30 novembre 2015

À qui appartiennent l’air, l’eau et la terre?

Si rien n’est fait, un jour, après avoir vidé notre verre d’eau nous entendrons :


De l’eau en bouteilles de plastique, de l’air purifié dans des bombonnes au coin des rues, et des poches de riz OGM balancées par hélico au-dessus de nos têtes – est-ce vraiment ce que nous voulons?

Quatre repères pour éviter de s’illusionner sur les résultats de la Conférence sur le climat de Paris (COP 21), et continuer à militer pour des changements concrets

1. Une entrevue d’Alain Crevier avec David Suzuki
(Émission Second regard, ICI radio-Canada)

   «Nous sommes en train de modifier les propriétés chimiques, physiques et biologiques de la planète. C'est pourquoi les scientifiques se réfèrent à notre époque comme étant l'Anthropocène, une époque géologique où l'influence des êtres humains est le facteur principal qui détermine les propriétés de la planète. Mais nous n'avons pas assez de connaissances pour le faire correctement.» 
   «Quand M. Harper dit : «Nous ne pouvons rien faire pour réduire les émissions de gaz parce que cela va détruire l'économie», il élève l'économie au-dessus de cet air même qui nous tient en vie. C'est suicidaire!»

8 questions à l'environnementaliste David Suzuki (généticien et écologiste de renom, animateur de l'émission de télévision The Nature of Things, il dirige une fondation qui porte son nom et a écrit une quarantaine de livres)
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/environnement/2015/11/27/002-david-suzuki-climat-entrevue-environnement-avenir-enfants.shtml

2. Nestlé is Taking Your Water  

Help Story of Stuff Stop It
From drought-stricken California, to Canada, to Germany and beyond, Nestlé is working to privatize our water resources… and then sell it back to us in plastic bottles. We just released a movie that will spur action against Nestlé worldwide. Will you help us make sure this film and its message are seen and heard around the world?

This Land is Our Land
In the midst of California’s historic drought, Nestlé Waters – the largest bottler of water in the world – is drawing millions of gallons of water a year from the San Bernardino National Forest. Nestlé’s permit to remove this precious resource expired in 1988, at which point the Forest Service should have turned off the spigot. In this four-minute documentary, we explain the impact Nestlé’s operation is having on the forest and demand that the company and our government ensure this shared public resource is protected for future generations.

http://storyofstuff.org/

C’est à croire que les élus s’en lavent les mains, mais en réalité, ils sont menottés!

3. Le pouvoir des multinationales

(En passant, Tony Clarke et Maude Barlow ont publié en 2003 Blue Gold: The Fight to Stop the Corporate Theft of the World's Water”)

Résumé du livre Silent Coup, Confronting the big business, de Tony Clarke, Toronto, Lorimer 1997 (traduction/résumé par Massimo Panzino)

Les entreprises multinationales, comme une armée d’occupation en quête de nouveaux territoires, ont envahi la sphère des services publics. Elles ont pris d’assaut les secteurs qui traditionnellement étaient un bien commun, tel le système public canadien de santé, dans le but de les privatiser et de les transformer en industries lucratives. Les accords internationaux de libre-échange ont rendu la conquête possible, car leur imposition a engendré l’érection d’un gouvernement mondial des multinationales.
     Depuis l’instauration de ce nouveau régime planétaire, les gouvernements élus aux urnes ne sont plus souverains et sont relégués au rôle d’introduire des politiques économiques, sociales et environnementales qui répondent aux impératifs économiques des compagnies plutôt qu’aux besoins de la population. Les États du monde entier sont ainsi devenues de simples administrateurs des accords conçus par et pour les multinationales. Si ces dernières ont vaincu les États-nations de façon pacifique, il n’en demeure pas moins que leur mainmise actuelle est le résultat d’un «coup d’État tranquille», en branle depuis plus de vingt ans et orchestré par les hommes d’affaires les plus puissants du monde. 
     Voilà le postulat de Tony Clarke. L’auteur nous propose l’ambitieux projet d’identifier les architectes de la déréglementation de l’économie canadienne, de nommer ces ingénieurs du démantèlement de l’État-providence et de dévoiler les stratégies que ceux-ci ont mis à l’œuvre en vue d’en finir avec une démocratie qui, selon leur logique, était «trop démocratique». 
     Dans le premier chapitre, «Le Canada des entreprises», l’écrivain nous rappelle que l’Accord de libre-échange entre le Canada et le géant du Sud fut le premier accord commercial international d’envergure négocié entre deux États. Or, le Business Council on National Issues (BCNI) du Canada et son homologue des États-Unis, le Business Round Table, sont les auteurs intellectuels de ce traité précurseur de l’ALENA, qui à son tour deviendra l’Accord de libre-échange des Amériques. Le BNCNI a été fondé en 1975 afin de réunir les PDG des 150 entreprises les plus riches du pays, pour que ceux-ci puissent «influencer directement l’élaboration des politiques publiques nationales». Les avoirs de ces 150 entreprises et banques totalisent 1,5 mille milliards de dollars, tandis que leurs revenus annuels s’élèvent à 400 milliards. Les sommes que ces entreprises doivent au gouvernement fédéral, en impôts reportés, correspondent au total de la dette nationale. 
     Le deuxième chapitre, «Les gestionnaires de la planète», nous fait part des instances analogues au BCNI, oeuvrant dans le monde industrialisé. L’European Round Table of Industrialists (on y retrouve Nestlé, Unilever, Siemens, Fiat) sont à l’origine des accords de libre-échange européens, tandis que son équivalent japonais, le Keidanren (composé de Toyota, Honda, Nissan, Sony, Mitsubishi), est à son tour inventeur des accords asiatiques de libéralisation de l’économie. Le lobbying de ces groupes, aux quatre coins du monde, a tracé la voie pour l’implantation de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à laquelle sera annexé l’Accord multilatéral sur les investissements (AMI). 
     Les accords internationaux confèrent aux multinationales un pouvoir qui est maintenant absolu. En plus de s’être accaparé des segments de l’économie auparavant inaccessibles, les multinationales se sont fait accorder une exclusivité sur les brevets, grâce à la clause du droit intellectuel de propriété. Les droits et brevets comprennent le matériel génétique des réserves de graines, soit ce qui est à la source de la chaîne alimentaire. Ces droits de brevets ont permis aux géants de l’industrie pharmaceutique de s’emparer de l’industrie canadienne de médicaments et de commencer à supprimer les produits génériques abordables, autrefois disponibles. Par ailleurs, les accords de deuxième classe, stipulent que les entreprises peuvent poursuivre tout groupe (de citoyens et y compris le gouvernement) qui tâcherait de nuire au bon fonctionnement des entreprises.
     Le chapitre 3, «L’abdication nationale», explique comment les gouvernements Mulroney et Chrétien ont fait du Canada une nation avant-gardiste du «charcutage social». Le chapitre 4, «Le règne des entreprises», fait pour sa part état des activités et des manigances des multinationales dans le monde. 
     Les derniers chapitres (un tiers du bouquin) présentent la forme que doit prendre la riposte organisée par les citoyens et qui urge, si nous espérons un jour renverser la dictature des multinationales. Selon l’écrivain, il est primordial de déclencher une mobilisation à long terme et de nature offensive, en vue de remplacer les luttes défensives auxquelles les mouvements sociaux se sont habitués et qui pourraient déboucher sur des victoires importantes, vers la fin de la prochaine décennie. Le but ultime est de retirer le Canada des traités commerciaux. Les idéalistes qui comptent sur les partis politiques pour desserrer l’étau du néo-libéralisme seront certainement déçus, car l’auteur souligne que tout gouvernement, tant qu’il n’aura pas abrogé les ententes commerciales, est complètement impuissant, puisque légalement tenu de les appliquer à la lettre.

Takeover of Canada, p. 273.

4. La théorie d’Edward Bernays fonctionne

Edward Bernays, auteur de Propaganda Comment manipuler l'opinion en démocratie, doit se réjouir (dans sa tombe) du succès et de l’efficacité de ses stratégies de manipulation, et être vert de jalousie en voyant les moyens technologiques dont disposent ses disciples aujourd’hui. La théorie du psychopathe : «tous les humains sont des imbéciles extrêmement faciles à manipuler».
La bible de cet expert en manipulation perverse est disponible chez Zones: 
Propaganda Comment manipuler l'opinion en démocratie
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Oristelle Bonis
Préface de Normand Baillargeon
Zones (2007)
http://www.editions-zones.fr/spip.php?page=lyberplayer&id_article=21 


Cette vidéo résume en quelque sorte cette théorie – «Les dix stratégies de manipulation de masses». L'auteur Sylvain Timsit décrit les techniques utilisées par la gouvernance pour manipuler l'opinion publique et la société à travers les médias. (Publiée par Syti, 9 nov. 2010)

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