Derrière les masques ou les marionnettes... |
Les bases fondamentales du jeu de la Vie
Je pourrais faire un livre basé uniquement sur le physique, le mental ou le moral, et même sur les trois ensemble. On en a rédigé des centaines au cours de ces dernières années, surtout en Amérique, et nul ne songe à nier leur bienfaisante action.
Faillite des systèmes mentaux
Mais ces systèmes ou ces philosophies ont le tort de séparer le spirituel du matériel, oubliant que l’homme est à cheval sur deux états de vie et qu’on n’a rien fait pour son corps tant qu’on ne s’est occupé que de son âme et qu’on n’a rien fait pour son âme tant qu’on ne s’est occupé que de son corps.
C’est vous dire que mon intention n’est pas d’ajouter deux pages de plus à l’hygiène, aux respirations, aux sports, à l’alimentation, à l’autosuggestion et autres divisions logiques. J’entends que vous trouviez ici autre chose de plus original et de plus sûr. D’autant que si vous avez, comme moi, pratiqué les divers professeurs de l’art de vivre, vous avez constaté que leur enseignement – excellent dans la vie normale et les circonstances ordinaires – est parfaitement inefficace dans les grandes détresses et les grands périls. Or ce qu’il faut à l’homme, c’est se délivrer de sa peur congénitale et acquise. Et il n’existe qu’un procédé pour ce faire, c’est celui qui m’a toujours réussi. Depuis que je l’indique comme il me fut à moi-même indiqué, toute crainte durable à disparu de ma vie comme celle de mon entourage. Je puis faire un plongeon sous la vague, mais je reviens toujours dessus.
Comment se soustraire aux sentiments d’impuissance et d’isolement
Deux choses contribuent essentiellement à alimenter la peur que vous éprouvez ainsi que tous les hommes, en présence des autres hommes, des animaux, des événements, de la pauvreté, des phénomènes de la nature, des maladies, des accidents, du mystère, de la mort.
- La première est le sentiment de votre impuissance personnelle dans l’univers.
- La seconde est le sentiment de votre isolement dans le vaste monde.
Ces deux raisons suffisent à elles seules à créer le complexe d’infériorité.
Si hardi ou téméraire que vous soyez, vous savez très bien qu’il est des forces naturelles ou sociales tellement puissantes qu’en cas de conflit brutal avec elles vous seriez nécessairement brisé. Il vous faut donc ou vous résigner à subir ces forces sans les discuter, ou composer avec elles. Dès maintenant, je vous dis qu’il existe une manière de faire alliance avec les Forces supérieures et cette alliance vous fait passer automatiquement de l’esclavage à la coopération.
En outre, le sentiment d’impuissance est dû au fait que vous vous méprenez sur votre nature véritable et que vous n’engagez la grande partie de la Vie qu’avec une fraction – et la plus faible – de vos moyens.
D’autre part, aussitôt que vous avez quitté vos parents, tuteurs naturels, ou que ceux-ci vous ont quitté, vous éprouvez une impression d’isolement et de nudité sociale. Je me rappelle avoir connu ce malaise le jour où, ayant passé l’examen du permis de conduire, sans avoir jusque-là cessé d’avoir un moniteur à mes côtés, celui-ci m’abandonna en plein Paris au volant de ma voiture. Il me sembla que je ne reviendrais jamais au garage par mes seuls moyens.
À plus forte raison si vous êtes orphelin, pupille de l’Assistance publique, ou enfant moralement abandonné, connaissez-vous depuis longtemps l’étendue de votre isolement parmi les hommes et dans l’édifice social.
Quel est le secret des hommes forts?
Considérant à quel point votre corps est friable et naturellement exposé aux mille dangers qui le menacent, confirmé dans cette opinion par les recommandations familiales et les préceptes traditionnels, vous appréhendez sans cesse pour votre intégrité physique et recourez à la moindre alerte aux hygiénistes et aux médecins. Mais ceux-ci ne sont pas plus assurés que vous et paient tribut à la peur encore plus que les hommes ordinaires.
Les chefs que vous admirez pour leur attitude publique sont souvent de pauvres gens dans l’intimité. Tel foudre de guerre, qui transporte des bombes au-dessus des populations innocentes, tremble d’effroi devant la maladie ou les fantômes qu’engendre son cerveau. Pas un grand conducteur d’hommes n’a usurpé l’autorité suprême sans être isolé parmi ses fidèles eux-mêmes et sans gémir en secret d’être seul.
Est-il surprenant, dès lors, qu’au milieu de cet effroyable déterminisme vous assigniez un rôle médiocre à votre infime personnalité?
N’en doutez pas. Voilà qui explique les doctrines et les philosophies de négation assisses sur cette hypothèse étroite : «Il n’existe de l’homme que ce que l’homme voit.» Théorie aveugle et aussi ancienne que l’homme lui-même et qui a davantage fait pour empoisonner sa vie que tous les périls matériels réunis. Conception ignorante aussi et conjecture sans issue, grâce à quoi tant d’hommes ont refusé de poursuivre leur expérience vitale jusqu’au bout.
L’humanité semble un troupeau découragé. D’une part son intelligence est assez grande pour comprendre sa propre tragédie et, d’autre part, cette intelligence est trop faible pour qu’elle puisse se transfigurer.
Et cependant, on trouve ça et là des hommes résolus, au-dedans comme au-dehors d’eux-mêmes, que la crainte ni la peur n’atteignent et qui semblent vivre sous d’autres lois. Rien de ce qui submerge le commun des mortels ne leur vient à la cheville. Sans distinction de condition sociale ni de latitude, ils sont véritablement maîtres d’eux-mêmes et ce qui paralyse autrui les laisse clairvoyants et forts.
Pourquoi? Où ces hommes puisent-ils leur résolution, leur clairvoyance et leur force? Qu’ont-ils de plus que les autres? De quelle matière spéciale sont-ils faits?
Les «au-delà» de vous-même
L’être humain, bien loin d’être borné à son corps visible, s’étend considérablement dans l’invisible. Même matériellement, il existe une grande et agissante partie de lui qui ne peut être explorée par vos cinq sens. Nul esprit éclairé ne conteste plus aujourd’hui les prolongements fluidiques et magnétiques de l’homme. Chacun de nous est entouré d’une zone humaine invisible, inaudible, impalpable et inodore qui se déplace avec lui. L’étendue de cette zone extrasensorielle varie avec chaque individu et selon sa faculté de rayonnement qui peut être grande ou petite.
Vous-même n’êtes pas sans avoir perçu, par d’autres moyens que par vos sens, ce domaine d’autrui qui se mêle au vôtre, sous forme de sympathie ou d’antipathie, d’euphorie ou de malaise, de chaud ou de froid.
Eh bien! dites-vous que l’homme ne s’arrête même pas à ces prolongements subtils de la matière et qu’il s’agrandit et se continue dans les territoires encore plus subtils de l’Esprit. Y a-t-il une ligne de démarcation dans cette invisibilité? Je ne le crois pas ou, du moins, cela échappe à notre connaissance. Mais, ce qui est certain, c’est que les échelons mortels de l’homme nous amènent, de degré en degré, au voisinage de l’immortalité.
Est-ce à dire que nous pourrions être immortels? N’en doutez pas car vous l’êtes. Non pas au moyen de votre partie physique, dont on sait la désorganisation cellulaire dans le tombeau, mais au moyen de la partie invisible et la plus spirituelle de vous-même qui ne comporte pas d’atome et que les vicissitudes nucléaires n’affectent point.
Cet état pur de l’humain a été présenté de tous les temps sous le nom d’âme, de souffle. Psyché n’est autre que l’esprit pur. Mais cette conception a été tellement adultérée par les philosophies et les théologies qu’un grand désarroi s’est manifesté dans la conscience humaine, jusqu’au jour où la pensée, guérissant comme l’épée antique les blessures qu’elle avait faites, aveugla la voie d’eau du scepticisme dans les bordages de la Foi.
Quand j’ai écrit en collaboration et sous la poussée de l’Esprit, La Clé, suivie bientôt de mes autres livres, j’avais pour but essentiel de montrer clairement à chaque homme son propre chemin en lui.
Le Je immortel et le Moi mortel
De là naquit la proposition du Je, ou partie immortelle de l’homme, opposée au Moi, sa partie de mortalité. Dès lors, il apparaissait que l’inégalité des conditions, véritable problème social des créatures humaines, n’affecte en rien votre individualité (le Je) mais uniquement votre personnalité (le Moi).
C’est ce qui explique que, personnellement, vous pouvez être roi, forgeron, grande dame, balayeuse, milliardaire ou mendiant car vos Moi apparents sont différents. Et cependant votre construction intérieure est identique et il y a similitude absolue entre la réalité de vos Je.
Si vous réfléchissez un instant à l’égalisation complète qui résulte de la mort, du point de vue de la personnalité et de l’apparence, vous ne manquerez pas de reconnaître tout ce que le Moi a de précaire, de provisoire, d’inexistant. C’est cependant avec ce décor visible que votre existence terrestre doit être vécue. Tenons-en donc un compte exact, mais sans exagérer son crédit.
Qui que vous soyez et dans quelque condition que le sort charnel vous ait fait naître, vous avez en vous l’étincelle divine parfaitement égale à celle de tous. Votre rôle est de faire évoluer votre personnalité de telle manière qu’elle cesse de masquer votre individualité, car le dégagement de votre Je est le thème essentiel de votre vie. Plus votre personnalité sera puissante, donc égoïste, plus votre individualité désintéressée sera impuissante à sortir de son écorce de matérialité.
Dans le territoire du Je, l’inégalité humaine n’existe pas.
Le Je est la carte maîtresse du jeu
Mais, dès votre naissance, votre lot immortel est égal à tous les autres lots. Votre Moi peut se trouver dans une triste condition; votre Je n’a rien de supérieur au Je d’un autre homme. Égaux donc vous serez à l’arrivée, égaux donc vous êtes au départ.
Or non seulement le fait d’avoir un Moi défavorisé, c’est-à-dire inférieur en apparence au Moi de certains autres (sous le rapport des biens, de l’intelligence, de la beauté, de la santé, etc.) non seulement, dis-je, cette infériorité apparente ne diminue pas vos chances, mais encore elle les accroît. Cela ne vous semble pas d’abord évident parce que vous êtes un myope de la vie. Mais quand vous aurez pratiqué le jeu un certain temps, tout cela s’éclairera pour vous.
(…) Le jeu consiste à utiliser le Je dans la partie merveilleuse de la Vie car le Je est réellement la carte maîtresse du jeu.
(…) La pensée humaine n’accède au territoire de l’Esprit qu’après décantation du mental. La manière de raisonner puis d’agir ne participe en rien de la pure logique, telle du moins que le cerveau étroit des hommes la conçoit. Il est donc indispensable que, la première période d’étonnement passée, vous admettiez l’invraisemblable comme vrai et le vrai comme invraisemblable. Car vous êtes présentement victime d’une hallucination collective qui ne vous montre pas l’univers comme il est.
Vos possibilités sont sans limites
Pour résumer, je vous répète qu’il est au fond de vous une partie – la plus importante de vous-même – qui possède des pouvoirs étendus et traite à égalité avec les autres puissances des l’Univers. Vous êtes donc virtuellement puissant et doté de moyens d’action incroyables sur le monde et sur vous-même (1).
Mais vous n’en savez rien! Votre conception de vos moyens se borne à la constatation superficielle que font votre œil, votre oreille, votre nez, votre langue, votre main d’un domaine physique limité. Vous êtes, mais à une échelle infiniment supérieure, comparable au cheval inconscient de sa force et qui se laisse mener par un enfant. Là aussi, c’est l’esprit qui meut le corps. Et que pèse la masse charnelle auprès de lui?
Vos possibilités sont sans limites et n’avez d’elles qu’un concept extrêmement limité. Ce n’est ni la grosseur des muscles, ni la présence de gardes du palais, ni la possession d’un yacht, d’une forêt ou d’une usine, ni la beauté du visage, ni rien de ce qui pèse ou se voit, qui participe au gouvernement des choses cachées. Il y a de grands pauvres parmi les riches de ce monde et de grands démunis parmi les puissants du jour.
Le sens de la puissance est faussé chez les hommes de ce temps, car ils la mesurent avec une aune défectueuse. Si vous pouviez pénétrer, ne fut-ce qu’une journée, dans la conscience d’un «puissant» de ce monde, vous seriez effrayé de ce qui s’y trouve de faiblesse et de puérilité.
«Il n’y a pas, a-t-on dit, de grand homme pour son valet de chambre.» Il existe cependant des hommes réellement grands, mais ceux-là n’ont point de valet.
Georges Barbarin
LES CLÉS DE L’ABONDANCE
Le jeu passionnant de la vie
Suivent : Délivrez-vous de vos chaînes, Le Protecteur invisible, L’union avec le Divin, etc.
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(1) Barbarin ne réfère jamais à ce pouvoir comme à une force servant à acquérir la prospérité sur le dos d’autrui, bien sûr…
Un livre très enrichissant… une invitation à brancher le petit moi sur plus grand que lui.
Résumé de quatrième :
La véritable abondance dont il est ici question n’est pas limitée à la vie superficielle, au monde purement matériel ou aux sensations factices. Ce n’est pas le règne de la «grande quantité», mais celui de la «grande qualité», celui de la véritable plénitude de l’être sur tous les plans :
- Biens matériels, bien sûr, mais seulement en suffisance et non en excès.
- Sentiments sincères et profonds d’amour, de joie, d’enthousiasme, de contentement…
- Paix et sérénité du cœur, de l’esprit et de l’âme.
- Qualités humaines développées : intelligence, courage, désintéressement, persévérance, initiative, altruisme…
L’abondance est partout et indépendante du monde matériel : on la porte en soi. Les moyens pour y accéder sont simples : ce sont essentiellement une ouverture d’esprit aux autres, au monde et au Créateur, une confiance sincère et inébranlable. La vie est un jeu passionnant dont vous devez apprendre les règles. La partie se joue non contre un adversaire, mais avec le grand Partenaire Invisible à l’origine de toutes choses. Cette union parfaite avec le Divin constitue le but de la partie dont l’enjeu n’est autre que votre épanouissement total, c’est-à-dire votre joie de vivre, votre satisfaction intérieure, votre abondance sur tous les plans.
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