Parfois nous avons d’excellentes raisons d’être en colère. Mais la plupart du temps, les raisons, dues à des boursoufflures de l’ego, sont insignifiantes. La colère, ravalée ou extériorisée, porte néanmoins un germe de destruction. Il suffit d’une personne, d’une chose ou d’une situation qui nous contrarie et qui échappe à notre contrôle pour qu’elle surgisse. C’est une émotion légitime puisque nous vivons dans un monde de dualité, et donc, de frustration, mais, elle a un prix.
Suggestion : le documentaire «Discordia» produit par l’ONF (2004). Des grosses chicanes entre étudiants de l’université Concordia au sujet du conflit Palestine/Israël. Un microcosme en miroir du macrocosme qui n’a pas évolué depuis. On constate encore une fois que ce type de guerres basées sur des intérêts financiers et politico-religieux – et il n’y a pas que celle-là! – déteint sur toutes les populations du globe qui n’ont pas de parti-pris et veulent vivre en paix.
https://www.onf.ca/film/discordia_fr (sous-titrage français)
Description : Montréal, le 9 septembre 2002 : au moment où s'amorce la session d'automne à l'Université Concordia, l'annonce de la visite prochaine sur le campus de l'ancien premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, sensé prononcer un discours, attise les passions. Le soir même, «les émeutes de Concordia» défraient la manchette internationale, de CNN à al-Jazeera. Écrit et réalisé par Ben Addelman et Samir Mallal, deux diplômés de l'Université Concordia, ce long métrage documentaire suit trois jeunes militants du campus pendant l'année la plus formatrice de leur vie. Nourris par les compositions de la vedette hip-hop Buck 65, ils tracent un portrait caustique du milieu étudiant et rappellent l'importance de l'ouverture d'esprit.
«Dans la vie, tout tourne toujours autour de ce que veut le moi. Il n’y en a que pour le je : je veux, j’ai envie, je voudrais. Il faut que ma vie soit exactement telle que je la voudrais. Voilà la clé du décalage, de ce petit quart de poil qui chamboule tout. Tous autant que nous sommes, nous avons notre image idéale de la vie et nous voudrions tant qu’elle se réalise. Une vie confortable, agréable, avec des lendemains qui chantent. Les lendemains? Mais le futur n’existe pas… Alors, qui peut vous garantir que vos lendemains vont chanter? (…)
Une fois qu’on découvre l’inconfort et les angoisses du moi, arrive le moment crucial du choix : soit faire comme si de rien n’était, soit trouver le moyen de faire sortir le moi à l’air frais et à la lumière, pour laisser respirer cette pauvre créature crispée qui étouffe.»
~ Charlotte Joko Beck (Soyez zen)
On définit la frustration comme quelque chose que nous ne voulons pas vivre mais que nous ne pouvons pas esquiver. La vie est trop courte pour la passer sous la domination de la colère et de la frustration. Que faire alors? Si nous commencions par résoudre nos colères personnelles, peut-être aurions-nous moins de colères internationales à gérer.
Voyons ce que propose Philip Martin :
La colère
Un jour, un étudiant Zen vint se plaindre à Bankei :
-- Maître, j’ai un tempérament indomptable. Comment faire pour me guérir?
-- Vous avez quelque chose de très étrange, laissez-moi voir, répondit Bankei.
-- Mais, je ne peux pas vous le montrer en ce moment, dit l'étudiant.
-- Quand pourrez-vous me le montrer?, demanda Bankei.
-- Cela se produit de façon inattendue, expliqua l'étudiant.
-- Alors, conclut Bankei, cela ne doit pas faire partie de votre nature. Si c'était le cas, vous pourriez me le démontrer à n’importe quel moment. Lorsque vous êtes né vous ne l'aviez pas, et vos parents ne vous l'ont pas vous donné. Repensez-y bien.
Dans les enseignements bouddhiques, la colère est considérée comme l'un des «trois poisons», les deux autres étant la cupidité et l'illusion identitaire. ... La colère empoisonne notre corps et notre esprit – et pourtant, il nous semble impossible d'intervenir ou de la contrôler. ... La colère renforce l’importance de soi, importance qui doit être protégée. Une grande partie de notre colère en découle, en particulier si nous nous sentons menacés ou ignorés. Examiner les pensées et les émotions qui sous-tendent notre colère peut nous indiquer l’origine de notre colère. Cela peut aider à atténuer son emprise sur nous. ... Lorsque nous sommes en colère, même si nous sommes mal à l'aise, nous pouvons aussi nous sentir plus puissants. C'est là où la colère nous ment, surtout si nous nous sentons impuissants et insignifiants.
Se complaire dans la colère n’apporte pas grand-chose de bon. La colère teinte toutes nos pensées et nos sentiments et perpétue des manières de réagir qui provoquent de la souffrance. La colère peut aussi nous amener à invectiver et blesser les autres.
Malheureusement, nous découvrons qu’en essayant d'éliminer la colère, nous en créons plus. Au lieu de se dissiper, elle augmente spontanément.
Mais, nous avons une alternative. Nous pouvons approcher notre colère avec bienveillance pour découvrir ce qu’elle cache, comme nous le ferions avec la colère d'un petit enfant. Au lieu d'essayer de la tuer, nous pouvons l’aborder de façon non-violente, avec compassion.
Prenons d’abord conscience de la présence de cette colère, et puis de la façon dont elle influence nos pensées et nos gestes. Lorsque nous examinons la colère calmement, directement, nous lui retirons ses fondements, de sorte qu'elle ne dure pas longtemps; elle apparaît et disparaît aussitôt, sans se fixer. Nous permettons à notre colère d’entrer et sortir, au lieu de nous y accrocher, de la ruminer et de l'alimenter en versant de l'huile sur son feu.
C’est quand nous nous attachons à notre colère que la difficulté surgit. Shunryu Suzuki Roshi disait à propos de la méditation : «Vous pouvez laisser les pensées entrer chez vous – mais ne les inviter à rester pour le thé». On peut faire de même avec notre colère. Nous pouvons la laisser entrer, mais éviter de lui créer un environnement qui l’encourage à rester. Nous pouvons traiter avec compassion la peur sous-jacente que nous éprouvons. Nous pouvons également prendre l'énergie de la colère ... et l'orienter vers une action positive.
La colère, un peu comme une baguette de sourcier, nous guide vers nos peurs, mais aussi vers des situations qui nécessitent l’action. Elle n'est pas toujours sans fondement. Il n'est pas nécessaire de l’éviter, de la repousser ou de la considérer inutile. Voyons-la plutôt, comme une source d'énergie, de détermination et de clarté pour répondre de façon appropriée à n'importe quelle situation.
~ Philip Martin (in Anger, p. 45-47)
The Zen Path through Depression
HarperSanFrancisco; 1999
Traduction/adaptation maison : la version française (La voie zen pour vaincre la dépression, 2003) est malheureusement épuisée.
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Dresser le chiot en vous
Comme le chiot incontrôlable, votre esprit est plein de bonnes intentions – il a seulement une volonté propre et doit perdre quelques très mauvaises habitudes. Il serait cruel de battre un chiot qui vient de faire pipi sur le tapis et plus avisé de le ramener patiemment à la pile de journaux sur laquelle vous voulez qu’il fasse ses besoins. Il en est de même pour votre esprit. Contentez-vous de le ramener calmement sans colère, violence ou jugement, à son point de focalisation dès qu’il s’égare. Votre objectif est après tout de vous lier d’amitié avec votre esprit-chiot et non de lui faire craindre votre présence. Vous devriez accorder à votre esprit encore plus de patience qu’à un jeune chiot car il a, pendant des années, développé un penchant pour les rêveries, l’inquiétude, l’obsession, et tout cela à cause d’une très mauvaise éducation. En apprenant à être calme et patient avec votre esprit, vous commencez naturellement à vous détendre au moment présent – ce qui est après tout l’objectif de la méditation. Si vous le contraignez à se concentrer, comme un sergent instructeur poussant ses troupes, vous ferez naître un sentiment de tension apeurée et de malaise – peu propices à vous motiver par la suite! … L’apprentissage de la méditation est très proche de celui d’un instrument de musique. Il vous faut dans un premier temps acquérir quelques techniques de base, puis répétez inlassablement les mêmes gammes. Comme compter les respirations, faire des gammes peut être d’un ennui mortel, mais au fil des semaines vous vous améliorerez jusqu’au moment délicieux où vous parviendrez à jouer des morceaux simples.
~ Stephan Bodian (Zen! La méditation pour les nuls, p. 106-107)
C'est juste qu'il faut méditer régulo :
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