5 février 2015

«La mort choisie»

Rétropédaler sur le droit de mourir dignement : un référendum S.V.P. !

Suicide assisté: la Cour suprême publiera un nouveau jugement vendredi
(...) ...la nouvelle cause qui occupe la Cour Suprême du Canada est celle de deux femmes de Colombie-Britannique atteintes de maladies incurables, Kay Carter et Gloria Taylor. Toutes deux sont maintenant décédées, mais l'Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique poursuit ses efforts pour faire reconnaître sa victoire à la Cour Suprême de leur province, qui a admis en 2012 que la loi contre le suicide assisté viole le droit des personnes gravement malades. Cette décision a ensuite été portée en appel, ce qui explique le jugement de vendredi [janvier février 2015]. (La Presse)

«Rares sont ceux qui vivent leur vie si intégralement que la mort ne représente aucune menace. La plupart des gens combattent la mort comme ils ont combattu la vie.» ~ S. Levine

(Voyez la vidéo du Dr François Damas à la fin)

J’ai reçu ce photomontage accompagné d’une brève description il y a quelques semaines. Croyant qu’il s’agissait d’un canular, je n’ai pas vérifié sur le coup. Véridique ou non, je trouvais néanmoins l’idée extraordinaire. Je me disais que c’était peut-être le plus efficace des testaments biologiques imaginables. Qui pourrait contester la lucidité de mon choix? car il faut être conscient pour consentir à se faire tatouer... Puisque la question du suicide assisté revient sur le tapis, j’ai cherché et trouvé divers reportages britanniques au sujet de ce tatouage (2011).


Voici un résumé. 

Le tatouage de Joy Tomkins

Joy Tomkins, âgée de 81 ans, s’est fait tatouer «NE PAS RÉANIMER» sur la poitrine, et «PTO» (Please Turn Over – SVP Retourner) sur le dos parce qu’elle voulait que les médecins la laissent mourir si elle tombait gravement malade et perdait conscience.

Même si elle avait un testament biologique depuis 30 ans, elle considérait que le tatouage assurerait le respect de sa volonté de ne pas être réanimée en salle d’urgence : «Le tatouage est visible immédiatement... aucune excuse pour ignorer ce que je veux, pour faire une erreur. Si on me trouve inconsciente et que je ne peux rien dire, je veux que les ambulanciers sachent et acceptent d’agir selon ma volonté.»

L’ancienne secrétaire de direction ne veut pas «faire son lit et se laver» pendant encore 20 ans. Elle souffre d’arthrite, de diabète et de la maladie de Raynaud. Elle dit que plusieurs choses clochent et qu’elle n’a plus l’énergie pour pratiquer ses hobbies préférés, tels que jouer du piano et jardiner, mais qu’elle a toute sa tête. «Qu’est-ce que je vais faire si je vis jusqu’à 100 ans? Cette pensée m’horrifie. Ma belle-mère est morte à 106 ans mais il aurait mieux valu qu’elle ne vive pas les six dernières années de sa vie : elle était misérable.»

«Je suis plutôt heureuse de me réveiller le matin, mais si je ne me réveille pas je le serai tout autant. Je ne veux pas passer des heures, des mois, des années, couchée à attendre de mourir. Je ne veux pas que me famille se souvienne de moi comme d’un légume. Et mes enfants sont d’accord avec mon choix.»

Joy Tomkins dit avoir imité une infirmière, Frances Polack, qui à l’âge de 85 ans (en 2003) s’était fait tatouer ce message car elle craignait que le testament biologique qu’elle gardait sur elle ne soit pas consulté, et aussi pour éviter des problèmes à sa famille et aux médecins s’ils obéissaient à sa volonté. «Certaines personnes portent des bracelets, trimballent leur testament biologique dans leur portefeuille ou leur bourse. Mais le personnel paramédical ne s’occupe généralement pas de trouver ce genre de notes, et comme il s’agit d’une urgence, ils vont tout faire pour vous réanimer sans que vous ayez donné votre accord.» 

Le porte-parole de Compassion in Dying dit que seulement 4% de la population connaît le testament biologique et porte un avis à cet effet. Il suggère que les gens en fournissent une copie à leur famille et au médecin traitant.


Selon Mme Tomkins, porter ce tatouage résulte d’une profonde inquiétude par rapport au droit de mourir, et devrait en faciliter le respect.

Le hic :
Le Dr Anna Smajdor, professeur en éthique médicale à East Anglia's Medical School disait comprendre que Mme Tomkins souhaitait livrer un «message très clair» et couvrir «toutes les possibilités» avec son tatouage. Cependant, selon elle, le tatouage ne peut pas être utilisé comme unique moyen pour faire respecter sa volonté car il n’a pas de «valeur légale contraignante».

Dans la même veine :
Une femme originaire de la Colombie Britannique, Gillian Bennett, s’est enlevée la vie parce qu’elle ne voulait pas subir l’indignité de la démence. Elle a créé un site pour expliquer son parcours et son choix. Une femme extraordinaire, brillante, lucide, qui a pavé le chemin pour nous : http://deadatnoon.com/index.html

Résumé en français : http://situationplanetaire.blogspot.ca/2014/08/morte-midi.html

La mort choisie - Comprendre l'euthanasie et ses enjeux 
Dr François Damas   
http://www.editionsmardaga.com/mort-choisie

Le Dr François Damas à TED : un choix et un droit qui apportent apaisement et sérénité au patient et à l’entourage.



La véritable question demeure : si nous avons le droit de naître, pourquoi n’avons-nous pas le droit de mourir? (Voyez le libellé «Euthanasie»)

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