Played over the second Hungarian Rhapsody by Franz Liszt, simulated with a virtual orchestra by Roberto Frattini, "Rapsodeus" shows the nonsense that lays behind every war fought by mankind.
La première et dernière liberté
Par Krishnamurti
Traduction de Carlo Suares
Préface de Aldous Huxley
Stock; 1954
Chapitre VI (p. 61-69)
SUR LES CROYANCES ET LES CONNAISSANCES
La croyance et le savoir sont intimement reliés au désir, et peut-être, si nous comprenons ces deux données, verrons-nous la façon dont fonctionne le désir et pourrons-nous examiner ses complexités.
Une des données que nous tenons avec le plus d’empressement pour acquises, me semble être la question des croyances. Je n’attaque pas les croyances, je cherche à voir pourquoi nous les acceptons. Et si nous pouvons comprendre nos motifs, les causes de notre acceptation, peut-être pourrons-nous, non seulement savoir pourquoi nous les acceptons, mais aussi nous en libérer. Nous voyons tous comment les croyances politiques, religieuses, nationales et d’autres, appartenant à des domaines variés, séparent les hommes, créent des conflits, un état de confusion et d’inimitié : c’est un fait évident. Et pourtant nous n’éprouvons aucunement le désir d’y renoncer. Il y a la croyance indoue, la croyance chrétienne et la bouddhiste, d’innombrables sectarismes, des croyances nationales, des idéologies politiques de toutes sortes, toutes luttant contre les autres et cherchant à convertir. L’on peut voir sans difficulté que les croyances divisent et qu’elles engendrent l’intolérance. Mais est-il possible de vivre sans croyances? L’on ne peut répondre à cette question que si l’on s’étudie soi-même, dans les rapports que l’on a avec le monde des croyances. Peut-on vivre sans croyances? Peut-on, non pas passer d’une croyance à une autre, en remplacer une par une autre, mais être entièrement affranchi d’absolument toutes les croyances, de façon à pouvoir aborder la vie, à chaque minute, à la façon d’un être neuf? Car, en somme, c’est cela la vérité : avoir la capacité d’aborder tout, d’instant en instant, à la façon d’un être neuf, non conditionné par le passé, de sorte que n’existe plus d’effet cumulatif agissant comme une barrière entre soi et cela qui « est ».
Si vous examinez la question de près, vous verrez qu’une des raisons que l’on a de désirer accepter une croyance est la peur. Si nous n’avions pas de croyances, que nous arriverait-il? Ne serions-nous pas très effrayés de ce qui pourrait se produire? Si nous n’avions pas une ligne de conduite basée sur une croyance – Dieu, le communisme, le socialisme, l’impérialisme ou quelque dogme qui nous conditionne – nous nous sentirions complètement perdus, n’est-ce pas? Et l’acceptation d’une croyance n’est-elle pas un couvercle mis sur cette peur, sur cette peur de n’être rien du tout, d’être vide? Et pourtant un récipient n’est utilisable que lorsqu’il est vide et un esprit qui est rempli de croyances, de dogmes, d’affirmations, de citations est en vérité un esprit stérile, une machine à répétition. Échapper à cette peur – à cette peur du vide, de la solitude, de la stagnation, à la peur de n’arriver nulle part, de ne pas réussir, de ne pas être quelque chose, de ne pas devenir quelque chose – voilà certainement une des raisons qui nous font accepter des croyances avec tant d’avidité. Et par l’acceptation de quelque croyance, pouvons-nous nous connaître? Au contraire, une croyance religieuse ou politique, nous interdit de nous connaître. Elle agit comme un écran à travers lequel nous nous regardons. Mais nous est-il possible de nous voir nous-mêmes si nous n’avons pas de croyances? Je veux dire que si nous écartons toutes ces croyances, les nombreuses croyances que nous avons, reste-t-il encore quelque chose en nous à regarder? Si nous n’avons pas de croyances auxquelles notre pensée nous a identifiés, l’esprit n’étant identifié à rien est capable de se voir tel qu’il est – et c’est là que commence la connaissance de soi.
Ce problème des croyances et du savoir est en vérité bien intéressant. Quel rôle extraordinaire il joue dans nos vies! Que de croyances nous avons! Il est certain que plus une personne est intellectuelle, cultivée et adonnée à la spiritualité, moins elle est capable de comprendre. Les sauvages ont d’innombrables superstitions, même dans le monde moderne. Les personnes les plus réfléchies, les plus éveillées, les plus vives, sont peut-être celles qui croient le moins. Car les croyances enchaînent; elles isolent. Nous voyons qu’il en est ainsi partout dans le monde, dans le monde politique et aussi dans le soi-disant spirituel. Vous croyez que Dieu existe, et il se peut que selon moi il n’existe pas; peut-être croyez-vous que l’État doit tout contrôler et diriger les individus et peut-être suis-je pour l’entreprise privée et que sais-je encore; vous croyez qu’il n’y a qu’un Sauveur et qu’à travers lui vous parviendrez à votre épanouissement, et moi je ne le crois pas. Pourtant, nous parlons tous deux de paix, d’unité humaine, de la vie une – ce qui n’a absolument aucun sens, car en réalité, la croyance même est un processus d’isolement. Vous êtes un Brahmane, moi un non-Brahmane, vous êtes Chrétien, moi un Musulman et ainsi de suite. Vous parlez de fraternité et moi aussi je parle de cette même fraternité, et d’amour et de paix. Mais en fait nous sommes divisés, nous nous séparons l’un de l’autre. L’homme qui veut la paix et qui veut créer un nouvel univers, un monde heureux, ne peut pas s’isoler au sein d’une croyance, quelle qu’elle soit. Est-ce clair? Cela peut être clair verbalement, mais si vous voyez l’importance et la vitalité de cette vérité, elle commencera à agir.
Nous voyons que lorsqu’un processus de désir est en œuvre, il y a aussi nécessairement un processus d’isolement par le truchement d’une croyance, parce qu’il est évident que nous croyons afin de trouver une sécurité économique, spirituelle et aussi psychologique. Je ne parle pas de ces personnes qui professent certaines croyances pour des raisons économiques car on leur a appris à vivre dans la dépendance de leur emploi et par conséquent elles seront catholiques, hindouistes, n’importe quoi tant qu’il y aura un emploi pour elles dans ces cadres. Nous ne parlons pas non plus des personnes qui préfèrent une croyance par commodité. Peut-être sommes-nous nombreux dans ce cas et croyons-nous à certaines choses parce que cela est commode. Écartant ces raisons purement matérielles, allons plus profondément dans la question.
Considérons les personnes qui croient fermement à certaines choses, dans le monde politique, économique, social ou spirituel. Le processus sous-jacent à ces croyances est le désir psychologique de sécurité, n’est-ce pas? Et ensuite, il y a le désir de durer. Nous ne cherchons pas ici à savoir s’il existe une continuité de l’être ou non : nous ne faisons qu’étudier le désir, l’impulsion qui nous pousse à croire. Un homme qui serait en paix, un homme qui réellement voudrait comprendre le processus entier de l’existence humaine, ne serait pas enchaîné par une croyance, car il verrait son désir à l’œuvre comme moyen de se sentir en sécurité. Veuillez, je vous prie, ne pas sauter à la conclusion que je prêche la non-religion. La question n’est pas là. Je dis que tant que nous ne comprendrons pas le processus du désir sous forme de croyances il y aura fatalement un état d’inimitié, de conflit et de souffrance entre les hommes dressés les uns contre les autres. C’est ce que l’on voit tous les jours. Donc si je perçois clairement que ce processus, qui prend un aspect de croyances, est l’expression de mon désir insatiable de sécurité intérieure, mon problème n’est pas de savoir si je dois croire ou non, mais de me libérer du désir de sécurité psychologique. L’esprit peut-il être affranchi du désir de sécurité? Voilà le problème, et non s’il faut croire ou comment il faut croire. Ces questions ne sont encore que des expressions de cette même soif intérieure d’une certitude, quelle qu’elle soit, lorsque tout est si incertain dans le monde.
Mais un esprit, un esprit conscient, un esprit conscient d’être une personnalité, peut-il être affranchi de ce désir de sécurité? Nous voulons une sécurité et par conséquent avons besoin de nos propriétés, de nos possessions, de notre famille. Nous voulons aussi une certitude intérieure et spirituelle et la créons en érigeant des murs de croyances, qui révèlent notre avidité. Et vous, en tant qu’individus, pouvez-vous être affranchis de cette avidité? Si nous ne sommes pas libérés de tout cela, nous sommes une source de querelles, non de paix, nous n’avons pas d’amour en nos cœurs. La croyance détruit; nous le constatons tous les jours. Et puis-je me voir moi-même tel que je suis, pris dans le processus du désir, lequel s’exprime par mon attachement à une croyance? L’esprit peut-il se libérer de toute croyance? Non pas trouver un succédané à la croyance, mais en être entièrement affranchi? Il vous est impossible de répondre verbalement à cela, par un oui ou un non; mais vous pouvez certainement savoir si votre intention est de vous libérer des croyances. Vous arriverez ainsi inévitablement au point où vous chercherez le moyen de vous libérer de votre soif de certitude. Il n’existe évidemment pas de sécurité intérieure qui puisse durer indéfiniment, ainsi qu’il vous plaît d’y croire. Il vous plaît de croire en un Dieu qui veille avec vigilance sur votre monde mesquin, qui vous dise ce que vous devriez être, ce que vous devriez faire et comment le faire. Cette façon de penser est enfantine. Vous pensez qu’un Père glorifié observe chacun de vous. C’est une simple projection de ce qui vous est personnellement agréable. Cela n’est évidemment pas vrai. La vérité doit être tout autre chose.
Notre problème suivant est celui du savoir. Le savoir est-il nécessaire à la compréhension de la vérité? Lorsque je dis « je sais », cela implique que la connaissance existe. Mais l’esprit qui pense que la connaissance existe, est-il capable de mener sérieusement une enquête sur ce qu’est le réel? Et d’ailleurs que savons-nous, dont nous sommes si orgueilleux? En fait que savons-nous au juste? Nous avons des informations, nous sommes pleins d’informations et d’expériences basées sur notre conditionnement, notre mémoire, nos capacités. Lorsque vous dites « je sais », que voulez-vous dire? Que vous acceptez la constatation d’un fait, ou bien que vous avez eu une expérience personnelle. La perpétuelle accumulation d’informations, l’acquisition de diverses formes de connaissances, tout cela constitue le « je sais »; et vous voici en train de traduire vos lectures selon votre conditionnement, vos désirs, votre expérience. Votre savoir est un ensemble de données dans lequel est en œuvre un processus identique à celui du désir. Vous remplacez la croyance par les connaissances. « Je sais »; j’ai de l’expérience; cela ne peut pas être réfuté » : tels sont les symptômes de cette connaissance. Mais lorsque vous allez plus au fond, lorsque vous analysez et examinez ces indications intelligemment et avec soin, vous voyez que la seule affirmation « je sais » est un autre mur qui vous sépare de moi. Derrière ce mur vous prenez refuge, cherchant une certitude, une sécurité. Donc, plus un esprit est surchargé de connaissances, moins il est accessible à la compréhension.
Je me demande si vous avez jamais pensé à ce problème de l’acquisition des connaissances. Avez-vous cherché à savoir si les connaissances nous aident, en fin de compte, à aimer, à nous libérer de ce qui produit des conflits en nous-mêmes et entre nous et nos voisins, à nous libérer de l’ambition? Car l’ambition est une de ces qualités qui détruisent les relations humaines, qui dressent l’homme contre l’homme. Si nous voulons vivre en paix les uns avec les autres, il est évident que l’ambition politique doit complètement disparaître, non seulement l’ambition politique, économique, sociale, mais aussi l’ambition plus subtile et pernicieuse qu’est la spirituelle : celle d’être quelque chose. Est-il possible à l’esprit d’être affranchi de ce processus cumulatif du savoir, de ce désir de posséder des connaissances?
Il est très intéressant d’observer le rôle extraordinaire que jouent dans nos vies les croyances et les connaissances. Voyez comment nous vénérons ceux qui possèdent une immense érudition. Comprenez-vous le sens de ce culte? Pour être à même de découvrir du neuf, d’éprouver quelque chose qui ne soit pas une projection de votre imagination, votre esprit doit être libre, n’est-ce pas? Il doit être capable de voir ce qui est neuf, sans encombrer chaque fois sa vision de toute l’information que vous possédez déjà, de vos connaissances, de vos souvenirs. C’est ce que vous faites, malheureusement, et cela vous empêche de vous ouvrir au neuf, à ce qui ne se rapporte pas aux choses du passé. Veuillez, je vous prie, ne pas immédiatement traduire cela dans des détails tels que « si je ne connaissais pas le chemin de mon domicile je serais perdu; il faut bien que je connaisse le fonctionnement d’une machine pour m’en servir ». Il s’agit de tout autre chose. Nous parlons des connaissances dont on se sert pour asseoir une sécurité intérieure, une certitude psychologique. Qu’obtenez-vous par le savoir? De l’autorité, du poids, un sentiment de votre importance, une dignité, un sens de vitalité, et je ne sais quoi encore. L’homme qui dit « je sais », « il y a », ou « il n’y a pas » a certainement cessé de penser, cessé de poursuivre tout ce processus du désir.
Notre problème est, tel que je le vois, que nous sommes étouffés, écrasés par nos croyances et nos connaissances. Et est-il possible à un esprit de se libérer du passé ou des croyances acquises par le processus du passé? Comprenez-vous la question? Est-il possible pour moi, en tant qu’individu, et pour vous en tant qu’individu, de vivre dans cette société et pourtant d’être affranchis des croyances dans lesquelles nous avons été élevés? Est-il possible à l’esprit d’être libéré de toutes ces connaissances, de toutes ces autorités? Nous lisons un certain nombre de livres sacrés et nous y trouvons, soigneusement expliqués, des enseignements sur ce que nous devons faire et ne pas faire, sur comment atteindre le but, sur ce qu’est le but et ce que Dieu est. Vous savez tout cela par cœur et vous avez poursuivi tout cela, cela qui est votre savoir, votre acquisition, cela que vous avez appris et qui est votre voie. Il est évident que ce que vous poursuivez vous le trouvez; mais est-ce la réalité, ou est-ce la projection de vos connaissances? Ce n’est pas la réalité. Et je dis : ne vous est-il pas possible de vous en rendre compte maintenant, non pas demain? De vous dire : « je vois la vérité en cette affaire », et clôturer celle-ci séance tenante, de sorte que votre esprit ne soit pas mutilé par ce processus d’imagination, de projection?
L’esprit est-il capable de se libérer des croyances? Vous ne pouvez vous en libérer qu’en comprenant la nature interne des causes qui vous y maintiennent; non seulement des motifs conscients mais aussi de ceux inconscients qui vous font croire. Car nous ne sommes pas que des entités superficielles fonctionnant à fleur de conscience, et nous pouvons découvrir nos activités inconscientes les plus profondes si nous voulons bien permettre à ces couches secrètes de se révéler. Leurs actions sont beaucoup plus rapides que celles de l’esprit conscient. Pendant que celui-ci pense tranquillement, écoute et observe, la partie consciente est beaucoup plus agile, plus réceptive et peut, par conséquent, émettre une réponse. Mais un esprit qui a été subjugué, intimidé, forcé à croire, un tel esprit est-il libre de penser? Peut-il avoir un regard neuf et éliminer le processus d’isolement qui nous sépare de nos semblables? Ne dites pas, je vous prie, que les croyances unissent les hommes. Cela n’est pas vrai. Il est évident qu’aucune religion organisée n’a uni les hommes. Observez-vous vous-mêmes dans votre pays : vous êtes tous croyants, mais êtes-vous unis? Vous savez bien que non. Vous êtes divisés en je ne sais combien de parties mesquines, en castes, en compartiments de toutes sortes.
Et il en est de même partout dans le monde, à l’Est comme à l’Ouest; des Chrétiens détruisent des Chrétiens, s’assassinent les uns les autres pour des fins misérables, vont à cet effet jusqu’à l’horreur des guerres, des camps de concentration et tout le reste. Non, les croyances n’unissent pas les hommes, c’est clair. Et si c’est clair et si c’est vrai et si vous le voyez, vous devez agir en conséquence. Mais la difficulté est que la plupart d’entre nous ne voient pas, car nous ne sommes pas capables d’affronter cette insécurité intérieure, ce sens interne d’esseulement. Nous voulons un appui, quel qu’il soit : caste, État, nationalisme, Maître ou Sauveur; mais lorsque nous voyons combien faux est tout cela, notre esprit devient capable – ne serait-ce que temporairement, pendant une seconde – de voir la vérité. Mais cette vision temporaire est suffisante; un fragment de seconde suffit; car on voit alors une chose extraordinaire se produire : on voit l’inconscient à l’œuvre, encore que le conscient puisse se dérober. Cette seconde n’est pas progressive; elle est la seule chose qui soit; et elle produira son fruit, en dépit de l’esprit conscient qui a beau lutter contre elle.
Ainsi notre question est : est-il possible à l’esprit d’être affranchi des connaissances et des croyances? L’esprit n’est-il pas fait de connaissances et de croyances? Sa structure même est croyance et connaissance. Ce sont les éléments du processus de récognition, qui est le centre de la faculté de penser. Ce processus s’enferme en lui-même; il est à la fois conscient et inconscient. L’esprit peut-il s’affranchir de sa propre structure? Peut-il cesser d’être? C’est cela le problème. L’esprit, tel que nous le connaissons en tant que faculté de penser, est mû par ses croyances, par ses désirs, pas sa soif de certitudes, par ses connaissances et par une accumulation de puissance. Si, malgré son pouvoir et sa supériorité, nous ne parvenons pas à tout repenser à nouveau, il n’y aura pas de paix dans le monde. Vous pourrez parler de paix, organiser des partis politiques, clamer du haut de vos édifices, vous n’aurez pas de paix, parce que votre faculté de penser, telle qu’elle est, est la base même qui engendre les contradictions, qui isolent et séparent. L’homme réellement paisible et sincère ne peut pas à la fois s’enfermer en lui-même et parler de paix et de fraternité. Ce n’est là qu’un jeu, politique ou religieux, qui satisfait le désir de réussir et l’ambition. L’homme qui veut en toute honnêteté découvrir la vérité doit affronter le problème des connaissances et des croyances. Il doit le creuser afin de découvrir à l’œuvre tout le processus de sécurité, du désir de certitude.
L’esprit qui se trouverait dans un état où le neuf peut avoir lieu – le neuf que vous pouvez appeler la vérité, ou Dieu, ou autrement – aurait cessé d’acquérir, d’amasser; il aurait délaissé toutes ses connaissances. Un esprit surchargé de savoir ne peut absolument pas comprendre le réel, l’immesurable.
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