Par analogie, la terre me fait penser à un malade atteint d’un cancer en phase 3 ou 4 ayant subi plusieurs radio/chimiothérapies. Comme son état s’aggrave sans cesse, l’oncologue lui propose une toute nouvelle chimiothérapie plus agressive. Le patient accepte sans réfléchir en se disant qu’il n’a rien à perdre; mais il en crève.
Ainsi, réduire notre dépendance aux énergies
fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel) pour augmenter notre dépendance aux
métaux rares (utilisées dans l’industrie high-tech – batteries de voitures
électriques, panneaux solaires, éoliennes...), c’est ajouter un mal (saccage) supplémentaire,
puisque l’extraction et le raffinage de ces ressources est tout aussi
catastrophique.
En outre, notre dépendance à la haute technologie, tout comme notre dépendance à l’hydroélectricité (maintenant gérée électroniquement), nous rend vulnérables à des «mini fins du monde» comme la crise du verglas en 1998 ou à un système de paye informatisé défaillant comme Phénix (gouvernement fédéral).
Qu’arrivera-t-il
si le compteur intelligent dérape? si le cyber système
global plante? si l’on est prisonnier d’un building intelligent?
Qu’avons-nous besoin d’un frigo qui
nous signale qu’il n’y a plus bières, d’un chien robot pour la câlinothérapie, d’un gadget pour compter
nos pas ou les calories d’un sandwich, de sexbots
(robots sexuels) ou de robots psychologues en ligne? Pf!
Certaines découvertes scientifiques auraient
pu être bénéfiques pour l’humanité. Cependant, la plupart de leurs applications
sont devenues des pièges mortels qui auraient dû rester sur les tablettes. L’univers
de la robotisation, de l’intelligence artificielle et de la nanotechnologie en
fait partie. Plusieurs applications ont certes fait progresser
l’intercommunication, mais la plupart mériteraient d’être démolies au
marteau-compresseur.
Toutes sortes de
robots (de la taille des moustiques ou des satellites) nous bombardent de
fréquences perturbatrices jour et nuit contrôlent nos vies de façon insidieuse
et absurde. Bien des gens sont dépendants au point de ne
plus utiliser leur propre mémoire et intelligence, au risque d’être frappés
d’Alzheimer bien avant l’échéance probable. Un journaliste disait que son fils
préfèrerait se faire amputer un bras plutôt que de renoncer à son iPad ou à son
smartphone! On prétend que toutes
ces choses sont sans effets sur le corps physique, mais la chaine des
répercussions à tous les niveaux reste inconnue.
Comme le dit Daniel H. Wilson dans
son livre ‘Survivre à une invasion Robot’ : «Que ferez-vous pour réprimer une mutinerie de robots? Le jour de la
révolte des robots, la guerre sera totale. Elle verra l’affrontement des deux
plus grandes espèces intelligentes de la planète.» Le robot entend votre
cœur battre à travers le béton, dit Wilson : «Dans l’espace, personne ne vous entendra crier... sauf les robots. Les
vibrations constituent le seul type de son décelable dans le vide. Les capteurs
sismiques peuvent détecter un tremblement de terre de l’autre côté du globe,
mais on peut les régler pour repérer un bruit de pas tout proche. Les robots
les plus dangereux nous surveillent toujours. Ils nous écoutent. Ils nous
voient. Et restent dans l’ombre.» [Data
mining]
Un livre instructif et accessible aux nuls
en nano-cyber technologies classé dans la catégorie science-fiction et humour. Par
delà l’humour délirant, on entend une sonnette d’alarme différente des bips et
alertes sonores qui font désormais partie de notre quotidien. La prémisse est
simple : comment faudrait-il réagir scientifiquement à une catastrophe
technologique où les robots représentent une menace pour les humains? L’auteur
propose des astuces pour détromper la reconnaissance faciale, vocale et
gestuelle, fuir des essaims de mouches électroniques, désactiver un robot
domestique récalcitrant, soigner une blessure au laser, s’échapper d’une maison
intelligente, etc.; il couvre tous les scénarios possibles qui menacent
l’homme.
Réf. :
Survivre à une invasion robot Ils
arrivent. Soyez prêts. Calmann-Lévy, Orbit, 2012
Bref, sans retourner à l’âge des cavernes, si nous
ne modifions pas notre style de vie, si nous ne lâchons pas notre surconsommation
de gadgets techno, eh bien, nous foncerons dans le mur à haute vitesse... peut-être
pas dans la joie et la bonne humeur cependant.
Une
révolution technologique loin d’être verte
ICI Radio-Canada Première | Le samedi 24 février 2018
Entrevue avec Guillaume
Pitron
Par Matthieu Dugal
L'utilisation
de métaux rares dans les appareils électroniques présente beaucoup d'avantages,
mais a aussi des conséquences importantes sur l'environnement.
Photo : iStock / D-Keine
Quand il a commencé son enquête sur les
conséquences de l'utilisation des métaux rares dans les appareils
électroniques, le journaliste Guillaume Pitron savait qu'il s'apprêtait à
déterrer un squelette que certains industriels préfèrent faire oublier. Six ans
plus tard, il brosse un tableau très sombre de l'avenir écologique et
géopolitique de la planète dans un livre intitulé La guerre des métaux rares –
La face cachée de la transition énergétique et numérique, dont il a accepté
de discuter au micro de La sphère.
Omniprésents
dans les appareils qui nous entourent, les métaux rares sont essentiels pour
faire fonctionner ordinateurs, téléphones intelligents, tablettes et autres
outils technologiques dont la planète est de plus en plus friande.
«Il y en
a une trentaine [de métaux rares], explique M. Pitron, qui écrit pour le Monde
diplomatique et National Geographic. Par opposition aux métaux abondants que
nous connaissons tous comme le fer, l’aluminium et le zinc, ces métaux sont
rares, et ils sont mélangés dans la croûte terrestre avec les métaux abondants,
mais dans des proportions infiniment moindres.»
C’est
notamment grâce aux propriétés électrochimiques des métaux rares que de
nombreux appareils comme les téléphones ont pu être miniaturisés au cours des
dernières décennies.
Un enjeu
écologique mondial
La raison pour laquelle Guillaume Pitron a voulu
attirer l’attention du grand public sur les métaux rares est que l’extraction
de ceux-ci a des conséquences écologiques importantes.
«Ils sont
tellement rares dans la croûte terrestre que pour en récolter quelques grammes
ou quelques kilos, il faut extraire de la terre des quantités phénoménales de
roche, explique M. Pitron. Il faut donc extraire la roche du sol, puis opérer
un processus de raffinage à l’aide de produits solvants pour obtenir un métal pur
à 100%. Pour y arriver, il faut des quantités astronomiques d’énergie, d’eau et
de produits chimiques.»
Les métaux rares sont-ils le nouveau pétrole?
Les
sources de métaux rares sont même en voie de devenir un enjeu géopolitique
comparable au pétrole; un enjeu qui pourrait mener à des guerres, indique
Guillaume Pitron. La Chine, qui contrôle une grande partie du marché des terres
rares (une sous-catégorie des métaux rares particulièrement convoitée), est sur
le radar de bien des industriels et gouvernements étrangers qui aimeraient
mettre la main sur ces ressources.
Mais des
solutions existent non seulement pour éviter que la situation ne s’envenime,
mais pour réduire les conséquences néfastes de l’exploitation des métaux rares,
souligne M. Pitron.
«Il
suffirait de garder nos téléphones un peu plus longtemps, indique-t-il. Il
faudrait systématiquement tout recycler et lutter contre l’obsolescence
programmée des produits. Il y a plein de solutions qui existent pour que tous
les effets pervers de cette transition technologique puissent être corrigés le
plus vite possible.»
Pour écouter l’interview :
Guillaume Pitron parle entre autres de Dalahai (un des villages du cancer) situé en Mongolie
intérieure dans la région de Baotou, la capitale mondiale des terres rares. Les
zones d’extraction et de raffinage présentent des paysages dévastés avec des lacs
de rejets toxiques absolument gigantesques. Les boues noires sont gavées de
résidus chimiques, incluant le thorium qui produit des gaz radioactifs. «La
situation est absolument déplorable autour de cette zone où les gens meurent à
petit feu, notamment de cancer. La Chine est devenue la maitresse du marché,
d’une ribambelle de métaux rares, dont les plus stratégiques d’entre eux, les
terres rares, qu’elle détient à 95%. Et c’est là que tout devient hyper
géopolitique. Je suis complètement revenu de cette révolution verte lorsque
j’ai commencé à mettre mon nez dans les métaux rares. J’ai pu constater le
décalage total entre le discours et la réalité. Le discours des industriels est
un discours de marketing. Un discours qui veut vendre toujours plus de
technologies, et qui a intérêt à passer sous silence la face noire de cette
transition énergétique que sont ces métaux rares.»
~~~
Philippe Bihouix faisait le même constat en 2010 dans un ouvrage intitulé
Quel futur
pour les métaux?
Raréfaction des métaux : un nouveau défi pour la société
Raréfaction des métaux : un nouveau défi pour la société
Résumé :
Les métaux, ressources minérales naturelles non renouvelables, sont à la base de
notre civilisation industrielle. Moins médiatique que te changement climatique
ou les enjeux énergétiques, leur raréfaction sera pourtant un des défis majeurs
du 21e siècle : notre modèle de développement, qui repose sur la croissance
économique et un accroissement continu du prélèvement des ressources, se heurte
à la finitude de la planète.
C'est ce
thème qu'a choisi de traiter un groupe d'ingénieurs de l'association des
centraliens sous la direction de Philippe Bihouix et Benoît de Guillebon. À
l'issue d'une analyse approfondie et documentée, prenant en compte les enjeux
techniques, économiques, sociaux et environnementaux de la raréfaction des
métaux, les auteurs mettent à mal les mythes de l'abondance, de la croissance
verte et d'une technologie forcément salvatrice. Ils posent aussi les limites
d'une économie circulaire fondée sur le recyclage généralisé. Écrit dans un
langage accessible à tous, composé d'un texte principal complété d'une
trentaine d'études couvrant des secteurs d'activité, métaux et thèmes
transversaux, cet ouvrage est conçu pour répondre aux questions de tous ceux
qui veulent comprendre le futur des métaux.
Philippe Bihouix (Directeur de publication) / Benoît
de Guillebon (Directeur de publication); Association des anciens élèves de
l'École centrale des arts et manufactures (Éditeur scientifique); ISBN :
2759805492, Éditeur : EDP Sciences (25/11/2010)
Philippe Bihouix est ingénieur. De formation
généraliste, il a travaillé comme ingénieur travaux dans le bâtiment, puis
comme ingénieur conseil dans de nombreux secteurs industriels (énergie, chimie,
transports, télécommunications, aéronautique...) pendant près de dix ans. Il
s’est également engagé un an comme chef de mission dans une ONG humanitaire en
République Démocratique du Congo et en Angola. Il travaille actuellement dans
le fret ferroviaire. Spécialiste de la finitude des ressources minières et de
son étroite interaction avec la question énergétique.
INTERVIEW
Philippe
Bihouix : les low-tech sont la solution pour un futur soutenable
Par Matthieu Maurer | Le 16 septembre 2017
Et si la solution pour vaincre la crise climatique
était de privilégier les technologies simples plutôt que les hautes
technologies? C'est la thèse que défend Philippe Bihouix, ingénieur spécialiste
du low-tech.
Selon
l'ingénieur Philippe Bihouix, auteur de L'Âge
des low-tech, nous serions en train de commettre une grave erreur :
persuadé-es que les hautes technologies, comme le numérique ou la robotique,
soient la solution magique pour lutter contre la crise climatique, nous avons
tendance à négliger leur impact sur notre environnement et nos ressources. Ce
spécialiste des métaux et ressources naturelles nous incite donc à passer au
low-tech pour envisager un futur soutenable.
Le Low-Tech concrètement, qu'est-ce que
c'est?
J'ai l'habitude de résumer la démarche low-tech en
trois questions : pourquoi est-ce que je produis? Qu'est-ce-que je produis?
Comment est-ce-que je produis?
La
première question c'est celle de la
sobriété : nous faisons un gaspillage énorme de nourriture, d'énergie, de
ressources. Il faut changer nos habitudes, réparer au lieu de jeter, faire
durer nos objets, apprendre à accommoder les restes, délaisser sa voiture au
profit du vélo pour les petits usages quotidiens...
La
deuxième question est celle de
l'éco-conception. Aujourd'hui, il devient impératif de produire des objets
les plus simples possibles, contenant beaucoup moins d'électronique, à
l'inverse de la mode actuelle qui consiste à les enrichir en fonctionnalités,
comme dans les voitures, l'électroménager, les objets connectés. Avons-nous
vraiment besoin de rétroviseurs motorisés ou de chaussures d'enfant qui
clignotent?
Enfin, il est nécessaire de réfléchir à la place du travail humain dans le processus de production. L'automatisation et de la robotisation ont certes été un progrès, augmentant la productivité et réduisant la pénibilité du travail. Mais remplacer le travail humain par des machines, consommant ressources et énergie, a un impact environnemental considérable.
Enfin, il est nécessaire de réfléchir à la place du travail humain dans le processus de production. L'automatisation et de la robotisation ont certes été un progrès, augmentant la productivité et réduisant la pénibilité du travail. Mais remplacer le travail humain par des machines, consommant ressources et énergie, a un impact environnemental considérable.
Il faut
changer notre façon de penser par rapport au 19e siècle, quand on considérait
que les ressources étaient gratuites!
Comment peut-on concilier innovation et
low-tech? Est-ce que cela signifie forcément retour à l'âge de pierre?
Au contraire! Les low tech nécessitent aussi
beaucoup de connaissances, d'intelligence, de réflexion, d'organisation, de
partage. Des designers et ingénieurs conçoivent des produits plus durables,
comme «l'increvable», un réfrigérateur conçu pour durer 50 ans; des architectes
réfléchissent aux matériaux, aux meilleurs usages possibles des surfaces ; des
magasins réinstaurent la consigne pour les emballages...
Même à
l'échelle personnelle et familiale, il y a beaucoup d'initiatives qui peuvent
être qualifiées de low-tech : on peut composter ses déchets, même en ville à l'aide
de lombrics, se lancer dans le zéro-déchet, monter une AMAP ou acheter des
produits d'occasion... Tout le monde peut s'y mettre!
Les éoliennes et les panneaux solaires consomment
du cuivre, en quantité d'ailleurs plus grande, par unité d'énergie produite,
qu'une centrale classique, car la production est intermittente. Les smartphones
et ordinateurs nécessitent des dizaines de métaux et les industries minières et
métallurgiques comptent parmi les activités humaines les plus polluantes.
On
pourrait penser qu'il n'y a pas de problème puisqu'on peut faire du recyclage,
de l'économie circulaire. Mais on omet le fait que le recyclage n'est pas si
simple : il y a beaucoup de pertes et de gâchis de ressources, et ce d'autant
plus que les produits à recycler sont technologiquement complexes. Plus les
solutions sont «high-tech», plus on s'éloigne du recyclage efficace, et plus on
tape dans notre stock de ressources. On est loin des énergies «100% propres».
Les “low-tech“ seraient donc une solution à
la diminution du stock de ressources?
Il n'y a pas de label ou de certification «low-tech»,
c'est d'abord une démarche, qui s'attache à prendre en compte la question des
ressources. Ce n'est pas un «retour en arrière» ou une attitude forcément
opposée à l'innovation. Mais les innovations ne peuvent pas être uniquement
techniques, elles doivent être aussi et surtout sociétales, organisationnelles
et culturelles.
Comme
leur nom l'indique, les ressources non renouvelables ne se renouvellent pas à
l'échelle d'une vie humaine, on exploite un stock, certes très important, mais
disponible en quantité limitée. Or l'ensemble de notre système industriel en
dépend.
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