Avant de continuer à déblatérer contre le pétrole, je
veux lever mon chapeau aux pompiers, littéralement en enfer – quel travail! Ainsi
qu’aux bénévoles qui s’occupent des évacués et des animaux abandonnés.
Lors d’une
conférence organisée dans la région de Fort McMurray, à ceux qui lui faisaient
valoir l'importance économique des sables bitumineux de l'Alberta, Desmond Tutu avait rétorqué : «Le monde n'existera plus si rien n'est
fait au sujet des émissions de gaz à effet de serre.»
«Être
inconscient, c’est tout simplement ne pas savoir ce qu’on fait, c’est-à-dire
être incapable d’évaluer la portée de ses actes.» ~ Charlotte Joko Beck
Fort McMurray me fait penser à Disneyworld. Une
forteresse. Malheureusement flanquée sur une poudrière, avec en bonus, un
dépotoir de déchets radioactifs à moins de dix kilomètres. Invraisemblable. Une
seule autoroute (la 63) mène d’Edmonton aux sites d’exploitation – 400 km
pour aller au trou, un cul-de-sac en fait. On ne peut blâmer les gens d’avoir été attirés par les «salaires mirobolants»
utilisés comme appât par les compagnies. Qui ne souhaite pas s’enrichir à haute
vitesse?
Photo : Jason Franson. Ça prend du jus pour
nourrir ces p'tites bêtes-là.
Au sujet du site d’enfouissement des déchets
radioactifs, Maude-Émilie Pagé déclarait : «Aucun risque immédiat...». Mais, quelle est la durée
de «vie» de l’uranium? (1) L’intégrité physique des cellules d’entreposage a-t-elle
une date de péremption? C’est pour quand les risques? Nos pauvres containers feront
mauvaise figure dans le temps.
Selon le
rapport 2013 des Laboratoires nucléaires canadiens, pas moins de 43 282 mètres
cubes de «déchets radioactifs de faible activité» sont stockés au dépotoir de
Fort McMurray, situé à environ 8,5 km au
sud du centre-ville.
«Selon
les informations disponibles, il semble que le site ait été affecté par les
feux», confirme Maude-Émilie Pagé, directrice des communications et des
rapports gouvernementaux d'EACL. Ces feux, toutefois, «ne posent aucun risque immédiat pour la santé et la sécurité de
la population et de l'environnement ».
«Il n'y
a également pas de préoccupations quant à l'intégrité physique de la cellule [où
sont entreposés les déchets]», précise-t-elle. Cette cellule serait située à
l'extrémité nord du dépotoir. (ICI Radio-Canada Info)
~~~
À voir ou
revoir : http://ici.tou.tv/fort-mcmoney
Résumé :
Après le jeu documentaire Fort McMoney,
le film revient à Fort McMurray en
Alberta, troisième réserve mondiale de pétrole et trésor de guerre du Canada.
Avec une obsession qui traverse la démarche du réalisateur David Dufresne
depuis trois ans : la démocratie
est-elle soluble dans le pétrole? Film à la première personne, on y croise
notamment Jim Rogers, natif de la ville, et candidat malheureux aux dernières
élections municipales, qui a vu sa toute petite ville devenir ce qu’elle est
aujourd’hui : une vision moderne, noire comme le pétrole, de la ruée vers l’or.
Bien plus que la version linéaire de l’expérience web, le film en est sa suite
réelle, son miroir, une réflexion sur la démocratie en ruine. (Production :
Toxa, ONF, ARTE France, 2014; Pays :
Canada; Réalisateur / narrateur : David Dufresne)
Les propos de Jim Rogers avaient un côté quasi prémonitoire
: «Si Dieu revenait ici, il dirait :
‘Mais qu’avez-vous fait de toutes ces richesses? Je vous ai offert tant de
cadeaux! Vous ne pouviez pas faire mieux? Bande d’imbéciles! Vous brûlerez en
enfer!’»
Il
poursuivait ainsi : «Le
gouvernement, qui dilapide nos ressources, a autorisé les magnats du pétrole à
bâtir une zone pétrolière. Tout à coup, l’argent circule et les occasions de s’enrichir
arrivent. Ce serait bien si les gens devenaient riches. Mais c’est comme dans
la ruée vers l’or, certains meurent en chemin, ou reviennent toxicomanes ou
alcooliques – s’ils en reviennent! Et les gens se retrouvent à devoir lutter
pour survivre comme dans tous les bidonvilles du monde. Ils achètent des
maisons gigantesques au sommet des gisements, faites de panneaux stratifiés en
PVC, qui coûtent 500 000, 700 000 ou 900 000 dollars! Parce
qu’il faut toujours voir grand à Fort McMurray. C’est la folie des grandeurs! Ils
débarquent ici et vivent comme des millionnaires, gros pickups neufs, maisons
neuves. Aussitôt que la demande de pétrole connaît un ralentissement, ils ne
peuvent plus effectuer leurs paiements et retournent à la banque qui leur a
déjà avancé des sommes. C’est comme une gigantesque arnaque. Le coût de la vie
est tellement élevé ici qu’ils n’ont pas d’autre choix que d’être esclaves de
l’industrie pétrolière, qui, en retour, les traite... comme des mendiants.»
Dans la
même veine : «Voulez-vous savoir?»,
un article incluant des extraits du livre BRUT,
la ruée vers l’or noir, par Melina Laboucan-Massimo, David Dufresne, Nancy
Huston, Naomi Klein et Rudy Wiebe.
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2015/05/voulez-vous-savoir.html
Autre :
un plaidoyer contre la reconstruction de la ville, par un travailleur qui y a
vécu. Un portrait dur et sans compromis qui confirme les descriptions du livre
BRUT.
Ne méprenez pas mes
propos, je suis triste pour les gens éprouvés dans cette tragédie, mais je suis
de ceux qui croient que ce malheur en cache un autre bien plus important.
...Dernièrement,
j’ai entendu des politiciens dire à quel point nous devrions être fiers de Fort
McMurray. Non, il y a aucune raison d’être fier de Fort McMurray. Il m’est
arrivé souvent de penser que cet endroit allait exploser, être abandonné ou
même bruler avec tout ce pétrole qui lui sortait par les oreilles.
https://jfhotte.com/2016/05/08/fort-mcmurray-le-trou-du-cul-du-monde/
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(1) L’uranium est un métal lourd radioactif
(émetteur alpha) de période très longue :
44 688
milliards d'années pour l'uranium 238
703,8
millions d'années pour l'uranium 235
Les cinq
plus gros producteurs au monde sont le Kazakhstan, le Canada, l'Australie, le Niger et la Namibie.
L'uranium
appauvri, un sous-produit de l'enrichissement de l'uranium, est très prisé pour
sa dureté et sa densité. Il est pyrophorique, et employé comme arme antichar
dotée d'un fort pouvoir à la fois pénétrant et incendiaire : à très haute
vitesse, il perfore aisément les blindages en s'enflammant lors de l'impact,
provoquant un incendie qui fait exploser le véhicule touché.
La dose
létale pour l'homme semble être de quelques grammes; certains estiment que
les effets délétères de la radioactivité peuvent exister quelle que soit la
dose.
Pour la potabilité de l'eau, l'OMS a fixé une
teneur maximale de 1,4 mg·l-156, tout en recommandant dans ses lignes
directrices une concentration en uranium cent fois plus faible, inférieure à 15
µg/l, pour les eaux de boisson courante.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Uranium
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