13 février 2015

Au nom de l’amour

Ce que les humains ont commis (et commettent) «au nom de l’amour» est aussi horrifiant que ce qu’ils ont commis (et commettent) «au nom de dieu».


Henri  Laborit* a formidablement décrit notre façon de nous servir de l’«amour» pour masquer des desseins qui en sont totalement dépourvus :

«Avec ce mot on explique tout, on pardonne tout, on valide tout, parce que l'on ne cherche jamais à savoir ce qu'il contient. C'est le mot de passe qui permet d'ouvrir les coeurs, les sexes, les sacristies et les communautés humaines. Il couvre d'un voile prétendument désintéressé, voire transcendant, la recherche de la dominance et le prétendu instinct de propriété. 
   C'est un mot qui ment à longueur de journée et ce mensonge est accepté, la larme à l'oeil, sans discussion, par tous les hommes. Il fournit une tunique honorable à l'assassin, à la mère de famille, au prêtre, aux militaires, aux bourreaux, aux inquisiteurs, aux hommes politiques. Celui qui oserait le mettre à nu, le dépouiller jusqu'à son slip des préjugés qui le recouvrent, n'est pas considéré comme lucide, mais comme cynique
   Il donne bonne conscience, sans gros efforts, ni gros risques, à tout l'inconscient biologique. Il déculpabilise, car pour que les groupes sociaux survivent, c'est-à-dire maintiennent leurs structures hiérarchiques, les règles de la dominance, il faut que les motivations profondes de tous les actes humains soient ignorés. 
   Leur connaissance, leur mise à nu, conduirait à la révolte des dominés, à la contestation des structures hiérarchiques. Le mot d'amour se trouve là pour motiver la soumission, pour transfigurer le principe du plaisir, l'assouvissement de la dominance.» (Éloge de la fuite) [Les passages en gras sont de mon initiative]

«Il y a des milliers d'années que périodiquement on nous parle de l'amour qui doit sauver le monde. C'est un mot qui se trouve en contradiction avec l'activité des systèmes nerveux en situation sociale. Il n'est prononcé d'ailleurs que par des dominants culpabilisés par leur bien-être et qui devinent la haine des dominés, ou par des dominés qui se sont brisé les os contre la froide indifférence des dominances. 
   Il n'existe pas d'aire cérébrale de l'amour. C'est regrettable. Il n'existe qu'un faisceau du plaisir, un faisceau de la réaction agressive ou de fuite devant la punition et la douleur et un système inhibiteur de l'action motrice quand celle-ci s'est montrée inefficace. Et l'inhibition globale de tous ces mécanismes aboutit non à l'amour mais à l'indifférence.» (Éloge de la fuite)

«Tant qu'on n'aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l'utilisent, et tant que l'on n'aura pas dit que jusqu'ici cela a toujours été pour dominer l'autre, il y a peu de chance qu'il y ait quoi que ce soit qui change.» (Mon oncle d'Amérique)

* (1914-1995) Chirurgien, neurobiologiste, éthologue et philosophe.

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Citations du jour :

«Une des conséquences positives de l'amour est la vanité. Tous les efforts qu'on fait pour attirer l'attention de l'autre et qui nous améliorent. L'amour est un chantage. Pour notre bien, parfois.» ~ Charles Dantzig 

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«L'amour est aveugle. La preuve, en le faisant il y a des gens qui braillent.»
~ Jean Yanne

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«Si l'amour rend aveugle... Le mariage redonne la vue!» (~ ?) 

Bonne Saint-Valentin... gratuite, sans nuances de gris! :-)  

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