4 mai 2016

L’EAU c’est la VIE



Demandez aux gens des pays en manque d'eau potable ce qu’ils en pensent. On n’en parlera jamais assez puisqu’on semble croire la source intarissable. J’ai écrit cet article la semaine dernière, loin de soupçonner qu’un horrible brasier allait s’emparer de Fort McMurray (Alberta) hier. Je voulais justement proposer un changement de vocation pour les réservoirs et les pipelines – ils pourraient servir à emmagasiner et transporter des réserves d’eau d’Est en Ouest et inversement. Un projet qu'il ne faudrait surtout pas confier à une entreprise exploitée par Nestlé Waters! (1)  

Fou? Pas tant que ça.

D’autant plus que les énormes quantités d'eau servant à l’extraction / exploitation des sables bitumineux pourraient être récupérées pour sauver la vie des gens des provinces de l'Ouest. Des provinces dont le climat est propice aux incendies. Année après année, de grandes superficies sont ravagées. En 2011, lors des feux de forêts, survenus en Alberta je crois, j’ai publié une poignante description de Gabrielle Roy tirée de son roman Rue Deschambault : Le puits de Dunrea. Cela nous montre une fois de plus qu’en définitive nous n’avons aucun pouvoir sur les éléments lorsqu’ils se déchaînent.
    «... En ce temps-là, lui avait raconté papa, le feu de Prairies couvait toujours quelque part en Saskatchewan. Cette province si dépourvue d’eau de pluie, si venteuse, était vraiment la terre de feu. Tant elle était sèche, le soleil tout seul, jouant sur des pailles ou sur un tesson de bouteille, pouvait mettre la prairie en flammes! Et si un courant d’air un peu vif s’élevait alors, aussitôt le feu partait à courir comme le vent lui-même. Et le vent en cette partie du monde était déjà un fou furieux qui couchait les moissons par terre, déracinait les arbres et parfois arrachait leur toit aux bâtiments. Tout démoniaque qu’il fût, il laissait tout de même l’herbe rase au sol, quelque chose de vivant. Mais derrière le feu, il ne restait jamais que des carcasses de petits daims, de lièvres poursuivis par les flammes, rejoints par elles et qui mouraient parfois en pleine course... et longtemps ces carcasses empuantissaient l’air, car, là où le feu avait passé, même les oiseaux de proie se gardaient de venir manger les yeux des bêtes mortes. Ce spectacle était assez fréquent en bien des régions de la Saskatchewan, et le cœur avait peine à supporter une ruine si complète.»

Suite : http://situationplanetaire.blogspot.ca/2011/06/le-feu.html



On peut imaginer un monde sans pétrole puisqu’il n’est pas indispensable à la VIE, et ce serait une bénédiction pour la planète. Mais on ne peut pas imaginer la vie sans EAU potable. L’eau est ce qui différencie la Terre de la désertique planète Mars où il serait impossible de faire pousser quoi que ce soit.

Nestlé Waters prélève les réserves d’eau de source partout sur la planète pour ensuite nous la revendre dans des bouteilles de plastique! Cette pratique existe depuis longtemps dans plusieurs provinces canadiennes. Mais les citoyens s’unissent pour s’y opposer comme en ce moment aux États-Unis – ce fut le cas récemment en Ontario et en Colombie Britannique.

Et, pendant ce temps, nos insensées entreprises pétrolières continuent à promouvoir leurs activités délétères : 
    La présidente de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), Françoise Bertrand, fait valoir qu'on ne peut prendre de décision dans le dossier d’Anticosti sans connaître les faits. Elle presse le gouvernement Couillard de permettre à Pétrolia, qui a déjà amorcé des travaux d'exploration à Anticosti, de l'autoriser à mener ces travaux à terme. (...)
    Selon elle, la conjoncture pourrait justifier une exploitation du pétrole en sol québécois, en autant que ce soit dans les meilleures pratiques de développement durable et que ce soit économiquement rentable, surtout que la consommation de pétrole sera nécessaire encore pour plusieurs décennies. «La compagnie Pétrolia attend l'autorisation pour une deuxième phase, donc on espère que ça va pouvoir se faire parce qu'il nous semble que les faits demeureront toujours la meilleure base pour prendre les décisions par la suite.» (...) 
    Bien que le premier ministre Philippe Couillard ait répété à plusieurs reprises qu'il s'oppose à l'exploitation des hydrocarbures sur Anticosti, Mme Bertrand estime que cela ne constitue pas une fin de non-recevoir définitive en soi. (...) «Tout en partageant l'objectif de diminuer l'impact sur les GES, on a encore besoin d'une grande utilisation de pétrole», a-t-elle rappelé. «De penser qu'à l'intérieur de 10 ans, 15 ans, 20 ans même, on pourrait tomber à aucune importation, c'est difficile à imaginer, alors peut-être vaut-il mieux continuer de savoir exactement ce que réserve ce sous-sol.» (La Presse, 30 avril 2016)

Or, une extraction respectueuse de l’environnement, ça n’existe tout simplement pas. Parce que de un, cela requiert d’énormes quantités d’eau, et de deux, cela entraîne une extrême pollution. Alors, forer à l’Île d’Anticosti est totalement irresponsable.

Et, ce que Mme Bertrand ne mentionne pas bien sûr, c’est que le pétrole extrait chez nous, en Alberta ou ailleurs, sera en majeure partie exporté vers d’autres pays.

La guerre pour l’eau potable est identique à celle pour les terres arables. Je ne serais pas étonnée d’apprendre que la Chine possède de substantiels investissements chez Nestlé Waters. L’envahissement se fait en pantoufles, sournoisement camouflé derrière des noms de compagnies dites «locales».

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(1) Exemples d’initiatives citoyennes.

This Land is Our Land (Cette Terre est notre Terre)

Octobre 2015

Tandis que les sécheresses sévissent en Californie, Nestlé Waters – le plus grand embouteilleur d'eau au monde – prélève des millions de gallons d'eau par année dans la Forêt Nationale de San Bernardino. La permission de prélever cette précieuse ressource accordée à Nestlé a expiré en 1988, et le service de gestion forestière aurait dû fermer le robinet à ce moment-là. 

Ce documentaire de quatre minutes explique l'impact des activités de Nestlé sur la forêt, et demande à la compagnie et au gouvernement de s'assurer que cette ressource publique soit protégée pour les générations futures.




Our Water, Our Future (Notre eau, notre futur)
Mars 2016

Cascade Locks (Oregon) est un paradis sur terre – il s'agit d'une petite ville nichée dans l’impressionnante Columbia River Gorge. Quand Nestlé est arrivé en ville en proposant d’embouteiller leur eau, les citoyens ont lancé une offensive à tous azimuts pour protéger leur ressource la plus précieuse. Our Water, Our Future (Notre eau, notre futur) raconte l'histoire de ces militants courageux. Leurs conseils avisés peuvent aider les collectivités qui font face à des prédateurs qui veulent s’emparer de leur eau partout dans le monde.



http://storyofstuff.org/movies/

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