1 février 2015

Elle ne veut pas manger ses amis



Pauvre chouette. Comme disait une amie, la sagesse n’attend pas l’âge. En même temps, cela tend à confirmer qu’un tel choix n’est pas fonction du milieu de vie, mais plutôt de quelque chose de plus profond. Par chance, son père semble vouloir respecter son désir d’être végétarienne. “I don’t like that they [the farmers] chop animal-people up”, dit-elle; ce que George Bernard Shaw exprimait ainsi : «Les animaux sont mes amis... et je ne mange pas mes amis.»

«Parfois on peut beaucoup apprendre des enfants, il suffit de les écouter.»   

Pourquoi je suis végétarienne
Par Shubhra Krishan (Care2)

On me demande souvent pourquoi je suis végétarienne. «Religion?» «Non-violence?» «Tu n’aimes pas le goût?» Les questions sont posées sur un ton variant de la curiosité à l'incrédulité. Une femme, une connaissance, avec qui je prenais une marche, s’est carrément arrêtée quand je lui ai dit que je n'avais jamais mangé de viande. Je me souviens encore du choc qui papillonnait dans ses yeux bleus dilatés... «Quoi, tu veux dire que tu n’as jamais goûté à un steak?»

«Jamais», ai-je répondu, stupéfaite moi-même que quelqu'un soit tellement surpris de ce qui a toujours été mon mode de vie.

J’entends souvent cet autre commentaire : «Tu ne sais pas ce que tu manques!»

Alors, pourquoi suis-je végétarienne?

Eh bien, je suis née dans une famille de brahmanes et de jaïnistes, deux collectivités indiennes qui évitent la nourriture «non-végétarienne». Ma grand-mère maternelle, en fait, ne mangeait jamais de pommes de terre, de carottes ou autres légumes-racines – de par une croyance jaïniste à savoir qu’une fois déracinés ils transmettent des millions de germes microscopiques que nous consommons, et qu’il vaut mieux les éviter. Les Brahmanes (du côté de mon père) interdisent non seulement la viande et les fruits de mer, mais également les oignons et l'ail. Mais, avec le temps, les règles se sont progressivement assouplies. Mes grands-parents étaient des végétariens stricts, mais mes parents mangeaient des oignons et de l'ail. Quand nous sommes nés, ma mère avait lu au sujet de la protéine contenue dans les oeufs de sorte que nous avons été nourris d'omelettes et de toasts.


À mon adolescence, j'étais entourée de filles et de garçons ayant les mêmes antécédents mais qui, loin du regard de leurs parents, appréciaient la Pizza au Pepperoni et les hot-dogs. Mon frère aimait bien le poulet tikka.

Toutefois, je n’ai jamais été tentée.

La raison : Je n’arrive pas à considérer la chair animale et la viande comme de la nourriture. La peur et l'impuissance dans les yeux de l’animal juste avant d'être abattu...  cette seule pensée me fait frémir. L’origine de ce sentiment que plusieurs classent comme une croyance religieuse, pourrait venir de mes ancêtres; mais pour moi ce n'est rien d’autre qu’un choix individuel. Et si je parle de ce choix ici, c'est simplement parce que je n'ai jamais demandé à personne avec étonnement : «Tu veux dire que tu manges de la viande? Comment fais-tu?!»

À la brigade tu-ne-sais-pas-ce-que-tu-manques je réponds que je ne veux pas le savoir! J'aime le monde merveilleux des fruits, des légumes et des grains entiers. C’est tellement varié, frais et délicieux. Et, concernant les prescriptions alimentaires, j'aime rappeler gentiment à mes amis carnivores que l’éléphant si puissant est aussi végétarien.

Photo : Farm Sanctuary http://www.farmsanctuary.org/ un refuge pour animaux d'élevage rescapés des camps de concentration de l'agrobusiness.


Si la question vous intéresse, visitez les libellés Végétarisme et Zoofriendly.

C’est la sensibilité qui différencie le vivant du robot. Un objet ne peut pas éprouver de la souffrance, de la tristesse, de la joie, de l’affection, de l’attachement... Mais les animaux qui ne sont pas des «objets» en sont capables. S’ils n’étaient pas dotés de sensibilité, on ne les utiliserait pas en laboratoire pour tester le seuil d’endurance à la douleur et d’autres effets physiologiques conséquents au fait de ressentir.

Pensée du jour

[Le goût des restaurants] est un goût qui trahit carence, pauvreté, détresse. C'est pourquoi les grands chefs sont si grincheux, les gourmets si maniaques et snobants. Il faut dire la vérité : le spectacle qu'offrent ceux qui mangent dans les plus grands restaurants est lugubre. ~ Pascal Quignard 

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