10 juillet 2017

Saccage du Magtogoek et poutine

L’on s’interroge sur les causes de la mort des sept baleines noires retrouvées au large des côtes de l’Île-du-Prince-Édouard (en un mois). Les scientifiques pensent que les algues toxiques, les collisions avec des navires et les filets de pêche pourraient en être responsables. J’ajouterais la pollution (1).

– La baleine noire empêtrée dans un filet à l’Est du Nouveau-Brunswick a cependant été libérée. Toujours ça de gagné!
– Le 6 juin 2017 : un rorqual retrouvé mort à la hauteur de Lévis.
– Mars 2017 : deux dauphins à flanc blanc à Sainte-Flavie. 
– Février 2017 : un dauphin à flanc blanc à Tadoussac. 
– Septembre 2016 : femelle et baleineau rorqual à Cap-Chat (total de rorquals échoués autour de cette période : cinq).
– La population de bélugas, menacée d’extinction aussi, pourra difficilement naviguer et survivre au milieu de la circulation maritime en voie d’expansion.

Pêche et océans Canada fait preuve de grande négligence à l’égard du fleuve Saint-Laurent qui représentait la plus grande réserve d’eau douce au monde (j’utilise le passé parce qu’il risque de devenir le plus pollué). Et puis, si ton voisin est le deuxième plus grand pollueur de la planète (17 tonnes de CO2 émises par an par habitant) et qu’il refuse d’y remédier, tu dois redoubler de vigilance.

Maintenant, si vous revoyez le film d’animation de Frédéric Back (1993) vous comprendrez tout. Car l’histoire du fleuve Saint-Laurent, c’est aussi l’histoire de la terre, l’histoire de l’avidité humaine, de la colonisation, du pillage des richesses et des ressources naturelles au profit d’une poignée de rapaces indécrottables. Une calamité mondiale qui aujourd’hui fait disparaître quelque 100 espèces chaque jour.

Le Fleuve aux Grandes Eaux – Magtogoek en Algonquin 
Par Frédéric Back

Frédéric Back (né le 8 avril 1924, quartier de Sankt Arnual à Sarrebruck, Territoire du Bassin de la Sarre, et mort le 24 décembre 2013, à Montréal, Canada) est un artiste peintre, illustrateur, muraliste et réalisateur de films d'animation, de renommée internationale; il est surtout connu pour ses deux Oscars (1982, 1988) et pour son film L'Homme qui plantait des arbres.


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(1) Le mercure pollue depuis au moins 60 ans. On en trouve dans les eaux de l’Arctique; il se répand dans le sol, l’eau et l’air, entre autres via les millions de tonnes de déchets électroniques.illégalement jetés dans les dépotoirs chaque année. On s’est préoccupé du mercure, mais il y a au moins 130 000 produits chimiques introduits dans l’environnement dont on parle très peu. Beaucoup de gens ignorent que ces produits toxiques sont omniprésents dans tous les objets qu’ils manipulent et dans la nourriture qu’ils consomment. Quand les scientifiques sonnent l’alarme en brandissant des preuves irréfutables pour convaincre les gouvernements, les fabricants, les négociants (qui tirent profit de l’ignorance), les médecins, les législateurs et le public, les lois ne changent (si elles changent!) que lorsque des dommages irréversibles ont été causés. Pourquoi y a-t-il tant de cancers, d’allergies et de maladies incurables?
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Le réchauffement des océans provoque des modifications géophysiques. Larsen C est sur le point de se scinder : «La fissure s'allongeait depuis son apparition, en 2010. Elle a presque rejoint l'océan Austral, à 200 kilomètres de son point de départ, libérant un iceberg de 6600 kilomètres carrés. C'est plus que la superficie de l'Île-du-Prince-Édouard. Selon l'Agence spatiale européenne, qui suit la situation avec son satellite Sentinel-1, ce nouvel iceberg sera l'un des plus gros jamais observé.» (La Presse)

Pluies diluviennes et feux de forêt semblent se multiplier...
– Des records de chaleur ont été enregistrés récemment, notamment en Californie, avec un 98°F (37°C) accompagnés de 14 feux de forêt. Les météorologues prévoient que le mercure pourrait grimper à 110°F (44°C).
– En Colombie-Britannique l’état d’urgence a été décrété. Les pompiers luttent contre plus de 229 incendies. On ne prévoit malheureusement pas de pluie dans les prochains jours. Les trois plus grands feux brûlent dans un territoire compris entre 14 et 20 kilomètres carrés. Le district régional de Cariboo estime qu'environ 6000 résidents ont dû abandonner leur domicile.

Bilan du Sommet des leaders du G20 : «Polluons dans la joie et la bonne humeur, sauvons la terre par la croissance économique, en carburant aux énergies fossiles!» Un manifestant parmi un groupe qui défilait pacifiquement disait : «La violence politique n’est pas la solution pour changer la politique. À Hambourg, il n’y a pas de place pour les casseurs ni pour les clowns politiques.»


Donc, beaucoup de bruit pour rien, dirait Shakespeare. Les leaders du Sommet auraient pu faire comme tout le monde : se brancher et placoter via Skype / Twitter. D’autant plus que plusieurs d’entre eux répugnaient à se serrer mutuellement la main! Cela aurait épargné de grosses factures en dégâts matériels, déplacements, sécurité, hébergement et réceptions. Qui paie la note?


Suggestion pour réduire les frais de repas au Sommet du G7 en 2018 (Manoir Richelieu, Charlevoix).
Menu :
Poutine (québécoise, anglaise, américaine, italienne, française, allemande, japonaise) servie dans des assiettes de carton (moins polluant que la styromousse)
«Apportez votre vin» (un des avantages du libre-échange)


La poutine et le patriotisme
Par Francine Pelletier, journaliste 

J’ai honte de dire que je n’ai jamais mangé de poutine. Pas une. Même pas à 3 h du matin un peu éméchée ou par solidarité avec des amis de passage curieux d’y goûter. Jamais. C’est là qu’on se rend compte que la vie passe franchement trop vite. On croit avoir encore le temps de sauter en parachute, apprendre le russe, aller en Micronésie ou manger une poutine en lisant la Marche à l’amour de Gaston Miron seulement pour s’apercevoir que les grandes découvertes n’arrivent pas par hasard. Il faut vouloir. Or, de toute ma vie je n’ai jamais vraiment voulu une poutine. [...]

La poutine est non seulement devenue un symbole, après le hockey et la tolérance, de qui nous sommes, mais elle est également un des rares facteurs culturels qui nous lient d’une mer à l’autre. Un vaste sondage entrepris par le magazine Maclean’s, en honneur de la grosse fête que l’on sait, révèle que le mets le plus prisé nationalement, et de loin, c’est la poutine. Coast to coast, on préfère le fameux fromage-patate-sauce (comme on l’appelait à ses tendres débuts en 1957). ... La poutine est encore plus populaire chez les 18-30 ans : 43 % la choisissent comme leur mets de prédilection, ce qui veut dire que ce «plat de pauvres», conçu pour bourrer la panse plutôt que pour flatter le palais, figurera bientôt au menu des grands dîners de chefs d’État au 24 Sussex. Vous pouvez mettre un 100 $ là-dessus.

Sachant que peu de choses nous relient culturellement dans ce pays, mis à part Leonard Cohen, Céline Dion et le sirop d’érable, il faut applaudir ce tour de force. Ce «delicious mess», comme le nomme Jacob Richler, fils du célèbre Mordecai, apprécié tant en Angleterre et aux États-Unis qu’en Corée et en Russie, serait-il devenu le nouveau visage de nos trois solitudes? Les Amérindiens, telles de vieilles racines, sont les pommes de terre. Les francophones, toujours là où on ne les attend pas, toujours intacts malgré des kilomètres de méchante sauce, toujours surprenants dans ce décor, sont les grains de fromage*. Et les anglophones, la grosse mélasse brune qui noie tout sur son passage, les intermédiaires un brin collants qui tentent de contenir ce maelström culinaire vaille que vaille, la main sur le coeur et le féculent. [...]


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* Note perso : appelés «crottes de fromage» par certains...

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