16 octobre 2010

Le passé

L’une des héroïnes de Charles Dickens, Miss Havisham, avait été rejetée par son fiancé. Afin de se rappeler toute sa vie qu’il l’avait abandonnée devant l’hôtel le jour du mariage, elle conservait le festin de noces sur une table de banquet, exactement comme à l’époque. Bien qu’il fût poussiéreux et moisi, elle le regardait régulièrement avec regret et ressentiment.



Peintre: James Ensor

Si nous investissons dans la rancune, nous garderons nos «vieilles blessures» pour nous rappeler les injustices vécues. Ces souffrances peuvent se perpétuer à travers des maux physiques, des maladies ou des souffrances émotionnelles. Il suffit d’un objet (un bijou, une photo, une lettre) ou d’une personne pour conserver le souvenir de la relation douloureuse. Dans tous les cas, nous poursuivons un but : entretenir la douleur bien vivante, en nous concentrant sur notre perception d’être une victime.

Du point de vue de l’Esprit en nous qui adore être libre et heureux, les «vieilles blessures» n’ont aucun sens. La voie de la peur nous pousse à nous accrocher à n’importe quel souvenir ou symbole qui prouve que nous avons été déshonorés. La voie de l’amour, au contraire, se souvient des moments d’amour et de bien-être qu’une relation a pu nous apporter.

Conservez-vous les restants moisis du festin de noces sur votre table de banquet? En réalité, vous ne conservez pas littéralement ce genre de festin, mais vous faites peut-être beaucoup de millage en compagnie de vos vieilles blessures. Peut-être avez-vous raconté votre histoire des milliers de fois, dans l’espoir de justifier votre attitude de victime. Mais avec chaque pelletée de ressentiment que vous lancez à l’autre, vous creusez votre propre tombe. Nous perdons lorsque nous nous accrochons à nos vieilles blessures.

Valorisons plutôt les bénéfices reçus. Débarrassons-nous du banquet poussiéreux et invitons plutôt quelqu’un de merveilleux à un nouveau banquet.

     Par Alan Cohen

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«Bien que mes ennemis, la haine, l'attachement et ainsi de suite, n'aient ni armes ni bras ni jambes, ils me font quand même du mal, me torturent et me traitent comme un esclave.»
Shantideva

«Ce que nous appelons angoisse est toujours en relation avec un passé qui n’est plus et un futur qui n’est pas encore.»
Karlfried Graf Dürckheim

 «Se pencher sur son passé, c’est risquer de tomber dans l’oubli.»
Coluche

«La seule réaction appropriée vis-à-vis autrui est la gratitude.»
Course in Miracles

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