15 septembre 2014

Retour à la «civilisation»

16 sep. 2014, un site à visiter. Examinez les cartes : toutes les raisons du monde d’être consternés… Et de nous sentir concernés peut-être? Au moins un peu? Vous pouvez aussi jeter un coup d’œil sur l’état des forêts partout sur terre. Même si vous ne comprenez pas l’anglais, les cartes parlent fort. Tellement fou et horrifiant que ça dépasse tout entendement. On voit bien qu’il ne s’agit pas d’une lubie environnementaliste. Il est évident qu'il nous faudra des bombonnes d'oxygène et des abreuvoirs à minuterie au coin des rues, avec accès limité aux gens possédant des cartes d'identification pré-payées par iPhone; sait-on jamais, des vols d'oxygène pourraient se commettre.

Tar Sands Threaten World’s Largest Boreal Forest

(...) Canada’s boreal forest is one of Earth’s major ecological treasures.

Yet the region’s forests are under threat from logging, hydrodams and mining. Satellite data reveals a major new threat to Canada’s boreal forests—tar sands development.

According to data from Global Forest Watch, an online mapping platform that tracks tree cover loss and gain in near-real time, industrial development and forest fires in Canada’s tar sands region has cleared or degraded 775,500 hectares (almost two million acres) of boreal forest since the year 2000 (Map A). That’s an area more than six times the size of New York City. If the tar sands extraction boom continues, as many predict, we can expect forest loss to increase.
(...)
According to Global Forest Watch data, from 2000-2013, Canada lost more than 26 million hectares of forest, mainly in its boreal region. More than 20 percent of the boreal forest region (more than 150 million hectares) is now covered by industrial concessions for timber operations, hydrocarbon development, hydroelectric power reservoirs, and mineral extraction (Map B).

http://www.wri.org/blog/2014/07/tar-sands-threaten-world%E2%80%99s-largest-boreal-forest

 

Les vacances sont propices à l’introspection et à l’évaluation de nos activités. Mes blogues ont survécu au grinder… alors me revoilà.

Le Québec pourrait être une oasis de beauté. On y trouve encore de l’eau potable, des arbres, de la végétation (mais pour combien de temps?). Il pourrait même être un modèle de respect envers la nature.

Mosaïculture

Mais, nous sommes en train d’en faire un mirage de désert minier/pétrolier… Les drapeaux rouges se multiplient et nos dirigeants continuent d’approuver les projets les plus rouges  
   Jeudi 11 septembre 2014. Déversement de diésel à Cap-aux-Meules, Îles-de-la-Madeleine – Hydro-Québec a indiqué que des tests de conformité avaient été réalisés sur l'oléoduc dans la semaine. Il semble que le bris soit survenu lors de l’inspection qui a mal tourné. 17 000 litres récupérés jusqu’à maintenant… et pas lieu de s’inquiéter (!).
http://ici.radio-canada.ca/regions/est-quebec/2014/09/13/001-hydrocarbures-fuite-cap-aux-meules.shtml
   Nous devrions avoir honte de sacrifier nos vraies richesses naturelles (essentielles à notre survie – terres arables, cours d’eau, etc.) sur l’autel de la croissance économique qui mène sans équivoque à notre propre ruine.


Quelques citations d’Aldous Huxley en guise de commentaires au sujet des batailles perdues récemment.

Industrie pétrolière :
Procuste en tenue moderne, le savant en recherches nucléaires préparera le lit sur lequel devra coucher l'humanité; et si l'humanité n'y est pas adaptée, ma foi, ce sera tant pis pour l'humanité. (Le meilleur des mondes, 1932)
[J’ajoute recherches pétrolières…]

Guerres :
- Aujourd'hui, après deux guerres mondiales et trois révolutions majeures, nous savons que la corrélation nécessaire entre la technologie plus avancée et la morale plus avancée n’existe pas. (…) Tous les hommes désirent la paix, mais il y en a peu, en vérité, qui désirent les choses qui conduisent à la paix. (Les portes de la perception, 1954)
- Il y a trois sortes d'intelligences : l'intelligence humaine, l'intelligence animale et l'intelligence militaire. (Point et Contrepoint, 1928)

Croissance économique :
- La population optimale est sur le modèle de l'iceberg : huit neuvièmes au-dessous de la ligne de flottaison, un neuvième au-dessus. (Le meilleur des mondes, 1932)
- Les armements, la dette universelle et l'obsolescence programmée sont les trois piliers de la prospérité occidentale. Si la guerre, le gaspillage et les usuriers étaient abolis, vous vous effondriez. (Île, 1962)

Série Commission Charbonneau :
- Les mots peuvent causer de la confusion et créer des «enchevêtrements»; mais l'absence de mots engendre une obscurité totale.
- La réalité ne peut être passée sous silence, sauf moyennant un prix à payer; et plus on persiste à la passer sous silence, plus le prix à payer devient élevé et terrible.
(Les portes de la perception, 1954)

Conclusion :
… La seule chose que nous connaissons au sujet de l'avenir, c'est que nous sommes profondément ignorants de ce qui va advenir, et que ce qui arrive effectivement est en général fort différent de ce que nous avions prévu. (Les portes de la perception, 1954)

-------
Deux livres de collection que vous aimerez revisiter une fois que la voie maritime du Saint-Laurent  aura été dévastée du nord au sud par la prospection, la fracturation, l’extraction d’énergies fossiles et la navigation démultipliée de bateaux citernes voguant vers d’autres continents; si l’on continue dans cette voie, le fleuve ne sera plus que rouille et boue noire dans peu de temps.

Le Québec au fil de l'eau
Mathieu Dupuis (photographe)
Marie-José Auclair (auteure, reporter et photographe)
Les Éditions de l’homme (2009)

Ce livre est un hommage à la beauté et à la fragilité de l’eau, ce patrimoine de l’humanité. Pure ou trouble, calme ou agitée, glacée ou vaporeuse, l’eau est multiforme. Elle se révèle complexe et majestueuse sous la lentille du photographe Mathieu Dupuis. Voyez le spectacle de cet «or bleu» qui devient tantôt ocre, vert, fuchsia, orangé, sous le regard ébloui de la nature et de l’humain. Au cœur de paysages sauvages, de décors urbains et domestiques, découvrez l’eau comme vous ne l’avez jamais encore vue. Au-delà de cette symphonie parfaite de couleurs et de formes, l’harmonie entre l’homme et l’eau demeure précaire. Ainsi, Marie-José Auclair nous entretient de cette ressource indispensable et des menaces qui pèsent sur elle. Percez l’univers grandiose et mystérieux de cet élément essentiel à la vie sur terre.

Anticosti Unique au monde
Alain Dumas (photographe)
Yves Ouellet (journaliste et photographe)
Les Éditions  de l’homme (2013) 

L'île d'Anticosti, un refuge sauvage aux paysages sublimes au milieu du golfe du Saint-Laurent.
   Nulle part au monde on ne saurait trouver une terre comparable à cette île envoûtante qu'est Anticosti. Vaste espace au milieu de l'immensité du golfe du Saint-Laurent, ce morceau de continent a attiré de tout temps les êtres épris de liberté.
   Au-dessus de cet éden que l'humain a apprivoisé, l'âme de Gamache le Sorcier continue de régner dans chaque arbre et chaque pierre, et les personnages phares d'Henri Menier et de Georges-Martin Zédé demeurent bien vivants dans l'esprit des insulaires. Partez à la découverte de ce trésor caché de l'histoire et du paysage québécois.
   Alain Dumas et Yves Ouellet se font vos guides pour vous révéler les plus beaux sites d'Anticosti, des paisibles prairies de l'Anse-aux-Fraises aux eaux cristallines de la Jupiter, des parois vertigineuses des canyons jusqu'aux bords de mer à saveur d'infini. Le temps d'un livre, vivez au rythme d'Anticosti et faites escale à mille lieues de la frénésie du monde moderne. 

[Anticosti] Reine du Golfe! Terre de lumière! Clef du Saint-Laurent! Paradis! Royaume vierge! Nef de verdure! (…) ~ Frère Marie-Victorin

Article complémentaire :

Retour au fleuve
Le Saint-Laurent, si fabuleux et si fragile
Par Marie-José Auclair, écologiste

Vous souvenez-vous de l’époque des bateaux blancs à vapeur qui, jusque dans les années 1960, ont marqué le développement des croisières sur le Saint-Laurent et celui de la villégiature dans la région de Charlevoix? Et que dire que de la tradition de baignade qui existait au tournant du XXe siècle à la plage du parc du Bout-de-l’Île à Pointe-aux-Trembles ou encore aux plages Bissonnette et Choquette, sur l’Île Sainte-Thérése?
   De tous temps, les êtres humains ont entretenu un contact étroit avec ce fleuve majestueux que les Amérindiens appelaient «Rivière qui marche». Pour les premiers explorateurs, il servira de voie de pénétration et de communication et tracera les routes de la traite des fourrures. De l’agriculture à l’industrie, en passant par les activités récréatives, le Saint-Laurent est l’épine dorsale de l’histoire et du développement du Québec et même du reste de l’Amérique du Nord. Ses paysages fabuleux ont toujours fasciné les touristes et les villégiateurs.

Un écosystème menacé

Malgré l’importance que le fleuve joue dans notre prospérité et notre bien-être, il est souvent laissé pour compte. L’urbanisation croissante et le développement industriel et agricole le menacent toujours. Pourtant, près de 45% des Québécois boivent son eau et la majorité d’entre eux vivent dans son bassin versant. Les pêches et le tourisme génèrent plus de 2 milliards de dollars par année. Véritable patrimoine vivant, il recèle plusieurs milliers d’espèces animales et végétales et une grande diversité d’écosystèmes qui rendent de nombreux services écologiques, dont la filtration de l’eau et l’atténuation des inondations par les milieux humides.
   Bien sûr, 30 ans d’efforts de dépollution et de restauration ont eu des effets bénéfiques, mais sa santé demeure fragile. Si certains polluants toxiques ont diminué, de nouvelles substances hautement toxiques ont fait leur apparition dans toutes les sphères de l’écosystème. Depuis les années 1980, leurs concentrations ont augmenté de 1000 fois chez les bélugas de l’estuaire du Saint-Laurent. Quant à la population d’anguilles d’Amérique, autrefois abondante et très prisée par les pêcheurs commerciaux, elle chute dramatiquement depuis les années 1980.
   Le fleuve est aussi menacé par les empiètements dans la plaine inondable et le dragage du chenal de navigation. S’ajoutent à cela les changements climatiques, susceptibles de provoquer une diminution du débit de l’eau en amont du fleuve alors qu’une hausse, par la fonte des glaciers, sera provoquée en aval. Les espèces envahissantes sont de plus en plus nombreuses. Et la pollution sonore engendrée par le trafic maritime et l’exploration pétrolière menace les mammifères marins qui utilisent l’écholocation pour se diriger, s’alimenter, se reproduire et socialiser.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire