2 février 2015

L’épouvantail à moineaux (tweets et autres)

Vraiment drôle ce cartoon (incapable de déchiffrer la signature malheureusement)

Surveillance électronique à tous crins : le paradoxe de la protection de la liberté via l’intrusion dans les données personnelles de tous les citoyens. Quelle aberration que Madame et Monsieur Tout-le-Monde soient privés de vie privée au nom de cette sacro-sainte protection.

Bien sûr, en business comme en toutes sortes de domaines publics, il est difficile désormais d’éviter internet. À la base, c’est un outil formidable – qui nous fait gagner du temps, mais aussi en perdre beaucoup, n’est-ce pas? Enfin.

Néanmoins, il est possible d’échapper à cet ogre qui bouffe tout ce que lui mettez volontairement dans la gueule. Donc, j’insiste encore une fois sur l’écriture à la main : pour les écrits importants, privés, confidentiels, optez pour la lettre manuscrite (non tapée à l’ordi, postée ou remise en main propre); même chose pour votre journal de bord. Si jamais le système flanche pour une raison ou une autre, vous ne perdrez rien. Et puis, si vous n’en voulez plus, vous pourrez les brûler : disparus sans laisser de traces! Bref, pas d’enregistrements sur votre disque dur ni sur les nuages immortels du cyberespace (n’importe qui peut rentrer dedans!). Aussi simple que ça; c’est peut-être archaïque, mais c’est sécuritaire. L’exercice pourrait rebuter les adeptes de la «selfisance» systématique.

Je comprends mieux pourquoi on insiste autant pour faire disparaître l’écriture manuscrite : impossible de surveiller, de créer des statistiques et de faire du harcèlement publicitaire avec ça.

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Les Canadiens inquiets pour la protection de leur vie privée
Au moment où on apprend que les données partagées en ligne par les internautes sont scrutées à la loupe par le Centre de la sécurité des télécommunications du Canada (CST), un nombre croissant de Canadiens se disent préoccupés de la protection de leur vie privée, selon un récent sondage. 
   Le sondage, mené en octobre et novembre 2014 pour le compte du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, révèle que neuf répondants sur 10 se préoccupent de la protection de leur vie privée, un nombre qui a nettement augmenté depuis deux ans. (Grands titres, ICI Radio Canada)

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Dans la foulée des attentats récents à Paris, le premier ministre britannique, David Cameron, a évoqué la nécessité d'interdire des applications de discussions instantanées qui utilisent la cryptographie et dont le contenu ne peut être lu par les agences de renseignements. Une déclaration qui a fait bondir autant les défenseurs de la vie privée que le monde des affaires. (La Sphère, ICI Radio Canada Première, 24 janvier 2015)

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Facebook vous connaît mieux que vos parents et amis
(...) Selon lui, la capacité des ordinateurs à emmagasiner une grande quantité de données, et à y accéder facilement en tissant des liens rapides, expliquerait en partie la victoire de la machine sur l’humain lorsque vient le temps de tailler le portrait de quelqu’un sur la base d’informations partagées. Le jugement de la machine serait également renforcé par la froideur des algorithmes, ajoute-t-il, qui, contrairement au jugement humain, n’est pas teintée par des intentions et autres biais.
   À moins que ce ne soit l’aveuglement avec lequel l’humain se raconte, sans retenue et en détail, à toutes les machines qu’il a créées, qui permettrait désormais à ces mêmes machines de faire muter bien des choses, y compris un adage en  «dis moi ce que tu aimes sur Facebook et je te dirai qui tu es vraiment». (...)
(Fabien Deglise, Le Devoir, 13 janvier 2015) 


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«Le clic est le verrou de notre prison. Ce monde virtuel est une réelle trappe à souris. Euh, non… plutôt un collant à mouches. 
   Des individus pro-liberté se décarcassent pour concevoir des outils contre l’intrusion abusive. C’est louable, et on devrait les remercier; mais c’est le combat de «David contre Goliath». Bref, on ne le dira jamais assez, pensez-y deux fois avant de partager n’importe quoi sur Internet. Effacez/videz tant que vous voudrez, c’est là pour rester – chez votre serveur et le collecteur global NSA [ou d’autres]. Extrait de :
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2013/12/la-vie-privee-un-artefact-une-relique.html

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Quelques notes de lecture surveillée tirées d’un article du Guardian, Privacy under attack, par Eben Moglen. L’auteur fait le point sur les conséquences de la surveillance électronique. Historique et procédés de A à Z (passionnant... ça dépasse l’imagination) :  
http://www.theguardian.com/technology/2014/may/27/-sp-privacy-under-attack-nsa-files-revealed-new-threats-democracy

[...] Nous sommes confrontés à deux revendications - vous les rencontrez partout - qui résument les politiques contre lesquelles nous travaillons.

Un argument dit :
"C'est sans espoir, la protection de la vie privée a disparu, pourquoi lutter?"
L'autre dit :
"Je ne fais rien de mal, pourquoi devrais-je m’en soucier?"

Ce sont en fait les plus importantes formes d'opposition auxquelles nous sommes confrontés [...].

En ce qui concerne le premier argument, la lutte pour le droit à la vie privée est loin d'être désespérée. [...] Le désespoir est justement la maladie qu’on veut que vous attrapiez, mais vous n’êtes pas obligé de l’attraper.

En ce qui concerne l'autre argument, notre réponse doit être claire : "Si nous ne faisons rien de mal, nous avons alors le droit de résister."

Si nous ne faisons rien de mal, nous avons alors le droit de faire tout ce qui est nécessaire pour maintenir l'équilibre traditionnel entre nous et le pouvoir qui est à l'écoute. Nous avons le droit d'être obscurs. Nous avons le droit de murmurer. Nous avons le droit d’utiliser des langages qu'ils ne comprennent pas. Nous avons le droit de nous réunir où, quand et de la manière qui nous plaît.
[...]
Dans ce contexte, nous devons nous rappeler que la vie privée concerne notre environnement social, non pas des transactions individuelles que nous faisons avec autrui. Quand nous décidons de livrer nos informations personnelles, nous sapons également la vie privée d'autres personnes. La vie privée est donc toujours une relation entre plusieurs personnes, non pas une transaction entre deux personnes.

Beaucoup de gens vous subtilisent de l’argent en dissimulant cette distinction. En vous offrant un service de messagerie gratuit, par exemple. En retour, ils veulent que vous les laissiez lire tout votre courrier. L’objectif déclaré est la sollicitation publicitaire. C’est juste une transaction entre deux parties. Ou alors, ils vous offrent un hébergement web gratuit pour vos communications sociales, et ensuite ils surveillent toutes les recherches de tout le monde.

C'est pratique pour eux, mais frauduleux. Si vous acceptez cette offre prétendument bilatérale, c’est-à-dire un service de messagerie qui est gratuit tant qu'il peut être lu, eh bien, tous vos correspondants sont soumis à la même contrainte. Si quelqu’un de votre famille reçoit son courrier à Gmail, Google reçoit une copie de toute la correspondance de votre famille également. Si un autre membre de votre famille reçoit son courrier à Yahoo, Yahoo reçoit une copie de toute la correspondance de votre famille aussi.

Peut-être même que ce niveau de surveillance corporative des courriels de votre famille vous semble exagéré. Mais comme les révélations de Snowdon le montraient, à la déconfiture des gouvernements et des compagnies elles-mêmes, les compagnies partagent également tout ce courrier avec le pouvoir qui l’achète, contourne des ordonnances de tribunaux ou le vole – que les compagnies aiment ça ou non.

Il en sera de même si vous décidez de vivre votre vie sociale sur un site web où le malicieux logiciel en marche surveille chacune de vos interactions sociales, garde une copie de tout ce qui est dit, et surveille aussi tout le monde qui surveille tout le monde. Si vous ajoutez de nouveaux "amis" au service, vous les attirez dans cette malicieuse inspection, les obligeant à la subir autant que vous.

C'est un problème écologique, car nos choix individuels aggravent la situation de l’ensemble du réseau. L’intérêt des compagnies de service, mais pas le nôtre, est de masquer cet aspect du problème, et de se concentrer sur le consentement. D'un point de vue juridique, l'essence d’une transaction est le consentement. Si la vie privée est transactionnelle, votre consentement à la surveillance est la seule chose qui compte pour l'espionnage commercial. Mais si la vie privée est bien comprise, le consentement n’est généralement pas pertinent, et se concentrer là-dessus est fondamentalement inapproprié.
[...]
Nous avons perdu la capacité de lire dans l’anonymat, mais cette perte nous est cachée à cause de la façon dont le web est construit. Nous avons fourni aux gens des programmes appelé "navigateurs" que chacun pouvait utiliser, mais nous avons créé des programmes appelés "serveurs web", que seuls les geeks pouvaient utiliser - très peu de gens ont lu un registre de serveur web. C'est un immense échec pour notre éducation sociale en technologie. C’est comme ne pas montrer aux enfants ce qui arrive si des voitures entrent en collision et que les gens ne portent pas de ceinture de sécurité.

Nous n'expliquons pas aux gens comment le journal du serveur web enregistre en détail l'activité des lecteurs, ni tout ce que vous pouvez apprendre sur des tas de gens, entre autres ce qu’ils lisent et et comment ils lisent. À partir des registres, vous pouvez savoir combien de temps chaque lecteur passe sur chaque page, comment il la lit, où il va ensuite, ce qu'il fait ou recherche en fonction de ce qu'il vient de lire. Si vous pouvez collecter toute cette information dans les registres, vous commencez à posséder des choses qui ne vous appartiennent pas.
[...]
Si vous avez un compte Facebook, celui-ci surveille chaque instant que vous y passez. En outre, et encore plus important, à chaque page web que vous ouvrez où il y a un bouton Facebook "j’aime", que vous cliquiez dessus ou non, un rapport de lecture sera envoyé à Facebook.

Si le journal que vous lisez chaque jour a un bouton Facebook "j’aime" ou d’autres services similaires sur ses pages, Facebook ou les autres services surveillent votre lecture : on sait quelles histoires vous lisez et combien de temps vous avez passé sur ces articles.

Chaque fois que vous tweetez une URL, Twitter raccourcit l'URL pour vous. Mais il s’organise aussi pour que quiconque clique sur l'URL soit surveillé par Twitter pendant sa lecture. Vous n'aidez pas seulement les gens à savoir ce qui se passe sur internet, mais vous aidez aussi Twitter à lire derrière l’épaule de vos lecteurs ce que vous recommandez.
[...]
Dans tous les pays du monde où il y a des élections, Google sait pour qui vous allez voter. Il façonne une couverture politique pour vous dans votre news feed personnalisé, basé sur ce que vous voulez lire, sur qui vous êtes et ce que vous aimez. Non seulement il sait pour qui vous allez voter, il vous aide à confirmer votre choix de voter de cette façon - à moins qu'un autre message n’ait été acheté par un commanditaire.

Pas de démocratie sans lecture dans l'anonymat.

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