Hong
Kong, un territoire semi-autonome contrôlé par Pékin, est l'une des villes les
plus riches du monde, un centre financier rempli de gratte-ciel, de boutiques
de luxe et de magnats milliardaires. C’est le coffre-fort de la nouvelle classe
de parvenus. On a commencé à autoriser les employés de maison étrangers à
travailler sur le territoire dans les années 1970 pour compenser une pénurie de
personnel local. En 2016, Hong Kong compte plus de 300 000 travailleurs
domestiques migrants, dont beaucoup viennent d'Indonésie ou des Philippines. À
Hong Kong, comme partout en République populaire de Chine, on bafoue les
libertés fondamentales et les droits de la personne, à bras raccourci.
Le documentaire «Les petites bonnes asiatiques, invisibles esclaves modernes» confirme
les déplorables comportements violents et cruels des employeurs. Ces femmes
sont de la main-d’oeuvre échangeable / jetable. Les Philippines sont le
deuxième plus grand pourvoyeur de main-d’œuvre dans le monde; plus de 2000 femmes
quittent leur pays à chaque jour, en quête de travail à l’étranger. Une femme réfugiée
au centre Bethune raconte que son employeur lui avait mordu le visage et les
bras, elles sont parfois brûlées au fer à repasser. Certaines femmes se
suicident pour échapper aux violences, d’autres sont parfois injustement
exécutées pour des fautes qui dans une société civile «normale» ne sont pas des
crimes.
Un broker hongkongais (un genre de «M.
Shipping») fait ses provisions de domestiques «corvéables à merci» tous les mois
à Manille. Évidemment les Chinois ne sont pas les seuls à profiter de ce commerce
ignoble, mais comme ils visent toujours le top dans tout, ils pourraient se
mériter une couple de médailles, ex aequo
avec les Saoudiens...
Pourquoi toute
cette méchanceté, toute cette haine?
C’est
carrément du délire psychotique.
Les petites bonnes asiatiques, invisibles
esclaves modernes
En Asie
et au Moyen-Orient, des millions de domestiques provenant de l’étranger sont
victimes d’un système esclavagiste bien établi. Elles travaillent dans des
conditions inhumaines où les violences psychologiques, physiques et sexuelles
faites par leurs employeurs sont courantes.
Dans les training centers à Manille,
capitale des Philippines, des sociétés spécialisées dans le recrutement de
domestiques forment des femmes qui devront être capables de se plier à toutes
les exigences de leur futur employeur. Une fois embauchées, elles subissent
très souvent des abus verbaux, physiques et sexuels. En Asie et au
Moyen-Orient, dans l'intimité de familles impunies, plus de quinze millions de domestiques sont victimes d'un véritable
esclavage.
Production : Tournez S'il Vous Plaît, France 2016, durée : 44 min
Réalisateur(s)
: Alexandra Jousset et Gratiane de Moustier
Journaliste(s)
: Magali Serre-Mc Cormick, Klara Wyrzykowska, Anne Julie Martin
Dans le quotidien infernal des employées de
maison étrangères à Hong Kong
Enfermées dans des gratte-ciel, nombreuses
sont celles qui ont dénoncé les exploitations et les abus de leurs patrons.
Mais la peur de perdre leur visa rend leur démarche délicate.
La PLU (Progressive Labor Union of Domestic Workers) et d'autres organisations ont fait les gros titres en donnant la parole à des femmes agressées par leurs patrons. L'association a fait campagne contre les lois obligeant les employés de maison étrangers à dormir chez leurs employeurs.
Ce
jour-là, lorsque Nicole (nom modifié) a terminé le travail dans un des
gratte-ciel tape-à-l'œil de Hong Kong, elle avait des traces ensanglantées de
griffures dans le dos. Elle a décidé que cette fois-ci était la fois de trop :
elle ne retournerait pas travailler. Elle avait déjà dû supporter des claques
sur le visage, les hurlements perçants de sa patronne qui la traitait de
«dégueulasse» et de «débile», ainsi que des mois d'insomnie. D'habitude, elle
priait et pensait : «Aidez-moi, Dieu, donnez-moi la force de supporter tout
cela.» Mais ce jour-là a été le pire de sa vie.
Quelques minutes plus tôt, Nicole préparait
le repas pour la famille qui l'embauche, comme elle le fait depuis un an
maintenant. Sa patronne – une mère au foyer de deux enfants qui passe son temps
à surveiller son employée – l'a alors accusée de cuisiner avec de l'eau sale.
Nicole explique que, sans crier gare, sa patronne l'a agressée : elle l'a fait
tomber par terre avant de la traîner par un bras jusqu'à la porte d'entrée et
de la jeter hors de l'appartement. [...]
Grace Estrada raconte que ses premiers
employeurs l'obligeaient à se lever toutes les deux heures la nuit pour
vérifier que leur enfant ait toujours de l'eau dans son verre. Avec deux autres
membres de PLU, elle relate différents témoignages d'abus qui leur sont
parvenus : une femme était forcée de coucher sur un sèche-linge que son
employeur allumait la nuit, la chaleur et les vibrations l'empêchant de dormir;
une autre a raconté que son employeur passait les journées chez lui à regarder
du porno en caleçon pendant qu'elle travaillait; une autre a dû dormir sur un
rebord de fenêtre. Toutes ces femmes ont souhaité rester anonymes et les
archives des plaintes déposées sont protégées par le décret de protection des
données personnelles. [...]
Suite :
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Des employés de maison maltraitées à Hong
Kong
Couverte
d’hématomes sur l’ensemble du corps, Erwiana Sulistyaningshih, est rentrée dans
son pays d’origine, l’Indonésie, le 10 janvier 2014. Employée comme domestique
à Hong Kong, elle a subi maltraitance et torture par sa patronne, femme de 44
ans, condamnée à 6 ans de prison. Une réalité portée publique, mais bien trop
souvent cachée de femmes «bonnes à tout faire» souffrant dans l’ombre.
Face au
manque d’emploi, les exilées, le plus souvent des femmes diplômées, prisent
l’ancienne colonie britannique pour son libéralisme, ses nombreuses agences de
placement dans des familles, et ses salaires élevés (environ 400€ par mois,
soit plus que dans leur pays natal). Pour ces raisons, elles quittent mari et
enfants et se sacrifient en travaillant d’arrache-pied pour assurer à distance
un meilleur avenir à leur famille, en envoyant un peu de leur argent amassé.
Cependant, leur espoir d’une meilleure vie
tourne rapidement au cauchemar. Une fois sur place, elles désenchantent.
Privées de leur papier d’identité, sous-alimentées, contraintes à ne dormir que
quelques heures par nuit sur une latte de bois, et ne devant pas compter leurs
heures, leur seul moment de liberté est leur jour de repos le dimanche. [...]
Certains dimanches sont plus militants. Les
femmes brandissent alors insignes et panneaux pour faire valoir leurs droits. Violentées
et réduites au rang d’esclave, très peu n’osent porter plainte. Les militants
des droits de l’Homme ont d’ors et déjà essayé maintes fois d’alerter le gouvernement
sur ces abus, mais la seule réponse obtenue a été la passivité et la non prise
en compte de ces femmes, qui réclament plus de droits et leur intégration dans
la société. [...]
Source :
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Écœurement, révolte, impuissance, voilà ce
que l’on ressent face au quotidien des Petites
bonnes asiatiques...
Dans un «centre
de formation» aux Philippines, on apprend à des jeunes femmes pauvres à «ne pas
répondre», à «faire tout ce que dit le maître» et à «s’excuser», même
d’exister. Leur but est de partir et se faire engager à Hong Kong, Dubai ou au
Liban, pour gagner des sous pour leur famille. Le gouvernement encourage ce
trafic d’êtres humains : c’est une façon de lutter contre le chômage et de
renflouer l’économie du pays. Tant pis pour elles.
Le maquignon les rencontre, élimine les
fortes têtes et les tailles fortes, et livre les autres à ses clientes, sur
catalogue. Visions abjectes. On photographie ces femmes mains en avant, pour
prouver qu’elles ont leurs dix doigts. Mais aucun droit. À Hong Kong comme ailleurs,
leur passeport est confisqué par les patrons dès l’arrivée, leur salaire
utilisé pour rembourser des «frais» de l’agence d’intérim. Elles bossent de 7 à
22 h. Elles dorment dans des chambres minuscules, sont interdites de sortie,
couvertes de bleus, voire handicapées à vie, à la suite de mauvais traitements.
Les tribunaux ne condamnent pas les employeurs violents. Un musicien américain*
a un jour décidé de prendre fait et cause pour ces filles que personne ne
défend. Tout seul, il guide les victimes, collecte des fonds, paie leurs
soins...
* Le
producteur de musique californien Karl Frederick Anderson, grâce aux réseaux sociaux,
peut s’occuper de 5 à 6 nouveaux cas par semaine en Arabie saoudite, à Dubai ou
au Koweit. Sans jamais avoir mis les pieds en Arabie saoudite ou aux
Philippines, il a pu aider plus de 150 femmes. Il a été étonné de constater que
les plus grandes organisations et programmes d’aide liés à la protection des
droits de la personne refusent d’intervenir dans les cas individuels. Chaque
femme sauvée le motive à poursuivre son singulier combat.
«C'est de l'esclavage, dit Anderson. Chaque
jour, je vois le visage de l'esclavage. Il y a une femme qui a été forcée de
manger les selles d'un enfant dans sa couche parce qu'elle ne l'avait pas changée
assez rapidement. Une femme n'avait le droit de manger que la nourriture que sa
famille de parrainage laissait dans son assiette. Elles sont traitées comme des
chiens.»
«Pour mettre fin à ce cycle de violences et d’oppression, il faudrait que le gouvernement philippin cessent d’envoyer des travailleurs domestiques à l’étranger. Je crois que c’est culturel : les employeurs croient que les bonnes sont leur propriété et qu’ils ont le droit de leur faire n’importe quoi. En 2016, 2,2 millions de travailleurs philippins ont été envoyés dans des pays asiatiques et en Arabie saoudite.» (Karl Anderson)
Source :
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CISO Centre international de solidarité
ouvrière
Au Canada, depuis le milieu des années 50, les
travailleuses domestiques, en grande majorité des personnes racisées provenant
de l’immigration, ont marqué le développement économique du pays, sans jamais
bénéficier de la reconnaissance qui leur était
due, leur travail demeurant le plus souvent invisible et peu valorisé
socialement. Les politiques à leur égard ont le plus souvent visé à exploiter leur
force de travail et non à défendre leurs droits humains. Aujourd’hui, on
dénombre environ 25 000 de ces travailleuses au Québec et 150 000 au Canada.
Ces femmes sont vulnérables à l’exploitation, à la discrimination raciale, au
harcèlement sexuel et psychologique, aux violences, aux viols, bref, à
l’esclavage moderne.
Actuellement, seulement 25 États ont ratifié
la Convention. En rejoignant ces États, le Canada pourrait assumer un rôle en
faveur de la défense des droits des travailleuses domestiques et plus
largement, des travailleuses migrantes. De plus, cette ratification inciterait
d’autres États à ratifier la Convention C-189 (de l’OIT) et à adopter des
normes contraignantes en faveur des droits et de la sécurité de ces
travailleuses.
Source :
Où travaillent les domestiques?
Dans le
monde, Organisation internationale du travail (OIT) estime qu’il y a entre 67 et 100 millions de travailleuses
domestiques, dont 15,5 millions
d’enfants et une très grande majorité de filles et de femmes. Elles doivent
dans plusieurs cas faire face au racisme, à l’esclavage, aux violences
physiques et sexuelles et à de graves atteintes à leurs droits et en
particulier leur droit de se déplacer librement.
Les travailleurs domestiques représentent une part importante de la main-d’œuvre mondiale du secteur informel, et figurent parmi les catégories de travailleurs les plus vulnérables. Ils travaillent pour des ménages de particuliers, souvent sans véritable contrat de travail, sans être déclarés, exclus du champ de la législation du travail. Leur nombre ne cesse d’augmenter dans les pays développés et en développement. Bien qu’un nombre conséquent d’hommes travaillent dans le secteur – souvent comme jardiniers, chauffeurs ou majordomes – le travail domestique demeure extrêmement féminisé : 80 pour cent des travailleurs domestiques sont des femmes. [...]
Source :
Centenaire
de l’OIT – 1919-2019
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