14 février 2018

M. Macron à la chasse : qui l’eût cru?!

Je n’ai pas réagi sur le coup lorsque le président français a proposé de rouvrir les chasses présidentielles pour «les intérêts de la France», souhaitant en faire «un instrument d'attractivité. C'est quelque chose qui fascine à l'étranger, ça représente la culture française, c'est un point d'ancrage». D’abord, j’ai cru à une fausse nouvelle... Ensuite, j’ai trouvé l’idée trop pitoyable pour la relever : la chasse sportive c’est «tuer pour le plaisir de tuer». Mais étant donné que j’aime les animaux, je me suis ravisée.  

En bref
Le Comité des chasses présidentielles gérait les chasses dépendant des domaines du président de la République, à Rambouillet et Marly-le-Roi, tous deux dans le département des Yvelines, ainsi que celles mises à sa disposition au château de Chambord dans le Loir-et-Cher. À Rambouillet et à Marly-le-Roi, il s'agissait de chasses au petit gibier, à Chambord de battues aux sangliers. Ainsi chaque année étaient organisées une quinzaine de journées de chasse offertes au nom du président de la République à ses invités.
   Traditionnellement, une journée était réservée aux parlementaires, une au corps diplomatique (ambassadeurs étrangers en poste à Paris). D'autres étaient plus mélangées, afin de faire se côtoyer des industriels, des élus ou des hauts fonctionnaires.

Il faudrait apprendre aux animaux à manier le fusil, comme ça la lutte se ferait d'égal à égal... 

Quelquefois dans l'année, des chasses étaient également organisées en l'honneur de chefs d'État étrangers. [Valéry Giscard d’Estaing profitait de sa passion pour soigner ses relations publiques. Il a convié à ses chasses le futur roi d’Espagne Juan Carlos, le duc d’Édimbourg et de nombreux chefs d’États africains qui l’invitaient en retour à des safaris. Le colonel Kadhafi lors de sa visite en France en 2007 a exigé qu’on lui organise une partie de chasse dans la forêt de Rambouillet.]
   Ces séances, outre le fait pour les convives de partager leur passion, étaient aussi l'occasion de rencontres informelles entre «grands de ce monde», lors du dîner clôturant traditionnellement la partie de chasse. ... (Wikipédia)

Supprimer les chasses présidentielles
Le 9 février 2018 – Présidents d’associations environnementales, Audrey Pulvar et Allain Bougrain-Dubourg demandent à Emmanuel Macron de transformer ces territoires en espaces naturels exemplaires. Une autre façon de contribuer au prestige de la France.

De toute façon il suffit de gratter le vernis de prestige que s’accorde la classe dominante pour découvrir ses comportements ignobles. Ainsi, l’autre jour, j’ai buté sur un article au sujet des «human hunting parties» – on alléguait que de jeunes enfants étaient relâchés dans les boisées de châteaux, nus et drogués, pour être chassés comme du gibier par des «grands de ce monde». Sur le coup, j’ai pensé à une fiction complotiste en vue de dénigrer les classes dominantes. Mais, réfléchissant à la traite (passée et contemporaine) des enfants à des fins d’exploitation, mon étonnement s’est estompé; pensons à la persécution des Noirs aux États-Unis ainsi qu'aux enlèvements et à la vente des enfants autochtones au Canada. Ces pratiques sont indissociables du colonialisme.
   La chasse aux humains peut être motivée par le désir de vengeance, le plaisir, le divertissement ou la subsistance (l'argent). Au cours de l’histoire, des incidents liés à cette pratique ont eu lieu lors de bouleversements sociaux. À titre d’exemple, pendant la guerre civile espagnole, cette pratique est devenue populaire parmi les fils de riches propriétaires terriens. La chasse se faisait à cheval et ciblait des paysans. Cyniquement, ils appelaient cela «reforma agraria» faisant référence à la fois aux fausses communes (charniers) où se retrouveraient leurs victimes et aux réformes agraires que les paysans réclamaient. Dans un rapport de recherche (2016), le conférencier et chercheur en tourisme de l'Université Central Lancashire, Daniel Wright, prédit que la chasse aux pauvres pourrait devenir un passe-temps de super riches à cause de catastrophes économiques et écologiques et de la surpopulation.
   En fait cette pratique a toujours existé; elle persiste et se perpétuera. Les humains n’évoluent pas. Les guerres sont des chasses aux humains à plus grande échelle. Si j’étais une extraterrestre, je virerais de bord net-fret-sec en voyant la bande de psychopathes qui tuent, se nourrissent de chair et de sang, torturent, persécutent et réduisent leurs semblables à l’esclavage – un monde où tout ce qui est anormal est décrété normal.

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Le suspense de Claude Chabrol «Une invitation à la chasse» (qu’on dit inspiré d'une nouvelle de George Hitchcock) m’avait marquée au point d’en écrire un condensé. Ce récit n'a pas l'impact du film bien sûr, mais il peut susciter une prise de conscience. Le film illustrait avec beaucoup de réalisme et d’efficacité la panique que la victime d’une traque (un humain dans ce cas-ci) peut ressentir. Les animaux poursuivis par des chasseurs en mal du «plaisir de tuer» éprouvent la même chose. Il faut se mettre dans la peau de l’autre pour comprendre… préférablement en imagination.

Dans la mire
Le président d’une illustre compagnie française décide un beau jour d’inviter officiellement son (ou un) comptable à une chasse à courre qui doit se dérouler à son château.
   L’employé, flatté, ne porte plus sur terre. Voilà notre homme qui part visiter les plus célèbres boutiques spécialisées pour dénicher un costume et des accessoires dignes de cet événement grandiose. Tous les rêves sont permis. Doit-il cet honneur à son travail dévoué? Est-ce la promesse d’une promotion? Il a beau questionner ses collègues, impossible de savoir. Il attend donc impatiemment l’éventuelle gloire de cette journée, se demandant sans cesse quel effet produira ce costume dernier cri minutieusement ajusté par son tailleur et qu’il essaye tous les soirs.
Suite de l’histoire :
 
Photo : BBC (?)

«L’«inhumanité» de l’homme envers les humains n’est surpassée que par son inhumanité envers les animaux. Elle est excusée, et même approuvée par plusieurs, et fondée sur l’idée que «les animaux sont différents», c’est-à-dire sur le spécisme. Et le spécisme se situe au niveau du racisme et du sexisme.
   La majorité des gens se disent contre le racisme qui consiste à traiter différemment les gens en raison de leur race; ou contre le sexisme qui consiste à discriminer les gens en raison de leur sexe. Alors, quelle excuse morale peut-on avoir pour traiter des groupes d’êtres vivants avec rudesse, indifférence et même cruauté parce qu’ils appartiennent à des espèces différentes?
   Les arguments d’aujourd’hui pour justifier notre façon de traiter les animaux sont les mêmes qui servaient autrefois d’excuse à l’esclavage et à la violente exploitation des travailleurs (les noirs primitifs ne ressentent pas comme les blancs!). «Les classes inférieures ne souffrent pas comme nous!», affirmaient les classes supérieures et moyennes des siècles derniers. Dans l’hypothèse que la cruauté engendrerait la cruauté, tout comme l’amour engendrerait l’amour, privilégier l’amour, la compassion et la compréhension envers les autres espèces serait un bénéfice pour eux et pour nous.» ~ Ann Walker, écrivaine (les animaux sont au coeur de ses romans et essais)   

«Il nous est arrivé à tous de regarder avec horreur et dégoût les scènes d'exécution sur la place publique des peintures du Moyen Âge ou des gravures du XVIIe siècle. Il est arrivé aussi à beaucoup d'entre nous de passer vite, écoeurés, dans quelque petite ville d'Espagne ou d'Orient, devant la boucherie locale, avec ses mouches, ses carcasses encore chaudes, ses bêtes vivantes attachées et tremblantes en face des bêtes mortes, et le sang s'écoulant dans le ruisseau de la rue. Notre civilisation à nous est à cloisons étanches : elle nous protège de tels spectacles», écrivait Marguerite Yourcenar. Ainsi que : «La protection de l’animal c’est au fond le même combat que la protection de l’homme.» 

Quelques passages tirés d’un article publié dans Cahiers antispécistes au sujet de l’ouvrage collectif Le lien.

Violences sur les animaux et sur les humains
Le lien, ouvrage collectif sous la direction d’Andrew Linzey
Éditions One Voice

Par Estiva Reus

Si vous êtes aux Jeux olympiques en Corée du sud, il se peut que vous mangiez du chien (de compagnie ou d'élevage) sans le savoir... ça fait partie de la culture gastro-asiatique. Disons que les Occidentaux sont tout aussi obsédés par la consommation de chair animale; il y en a sans doute qui mangent des chiens et des chats de compagnie. 

En septembre 2007, l'Oxford Centre for Animal Ethics organisait un colloque international sur les liens entre maltraitance des animaux et violence envers des êtres humains. Les actes de ce colloque, enrichis de plusieurs contributions complémentaires, sont parus en 2009. One Voice en a publié une traduction française, effectuée par Marc Rozenbaum, en mai 2012, sous le titre Le Lien – Violence sur les animaux et sur les humains.
   L'ouvrage réunit 28 textes rédigés par 37 auteurs. Les contributeurs sont pour certains des enseignants ou chercheurs dans diverses disciplines (philosophie, psychologie, sociologie, sciences politiques, droit…) et pour d'autres des professionnels (police, justice, services sociaux, services de santé, vétérinaires). Il en résulte une diversité d'approches et de thèmes dont cette recension ne saurait pleinement rendre compte.

Une affirmation devenue question
L'intérêt pour les liens entre violence envers les animaux et envers les humains n'est pas nouveau. Comme le rappelle Andrew Linzey dans l'introduction du recueil, la liste des philosophes qui ont soutenu que la cruauté envers les uns favorisait celle envers les autres est fort longue : de Pythagore à Schweitzer, en passant par Thomas d'Aquin, Locke, Kant, Schopenhauer et bien d'autres.
   De même, l'affirmation de ce lien fut au cœur du discours et de l'action de bien des associations de protection animale au XIXe siècle. Comme le rappelle Sabrina Tonutti (Le lien, chapitre 6), les cas ne furent pas rares d'organisations investies à la fois dans la protection des animaux et des enfants, à l'image des Humane Societies américaines, ou des associations mêlant protection animale et éducation et aide aux pauvres. [...]

Crimes envers des humains et envers des animaux
Des recherches ont été menées sur des échantillons de personnes condamnées pour des crimes commis sur des êtres humains.
   Ainsi, une étude réalisée en 1986 par Tringle et al. sur des détenus a montré que 48% des sujets condamnés pour viol avaient des antécédents en matière de cruauté envers les animaux. [...]

Violence domestique
Plusieurs études ont été menées auprès de pensionnaires de foyers pour femmes battues. Une majorité de celles possédant un animal de compagnie déclare que leur conjoint a menacé de s'en prendre à l'animal, ou fait état d'actes de cruauté commis par celui-ci sur l'animal en leur présence.
   DeViney et al. ont étudié en 1983 les familles de 53 enfants reconnus comme victimes de maltraitance. Dans 60% de ces familles il y avait également maltraitance ou négligence des animaux du foyer.
   D'autres études – concernant principalement les enfants – montrent l'existence d'une contagion de la violence : les sujets qui en sont témoins ou victimes présentent davantage de risques que la moyenne d'en être aussi les auteurs. [...]

Les travaux cités dans les deux sections précédentes donnent des résultats globalement concordants : il existe un lien entre certains comportements violents envers les animaux et envers les humains. Ces résultats relativement sûrs s'appliquent à un domaine limité :
il s'agit d'actes moralement réprouvés et légalement sanctionnés, qu'il s'agisse de frapper un enfant ou de brûler un chat, même si la première de ces actions est jugée plus sévèrement que la seconde; il s'agit en outre de comportements dans lesquels le sujet brutalise de ses propres mains la victime, et où il trouve une satisfaction dans l'accomplissement même de cet acte.
   Comme le note Linzey, la violence envers les animaux s'étend bien au-delà de ces cas de figure : «il reste bien sûr l'importante question des formes de maltraitance et de cruauté qui sont parfaitement légales. La maltraitance légale des animaux dans les élevages industriels, les élevages de chiots, les spectacles, la recherche, l'enseignement et l'industrie de la fourrure sont-là autant d'exemples de maltraitance institutionnalisée qui ne sont pas considérés comme de la maltraitance.» (Le lien, p. 31)
   Il existe une foule d'hommes et de femmes dont le travail consiste à faire du mal aux animaux. Ils ne le font généralement pas en raison de la satisfaction tirée de l'acte en lui-même, mais eux aussi brutalisent, de leurs propres mains, des êtres placés à leur merci : ils les mutilent, leurs inoculent des maladies, les entassent à vie dans des hangars, les séparent de leurs petits, les emprisonnent dans des cages minuscules, les poussent dans des camions, les égorgent ou les laissent s'asphyxier... Ils les voient souffrir et mourir en conséquence de ce qu'ils leur font. Ces travailleurs se recrutent-ils plus souvent que les autres parmi des personnes qui, par ailleurs, se livrent à des actes de maltraitance illégale, ou qui, sans aller jusqu'au délit, adoptent plus souvent que d'autres des attitudes d'intimidation, d'insulte, de négligence, de dureté, envers les humains et les (autres) animaux qu'ils côtoient? Le fait que leur travail les conduise à contraindre, meurtrir ou tuer des animaux, en ignorant les signaux de détresse et de douleur qu'ils émettent, finit-il par affecter leur personnalité et par influer sur leur comportement envers d'autres êtres sentients? Ou bien la frontière sociale entre la maltraitance permise (qui ne dit pas son nom) et la maltraitance réprouvée suffit-elle pour empêcher tout lien entre les deux? Aucune des contributions réunies dans Le lien n'aborde ces questions. Sans doute parce que les études qui en traitent sont inexistantes ou trop rares.

La chasse
Certains des contributeurs au recueil édité par One Voice se sont penchés sur le cas de la chasse. Il s'agit pourtant là encore d'un domaine où les travaux de recherche sur «le lien» font défaut.
   On peut deviner les raisons pour lesquelles les auteurs s'interrogent spécifiquement sur un voisinage possible entre la chasse et les formes de maltraitance mieux étudiées évoquées plus haut : la chasse est un loisir; les chasseurs tirent une satisfaction de l'acte même consistant à traquer et tuer des animaux et/ou d'une convivialité organisée autour de cet acte. Si rien ne permet d'affirmer qu'ils prennent plaisir à faire souffrir les animaux, du moins connaissent-ils la souffrance qu'ils causent et cette connaissance ne les dissuade pas de persévérer. 
   Cohn et Linzey (Le lien, chapitre 26) citent des conseils dispensés dans un guide destiné aux chasseurs de cervidés : «Un coup de fusil dans les pattes arrière paralyse l'animal et permet de tirer plus facilement un autre coup»; si la balle a traversé les deux poumons, le cerf ne pourra généralement pas parcourir plus de 70 mètres; si elle n'a atteint qu'un poumon, le cerf peut parcourir au moins 500 mètres; touché aux intestins, le cerf meurt le plus souvent pas moins de quinze à seize heures après avoir été atteint.» Des tirs occasionnant une mort instantanée sont déconseillés : «Évitez de viser la tête [...]. Entre les yeux, c'est bien sûr le moyen de toucher le cerveau et de terrasser le cerf rapidement, mais aussi, par la mauvaise balle, de ruiner le trophée tout aussi rapidement.»  


John Cooper (Le lien, chapitre 25) s'arrête sur le cas de la chasse à courre au Royaume-Uni, et relate une série d'incidents et accidents qui voient les équipages semer la panique chez les habitants, parfois sous les moqueries des chasseurs : une meute de chiens pénètre dans une propriété affolant les enfants; une femme enceinte tente de mettre à l'abri ses chats effrayés par les chiens de chasse qui ont envahi le jardin; un renard est mis en pièce à deux pas d'une maison sous les yeux de ses occupants; le chien d'un promeneur est déchiqueté par une meute... L'indifférence aux dommages collatéraux des parties de chasse n'a rien de nouveau si l'on en croit le texte de cet ancien chant (cité par Cooper) clôturant une course réussie : «oh qu'importaient les pâtures et le blé piétinés [...]; oh qu'importaient les clôtures brisées et le bétail éparpillé; il y avait effervescence et animation, la campagne était gaie; avec toute la pompe, l'éclat et la fierté d'un jour de chasse!»
   Les débordements des chasses à courre ne sont pas propres à la Grande-Bretagne mais ont ceci de particulier dans ce pays qu'ils perdurent alors que cette forme de chasse est interdite depuis 2004. S'y ajoutent désormais d'autres incidents qui voient des chasseurs agresser ou menacer les militants anti-chasse venus sur les lieux constater la tenue de chasses prohibées. N'y a-t-il pas ressemblance avec la conjonction d'une pluralité de comportements à la fois agressifs et délictueux qu'on observe dans d'autres domaines (l'homme qui bat à la fois la femme et le chien, etc.)?
   Cohn et Linzey pour leur part s'interrogent sur l'éventualité d'un lien entre crimes légaux et illégaux en observant qu'il semble y avoir une proportion anormalement élevée de chasseurs passionnés parmi les auteurs de meurtres (d'êtres humains) en zone rurale aux États-Unis. Cependant, l'observation en question porte sur une brève période de temps et ne saurait être concluante en elle-même. Pas plus que Cooper, Cohn et Linzey ne prétendent avoir établi des résultats probants. Leur propos est plutôt d'expliquer en quoi la chasse est une activité «moralement douteuse» et de montrer l'intérêt qu'il y aurait à mener des recherches sur la population des chasseurs : des enquêtes et recoupements statistiques permettraient de déterminer si oui ou non ils expriment plus souvent que d'autres des comportements agressifs ou humiliants envers autrui.

La maltraitance aux mains propres
Les travaux rassemblés dans Le lien se concentrent sur le cas de sujets qui privent de soins, agressent, terrorisent, tuent… eux-mêmes des humains ou des animaux.
Cela laisse à l'écart la masse des chercheurs, experts en marketing, politiques, lobbyistes, techniciens, ingénieurs, ouvriers… qui travaillent à donner les moyens d'exercer des sévices sur les animaux ou à faire que la maltraitance institutionnalisée demeure invisible et non questionnée. Cela laisse à l'écart aussi l'ensemble des usagers des biens et services obtenus au moyen des mauvais traitements infligés aux animaux. Cette maltraitance exercée en gardant les mains propres, qui est le fait de tous, aurait-elle en retour des effets nocifs sur le caractère de ses auteurs?
   En élargissant le propos de Thomas White dans le dernier chapitre de l'ouvrage, on peut se demander si le vice ne nuit pas à l'intellect de celui qui s'y adonne. On tire profit sans entraves ni remords d'activités préjudiciables aux animaux en se rendant aveugle à la réalité. On fabrique ou propage des discours mensongers qui n'ont d'autre mérite que de laisser libre cours à la poursuite de nos désirs et intérêts égoïstes; et on finit par se persuader qu'ils sont vrais. On s'habitue à entendre des arguments spécieux, à user soi-même d'arguties sans queue ni tête pour justifier l'indéfendable. On s'accoutume à remplacer ces arguments par d'autres, au besoin contradictoires avec les premiers, du moment qu'ils servent mieux le même but en de nouvelles circonstances.
   Se pourrait-il que la ruine de la raison logique et de la raison morale – joyaux tant vantés des chercheurs de lignes infranchissables distinguant les hommes des bêtes – soit le prix à payer pour la violence faite aux animaux?

Mis en ligne le 14 mai 2012.


Article intégral incluant notes de référence :

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