Des organismes environnementaux demandent aux internautes de se photographier avec un verre de vin britanno-colombien et de publier la photo sur les réseaux sociaux en signe de solidarité.
La chicane est pognée dans la cabane
L'expansion
de l'oléoduc Trans Mountain permettrait au promoteur Kinder Morgan de tripler
la capacité du réseau, qui passerait de 300 000 à 890 000 barils par jour de
pétrole lourd acheminé de l'Alberta jusqu'au terminal maritime de Vancouver, à
Burnaby. Le gouvernement Trudeau a approuvé le projet en novembre 2016, en
plaidant l'intérêt national.
Le bras de fer entre les deux provinces
était écrit dans le ciel : la coalition du premier ministre John Horgan, en
Colombie-Britannique, s'est fait élire notamment sur la promesse de bloquer
l'expansion de l'oléoduc Trans Mountain, alors que le gouvernement néodémocrate
de Rachel Notley tient absolument à ce projet pour avoir une chance d'être
reporté au pouvoir en mai 2019.
La première ministre néodémocrate de
l'Alberta, Rachel Notley, a répliqué d'abord par des menaces de poursuites judiciaires. Elle a ensuite
annoncé, mardi, un boycottage des vins
de la Colombie-Britannique, un commerce annuel de 70 millions de dollars
pour les viticulteurs. (Source : ICI Radio-Canada Info)
Tim McMillan. Un homme
volontaire qui, ça se voit, ne s’en laissera pas imposer par des femmelettes (c.-à-d. les
Autochtones et les écolos). «La position
britanno-colombienne est contraire à la constitution. Une mesure punitive
devait être mise en place tôt ou tard contre une province qui refuse d’entendre
raison. Il faut investir de manière citoyenne pour promouvoir le développement
pétrolier au Canada.»
~ Tim McMillan, président de l’Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP)
~ Tim McMillan, président de l’Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP)
Il n’y aura
plus de croissance économique ni d’emplois sur une planète morte!
À moins de suivre Elon Musk sur la planète Mars... sait-on jamais!
Sérieusement, nous
avons affaire à des brigands qui devraient être poursuivis pour crimes contre la terre (écocide) et contre
l’humanité par voie de conséquence. Faute de cours pénales internationales
reconnues en ce domaine, et malgré les preuves accablantes qui pèsent sur
eux, il faudra «attendre le verdict de l’histoire». Et il sera trop tard. Les industriels détruisent tout ce qui leur
barre la route.
Voulez-vous savoir?
Si vous
voulez sortir la tête du sable (bitumineux), ce livre est pour vous! Un bilan
déplorable, difficile à avaler (à moins d’être avaleur de feu), mais, quand on sait, on peut au moins choisir son camp
en toute conscience : BRUT, la ruée
vers l’or noir (Lux Éditeur, 2015)
Extraits
MOT DE
L’ÉDITEUR – «On mesure généralement
l’ampleur de cette dévastation en comptant les hectares de terre arrachée, les
mètres cubes d’eau contaminée, les tonnes de déchets toxiques produits, le
nombre d’animaux tués, les millions de dollars empochés, mais ces chiffres
vertigineux ménagent notre entendement en le dépassant. Ils ne dévoilent
pas l’essentiel : que ce désert toxique qui s’étend au nord du monde est
une dévastation de la culture humaine. Les sables bitumineux et leur capitale,
Fort McMurray, sont un monument du capitalisme contemporain et de la logique
extractiviste selon laquelle le gaspillage, aussi bien dire le scandale, serait
de ne pas mettre à profit les moindres replis de la terre. Cette atrophie
calculée de la vie habitable, l’appauvrissement de notre rapport à nous-mêmes,
au politique, au réel, l’inversion des valeurs qui fondent notre humanité par
les passions de l’accumulation, voilà ce que décrivent et décrient les voix ici
rassemblées.»
Oléoduc
Plains Midstream Canada. Note : le pipeline de 772 km de long a été construit
en 1965 et relie Zama à Edmonton. La fuite a été signalée quatre jours après sa survenue, soit
au lendemain des élections fédérales de mai 2011. Endroit : 100 km au
nord-ouest d’Edmonton, Alberta, Canada. Quantité : 28 000 barils (4 450
000 litres de pétrole brut). Le pire déversement de pétrole depuis 1975. Radio-Canada-Alberta,
3 mai 2011.
DU
PÉTROLE EN TERRITOIRE LUBICON – «À ce jour, il y a plus de 2 600 puits
d’hydrocarbures sur nos terres ancestrales. Plus de 1 400 kilomètres
carrés de territoire cri lubicon ont été cédés à l’extraction in situ des sables bitumineux et près de
70 % du territoire est déjà loué pour des projets miniers futurs. En Colombie
britannique, le pipeline de Kinder Morgan a causé des déversements en 2005,
2007, 2009 et 2012. D’un océan à l’autre, la population est très préoccupée par
l’infrastructure des oléoducs. [...] Deux semaines après le déversement de
2011, d’immenses feux de forêts se sont répandus dans la région et, encore
aujourd’hui, d’incontrôlables incendies forestiers se déclenchent régulièrement
près du site de la catastrophe. Imaginez le danger que représente le fait de ne
pas pouvoir contenir des incendies près d’installations pétrolières qui
pourraient exploser ou qui ont déjà explosé, ou aux abords d’autres fissures
dans l’oléoduc.» ~ Melina Laboucan-Massimo
LE LOBBYISTE – «Vu que l’industrie pétrochimique promeut l’éducation, paie pour le caoutchouc de vos semelles, allonge notre durée de vie, améliore notre qualité de vie... Je dirais qu’elle bonifie la démocratie.» (Travis Davies)
LE LOBBYISTE – «Vu que l’industrie pétrochimique promeut l’éducation, paie pour le caoutchouc de vos semelles, allonge notre durée de vie, améliore notre qualité de vie... Je dirais qu’elle bonifie la démocratie.» (Travis Davies)
Le lobbyiste avait tout dit. Les compagnies de pétrole sont la
démocratie, et la démocratie est pétrole. C’est comme si l’un coulait dans
l’autre et, à ce jeu, les compagnies menaient le monde et la danse. Une danse
qui ressemble celle de ces corbeaux que
Jim nourrit sur ses terres et qui pullulent dans la région, dévorant la ville
comme les pétrolières, le sol. Et si cette danse de la charogne, c’était avant
tout la nôtre?» ~ David Dufresne (Les
corbeaux – Trois hivers à Fort McMoney)
Ndlr : Bilan des incendies – Fort Mac et
la Bête, un speedoc par David
Dufresne.
3 mai 2016. La plus grande catastrophe du Canada s’abat sur Fort
McMurray, le trésor de guerre du pays, troisième réserve mondiale de pétrole.
Les pompiers vont l’appeler «la Bête». Il était temps de revenir dans cette
ville où j’avais passé trois hivers. Vidéos et photos :
L’ALBERTA,
LA GRANDE PRODUCTRICE DE PÉTROLE – «Une des fictions centrales de l’identité
albertaine, est la fiction victimaire : «le reste du pays profite de nous». Il est important de ne pas
contribuer à cette fiction-là, car elle très puissante; elle se construit avec
toute cette histoire, à force de la répéter... Ce que j’ai surtout capté à
Calgary, c’est la peur. La peur d’avoir vraiment raté une opportunité. Pour
l’instant la province est encore en plein boom économique, mais il se peut que
cela diminue déjà; or ils ont raté le coche. Aussi incroyable que cela puisse
paraître, le budget provincial est en déficit! Ils ont mal géré l’explosion
spectaculaire des investissements pétroliers. Les redevances et les impôts sont
absurdement bas, ils laissent les compagnies
pétrolières faire ce qu’elles veulent, écrire et réécrire les lois sur la
protection de l’environnement... Et
de toute façon, comme le pétrole est raffiné ailleurs, ce n’est pas à l’Alberta
que reviennent les bénéfices des ventes.
C’est de la pensée à court terme. [...] Ils
sont comme le mec qui se réveille avec une gueule de bois carabinée et
fait : «Oh, merde!» Donc rien d’étonnant qu’ils s’en prennent aux
écolos... Mais le vrai problème, c’est que cette province a besoin de
dirigeants capables d’imaginer un chemin pour l’avenir; or ils n’en n’ont pas. [...]
L’une des raisons, d’après ce que j’ai pu lire et entendre, est la manière dont
les multinationales squattent depuis des décennies le système éducatif
canadien. Les universités forment les cerveaux dont l’économie capitaliste a
besoin. [...] Et tout cela se construit sur la valorisation d’une forme
primitive de virilité. Cette définition-là de la virilité joue aussi un rôle
dans la manière dont on valorise les énergies renouvelables. Ce sont des
énergies «efféminées». Les vrais mecs brûlent du pétrole et du charbon! On est
fier d’être musclé et macho, les Autochtones et les écolos sont des
femmelettes. J’ai eu la même impression en Chine : on est fiers d’être
bourrus et brutaux. «Réussir
sa vie» égale conduire une grosse cylindrée et manger beaucoup de viande!
Who
cares?
Le Canada s’implique dans pas mal de guerres en ce moment. La mentalité
coloniale, celle de la frontière indéfiniment repoussée, l’idée qu’il y en aura
toujours plus, cette image de la terre comme infinie est profondément ancrée
dans notre conception du Grand Nord. Même en Alberta, on se représente le Nord
comme une sorte de supermagasin surnaturel où l’on peut se servir
indéfiniment... C’est à ce fantasme-là qu’on se heurte. Les compagnies
pétrolières possèdent la province, le pays, le monde entier. C’est bel et bien
l’avenir de l’espèce humaine sur Terre qui se joue aujourd’hui en Alberta.» ~
Naomi Klein et Nancy Huston (La politique
de la terre brûlée – Dialogue)
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