31 juillet 2014

Humour et créativité : des remèdes contre la sinistrose

Le premier degré de la folie est de se croire sage; le second, de le proclamer.
~ Proverbe italien

J’essaie d’être tout le temps gentil  
Et j’y arrive jusqu’à un certain point
Mais ensuite je quitte l’appartement

Je suis ici pour que vous m’aidiez à traiter avec les gens
qui devraient être ici.

I tried not being an artist for many years. It didn’t work.
Do what you love, people!

À découvrir, drôle, brillant, dans le mille : 
http://www.savagechickens.com/gettingstarted
Lisez son parcours…


Même ordre d’idée :
http://artdanstout.blogspot.fr/2014/07/creativite-et-labeur-selon-cohen.html

From Zen in the Art of Writing; Ray Bradbury 
       “We should not look down on work nor look down on [our early works] as failures. To fail is to give up. But you are in the midst of a moving process. Nothing fails then. All goes on. Work is done. If good, you learn from it. If bad, you learn even more. Work done and behind you is a lesson to be studied. There is no failure unless one stops. Not to work is to cease, tighten up, become nervous and therefore destructive of the creative process.” 
       A lifelong advocate of doing what you love, Bradbury ends with a beautiful disclaimer for the cynical: 
       “Now, have I sounded like a cultist of some sort? A yogi feeding on kumquats, grapenuts and almonds here beneath the banyan tree? Let me assure you I speak of all these things only because they have worked for me for fifty years. And I think they might work for you. The true test is in the doing. 
       Be pragmatic, then. If you’re not happy with the way your writing has gone, you might give my method a try. 
       If you do, I think you might easily find a new definition for Work. 
       And the word is LOVE.” 

Source :
http://www.brainpickings.org/index.php/2014/07/16/ray-bradbury-work-failure-love/

La police est venue chez moi tantôt pour me dire que mon chien avait poursuivi quelqu’un à vélo. Je lui ai dit : «Vous voulez rire? Mon chien n’a pas de vélo!» 

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Meilleur Haïku (5/7/5) pour mon pseudo :

bla bla bla bla bla
bla bla bla bla bla bla bla
bla bla bla bla bla

J’aime écrire pour rien…

28 juillet 2014

Bientôt au DSM-5…

Un dossier «alimentation» aujourd’hui : trois articles (libellés Végétarisme et Zoofriendly). Il faudrait peut-être visiter des favelas et des camps de réfugiés (quels que soient les pays) pour comprendre la réalité de la faim et de la misère dans le monde et modifier nos comportements de prédateurs sauvages.

Un monde meilleur, plus harmonieux, autant que possible dépourvu de violence? Il faut vraiment être fou pour y croire ou même l’espérer. Une touche d’humour dans cet article-ci, car en ce moment la folie humaine dépasse largement les niveaux admissibles de smog planétaire… On a parfois envie de commander : «Satan, sors de ces corps!»  


La compassion envers les animaux est-elle une maladie mentale? 

Dans la prochaine version du DSM-5 (1) au chapitre des «troubles de la personnalité»  on trouvera probablement de nouvelles maladies (liste non exhaustive) :

Trouble de la personnalité végétarienne / végétalienne
La personne atteinte s’abstient de manger chair et sous-produits animaux et se nourrit exclusivement de végétaux. Dans la phase végétalienne, elle refuse même de porter des vêtements en cuir, fourrure, etc. Le malade est totalement déconnecté de sa caractéristique humaine normale de cannibale.

Trouble de la personnalité anti-spéciste
La personne atteinte est persuadée que l’animal est un être sensible, capable d’éprouver des émotions (donc de souffrir), et qu’il n’est pas un objet; que les humains sont des animaux simplement différents des autres animaux, que les premiers n’ont pas plus de valeur que les seconds (et vice-versa), et que chaque groupe a droit au même respect. Le malade peut être atteint d’anthropomorphisme aigu.

Trouble de la personnalité antivivisectionniste
La personne atteinte n’achète pas de produits cosmétiques et ménagers testés en laboratoire sur les animaux. Le malade ne donne pas d’argent à la recherche médicale qui teste sur les animaux (il existe d’autres façons de le faire). Le malade croit qu’en bout de ligne, l’humain est le cobaye et que l’argent va dans les poches des multinationales pharmaceutiques. Il médite au lieu de prendre des antidépresseurs et des benzos à effet hypnotique. Un fichu malade difficile à contraindre.

Trouble de la personnalité anti-chasse-corrida-rodéo-cirque-parc-marin/aquarium-zoo…
La personne atteinte considère que tuer, maltraiter, brutaliser, torturer et ridiculiser des animaux n’est pas un divertissement. Contrairement aux humains sains d’esprit, le malade n’éprouve aucun plaisir à participer ou à regarder. Il est littéralement répugné par ces shows-sports. En rejetant tout plaisir normal et légitime de la vie, la santé émotionnelle du malade peut être lourdement hypothéquée.

Trouble de la personnalité anti-animaleries et abandon
La personne atteinte n’achète aucun animal provenant d’importateurs d’animaux exotiques ni des élevages concentrationnaires («usines») qui contribuent largement à la surpopulation de millions de chiens, chats et autres animaux domestiques errants, qui meurent de faim, de maladies et de blessures; les surplus finissent en laboratoire ou euthanasiés dans des refuges. Ce malade est incurable.

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Blague à part, on qualifie souvent les protecteurs des animaux de dangereux maniaques, de fanatiques, d’extrémistes sectaires, et j’en passe. Disons que s’il s’agissait d’une secte (certainement pas religieuse!), elle pourrait s’appeler Compassion. Aimer les animaux n’empêche pas d’aimer les animaux-humains, au contraire – ils font partie du lot de victimes visées par la panoplie de violences que l’animosapiens invente.

La compassion (définition courante)

Compatir, c'est «souffrir avec». La compassion n'est pas une émotion. Il s'agit plutôt d'une attitude qui nous porte à être sensible à la souffrance de quelqu'un. Devant la douleur d'autrui, nous vivons alors différentes émotions. Il peut s'agir de tristesse, de colère, de révolte, etc., toutes suscitées par ce que nous observons chez la personne qui pâtit. 
       Il faut également distinguer la compassion de l'empathie. L'empathie est une attitude qui rend capable de saisir ce qu'une personne vit émotionnellement, tel qu'elle le vit. C'est en quelque sorte la capacité de se mettre à sa place pour la comprendre «de l'intérieur». Lorsque nous sommes empathiques, nous choisissons volontairement d'essayer de voir et de ressentir la situation comme l'autre; nous adoptons volontairement son point de vue, incluant les réactions émotives qui en font partie. Mais nous restons toujours conscients qu'il s'agit de l'expérience de l'autre. Contrairement à ce qui se passe dans la compassion, dans l'empathie nous ne sommes pas nécessairement touchés (même si nous pouvons l'être). 
       Pour être capable de compassion, il faut savoir être empathique. C'est en effet parce que nous saisissons ce que vit l'autre que nous sommes amenés à être touchés. Si nous n'en avions aucune représentation, il nous serait impossible d'être émus.

Photo : One Voice

«Notre culture n'a pas assez développé l'éthologie, alors que la découverte du monde animal est bénéfique pour tous. Des éleveurs qui établissent des relations personnelles avec leurs vaches consomment en moyenne très peu de tranquillisants, alors que les éleveurs qui considèrent les animaux comme des choses à abattre et à vendre représentent une population dans laquelle on retrouve un nombre élevé de dépressions. C'est en rendant populaire ce genre d'études que les gens réaliseront qu'il faut diminuer ces massacres et ces tortures. Plus que par la loi, cela se fera grâce à des récits culturels. Dans les pays anglo-saxons, des écrivains, des philosophes ou des scientifiques comme Jane Goodall ont ainsi permis une protection animale plus efficace que la nôtre.»

«Il existe désormais un profond clivage entre l'animal familier, sur lequel se fixe une sur-affection, et l'animal de consommation, devenu un produit industriel. (...) Je crois que cela augmente la cruauté inconsciente parce qu'on ne se représente plus la mort de l'animal. Les enfants n'associent plus ce qu'ils mangent avec un être vivant.» (La plus belle histoire des animaux)

«On ne peut pas tout se permettre quand on tient compte du monde des autres.» (Mourir de dire : La honte) 

~ Boris Cyrulnik

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(1) La dernière édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l'Association Américaine de Psychiatrie a été publiée en 2013. Site officiel : http://www.dsm5.org/pages/default.aspx

Aux États-Unis, le DSM a été remis en cause par son ancien directeur lui-même. Ses critiques sont violentes : selon lui, les auteurs du DSM ont créé de toutes pièces des maladies, pour le plus grand bonheur des labos. Le psychiatre français Boris Cyrulnik a commenté pour Books cette polémique.

Commentaires de Boris Cyrulnik au sujet du DSM-IV
De fausses maladies sont inventées

[Extrait] – Un écran de fumée pour culpabiliser des individus qui ne sauraient pas «se vendre», s'ajuster, et éviter qu'ils en viennent à se poser les vraies questions : celles sur les tares structurelles d'un système qui les étouffe et les normalise, entre autres à coups de médicaments. D'un autre point de vue, être marginal, différent, exprimer sa subjectivité, etc. expose à une disqualification et à une dévalorisation sociales, alors que se dire malade (anxieux, déprimé, bipolaire...), c'est obtenir une sorte de reconnaissance sociale, par exemple en tant que victime, et échapper à l'exclusion. (…) 
       Les idées véhiculées par la culture psy sont la plupart du temps des interprétations sauvages, très éloignées des thèses psychanalytiques. Donner un nom à ce qu’on ne comprend pas aide à se situer dans le monde, en éclaire un segment, ce qui a pour effet de réduire l’anxiété, etc. Mais on peut donner des noms qui ne correspondent en rien à une réalité psychique complexe et ne servent qu’à légitimer la consommation de médicaments (antidépresseurs, tranquillisants et autres). Or c’est la vente des médicaments, donc des impératifs commerciaux en fin de compte, qui entraîne des théories visant à légitimer ce commerce après coup : des molécules seraient en mesure de corriger des déséquilibres psychiques... 
       La prescription de médicaments, conséquence directe des noms donnés à des manifestations psychiques («troubles»), permet aux médecins et aux psychothérapeutes de «se sentir mieux», moins démunis face à la souffrance des patients.
(…)
On découvre quelque chose qui est partiellement vrai, et on en fait une application totalement fausse. Sans parler des généralisations et de leurs conséquences...
       Cela n’a pas grand-chose à voir avec une démarche scientifique, mais tout à voir avec le marketing pharmaceutique et la recherche de profits à bas prix, sans les risques d’un R&D (recherche et développement) qui pourrait aboutir à des innovations véritables, développer la recherche fondamentale et ne pas se limiter à des applications immédiatement brevetables, répétitives (me too, par exemple) car basées sur les mêmes connaissances du passé. Mais il faudrait pour cela que les investissements nécessaires soient faits, que la recherche publique ne soit pas instrumentalisée pour des bénéfices privés à travers des partenariats public – privé où il n’y a qu’un seul gagnant…



Source article/vidéo (2011) :
http://pharmacritique.20minutes-blogs.fr/archive/2011/06/05/dsm-disease-mongering-et-conflits-d-interets-en-psychiatrie.html

Suite du dossier alimentation : «Tout ce qu’on ne sait pas…» et «Viande, santé, environnement».  

Tout ce qu’on ne sait pas…

Un des dictons préférés des manipulateurs est : «ce qu’on ne sait pas, ne fait pas de mal». Vraiment?

«Savoir ce que tout le monde sait, c’est ne rien savoir. La savoir commence là où commence ce que le monde ignore.» ~ Rémy de Gourmont

Il est évident que la plupart des gens ne se posent pas de question sur l’envers du décor de la production de viande, d’autres ne veulent pas le savoir (bien que ce soit plus difficile maintenant), tandis que d’autres sont indifférents. Il faut dire que le conditionnement pro-viande est aussi intensif que l’élevage… Par ailleurs, une nouvelle idéologie vient soutenir ce conditionnement : le régime Paléo (voyez l’article «Viande, santé, environnement»). 


Il ne s’agit pas de se culpabiliser, mais d’ouvrir les yeux – quand on sait, on peut choisir. Cela fait partie de l’exercice d’apprendre à penser et ressentir par soi-même. La psychologue Melanie Joy a publié un ouvrage sur l’aspect psychosocial de l’alimentation carnée :

Why We Love Dogs, Eat Pigs, and Wear Cows:
An Introduction to Carnism

Les rédacteurs du site Cahiers Antispécistes en ont traduit/résumé des passages.
Chapitre 1 : http://www.cahiers-antispecistes.org/spip.php?article399
Résumé des chapitres 2, 5, 6, 7 :
http://www.cahiers-antispecistes.org/spip.php?article400

[Extraits] 

Carnisme, idéologie et violence

Le carnisme est une idéologie qui travaille activement à demeurer dans l’ombre. Cela lui est nécessaire parce qu’elle fait partie des idéologies violentes : elle repose sur la violence physique exercée à grande échelle. 
       Lorsque les gens sont témoins de cette violence, ils en sont psychologiquement affectés. C’est ce qu’observe Melanie Joy quand elle projette à ses étudiants des films sur la production de viande. Elle a par ailleurs travaillé avec de nombreux militants végétariens de la cause animale souffrant de désordres post-traumatiques suite à une longue exposition à des chaînes d’abattage : ils ont des pensées obsessionnelles, des cauchemars, des insomnies, et autres symptômes. 
       En général, les gens détestent voir souffrir les animaux, même quand ils ne sont pas des «amis des bêtes». Nous sommes touchés par ce qui arrive à d’autres êtres sentients. C’est pourquoi les idéologies violentes ont des dispositifs de défense spéciaux qui permettent aux êtres humains de soutenir des pratiques inhumaines, sans même réaliser ce qu’ils font. L’invisibilité sociale et psychologique en fait partie. Mais il faut aussi que la violence soit physiquement invisible. On élève et tue des milliards d’animaux; mais avez-vous déjà vu ne serait-ce qu’un chaînon du processus de production de la viande?

Mythologie de la viande et légitimation du carnisme

Voici une scène observée devant un petit enclos d’animaux de ferme (cochons, vaches, poulets) situé à l’extérieur d’un magasin d’alimentation. Des enfants et leurs parents sont collés aux grilles. Ils regardent affectueusement les poussins et porcelets, sourient, cherchent à toucher les animaux, leur offrent de la nourriture. Ces mêmes personnes vont ensuite acheter du poulet, du jambon et du bœuf. Où est passée leur empathie? 
       Pour consommer la chair d’animaux que nous caressons, nous devons être si pleinement convaincus qu’il est juste de manger de la viande que cela nous évite d’avoir conscience de ce que nous faisons. Le carnisme repose sur l’idéologie des «3 N» : manger de la viande est normal, naturel, nécessaire. Il est semblable en cela à tous les systèmes violents bâtis sur l’exploitation d’une catégorie d’individus. Les 3 N sont si enracinés dans notre conscience sociale qu’ils guident nos actions sans que nous ayons à y penser. 
        Nous vivons dans un environnement qui nous conduit à accepter les mythes qui soutiennent le système carniste et à ignorer les incohérences qu’ils contiennent. Mais maintenir la cécité sur la vérité et rendre inopérante notre faculté d’empathie demande de l’énergie. C’est là qu’interviennent les institutions en tant que «faiseurs de mythes». En réalité, elles ne créent pas les mythes de toutes pièces – ils sont présents dans notre culture depuis des millénaires – mais elles les entretiennent, les renouvellent et les renforcent. Les mythes ont pour fonction de légitimer le système.

Le soutien des institutions

Quand un système est solidement établi, il est soutenu par toutes les grandes institutions sociales, de la médecine à l’éducation. Et qui est mieux à même de nous influencer que ceux en qui nous avons appris à placer notre confiance?  
       Les professionnels jouent un rôle clé dans le soutien des idéologies violentes. On peut citer l’exemple de l’Association vétérinaire américaine (AVMA) qui a donné son aval à l’enfermement des truies gestantes dans des stalles si étroites qu’elles ne peuvent même pas se retourner. En matière de végétarisme, nombre de médecins mettent en garde contre les dangers qui nous guettent si nous nous passons de viande, malgré la masse d’études indiquant que les végétariens se portent plutôt mieux que les omnivores. Le végétarisme chez les jeunes femmes est volontiers présenté comme le symptôme d’une tendance à l’anorexie. 
       Les professionnels entretiennent aussi le dogme carniste quand ils se présentent comme les tenants d’une position raisonnable et modérée. Ils crédibilisent le système en endossant son idéologie, tout en dénonçant certains de ses excès. C’est le cas par exemple des vétérinaires qui s’opposent à certaines pratiques de l’élevage industriel, tout en consommant régulièrement de la viande. La position «modérée» des professionnels fait apparaître ceux qui contestent le système comme des extrémistes irrationnels. 
       Pour la plupart, ces professionnels ne cherchent pas consciemment à soutenir une idéologie. Ils ont été élevés dans le système et leur façon de voir les choses est modelée par celui-ci. Il en va différemment pour d’autres propagateurs des mythes carnistes, qui eux agissent de façon délibérée pour servir les intérêts de l’agrobusiness. 
       On peut citer l’exemple du partenariat entre le Conseil national des produits laitiers et l’Association américaine de diététique (l’ADA regroupe les professionnels de la nutrition). L’interprofession du secteur laitier sponsorise l’ADA dans le but de favoriser de sa part des recommandations telles que la consommation de trois produits laitiers par jour. 
       Tout ce qui est conforme au système est entériné par la loi et présenté comme éthique et raisonnable. 
       Les médias jouent un rôle déterminant à cet égard. Ils assurent l’invisibilité du système par omission. Aux États-Unis, on abat 10 milliards d’animaux par an. Qui en entend parler? Comparez le nombre d’articles et émissions consacrés aux abattoirs ou à la maltraitance dans les élevages, à la place dévolue à une hausse du prix de l’essence ou à la vie des stars d’Hollywood. 
       Plus rarement, les médias recourent à la censure. Ainsi, en 2004, la chaîne CBS refusa de passer un spot publicitaire anti-viande de PETA pendant le Super Bowl, arguant que la chaîne ne diffusait pas de messages militants. Pourtant, à la même période, elle diffusa des spots anti-tabac et, comme à l’accoutumé, des publicités pour des produits carnés. Lorsque les horreurs de la production de viande sont évoquées dans les médias, elles sont volontiers présentées comme des exceptions propres à tel élevage ou abattoir, et non comme la règle. Des nutritionnistes vous recommandent de manger de la viande, tout en marquant leur caractère «raisonnable et modéré» en ajoutant, par exemple, qu’il faut préférer les viandes maigres aux viandes grasses. A l’approche de Noël, on diffuse des émissions culinaires sur la façon de cuisiner la dinde, etc.

Manger de la viande est normal

Les normes ne sont pas qu’une description des pratiques majoritaires. Elles sont des prescriptions sur la manière dont on doit se comporter. Elles ne sont pas innées mais construites, et servent à nous maintenir dans le rang de façon à ce que le système demeure intact. 
       Le chemin de la norme est celui de la moindre résistance. Nous le suivons quand nous sommes en pilotage automatique, sans nous rendre compte que nous agissons d’une manière que nous n’avons pas consciemment choisie. 
       Il est beaucoup plus facile de se conformer à la norme que de la contrer. Les aliments carnés sont facilement disponibles alors qu’on ne trouve pas partout des menus sans produits animaux. Les végétariens se trouvent souvent obligés de justifier leurs choix, ou de s’excuser du dérangement causé parce qu’ils ne mangent pas comme les autres. Ils sont fréquemment caricaturés ou tournés en ridicule.

Manger de la viande est naturel

Il est vrai que depuis deux millions d’années, les humains consomment de la viande (même si la plupart du temps, les végétaux ont largement prédominé dans leur alimentation). Mais le viol et l’infanticide ont été pratiqués depuis tout aussi longtemps, et pourtant nous les jugeons immoraux et n’invoquons pas leur caractère naturel pour les justifier. La naturalisation est le processus par lequel le «naturel» se transforme en «légitime». Quand une idéologie est naturalisée, on croit que ses principes sont en accord avec les lois de la nature et/ou de Dieu. La science, la religion et l’histoire viennent alors au secours de l’idéologie dominante. La science lui fournit un fondement biologique. La religion confère un fondement divin à l’ordre qu’elle prescrit. Et l’histoire privilégie les «faits» tendant à prouver que cette idéologie a toujours existé.

Manger de la viande est nécessaire

Cette croyance donne au carnisme l’apparence d’un état de fait inévitable : l’abolir équivaudrait au suicide. Une croyance voisine est celle selon laquelle la viande serait nécessaire pour jouir d’une bonne santé. 
       La «nécessité» prend parfois d’autres visages que celui des besoins alimentaires. C’est ainsi qu’on entend dire que nous devons continuer à manger des animaux parce que sinon la Terre serait surpeuplée de vaches, poules et cochons dont on ne saurait que faire. (Un paradoxe central de toutes les idéologies violentes est que la tuerie doit continuer pour justifier tous les massacres déjà perpétrés.) On invoque aussi la nécessité économique : on défend le statu quo en arguant que l’économie s’effondrerait si on le mettait en cause.

Le mythe du libre-arbitre

Les idéologies violentes ont besoin de notre participation volontaire. Or, la plupart des gens ne veulent pas faire de mal aux animaux. Il faut donc les forcer à soutenir le système. Mais la coercition ne fonctionne que tant qu’on ne la perçoit pas. Il faut que nous croyions au mythe du libre-arbitre : nous consommons des animaux parce que nous le voulons. Et le fait est que nous le faisons sans que personne ne nous pointe un pistolet sur la tempe. Ce n’est pas nécessaire. Nous avons commencé à manger de la viande avant même de savoir parler. Depuis, notre plus jeune âge, nous avons entendu nos parents et les médecins dire que nous avions besoin de viande pour grandir et devenir forts. Elle a été de tous nos repas; elle est associée à nos souvenirs de sorties au restaurant avec nos parents, aux menus traditionnels de fête; nous en mangeons en toute occasion sans nous demander comment elle a été produite. Sa présence nous semble une évidence. C’est ce flux d’expérience ininterrompu qui lessive notre libre-arbitre. Si quelque chose vient perturber notre rapport habituel à la viande – nous entrevoyons des images d’abattoir par exemple – nous sommes pris dans le filet très élaboré de défense du carnisme, qui nous ramène en douceur dans le rang. 
       Il est impossible d’exercer son libre-arbitre tant qu’on est à l’intérieur du système, parce que nos modèles de pensée profonds sont inconscients. Ils échappent à notre contrôle. Nous devons nous écarter du système pour recouvrer notre empathie perdue et pour faire des choix en accord avec ce que nous sentons et pensons vraiment, plutôt qu’avec ce qu’on nous a appris à éprouver et à croire.

Site de l’auteur : www.carnism.com
Ne ratez pas la vidéo en page d’accueil : l’hôte annonce à ses invités qu’ils sont en train de manger du chien…

Gene Baur, Farm Sanctuary
http://www.farmsanctuary.org/

Des rescapés de fermes et/ou d’abattoirs (non destinés à la consommation) – vivre et laisser vivre, réjouissant de voir ça!



Autres liens :

http://vimeo.com/35577112

http://gentleworld.org/

http://www.30millionsdamis.fr/

http://lesanimauxnesontpasdeschoses.ca/

Viande, santé, environnement

Quand je me suis «végétalisée» dans les années 80, le livre de John Robbins, Diet for a New America: How Your Food Choices Affect Your Health, Happiness and the Future of Life on Earth (1987) a confirmé mon choix et éclairé ma lanterne.

«À l'heure actuelle, quand nous nous assoyons pour manger, nous ne sommes pas très conscients de la façon dont nos choix alimentaires affectent le monde. Nous ne réalisons pas que chaque Big Mac contient un fragment de forêt tropicale, et qu’à chaque milliard de hamburgers vendus une centaine d'espèces disparait. Nous ne réalisons pas que dans le grésillement de nos steaks il y a la souffrance des animaux, l'exploitation minière de notre terre arable, la coupe à blanc de nos forêts, un préjudice porté à notre économie et une détérioration de notre santé. Nous n'entendons pas dans le grésillement le cri des millions d’affamés qui pourraient autrement être nourris. Nous ne voyons pas les poisons toxiques s'accumulant dans les chaînes alimentaires, empoisonnant nos enfants et notre terre pour des générations à venir. Mais lorsque nous prenons conscience de l'impact de nos choix alimentaires, nous ne pouvons plus vraiment oublier. Bien sûr, nous pouvons enfouir le tout au fond de notre conscience, et nous aurons peut-être besoin de le faire, de temps à autre, pour composer avec l'énormité de ce qui est en cause. 
       Mais la terre elle-même nous rappellera – ainsi que nos enfants, les animaux, les forêts, le ciel et les rivières – que nous faisons partie de cette terre, et qu’elle fait partie de nous. Toutes les choses sont profondément connectées, de sorte que les choix que nous faisons dans notre vie quotidienne ont une énorme influence, non seulement sur notre propre santé et vitalité, mais aussi sur la vie d'autres êtres, et certainement sur le destin de la vie sur terre.» (Extrait de l’introduction)
John Robbins a publié d’autres ouvrages depuis : http://johnrobbins.info/

«Si la vie existe en dehors de la planète terre, s'il existe quelque part ailleurs des êtres vivants, ce serait un bien grand hasard, une bien étrange coïncidence, qu'ils soient dotés des mêmes sens que nous... Imaginez qu'ils arrivent, qu'ils nous conquièrent, qu'ils nous goûtent et qu'ils nous trouvent bons!»
~ René Barjavel (La faim du tigre)

Santé 

De plus en plus de diététistes considèrent que les régimes végétariens bien planifiés sont SAINS et ADÉQUATS sur le plan NUTRITIONNEL et pourraient même aider à PRÉVENIR LE CANCER, le diabète et les maladies du cœur. Ils constatent également que les végétariens ont tendance à consommer MOINS DE CHOLESTÉROL et de gras saturés et PLUS DE FIBRES, de VITAMINES et d’ANTIOXYDANTS que les non-végétariens. 
       Certaines personnes adoptent aussi une alimentation végétarienne pour des raisons ENVIRONNEMENTALES. En effet, la production de viande nécessite une grande dépense de céréales : il faut jusqu’à 16 lb (7,35 kg) de céréales pour produire 1lb (500 g) de viande. Par conséquent, un régime alimentaire à base de légumes, de haricots, de légumineuses et de céréales épuise moins nos RESSOURCES NATURELLES et alimentaires. 
       Enfin, si toutes ces considérations ne suffisent pas, ceux et celles qui hésitent encore à mettre moins de viande dans leur assiette devraient songer aux ÉCONOMIES qu’ils réaliseront en achetant des légumineuses plutôt que du bifteck.

Étant donné que les chefs connaissent une popularité frisant l’hystérie, j’avais récemment j’avais exprimé un vœu : que des chefs explorent sérieusement la cuisine végé. 
       Eh bien c’est chose faite (30 juin 2014) : Cordon Vert goes one better than the World Cup - Knockout food created by chefs from Brazil, the Netherlands and England!  This was no footy match but chefs getting some top training in catering and developing knockout menus for their meat free customers...  
Via https://www.vegsoc.org/news
http://www.cordonvert.co.uk/cv08/cv.aspx


Environnement   

Une étude récente, publiée par Proceedings of the National Academy of Sciences, a comparé les coûts environnementaux de la production d’œufs, de volaille, de porc et de bœuf. La production de bœuf est la plus coûteuse et la plus dommageable pour l’environnement – ça fait longtemps que les écologistes et les végétariens le savent (1). Elle requiert 11 fois plus d’eau et 6 fois plus d’engrais azotés (reconnus pour polluer cours d’eaux et lacs). Aux États-Unis, près de 40% de la superficie des terres agricoles est réservé à l’agrobusiness animalier – pâturage et culture de semences pour le fourrage.
       «La production d’animaux de consommation est une activité humaine envahissante et omniprésente qui détruit l’environnement. Elle entraîne environ un cinquième des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Elle compromet également la biodiversité et promeut l’extinction d'espèces», disent les auteurs. Ils font valoir que les pacages et les terres agricoles pourraient avoir des vocations écologiques si elles n'étaient pas exploitées pour le bétail.
       Il suffit de regarder la taille des bovins (et autres animaux de consommation) pour se figurer les ressources alimentaires exigées – contenant par ailleurs des drogues qui stimulent l’appétit et des hormones de croissance prétendument bannies – pour comprendre le problème d’obésité croissante chez les humains. Miroir, miroir… tu deviens ce que tu manges. Et, comme on traite les animaux, on traite les humains.
       Il existe de nombreuses autres sources de protéines ayant moins d'impacts environnementaux, telles que les noix, les légumineuses et les graines de culture organique, nettement moins coûteuses que la viande et les œufs. La plupart des gens mangent trop de protéines animales. L'Américain moyen mange 248 lb (113 kg) de viande chaque année, ce qui représente 40 pour cent de son apport calorique. La plupart des experts en nutrition maintiennent que l’apport calorique provenant de viande ne devrait pas dépasser 10%. Donc, inclure d'autres sources est plus bénéfique pour l'estomac, le portefeuille et l'environnement.

La suite des choses dépend des décideurs politiques bien sûr, mais surtout de nos choix personnels – si une grande majorité de gens cesse de manger de la viande, les pratiques industrielles et les politiques changeront conformément à la loi de l’offre et de la demande… car il n’y a que l’argent qui intéresse l’industrie (et les producteurs qu’ils achètent). Au fond, ça reste une question de valeurs et d’éthique personnelle tant pour les industriels, les producteurs, les employés (abatteurs et bouchers) que les consommateurs.

Source :
http://www.treehugger.com/green-food/scientists-identify-most-environmentally-harmful-animal-product-american-diet.html

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(1) Dans le livre Save the Animals, 101 easy things you can do publié en 1990 par PETA, on disait ceci :

- 95% des animaux abattus le sont pour la consommation humaine.
- L’industrie de la viande et des produits laitiers tuent 14 millions d’animaux par jour.
- Une usine de transformation de volaille gaspille 100 millions de gallons d’eau par jour.
- Il y a 55 acres de forêt boréale dans un hamburger.
- L’eau utilisée pour la production d’un hamburger équivaut à la quantité d’eau utilisée par une famille de 4 personnes en un mois.
- À chaque année, l’industrie de la volaille tue entre 5 et 6 milliards de poulets. Dans les usines de production, 90% des poulets sont atteints de cancer (leucoses) et infectés par la salmonellose.
- Manger des animaux peut être dangereux pour votre santé.

Eh bien, au lieu de diminuer, la consommation a augmenté! Quant aux dangers de manger de la viande, on vient d’en avoir un exemple avec les fournisseurs de viande avariée destinée aux McDonald’s. En tout cas, si je mangeais de la viande et du poisson, en particulier en produits préfabriqués, je me renseignerais sur les ingrédients et leur origine car ils pourraient contenir du chat, du chien, du cheval, du rat, etc.

À votre avis, pourquoi la viande et les produits laitiers sont-ils bourrés d’antibiotiques?
Source photo : http://www.theghostsinourmachine.com/

Végétalisme http://www.vegansociety.com/

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Nouvelle idéologie : retour au régime paléolithique 

Beaucoup de viande au menu; donc c’est loin d’être un régime qui contribuera à réduire la pollution causée par la production de viande ni la souffrance des animaux...
       En fait, cette idéologie n’est pas nouvelle du tout. Qu’on se souvienne de la Low Carb Diet d’Atkins (1972). Selon certaines recherches, l’apport élevé en protéines animales peut, à long terme, altérer le fonctionnement des reins, en particulier chez les personnes diabétiques. 

Les principes
Le régime Paléo exclut céréales, légumes secs, laitages, sucre, sel, parce que ces aliments sont apparus au néolithique, au moment de la révolution agricole (culture, élevage). La question des huiles est débattue. Certains chercheurs considèrent qu'elles n'ont pas leur place dans le régime Paléo stricto sensu puisqu'il s'agit d'aliments transformés. Par exemple, il faut consommer des oléagineux, mais des olives plutôt que de l’huile d'olive.

Qu’en dit la recherche?
L’établissement du régime de nos ancêtres est un sujet de recherche scientifique. À ce titre, la composition de la diète ancestrale est susceptible de varier au rythme des nouvelles découvertes. Le régime préhistorique tel qu’il est prôné par Loren Cordain ou Jean Seignalet pourrait aussi être faussé par le fait que le choix des aliments des hommes du Paléolithique dépendait de la chasse, du climat, des saisons, etc. Alors que nous disposons aujourd’hui de tous les aliments dont nous voulons à portée de main.
       Les débats portent sur la place des produits carnés dans ce régime.
       En revanche, une alimentation riche en fruits et légumes, sources de vitamines et d’antioxydants, agit sur la prévention des cancers, de l’hypertension, de l’ostéoporose sont avérés. De même, une consommation accrue d’aliments riches en oméga-3 (huiles de colza ou de noix, noix, légumes verts à feuilles) a été associée à une diminution du risque de maladies cardiovasculaires.
       De plus, les recherches récentes montrent que ce sont les glucides apparus avec le Néolithique et l’avènement de l’agriculture (céréales et sucre du lait) qui possèdent les index glycémiques (IG) les plus élevés. Or la consommation d’aliments à IG élevé a été associée à une prise de poids et à une sensibilité accrue à l’insuline, donc un risque plus grand de diabète de type II.

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Entrefilet : Un passager a filmé une femme d’origine asiatique qui a sorti un oiseau de son sac, l’a déplumé, puis dévoré cru au beau milieu d’un wagon de métro, sous le regard dégoûté des témoins. Une adepte du régime Paléo ou plus probablement une immigrante fraîchement arrivée qui ignore tout de notre code civil.

23 juillet 2014

La colère et son corollaire : la haine


Parfois nous avons d’excellentes raisons d’être en colère. Mais la plupart du temps, les raisons, dues à des boursoufflures de l’ego, sont insignifiantes. La colère, ravalée ou extériorisée, porte néanmoins un germe de destruction. Il suffit d’une personne, d’une chose ou d’une situation qui nous contrarie et qui échappe à notre contrôle pour qu’elle surgisse. C’est une émotion légitime puisque nous vivons dans un monde de dualité, et donc, de frustration, mais, elle a un prix. 

Suggestion : le documentaire «Discordia» produit par l’ONF (2004). Des grosses chicanes entre étudiants de l’université Concordia au sujet du conflit Palestine/Israël. Un microcosme en miroir du macrocosme qui n’a pas évolué depuis. On constate encore une fois que ce type de guerres basées sur des intérêts financiers et politico-religieux – et il n’y a pas que celle-là! – déteint sur toutes les populations du globe qui n’ont pas de parti-pris et veulent vivre en paix.

https://www.onf.ca/film/discordia_fr  (sous-titrage français)

Description : Montréal, le 9 septembre 2002 : au moment où s'amorce la session d'automne à l'Université Concordia, l'annonce de la visite prochaine sur le campus de l'ancien premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, sensé prononcer un discours, attise les passions. Le soir même, «les émeutes de Concordia» défraient la manchette internationale, de CNN à al-Jazeera. Écrit et réalisé par Ben Addelman et Samir Mallal, deux diplômés de l'Université Concordia, ce long métrage documentaire suit trois jeunes militants du campus pendant l'année la plus formatrice de leur vie. Nourris par les compositions de la vedette hip-hop Buck 65, ils tracent un portrait caustique du milieu étudiant et rappellent l'importance de l'ouverture d'esprit.

«Dans la vie, tout tourne toujours autour de ce que veut le moi. Il n’y en a que pour le je : je veux, j’ai envie, je voudrais. Il faut que ma vie soit exactement telle que je la voudrais. Voilà la clé du décalage, de ce petit quart de poil qui chamboule tout. Tous autant que nous sommes, nous avons notre image idéale de la vie et nous voudrions tant qu’elle se réalise. Une vie confortable, agréable, avec des lendemains qui chantent. Les lendemains? Mais le futur n’existe pas… Alors, qui peut vous garantir que vos lendemains vont chanter? (…)
       Une fois qu’on découvre l’inconfort et les angoisses du moi, arrive le moment crucial du choix : soit faire comme si de rien n’était, soit trouver le moyen de faire sortir le moi à l’air frais et à la lumière, pour laisser respirer cette pauvre créature crispée qui étouffe.»
~ Charlotte Joko Beck (Soyez zen

On définit la frustration comme quelque chose que nous ne voulons pas vivre mais que nous ne pouvons pas esquiver. La vie est trop courte pour la passer sous la domination de la colère et de la frustration. Que faire alors? Si nous commencions par résoudre nos colères personnelles, peut-être aurions-nous moins de colères internationales à gérer.

Voyons ce que propose Philip Martin :

La colère 

Un jour, un étudiant Zen vint se plaindre  à Bankei :
-- Maître, j’ai un tempérament indomptable. Comment faire pour me guérir?  
-- Vous avez quelque chose de très étrange, laissez-moi voir, répondit Bankei.
-- Mais, je ne peux pas vous le montrer en ce moment, dit l'étudiant.
-- Quand pourrez-vous me le montrer?, demanda Bankei.
-- Cela se produit de façon inattendue, expliqua l'étudiant.
-- Alors, conclut Bankei, cela ne doit pas faire partie de votre nature. Si c'était le cas, vous pourriez me le démontrer à n’importe quel moment. Lorsque vous êtes né vous ne l'aviez pas, et vos parents ne vous l'ont pas vous donné. Repensez-y bien. 

Dans les enseignements bouddhiques, la colère est considérée comme l'un des «trois poisons», les deux autres étant la cupidité et l'illusion identitaire. ... La colère empoisonne notre corps et notre esprit – et pourtant, il nous semble impossible d'intervenir ou de la contrôler. ... La colère renforce l’importance de soi, importance qui doit être protégée. Une grande partie de notre colère en découle, en particulier si nous nous sentons menacés ou ignorés. Examiner les pensées et les émotions qui sous-tendent notre colère peut nous indiquer l’origine de notre colère. Cela peut aider à atténuer son emprise sur nous. ... Lorsque nous sommes en colère, même si nous sommes mal à l'aise, nous pouvons aussi nous sentir plus puissants. C'est là où la colère nous ment, surtout si nous nous sentons impuissants et insignifiants.
       Se complaire dans la colère n’apporte pas grand-chose de bon. La colère teinte toutes nos pensées et nos sentiments et perpétue des manières de réagir qui provoquent de la souffrance. La colère peut aussi nous amener à invectiver et blesser les autres.
       Malheureusement, nous découvrons qu’en essayant d'éliminer la colère, nous en créons plus. Au lieu de se dissiper, elle augmente spontanément.
       Mais, nous avons une alternative. Nous pouvons approcher notre colère avec bienveillance pour découvrir ce qu’elle cache, comme nous le ferions avec la colère d'un petit enfant. Au lieu d'essayer de la tuer, nous pouvons l’aborder de façon non-violente, avec compassion.
       Prenons d’abord conscience de la présence de cette colère, et puis de la façon dont elle influence nos pensées et nos gestes. Lorsque nous examinons la colère calmement, directement, nous lui retirons ses fondements, de sorte qu'elle ne dure pas longtemps; elle apparaît et disparaît aussitôt, sans se fixer. Nous permettons à notre colère d’entrer et sortir, au lieu de nous y accrocher, de la ruminer et de l'alimenter en versant de l'huile sur son feu.
       C’est quand nous nous attachons à notre colère que la difficulté surgit. Shunryu Suzuki Roshi disait à propos de la méditation : «Vous pouvez laisser les pensées entrer chez vous – mais ne les inviter à rester pour le thé». On peut faire de même avec notre colère. Nous pouvons la laisser entrer, mais éviter de lui créer un environnement qui l’encourage à rester. Nous pouvons traiter avec compassion la peur sous-jacente que nous éprouvons. Nous pouvons également prendre l'énergie de la colère ... et l'orienter vers une action positive.
       La colère, un peu comme une baguette de sourcier, nous guide vers nos peurs, mais aussi vers des situations qui nécessitent l’action. Elle n'est pas toujours sans fondement. Il n'est pas nécessaire de l’éviter, de la repousser ou de la considérer inutile. Voyons-la plutôt, comme une source d'énergie, de détermination et de clarté pour répondre de façon appropriée à n'importe quelle situation.

~ Philip Martin (in Anger, p. 45-47)
The Zen Path through Depression
HarperSanFrancisco; 1999

Traduction/adaptation maison : la version française (La voie zen pour vaincre la dépression, 2003) est malheureusement épuisée.

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Dresser le chiot en vous

Comme le chiot incontrôlable, votre esprit est plein de bonnes intentions – il a seulement une volonté propre et doit perdre quelques très mauvaises habitudes. Il serait cruel de battre un chiot qui vient de faire pipi sur le tapis et plus avisé de le ramener patiemment à la pile de journaux sur laquelle vous voulez qu’il fasse ses besoins. Il en est de même pour votre esprit. Contentez-vous de le ramener calmement sans colère, violence ou jugement, à son point de focalisation dès qu’il s’égare. Votre objectif est après tout de vous lier d’amitié avec votre esprit-chiot et non de lui faire craindre votre présence. Vous devriez accorder à votre esprit encore plus de patience qu’à un jeune chiot car il a, pendant des années, développé un penchant pour les rêveries, l’inquiétude, l’obsession, et tout cela à cause d’une très mauvaise éducation. En apprenant à être calme et patient avec votre esprit, vous commencez naturellement à vous détendre au moment présent – ce qui est après tout l’objectif de la méditation. Si vous le contraignez à se concentrer, comme un sergent instructeur poussant ses troupes, vous ferez naître un sentiment de tension apeurée et de malaise – peu propices à vous motiver par la suite! … L’apprentissage de la méditation est très proche de celui d’un instrument de musique. Il vous faut dans un premier temps acquérir quelques techniques de base, puis répétez inlassablement les mêmes gammes. Comme compter les respirations, faire des gammes peut être d’un ennui mortel, mais au fil des semaines vous vous améliorerez jusqu’au moment délicieux où vous parviendrez à jouer des morceaux simples.

~ Stephan Bodian (Zen! La méditation pour les nuls, p. 106-107) 

C'est juste qu'il faut méditer régulo :

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21 juillet 2014

«Droits» et «justice» en chicane

«Il est plus facile de sortir de ses gonds que d’y entrer.» ~ Marcel Achard
Je m’en abstiens (c’est mauvais pour la santé…) et me contente de répéter, comme un vinyle rayé.

Les lois permettant l’avortement et l’aide médicale à mourir n’ont jamais eu comme but d’imposer ces options à quiconque n’en veut pas. Il s’agit uniquement de libre accès.

Vancouver rallye, 20 mai 1992

1. L’avortement

«Avec la fermeture de la clinique privée Morgentaler, les femmes qui voudront subir un avortement auront deux choix : subir un avortement, payé par l'assurance-maladie, dans un hôpital à condition d'avoir deux références de médecins qui jugeront que l'avortement est médicalement nécessaire, ou subir un avortement dans une autre province, à leurs frais.
       Les coûts varient d'un endroit à l'autre pour les Néo-Brunswickoises voulant se faire avorter. À Halifax, en Nouvelle-Écosse, l'hôpital demande 1 700 $ aux patientes provenant de l'extérieur de la province. À Montréal, le prix demandé varie entre 600 $ et 1000 $. Les femmes peuvent également se rendre à Bangor, au Maine, où le coût d'un avortement est de 500 $ américains. Ce montant n'inclut pas les frais associés au déplacement et au logement.
       Certaines provinces, comme l'Ontario, couvrent les frais d'avortements pratiqués en cliniques privées pour ses résidentes. 
       La clinique Morgentaler demande au gouvernement du Nouveau-Brunswick de payer pour les avortements réalisés en clinique. Henry Morgentaler avait d'ailleurs intenté une poursuite en 2002 pour obliger le gouvernement à défrayer les coûts. Depuis sa mort, il y a un an, la cause est en suspens.
       Avant son décès en mai 2013, le Dr Morgentaler lui-même finançait la clinique, continuellement en déficit car aucune femme n’était refusée pour une incapacité de payer. Chaque procédure coûte entre 700 et 850 $.
       Sur les réseaux sociaux, l’indignation est à son comble. Le ministère de la Santé du Nouveau-Brunswick n’a pas l’intention de modifier sa réglementation : ‘ce dossier est toujours devant les tribunaux’.» (Extraits de divers quotidiens)

Aide-mémoire 
Les jurys ont supporté la cause du libre accès à l’avortement notamment en acquittant le Dr Morgentaler à répétition : trois procès, trois acquittements!

Documentaire à voir https://www.onf.ca/film/justice_en_proces_laffaire_morgentaler :
La justice en procès : l'affaire Morgentaler
Cinéaste : Paul Cowan, 1984 (58 min 42 s)  
«Ce long métrage documentaire utilise des scènes de reconstitutions d’événements pour faire revivre une cause célèbre qui a ébranlé le Dr Henry Morgentaler entre 1970 et 1976. Le film n'est pas un débat sur l'avortement; il n'absout ni ne condamne le moyen utilisé par le Dr Morgentaler pour défier la loi. Il permet cependant au spectateur de mieux comprendre les répercussions juridiques de l'affaire et de mieux connaître le médecin qui a mis en jeu sa carrière et sa liberté pour un principe qu’il défendait, à savoir le droit des femmes à disposer de leur corps.»

Quelques propos notés :

- Les juges enjoignent presque les jurés à le condamner. Un juge a le droit d’annuler le verdict d’un jury. 

- Jérôme Choquette (catholique pratiquant, alors ministre de la Justice du Québec) réclame un troisième procès. Tollé général!

- Quelqu’un qui a été accusé/disculpé deux fois peut-il être emprisonné?

- Commentaire de Me Claude-Armand Sheppard (avocat du Dr Morgentaler) au sujet des leçons à tirer de cette histoire :
       «Le seul échec de toute cette aventure fut que le gouvernement fédéral n’ait pas relevé le défi. Il a laissé le Québec refuser d’appliquer la loi. Puis il a tourné le dos… Je crois que cette histoire a démontré jusqu’à quel point les jurys peuvent humaniser et changer les lois. Deuxièmement, elle a démontré qu’il y a une limite à la tolérance et que les citoyens se révoltent contre des lois absurdes ou inapplicables. La troisième leçon c’est qu’un individu déterminé, prêt à se sacrifier et à risquer sa liberté, peut secouer le système et forcer les gens à voir ce qu’ils refusent de voir.»

Histoire de la lutte pour le droit à l’avortement :
http://www.morgentaler25years.ca/fr/la-lutte-pour-le-droit-a-lavortement/

«Actuellement, la quantité de procès corrélés à la maltraitance d’enfants, allant des sévices corporels et psychologiques jusqu’aux meurtres qualifiés, montre que beaucoup de parents souffrent d’un manque de maturité tel, que leur confier la garde de leurs propres enfants devient une entreprise à haut risque.
       Nous touchons ici à la poignante misère des «enfants non désirés», car même les «désirés» sont parfois maltraités, voire, assassinés par leurs parents. (Sans parler de l’inceste entre père/fille ou mère/fils, le second n’étant pas si rare qu’on le croit semble-t-il.) Il pourrait y avoir un lien direct entre immaturité sexuelle et immaturité parentale...
       Ne vaudrait-il pas mieux tuer un fœtus «dans l’œuf» au lieu de tuer un enfant une fois qu’il a commencé à vivre, ou mieux encore, utiliser la contraception? Je n’arrive pas à croire qu’en 2011, certaines religions «charismatiques» condamnent toujours la contraception et l’avortement.
       Malheureusement, il est vrai que la procréation tous azimuts fournit du bétail juvénile qui fait les belles heures de diverses industries – pédophilie et prostitution, guerre, fabrication d’objets polluants, et ainsi de suite. De la main d’œuvre à bon marché, voire, gratuite!»
Extrait de :
http://situationplanetaire.blogspot.fr/2011/06/pater-noster-mater-nostra.html

2. L’aide médicale à mourir

Le commentaire de Me Sheppard : «Je crois que cette histoire a démontré jusqu’à quel point les jurys peuvent humaniser et changer les lois. Deuxièmement, elle a démontré qu’il y a une limite à la tolérance et que les citoyens se révoltent contre des lois absurdes ou inapplicables», peut s’appliquer au groupe de médecins qui remet sur le tapis la Loi 52 (aide médicale à mourir) adoptée à 94 voix contre 22. Ces médecins affirment qu’il s’agit d’un assassinat, d’«un acte criminel déguisé en soin de santé». La coalition assimile l’aide médicale à mourir à un acte d’euthanasie relevant du Code criminel, un domaine de compétence fédérale. Elle prévient que «les médecins euthanasistes risquent d'être poursuivis au criminel».

Il est très facile de trouver des lois fédérales désuètes (issues des valeurs morales victoriennes) pour valider nos manques flagrants d’empathie, de compassion et d’humanisme.

Commentaires d’internautes (journal Le Devoir, septembre 2013) :

1. Vivement son adoption – J'ai accompagné plusieurs de mes proches parents dans leurs derniers instants de vie et je puis vous dire que les soins palliatifs, tel qu'ils sont offerts, ne répondent pas de façon adéquate, à la situation de celui qui approche de sa fin. Le droit de mourir dans la dignité çà n'existe tout simplement pas à l'heure actuelle, n'en déplaise à tous ces curés et apôtres du «mourir dans la douleur et l'indignité».
~ Louis Cossette, 25 septembre

2. En fait, ce que les associations religieuses telles l’Association for Reformed Political Action et les Prêtres pro-vie Canada demandent aux agonisants c’est d’offrir leurs souffrances et leurs tourments au Christ en rémission de leurs péchés.
~ Jeanne M. Rodrigue, 26 septembre

Liens :
Documentaire de l’ONF sur l’acharnement thérapeutique «Mourir pour soi» par Lina B. Moreco (j’ai transcrit quelques réflexions d’un patient) :
http://situationplanetaire.blogspot.fr/2014/01/la-mort-digne-cest-pour-quand.html

L’AQDMD (Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité) :
http://www.aqdmd.qc.ca/page1.php

Sur ce blogue : libellé «Euthanasie»

Citation du jour :  

«Une quelconque nation a toujours les politiciens, les curés, les pornographes et les terroristes qu’elle mérite.» ~ Jean Pierre Lefebvre, cinéaste

19 juillet 2014

Et vlan! Le pétrole lourd circulera dans votre cour


«Le pétrole : ... du jus de cadavres.» ~ René Barjavel (Demain le paradis)

On a beau crier haut et fort PAS DANS MA COUR!, l’argent l’emporte sur la démocratie, c’est bien évident. 

       Même si les vieux réservoirs ont été remplacés par des «neufs», il n’est pas dit que les vieux rails élimés tiendront la route. Cet infernal pétrole (ainsi que d’autres produits nocifs – chlore, propane) transitera quotidiennement par Saint-Lambert, Boucherville, Saint-Bruno, Verchères, Contrecoeur … jusqu’à Sorel-Tracy.

Comme le disait une internaute :
«La dépendance au pétrole est une maladie qui peut se guérir.»


Arrivée du premier convoi ferroviaire de pétrole lourd au sud de Montréal
(19 juillet 2014)

Malgré l'opposition de plusieurs municipalités, les premiers wagons contenant du pétrole lourd feront leur arrivée en fin de semaine au sud de Montréal.

Le premier convoi ferroviaire transportant le même type de combustible que celui en cause dans la tragédie de Lac-Mégantic traversa la municipalité de Boucherville en provenance de l'Ouest canadien.

Les citoyens sont inquiets à l'idée de voir une vingtaine de wagons-citernes rouler à proximité de leur résidence, au beau milieu de la nuit.

Des maisons, des écoles, des garderies et des résidences pour personnes âgées se trouvent à moins de 30 mètres de la voie ferrée, s'inquiète Rémi Tremblay, membre d'Alerte Pétrole Rive-Sud.

L'entreprise Kildair envisage de faire transiter quotidiennement de 30 à 60 wagons de pétrole lourd de Saint-Lambert jusqu'à son nouveau site d'entreposage, qui situé près de Sorel-Tracy.

Dans ses cinq réservoirs géants, Kildair peut maintenant entreposer 3 millions de barils de pétrole de l'ouest en attendant d'être transportés par bateau.

Suite :
http://ici.radio-canada.ca/regions/Montreal/2014/07/19/001-convoi-ferroviaire-petrole-montreal.shtml