur leur vie personnelle; peut-être parce qu'elles travaillent sur leurs différences sans chamailles ni rancune, ou campagne négative; peut-être parce qu'elles n'ont jamais inciter leurs partisans à crier "terroristes!" à leurs adversaires; et peut-être parce que leur pire choix sera d’élire une mésange – une mésange amicale, honnête, prudente mais curieuse, et réaliste par rapport aux danger mais toujours optimiste, sachant qu'un groupe de mésanges peut survivre à n'importe quoi tant qu'elles restent solidaires. Les mésanges n'ont pas de problèmes avec les banques ou les entreprises qui perdent leur richesse, ni à laisser d'autres mésanges capitaliser sur leur épargne – chaque mésange stocke de la nourriture dans une variété de cachettes solides, et si la foudre ou une tempête de vent renverse l'une de ses caches d'épargne, il y en a sûrement beaucoup d’autres qui restent debout. Elles ne se rabattent pas sur la libre-entreprise parce qu'elles ne favorisent aucune forme d’entreprise. Elles n'ont pas de protections gouvernementales parce qu'elles ne croient pas au gouvernement. Pourtant elles ne sont pas libertariennes pour autant, elles transcendent à la fois le conservatisme et le libéralisme, car elles sont profondément et absolument autonomes tout en reconnaissant à quel point elles dépendent des règles de base et de la structure de la société civile. Les mésanges acceptent joyeusement dans leurs groupes pas seulement des mésanges mais aussi une multitude d'oiseaux d'autres espèces, sachant qu'à court terme et long terme, la sécurité et le succès dépendent de l'inclusion, de la diversité, et des intérêts communs. Les mésanges parlent doucement et se perchent, plutôt que de le porter, sur leur bâton. Elles savent que les seules choses qu'elles ont à craindre ce sont les faucons, les pies-grièches, et d'autres prédateurs, mais plutôt que d’afficher leur couleur, elles lancent un avertissement sonore et s’en vont.

Les mésanges peuvent être dissidentes – ces oiseaux ne se joignent pas à un groupe particulier mais se déplacent dans quatre ou cinq groupes différents – mais les groupes ne semblent pas les respecter davantage ou moins que les mésanges qui honorent les rôles traditionnels au sein de leur groupe.


http://blog.lauraerickson.com/2008/10/lets-have-chickadee-for-president.html

Les mésanges et la politique
Laura Erickson
Mardi, 3 avril 2007

Mes pensées tournaient à la fois autour de la politique et de la migration récemment, et en quelque sorte cette juxtaposition étrange m'a amenée à souhaiter que notre pays soit géré comme dans un groupe de mésanges. Les mésanges sont probablement les oiseaux les plus tolérants du continent, si bien que non seulement les pics et les sittelles s’associent à eux, mais aussi les parulines, les viréos, les roitelets et d'autres migrants passant dans leur secteur. Ces étrangers de passage peuvent négocier un territoire inconnu beaucoup plus facilement lorsque les mésanges leur montrent la voie. Et les mésanges accueillent pratiquement n'importe qui dans les coopératives alimentaires de leurs groupes, assurant la tranquillité domestique, elles participent à la défense commune, favorisent le bien-être général, et s'assurent les bienfaits de la liberté pour elles-mêmes et leurs descendants d'une manière tout à fait conforme à l'esprit de la Constitution des États-Unis.


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(1) LAURA ERICKSON, 2014, a reçu de l'American Birding Association le prestigieux prix Roger Tory Peterson. Professeur de formation scientifique, elle oeuvre à la réhabilitation de la faune. Conférencière, photographe et blogueuse professionnelle, à titre d’expert, elle collabore au populaire site web éducatif de Journey North et est éditrice scientifique à Cornell Lab of Ornithology. Une auteur prolifique qui a publié plusieurs livres sur les oiseaux : ABA Field Guide to the Birds of Minnesota; le best-seller Into the Nest: Intimate Views of the Courting, Parenting, and Family Lives of Familiar Birds (co-écrit avec la photographe Marie Read); Sharing the Wonder of Birds with Kids (National Book Award winning); 101 Ways to Help Birds; The Bird Watching Answer Book pour Cornell Lab of Ornithology; et le National Geographic Pocket Guide to Birds of North America. Elle est actuellement chroniqueuse et rédactrice pour le magazine BirdWatching. Depuis 1986, elle produit l’émission de radio "For the Birds" disponible sur de nombreuses stations de radio publiques; le programme est aussi disponible en podcast sur iTunes. Elle vit à Duluth, Minnesota, avec son mari, sa belle-mère, titulaire d’Eastern Screech-Owl Archimedes, deux chats d'intérieur, et son petit birding dog Pip.

Si vous aimez les oiseaux, son blogue est une mine d’or. Plein de précieux conseils et de savoureuses anecdotes personnelles.

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Vous aimerez peut-être :
L’influence «des mésanges» sur la bonté humaine
https://artdanstout.blogspot.ca/2016/12/linfluence-des-mesanges-sur-la-bonte.html

17 décembre 2016

Guignolée du Dr Julien

Mon père disait qu’il y a deux sortes d’humains en ce monde :
ceux qui prennent et ceux qui donnent.
Ceux qui prennent mangent peut-être mieux,
mais ceux qui donnent dorment mieux.
~ Mario Thomas

Le Dr Gilles Julien, visiblement ému en entendant les jeunes de la chorale entonner L'amour a pris son temps. Photo : Radio-Canada/Louis-André Bertrand

Ce médecin me réconcilie avec les humains... 

Oeuvrer contre l’itinérance et la pauvreté ça commence avec des initiatives telles que la Fondation du Dr Julien. 

La 14e Guignolée annuelle a débuté avec Joël Le Bigot et son équipe tôt ce matin (Samedi et rien d’autre, ICI Radio-Canada Première). Si vous n’avez pas pu donner à un des points de collecte, vous pouvez le faire de plusieurs façons. Audiofil :
http://ici.radio-canada.ca/emissions/samedi_dimanche/2016-2017/

Pour faire un don :
Don en ligne :
Site web de la Fondation
Textez : «DRJULIEN» au 20222
Donnez par téléphone en composant le 1-855-375-8543
Autres :
http://www.fondationdrjulien.org/impliquez-vous/donnez/

Et puis, on peut faire des dons à l’année longue...

«La précarité, le manque d’espoir, c’est ça qui tue nos enfants.» (Dr Julien) 


«On s'inscrit dans une vraie tradition québécoise de fraternité et de charité entre familles», dit le Dr Julien au sujet de la Guignolée. La famille, c'est d'ailleurs le principal champ d'action des centres de pédiatrie sociale qu'il a fondés et dans lesquels il dit traiter les enfants vulnérables mais aussi parfois leurs parents!

En pleine période d'expansion, les centres du Dr Julien sont désormais de plus en plus actifs aux quatre coins du Québec. Aujourd'hui soutenue par le gouvernement provincial, qui s'est engagé à verser 20 millions de dollars sur 4 ans afin d'assurer la croissance du réseau dans toute la province, la Fondation du Dr Julien continue d'avoir besoin de fonds privés et de la générosité du public. (R.-C.)

14 décembre 2016

Guerre et funeste cupidité

Nous avons toutes les raisons du monde d’avoir honte d’être des humains. Quelle pitoyable inhumanité! Il n’y a pas de mots assez forts pour qualifier ces horreurs.

«Je pense que si les gens ne pouvaient pas profiter de la guerre, il n'y aurait pas de guerres. Mais, il y a beaucoup de gens qui font énormément d'argent en tuant d’autres humains, et ce, sans aucun autre motif que de faire de l'argent.
   Je pense que je suis simplement encline à être empathique et humaniste. J'ai grandi parmi une multitude de gens  différents, de politique différente, sans politique, de religion différente, sans religion, éduqués, sans éducation, et je les aimais tous.»
~ Lily Tomlin 

Photo : Omar Sanadiki / Reuters. A man sits amid debris near the Umayyad mosque. (Via The Guardian)  

En 2016, presqu’à chaque jour, on nous a rapporté des catastrophes, des attentats terroristes, des bombardements, des massacres humains et animaliers – ceux qui ne pouvaient pas nous échapper. Et puis, il y a tous ceux qu’on aurait voulu nous cacher... mais avec Internet, c’est de plus en plus difficile. Si les smartphones ont le pouvoir de nous livrer des tas de bêtises et de faussetés, ils ont aussi celui de nous livrer la vérité en temps réel.

Photo : Karam Al-Masri / AFP / Getty Images. Syrians leave a rebel-held area of Aleppo toward government-held side. (Via The Guardian)

Le siège d’Alep dure depuis quatre ans, et l’assaut final depuis le 15 novembre dernier. Ce conflit a couté quelque 310 000 vies depuis mars 2011, et poussé des millions de personnes à fuir; il resterait 100 000 personnes pris en souricière (entre régime et insurgés) à Alep.

Des apartheids, il y en a partout là où les grandes puissances «jouent» au Monopoly et se disputent les ressources pétrolières et minières, les terres arables et l’eau.

Jacques Prévert disait :
Aux antiquaires, les arbres!
À la fourrière, les animaux!
À la glacière, les oiseaux!
J’ajouterais :
Aux charniers, les humains?

«L’argent est le nerf de la guerre.» ~ Furetière
Si la guerre sert à s'enrichir en pillant les biens et les terres de l'adversaire ou en rançonnant l'ennemi, elle est bien plus souvent un gouffre financier en raison du coût des armes, de l'équipement nécessaire et de la solde des armées. Si bien qu'il est difficile de mener «correctement» une guerre lorsque les caisses sont totalement vides, l'argent étant cette «partie essentielle» sans laquelle la guerre ne peut qu'être perdue face à un ennemi mieux équipé car ayant plus de moyens financiers. (Source : www.expressio.fr )

Voilà pourquoi les grandes puissances ne cessent d’allouer des budgets colossaux à l’armement.

Voilà le résultat (dont certains se réjouissent), et ce n’est pas de la science fiction :