Mise à jour : je viens de voir la deuxième partie du
documentaire Les sceaux d’Utrecht
Un cours d’histoire en accéléré et une réflexion
sur les enjeux du présent pour ouvrir les yeux et sortir de notre torpeur.
Comme le dit Alma Brooks dans cet épisode :
«Je pense que les gens n’ont pas encore réalisé ce qui se passe sur le plan
écologique.»
L’on revient à ce que disait récemment George
Monbiot :
«... Nous essayons de faire le procès des gens
qui se fichent totalement de la nature. Comment pouvons-nous les convaincre de
changer de mentalité s’ils ne partagent pas nos valeurs? Pour moi, la réponse
est simple : on ne le fait pas. (...)
Si nous cédons au système
financier en disant : «Le marché néolibéraliste est la façon d'aller de
l'avant», ce faisant, nous adoptons ces valeurs sociales. Les écologistes
comptent parmi les dernières lignes de défense contre la société progressiste
basée sur des valeurs extrinsèques. Si nous ne nous levons pas pour dire :
"Nous ne partageons pas ces valeurs, nos valeurs sont des valeurs
intrinsèques. Nous nous soucions des gens. Nous nous soucions de la nature.
Nous sommes intégrés à nos communautés et aux personnes autour de nous, et nous
voulons les protéger, pas seulement nous-mêmes. Nous ne voulons pas être
égoïstes. Ce n’est pas une question d'argent!", qui d’autre le fera?
Alors, vous me demandez :
"Eh bien, que pouvons-nous faire? Vous présentez des arguments contre les
tentatives de tarification, de financialisation et de monétisation de la nature
en vue de la protéger. Que devons-nous faire, alors?"
Eh bien, ce n'est pas un mystère.
La réponse a toujours été la même. Et elle sera toujours la même. La seule
chose qui fonctionne, mais que nous ne faisons pas, est simplement de quitter
notre fauteuil. La solution, c’est la MOBILISATION.
C'est la seule chose qui a
fonctionné, c’est la seule chose qui peut fonctionner. Tout le reste n'est que
bonbon, substitut et excuse pour ne pas faire ce qui fonctionne. Et cela s'applique
aux tentatives de monétiser et de financialiser la nature autant qu’à toutes
les autres questions que nous ne réussissons pas à résoudre.»
~ George Monbiot (The price of everything)
http://www.monbiot.com/2014/07/24/the-pricing-of-everything/
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Je préfère acheter la sauge blanche et les tresses
de foin d’odeur (sweet grass) directement dans les boutiques amérindiennes (pourquoi
passer par des revendeurs qui mangent leurs profits?). Le foin d’odeur est
aussi appelé Herbe à bison, Herbe de Sénèque et «Cheveux de la Terre-Mère»; j’aime
beaucoup son parfum un peu vanillé.
À ma dernière visite, j’ai acheté «Littérature amérindienne du Québec»,
des écrits en langue française colligés par Maurizio Gatti : «La littérature est un espace de liberté dans
lequel un nombre grandissant d’auteurs amérindiens laissent leur marque. Ce
recueil s’efforce d’en rendre compte.»
Catégorie
Poèmes
AUTOCHTONICITÉ
Éléonore
Sioui *
Dans un verre
De vin blanc
Déposez deux ou trois gouttes
De sang indien
Ajoutez-y une once de pollution
Brassez à l’européenne
Et vous aurez un mélange de deuxième classe
Puis fermentez le résidu de l’élixir
Qui vous procurera une troisième classe
Dont la dilution deviendra
L’Amérindien
Contaminé dans son authenticité.
Make
big plans, aim high in hope and work
Do
not make little plan as it gives no magic stir.
(Femmes de l’île, Rillieux, Sur le dos de la
tortue, numéro hors série, 1990, p.12)
* Née à Wendake (1925-2006), Éléonore Sioui a été
la première Wendat (Huronne) à avoir publié un recueil de poèmes au Québec.
L’ensemble de ses activités lui ont valu en 2001le titre d’officier de l’Ordre
du Canada. (…)
GARDE LE
SILENCE
Jean Sioui
*
Garde le silence si tu crains que le vent
n’emporte tes paroles au mauvais endroit
Arrête-toi un moment
écoute les bruits de la forêt
regarde la hauteur des arbres
respire l’odeur du bois
touche la fraîcheur du sol
et repars
enivré de vie
(Le Pas de l’Indien, Pensées wendates, Québec, Le
Loup de Gouttière, 1997, p.50)
Le pas de l’Indien est léger
son empreinte est ineffaçable
(Idem; p. 12)
* Jean Sioui, né en 1948, est Wendat (Huron). Il
demeure à Wendake où il conçoit des projets pour promouvoir l’écriture par les
Amérindiens. (…)
Religions, États,
mercantilisme, colonialisme et génocides
À voir :
un documentaire percutant et pertinent, Les
sceaux d’Utrecht (en deux parties)
http://ici.tou.tv/les-grands-reportages/S2014E106?autoplay=true
Réalisation :
Paul Bossé
Court Synopsis
1713, date de la signature du fameux traité
d’Utrecht qui a changé la face du monde. Cette mini-série documentaire animée
par le rappeur métis/anishnabe Samian présente l’histoire du point de vue de
ceux qui n’étaient pas à la table pour signer un traité qui fut fort de
conséquences pour toute l’Amérique. Ce regard sur les événements fait valoir la
mentalité des cultures autochtones, acadiennes et européennes face à
l’exploitation des terres et raconte le fondement de notre économie actuelle
qui encore aujourd’hui exerce une exploitation sauvage des ressources
naturelles.
Au cours de ses rencontres, Samian découvre
et questionne les conséquences de ce traité avec des penseurs et militants tels
que Serge Bouchard, Chef Ghislain Picard, Dominique Rankin, les historiens Dale
Miquelon, Renger de Bruin et Françoise Enguehard pour en nommer quelques-uns.
http://www.samian.ca/
Mes transcriptions (première partie) :
Avant la signature du Traité de paix d’Utrecht en
1713, l’Édit du pape Nicolas V, en 1452, avait causé de nombreuses guerres
entre les nations européennes :
«Par les présentes nous vous accordons la permission
complète d’envahir, de capturer et de soumettre tous les incroyants et les
ennemis du Christ où qu’ils puissent être et de prendre possession de leurs
royaumes, principautés et autres biens.»
Serge
Bouchard, anthropologue :
«Quand ils débarquent quelque part, surtout si les
terres sont sauvages, vierges et non exploitées et qu’ils ne reconnaissent pas
de civilisations, de pyramides, de constructions et d’infrastructures, alors
là, ils vont déclarer tout simplement ‘je
plante mon drapeau et prends possession de ces terres, et mon idée c’est de
déclarer que ces terres ne sont à personne’. Il y a une expression en droit
qui dit ‘terra nullius’, terre sans souverain, terre sans contenu, terre sans
rien. La fameuse croix qu’on pense être une croix chrétienne, était une croix
politique. C’était des planteux de
croix. Ils arrivaient quelque part, abattaient deux arbres, les gossaient et les
plantaient. Les Indiens regardaient ça et disaient : ‘Qu’est-ce que tu
fais là?’» Au sujet des traités : «Ce
sont tous des langues fourchues réunies dans un salon, de mauvaise foi, qui
signent des papiers qu’ils n’ont pas l’intention de respecter. C’est ça un
traité. D’un trait de plume, un aristocrate avec une perruque pis des petits
collants, signe : C’est à vous autres les Anglais!»
Alma Brooks,
Aînée Wolastoqiyik :
«Ils ont dessiné des cartes et remplacé nos noms par
les leurs. Ils on ensuite envoyé ces cartes en Angleterre pour donner l’impression
que personne n’habitait ici. Mais c’était un mensonge.»
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Ne pas
supporter Dieu : certainement une bonne raison pour susciter la colère de tous
ceux qui s'en servent comme une arme. ~ Umberto Eco
La monarchie telle que définie par Mark Twain :
Monarchy: A select and peculiar kind
of slave-proprietor who does not get his property by purchase, or trick, or
beguilement, but inherits it – from an ancestor who stole it.
À chaque fois qu’un empire colonialiste s’emparait
d’un pays (quelles que soient les époques), il se conduisait plus sauvagement que les sauvages qu’il entendait assimiler par la force ou exterminer purement
et simplement.
J’ai sauté au plafond en lisant des extraits du
document d’enquête de Kevin D. Annet : Hidden
No Longer; Genocide in Canada, Past and Present. Non pas à cause des méthodes
génocidaires utilisées – toujours les mêmes horreurs! – mais parce que nous ne savions rien de ce qui se
passait. Qui étaient les assassins? De fervents chrétiens supposés suivre religieusement le Décalogue. Notamment :
«tu ne tueras point», «tu ne déroberas point», «tu ne convoiteras point la
maison de ton prochain; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni
son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui
appartienne à ton prochain» – ah mais... le mot «prochain» n'incluait pas les aborigènes,
bien entendu.
«Cette
histoire de génocide délibéré implique tous les niveaux de gouvernement au
Canada, la Gendarmerie royale du Canada (GRC), chaque église dominante, les grandes
entreprises, la police locale, des médecins et des juges. Le réseau de complices
de cette machine à tuer était, et demeure, si vaste que sa dissimulation a
nécessité une procédure complexe de camouflage conçue par les hautes sphères du
pouvoir au pays. Le cover-up se poursuit, surtout que maintenant des témoins
oculaires des meurtres et des atrocités commis par l'Église dans les «pensionnats»
sont révélés pour la première fois :
»On
entend toujours des histoires au sujet de tous les enfants qui ont été tués à
Kuper Island. L’existence du cimetière au sud de l’école, où l’on enterrait les
bébés des jeunes filles violées par les prêtres, a été ignorée jusqu'à ce qu'il
soit creusé par les prêtres à la fermeture de l’école en 1973. Les religieuses
pratiquaient les avortements et parfois elles tuaient les mères. Il y avait
beaucoup de disparitions. Ma mère, âgée de 83 ans maintenant, a vu un prêtre
descendre un escalier en traînant une fille par les cheveux; la jeune fille est
morte. Des filles ont été violées, tuées et enterrées sous le plancher. Nous
avons demandé à la GRC de la région d'exhumer cet endroit et de rechercher les
restes, mais ils ont toujours refusé jusqu’à récemment, en 1996. Le caporal
Sampson nous a même menacés. Ce genre de cover-up est la norme. Les enfants ont
délibérément été mis en contact avec des malades atteints de tuberculose à
l'infirmerie. C'était une procédure standard. Nous avons recensé 35 meurtres sur
une période de sept ans.»
~ Témoignage
de Diane Harris au Tribunal IHRAAM, le 13 juin 1998 (agente en santé
communautaire pour le Conseil de bande Chemainus, Vancouver)
Ne serait-il pas étrange, pour ne pas dire
ironique, que les Amérindiens (encore rejetés, bafoués, violés, méprisés, affamés,
assassinés et dépouillés de leurs ressources) sauvent le pays des odieux pipelines?
«La route
prévue pour exporter du pétrole vers l'Asie passe par le chenal de Douglas qui
s'étend sur 90 kilomètres et relie l'océan Pacifique à Kitimat, terminal du
controversé oléoduc Northern Gateway entre les sables bitumineux de l'Alberta
et la côte ouest. Le projet ferait en sorte que des centaines de
superpétroliers transportant le bitume d'Alberta utiliseraient ce passage étroit
vers la mer.
Une plainte
déposée en Cour d'appel allègue que le gouvernement fédéral n'a pas tenu compte
des droits autochtones et du titre ancestral de la nation Gitxaala en
approuvant le projet d'oléoduc de l'entreprise albertaine Enbridge. Le jugement
portant sur la nation Tsilhqot'in renforce le dossier présenté par les
Gitxaala, a estimé Rosanne Kyle, l'avocate de la communauté : «Le projet
Northern Gateway sera le premier cas dans lequel les implications (du jugement)
Tsilhqot'in se cristalliseront». À environ 250 kilomètres au nord-est de la
nation Gitxaala, la nation Gitxsan a donné aux entreprises présentes sur son
territoire jusqu'au 4 juillet pour quitter les lieux.» (Source : journal
La Presse)
En diplomatie, l'ultimatum est la dernière
exigence avant les concessions.
~ Ambrose Bierce
La seule
façon pour un rêveur de se sortir d’une situation impossible est de se
réveiller. ~ D. Pelletier
À voir aussi : Le peuple invisible
Réalisation : Richard
Desjardins, Robert Monderie
Production : Office national du film du Canada (ONF); 2007
https://www.youtube.com/watch?v=s9L7IIUBMk4
Synopsis : Alors que différents projets
forestiers, miniers ou hydroélectriques s'intéressent aux territoires
autochtones, Rémi Savard, un anthropologue qui a travaillé sur le film, nous
donne cette description : «Ce n'est pas
un film sur les Indiens, c'est un film sur nous». Les Algonquins vivaient
jadis en symbiose avec le vaste territoire qu'ils occupaient. Cet équilibre fut
rompu avec l'arrivée des Européens au 16e siècle. Peu à peu, leur mode de vie
ancestral a été réduit en miettes, sans compter le pillage de leurs ressources
naturelles. Ils ne sont d'ailleurs plus que 9000 personnes réparties dans une
dizaine de communautés, certaines plongées dans une grande misère alors que les
droits humains de ce peuple autochtone sont souvent ignorés.
COMMENTAIRE
Observer les maîtres du monde concurrencer sur
l’échiquier planétaire, soutenir les tensions raciales, les désordres sociaux,
les guerres frontalières et économiques, et armer simultanément les factions opposées,
ne laisse guère de place à l’optimisme.