26 juillet 2017

Montréal : un Toys ‘R’ Us

À quoi ressemblera la future capitale mondiale du transport électrique en fin de semaine? À peu près à cela :

(Photo : ville et photographe inconnus)

Denis Coderre est comme un enfant dans un magasin de jouets : «Je veux celui-là! Je le veux!» Ses jouets coûtent cher, notamment en pollution atmosphérique (au gaz), mais il s’en fiche car «ce n’est pas une dépense, c’est un investissement». Il pourra s'amuser avec pendant au moins trois ans et peut-être plus. Il devrait gérer un club de baseball au lieu d'une municipalité 

Caricature : Éric Godin, collaboration spéciale, La Presse 24 juillet 2017

Il n’admettra jamais que c’est une erreur. Alors, il continue de répéter ses clichés comme un vieux vinyle rayé et d’esquiver les questions qui le dérangent. «J'en n'ai rien à cirer, j’ai pas de temps à perdre avec ça», disait-il aujourd’hui. (1)

Formule E : champions de rien du tout
Bertrand Schepper, Chercheur à l’IRIS – Le Devoir, 26 juillet 2017

La Formule E est un exemple frappant de la façon dont les termes «développement durable», «environnement» et «retombées» peuvent être galvaudés par des dirigeants — secteurs public et privé confondus — essayant de convaincre la population de leurs projets mégalomanes douteux.
   Dans une course d’automobiles, qu’elle soit électrique ou non, la part des gaz à effet de serre (GES) provient principalement de tout ce qui entoure la course. Pensons, par exemple, aux déplacements des véhicules d’un pays à l’autre, à l’entretien d’une piste de course, à la construction des véhicules, etc. [...]
   Malgré toute la bonne volonté du monde, prendre trois semaines pour monter et démonter une piste où vingt équipes provenant de partout dans le monde feront tourner des automobiles en rond génère énormément de pollution, comme toute forme d’événement de cette ampleur. Il faut donc arrêter de prétendre que cette course est une course verte. [...]

«Vendre» la cause

Rappelons que la course se tiendra au coeur du quartier Centre-Sud de Montréal, un des quartiers les plus pauvres de la ville. Il est sympathique d’offrir des billets aux résidants qui sont touchés par le tracé, mais la réalité est que la vaste majorité des habitants du Centre-Sud ne pourra pas se payer le billet d’entrée pour la course, dont les travaux les empêchent de dormir et de se déplacer depuis trois semaines.
   Pendant ce temps, on fera parader des vedettes sur le tapis rouge et des jeunes femmes en petite tenue au centre-ville dans l’espoir de «vendre» la cause environnementale.
   Soyons francs, ce projet est avant tout une volonté de positionner Montréal comme une ville branchée sur l’avenir du transport. Or, si on considère que la Ville ne donne pas un accès équitable au transport en commun et que l’on estime à plus de 26 millions les heures perdues dans le trafic, il semble clair que la métropole présente tout sauf une image de transition.
   Alors que Montréal possède tous les outils pour devenir une véritable ville modèle en transition écologique, il est triste de voir que nos dirigeants investissent temps et argent dans du fla-fla glamour pour une question d’image.


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Un maire et sa course
Mario Girard, La Presse

Le maire de Montréal, Denis Coderre, en compagnie du PDG d'Hydro-Québec, Éric Martel. Photo Marco Campanozzi, Archives La Presse

... Denis Coderre a adopté une mine renfrognée et s'est lancé dans une solide plaidoirie au sujet de la course de Formule E, son bébé, son projet.

Denis Coderre croit dur comme fer que la Formule E va atteindre son triple objectif de faire la promotion de l'électrification des transports, de faire la promotion de la ville sur la scène internationale et de doter la métropole d'un nouvel évènement sportif d'envergure.
   Sur la question du choix de l'endroit où tenir la course, Denis Coderre affirme que la décision finale a été prise afin de répondre aux exigences de la Formule E. Mais, talonné sur ce sujet, il a fini par dire qu'on a décidé de ne pas tenir cette course sur le circuit Gilles-Villeneuve car le public aurait été en mesure de «comparer» les deux courses. Intéressant...
   Aurions-nous créé un circuit de toutes pièces et à grands frais dans le but de satisfaire une organisation en concurrence avec une autre déjà en place? ...

Denis Coderre : 
«C'est un concept de course urbaine, un pari de l'électrification, une vitrine technologique.»

«Ce n'est pas une dépense, mais un investissement. L'évènement va attirer beaucoup de monde. Ça va être plein. Ça va fonctionner. C'est un investissement à long terme qui va mettre Montréal sur la carte

Il y a un certain enclavement à Montréal, mais l’administration a pris les mesures nécessaires pour mitiger les impacts sur le quotidien des résidants : «On s'est assurés qu'il y a des passerelles ».  

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Dans le secteur délimité par Berri, De Maisonneuve, Notre-Dame et Papineau, quatre stations BIXI ont été retirées, créant un trou béant dans la carte du réseau. «Un méchant BIXI deadzone.» (Maxime Archambault-Chapleau, Facebook de BIXI)  

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Fais ce que je te dis, mais ne fais pas ce que je fais :

Le maire Coderre possède deux VUS énergivores
Vincent Brousseau-Pouliot, Vincent Larouche, La Presse

Alors qu'il plaide pour l'électrification des transports, le maire de Montréal Denis Coderre ne possède pas de voiture électrique, mais plutôt deux véhicules utilitaires sport (VUS) à essence.
   Rencontré brièvement par La Presse après un point de presse hier, le maire de Montréal n'a pas voulu dire s'il possédait un véhicule électrique ou si sa voiture de fonction à la Ville de Montréal fonctionnait à l'électricité.
   «Tu veux être personnel, [...] maintenant, tu veux être personnel? Tu veux faire personnel? Pour des raisons de sécurité, je ne dis pas ce que je fais [...]. Je vais lire ton article», a lancé M. Coderre.

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Dans la veine :

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(1) Matière à réflexion

Heureusement pour nous, M. Coderre n’appartient pas à la catégorie «manipulateur gentil» (la plus dangereuse et difficile à détecter). Le ton est généralement brusque et arrogant.

Source – Les manipulateurs sont parmi nous, Isabelle Nazare-Aga :  
Le manipulateur dispose de plusieurs stratégies pour exercer sa violence. Il peut aussi porter différents masques : le séducteur, le culpabilisant, le timide, le dictateur, le faux complice… On dit de lui qu’il exerce un «terrorisme déguisé».

Parmi les 30 caractéristiques du manipulateur relationnel :
Il reporte sa responsabilité sur les autres ou se démet de ses responsabilités.
Il répond très souvent de façon floue. Il ne dit pas ce qu'il fait. 
Il change ses opinions et ses comportements selon les personnes ou les situations.
Il invoque des raisons logiques pour déguiser ses demandes.
Il ignore les demandes (même s’il dit s’en occuper).
Il change carrément de sujet au cours d’une conversation.
Il évite ou s’échappe de l’entretien, de la réunion.
Il mise sur l’ignorance des autres et fait croire à sa supériorité.
Il ment, il déforme et interprète.
Il est égocentrique.
Il ne supporte pas la critique et nie les évidences.
Il ne tient pas compte des droits, des besoins et des désirs d’autrui.
Il utilise très souvent le dernier moment pour demander, ordonner ou faire agir autrui.
Son discours paraît logique ou cohérent, mais ses attitudes, ses actes (ou son mode de vie) répondent au schéma opposé.
Il produit un état de malaise ou un sentiment de non-liberté (piège).
Il est parfaitement efficace pour atteindre ses propres buts mais aux dépens d’autrui.
Il nous fait faire des choses que nous n’aurions probablement pas faites de notre propre gré.
Il est constamment l’objet de discussions entre gens qui le connaissent, même s’il n’est pas là.

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