21 juillet 2014

«Droits» et «justice» en chicane

«Il est plus facile de sortir de ses gonds que d’y entrer.» ~ Marcel Achard
Je m’en abstiens (c’est mauvais pour la santé…) et me contente de répéter, comme un vinyle rayé.

Les lois permettant l’avortement et l’aide médicale à mourir n’ont jamais eu comme but d’imposer ces options à quiconque n’en veut pas. Il s’agit uniquement de libre accès.

Vancouver rallye, 20 mai 1992

1. L’avortement

«Avec la fermeture de la clinique privée Morgentaler, les femmes qui voudront subir un avortement auront deux choix : subir un avortement, payé par l'assurance-maladie, dans un hôpital à condition d'avoir deux références de médecins qui jugeront que l'avortement est médicalement nécessaire, ou subir un avortement dans une autre province, à leurs frais.
       Les coûts varient d'un endroit à l'autre pour les Néo-Brunswickoises voulant se faire avorter. À Halifax, en Nouvelle-Écosse, l'hôpital demande 1 700 $ aux patientes provenant de l'extérieur de la province. À Montréal, le prix demandé varie entre 600 $ et 1000 $. Les femmes peuvent également se rendre à Bangor, au Maine, où le coût d'un avortement est de 500 $ américains. Ce montant n'inclut pas les frais associés au déplacement et au logement.
       Certaines provinces, comme l'Ontario, couvrent les frais d'avortements pratiqués en cliniques privées pour ses résidentes. 
       La clinique Morgentaler demande au gouvernement du Nouveau-Brunswick de payer pour les avortements réalisés en clinique. Henry Morgentaler avait d'ailleurs intenté une poursuite en 2002 pour obliger le gouvernement à défrayer les coûts. Depuis sa mort, il y a un an, la cause est en suspens.
       Avant son décès en mai 2013, le Dr Morgentaler lui-même finançait la clinique, continuellement en déficit car aucune femme n’était refusée pour une incapacité de payer. Chaque procédure coûte entre 700 et 850 $.
       Sur les réseaux sociaux, l’indignation est à son comble. Le ministère de la Santé du Nouveau-Brunswick n’a pas l’intention de modifier sa réglementation : ‘ce dossier est toujours devant les tribunaux’.» (Extraits de divers quotidiens)

Aide-mémoire 
Les jurys ont supporté la cause du libre accès à l’avortement notamment en acquittant le Dr Morgentaler à répétition : trois procès, trois acquittements!

Documentaire à voir https://www.onf.ca/film/justice_en_proces_laffaire_morgentaler :
La justice en procès : l'affaire Morgentaler
Cinéaste : Paul Cowan, 1984 (58 min 42 s)  
«Ce long métrage documentaire utilise des scènes de reconstitutions d’événements pour faire revivre une cause célèbre qui a ébranlé le Dr Henry Morgentaler entre 1970 et 1976. Le film n'est pas un débat sur l'avortement; il n'absout ni ne condamne le moyen utilisé par le Dr Morgentaler pour défier la loi. Il permet cependant au spectateur de mieux comprendre les répercussions juridiques de l'affaire et de mieux connaître le médecin qui a mis en jeu sa carrière et sa liberté pour un principe qu’il défendait, à savoir le droit des femmes à disposer de leur corps.»

Quelques propos notés :

- Les juges enjoignent presque les jurés à le condamner. Un juge a le droit d’annuler le verdict d’un jury. 

- Jérôme Choquette (catholique pratiquant, alors ministre de la Justice du Québec) réclame un troisième procès. Tollé général!

- Quelqu’un qui a été accusé/disculpé deux fois peut-il être emprisonné?

- Commentaire de Me Claude-Armand Sheppard (avocat du Dr Morgentaler) au sujet des leçons à tirer de cette histoire :
       «Le seul échec de toute cette aventure fut que le gouvernement fédéral n’ait pas relevé le défi. Il a laissé le Québec refuser d’appliquer la loi. Puis il a tourné le dos… Je crois que cette histoire a démontré jusqu’à quel point les jurys peuvent humaniser et changer les lois. Deuxièmement, elle a démontré qu’il y a une limite à la tolérance et que les citoyens se révoltent contre des lois absurdes ou inapplicables. La troisième leçon c’est qu’un individu déterminé, prêt à se sacrifier et à risquer sa liberté, peut secouer le système et forcer les gens à voir ce qu’ils refusent de voir.»

Histoire de la lutte pour le droit à l’avortement :
http://www.morgentaler25years.ca/fr/la-lutte-pour-le-droit-a-lavortement/

«Actuellement, la quantité de procès corrélés à la maltraitance d’enfants, allant des sévices corporels et psychologiques jusqu’aux meurtres qualifiés, montre que beaucoup de parents souffrent d’un manque de maturité tel, que leur confier la garde de leurs propres enfants devient une entreprise à haut risque.
       Nous touchons ici à la poignante misère des «enfants non désirés», car même les «désirés» sont parfois maltraités, voire, assassinés par leurs parents. (Sans parler de l’inceste entre père/fille ou mère/fils, le second n’étant pas si rare qu’on le croit semble-t-il.) Il pourrait y avoir un lien direct entre immaturité sexuelle et immaturité parentale...
       Ne vaudrait-il pas mieux tuer un fœtus «dans l’œuf» au lieu de tuer un enfant une fois qu’il a commencé à vivre, ou mieux encore, utiliser la contraception? Je n’arrive pas à croire qu’en 2011, certaines religions «charismatiques» condamnent toujours la contraception et l’avortement.
       Malheureusement, il est vrai que la procréation tous azimuts fournit du bétail juvénile qui fait les belles heures de diverses industries – pédophilie et prostitution, guerre, fabrication d’objets polluants, et ainsi de suite. De la main d’œuvre à bon marché, voire, gratuite!»
Extrait de :
http://situationplanetaire.blogspot.fr/2011/06/pater-noster-mater-nostra.html

2. L’aide médicale à mourir

Le commentaire de Me Sheppard : «Je crois que cette histoire a démontré jusqu’à quel point les jurys peuvent humaniser et changer les lois. Deuxièmement, elle a démontré qu’il y a une limite à la tolérance et que les citoyens se révoltent contre des lois absurdes ou inapplicables», peut s’appliquer au groupe de médecins qui remet sur le tapis la Loi 52 (aide médicale à mourir) adoptée à 94 voix contre 22. Ces médecins affirment qu’il s’agit d’un assassinat, d’«un acte criminel déguisé en soin de santé». La coalition assimile l’aide médicale à mourir à un acte d’euthanasie relevant du Code criminel, un domaine de compétence fédérale. Elle prévient que «les médecins euthanasistes risquent d'être poursuivis au criminel».

Il est très facile de trouver des lois fédérales désuètes (issues des valeurs morales victoriennes) pour valider nos manques flagrants d’empathie, de compassion et d’humanisme.

Commentaires d’internautes (journal Le Devoir, septembre 2013) :

1. Vivement son adoption – J'ai accompagné plusieurs de mes proches parents dans leurs derniers instants de vie et je puis vous dire que les soins palliatifs, tel qu'ils sont offerts, ne répondent pas de façon adéquate, à la situation de celui qui approche de sa fin. Le droit de mourir dans la dignité çà n'existe tout simplement pas à l'heure actuelle, n'en déplaise à tous ces curés et apôtres du «mourir dans la douleur et l'indignité».
~ Louis Cossette, 25 septembre

2. En fait, ce que les associations religieuses telles l’Association for Reformed Political Action et les Prêtres pro-vie Canada demandent aux agonisants c’est d’offrir leurs souffrances et leurs tourments au Christ en rémission de leurs péchés.
~ Jeanne M. Rodrigue, 26 septembre

Liens :
Documentaire de l’ONF sur l’acharnement thérapeutique «Mourir pour soi» par Lina B. Moreco (j’ai transcrit quelques réflexions d’un patient) :
http://situationplanetaire.blogspot.fr/2014/01/la-mort-digne-cest-pour-quand.html

L’AQDMD (Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité) :
http://www.aqdmd.qc.ca/page1.php

Sur ce blogue : libellé «Euthanasie»

Citation du jour :  

«Une quelconque nation a toujours les politiciens, les curés, les pornographes et les terroristes qu’elle mérite.» ~ Jean Pierre Lefebvre, cinéaste

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