On dirait que tout ce à quoi on ne veut pas croire se réalise – Trump à la présidence en est un exemple flagrant.
Quoiqu’il en soit, tous les pays détenteurs d’armes nucléaires sont à égalité en matière d’inconscience et d’irresponsabilité dans leur course à la suprématie. Nous en sommes les otages; il suffirait d’un tweet.
Dans cet ordre d’idée :
Le sud-est canadien longe le plus grand parc atomique du monde
(The Atomic States of America)
https://situationplanetaire.blogspot.ca/2017/04/le-sud-est-canadien-longe-le-plus-grand.html
Ames nucléaires : le mensonge du silence
(The Coming War on China)
https://situationplanetaire.blogspot.ca/2017/02/armes-nucleaires-le-mensonge-du-silence.html
Collages : Joe Webb http://www.joewebbart.com/
“I wanted to express how more and more mainstream culture distracts us from the realities of what’s happening. As half the world are starving or killing each other the rest of us are laughing at a talking dog on a talent show.
I’ve tried to mirror this juxtaposition in the collages, something sweet next to something horrific. I want to ask how we would feel if bombs were raining down outside our windows as they are in other countries.
The 1950’s imagery I use is mostly taken from advertisements very wholesome and innocent. The collages look at how these ideas and aspirations for the future have gone wrong.” ~ Joe Webb (Interview)
http://www.huffingtonpost.co.uk/ben-j-cotton/meet-the-artist-joe-webb_b_7306182.html
La lettre de Kurt Vonnegut (ci-après) fait figure de prémonition. En réalité, je crois qu’il dirait la même chose que Margaret Atwood à qui l’on a souvent demandé si The Handmaid’s Tale était une prédiction, et qui répondait avec lucidité : «Non, ce n’est pas une prédiction, parce que prédire l’avenir est impossible. Il y a trop de variables en jeu. En revanche, il est possible d’observer les tendances actuelles, d’extrapoler pour évaluer des milliers de possibilités, d’en choisir une et de dire : voilà ce qui pourrait arriver si nous suivons celle-là.»
En 1988, dans le cadre d'une campagne publicitaire pour le magazine Time, Volkswagen demanda à des auteurs réputés d’adresser quelques conseils aux gens qui vivraient en 2088. Ce que Vonnegut prévoyait pour 2088, c’est maintenant?
Voici des extraits de la réponse du romancier.
Je pense que notre siècle n'a pas été aussi prolifique que d'autres en paroles de sagesse parce que nous avons été les premiers à avoir accès à de l'information fiable sur la situation de l’humanité (...) et à savoir que la Nature pouvait être violente et impitoyable.
Pour moi, le plus paralysant fut d’apprendre que la Nature n’était pas partisane de la protection environnementale. Elle n'avait pas besoin de notre aide pour défaire la planète et la refaire autrement, et pas nécessairement à l’avantage des choses vivantes. Elle a mis le feu aux forêts avec la foudre. Elle a recouvert de lave de grandes étendues de terres arables qui ne pouvaient plus soutenir la vie – mais seulement des parkings dans les grandes villes. Dans un lointain passé, elle a fait descendre des glaciers du Pôle Nord pour ronger de grandes portions de l'Asie, de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Il n'y a pas de raison de croire qu’elle ne recommencera pas un jour. En ce moment même, elle est en train de transformer les terres agricoles africaines en déserts, et à tout moment, l’on peut s'attendre à des raz de marée ou à des pluies de roches blanches incandescentes venant de l'espace. Elle n'a pas seulement exterminé en un clin d’œil d’exquises espèces évoluées, mais elle a vidé des océans et englouti des continents. Si les gens pensent que la Nature est leur amie, alors ils n'ont certainement pas besoin d'un ennemi.
Et vous, cent ans plus tard, vous devez pertinemment le savoir, et vos petits-enfants le sauront encore plus : la Nature est impitoyable quand vient le temps d’équilibrer la population avec la quantité de nourriture disponible en un lieu donné. Alors, vous et la Nature, qu’avez-vous fait de la surpopulation? (...) À bien y penser, je ne suis pas sûr que je pourrais supporter d'entendre ce que vous avez fait s’il y avait trop de monde et pas assez de nourriture.
Maintenant, j’aimerais vous soumettre une idée démente : est-il possible que nous ayons braqué des fusées chargées de bombes à hydrogène, prêtes à partir dans toutes les directions, pour nous distraire du vrai problème – à savoir que la Nature peut nous traiter cruellement, que la Nature est la Nature, et que cela pourrait arriver bientôt?
... Connaissant un peu mieux le pétrin dans lequel nous sommes, j'espère que vous avez cessé de laisser des optimistes imbus d’ignorance crasse occuper des postes de leadership. Ils étaient utiles tant que personne ne savait pas ce qui était arrivé pendant les quelque sept millions d'années précédentes. Dans mon temps, ils ont été épouvantables à la tête d'institutions complexes où du vrai travail les attendait.
Les dirigeants dont nous avons besoin ne sont pas ceux qui promettent une victoire ultime contre la Nature nous permettant de continuer à vivre comme maintenant, mais ceux qui ont le courage et l'intelligence de présenter au monde les conventions de reddition à la Nature, austères mais raisonnables :
1. Réduire et stabiliser la population.
2. Cesser d’empoisonner l'air, l'eau et les terres arables.
3. Arrêter de préparer la guerre, et commencer à régler les vrais problèmes.
4. Enseigner aux enfants, et à vous-même tandis que vous y êtes, comment vivre sur une petite planète sans la détruire.
5. Arrêter de penser que la science peut tout réparer si on lui donne un billion de dollars.
6. Cesser de penser que vos petits-enfants seront saufs, en dépit du gaspillage ou de la destruction, étant donné qu'ils pourront déménager sur une jolie nouvelle planète en vaisseau spatial. C'est vraiment mesquin et stupide.
7. Et ainsi de suite.
Suis-je trop pessimiste face aux cent prochaines années? Peut-être que j'ai passé trop de temps avec des scientifiques et pas suffisamment avec des rédacteurs de discours politiques. D’après ce que j’en sais, même les femmes et les hommes sans-abris auront leurs hélicoptères personnels ou leurs fusées en 2088. Personne n'aura besoin de quitter la maison pour aller au travail ou à l'école, ni même cesser de regarder la télévision. Tout le monde sera assis toute la journée en train de taper sur des claviers d'ordinateurs connectés à tout ce qui existe, et sirotera des boissons à l’orange avec des pailles comme les astronautes.
Cheers,
Kurt Vonnegut
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