1 mai 2014

Anticosti, à qui appartiens-tu?

Anticosti: La chasse au pétrole extrême
Par Dominic Champagne

"Un documentaire-choc sur une île aux trésors entourée de mystères à l’ère du pétrole extrême. Après des années à militer contre l’invasion de l’industrie du gaz de schiste, Dominic Champagne réalise son premier documentaire en s’invitant sur Anticosti pour une partie de chasse dans le merveilleux monde du pétrole de schiste! Faut-il exploiter le pétrole d’Anticosti? À l’heure du réchauffement climatique, entre la pensée magique qui fait rêver notre classe politique et l’exigence écologique, il y a nous, les citoyens. À qui revient-il de décider de l’usage raisonnable de nos ressources collectives?"
http://www.naturequebec.org/accueil/



Anticosti: La chasse au pétrole extrême - Bande-Annonce from Rapide Blanc on Vimeo.

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En complément, des extraits de la conclusion du livre de Lee Durrell, State of the ark (Gaia Books Limited, 1986 – notez la date de publication!) :  

Stopper et inverser la détérioration de l'écosphère, permettre à Gaïa de se régénérer et se renouveler, stopper la dévastation qui affaiblit l'Arche et reboiser – voilà la tâche la plus urgente à laquelle notre espèce est confrontée dans notre monde encore relativement paisible. Si nous devions bientôt subir une guerre mondiale, je suis convaincue que la cause première sera environnementale, et non pas religieuse, culturelle ou même sociale, bien que la pression démographique et les immenses besoins en ressources naturelles seront probablement les déclencheurs. Si une guerre mondiale survient, en résultera-t-il beaucoup de souffrance et de destruction comme aux deux dernières? Ou une nouvelle avance technologique et un sentiment d'optimisme? Non. Elle n'apportera que désolation, régression et désespoir, peut-être pour toujours ou certainement pour très longtemps. Les problèmes du développement humain non résolus et la conversion des ressources naturelles qui l’auront causée ne seront pas plus considérés qu'une plume emportée par le vent. (…)
       Il existe des mesures pour colmater les brèches, pour sauver les populations, les habitats naturels et les espèces (plantes et animaux) menacées d'extinction par la dévastation. En théorie, ces mesures sont simples et elles requièrent seulement de l'argent et de la bonne volonté pour être mises en œuvre. Mais, dans la pratique c’est très compliqué, généralement parce que l'argent arrive trop tard et, dans le cas de la préservation de l'habitat, la bonne volonté des «sauveurs» se heurte souvent à la détermination d'autres personnes qui utilisent ou envisagent d'utiliser une région. Certains utilisateurs peuvent être remplacés par leurs gouvernements tandis que d'autres doivent être indemnisés pour leurs pertes, et encore une fois, cela se résume à une question d'argent. (...)
       Une des options favorisées par certains bataillons de l’Armée de Noé est l'application massive de la technologie moderne comme solution à long terme aux problèmes de l'environnement. Les partisans de la technologie ont tout à fait raison de dire qu'elle peut résoudre certains problèmes, car nous l’avons utilisée tellement à tort que la planète a besoin d'aide pour être nettoyée de ce gâchis. Mais la question est : quelle sorte de technologie? Cette option dispose de beaucoup de fonds. Les gens aiment dépenser de l'argent pour de nouveaux barrages, des travaux d'irrigation et d'agriculture, des produits chimiques et des laboratoires, parce que quelqu'un – une entreprise, une banque, un gouvernement – reçoit généralement un kick-back, pas nécessairement en argent, mais quelque chose de tout aussi important, l’approbation politique. Par conséquent, les bailleurs et les partenaires sont tellement pressés que les planificateurs ne peuvent même pas voir la forêt derrière l’arbre. Ils tiennent peu compte des conséquences qu’aura la façon d’appliquer la technologie. Pourquoi par exemple propose-t-on de grands barrages alors que de petits barrages peuvent répondre aux besoins en électricité et causer moins de dégâts environnementaux? Le pire cependant, c’est que parfois, les planificateurs de tels projets connaissent les conséquences – il n’y a pas d’excuse maintenant car la réaction de l'environnement à la plupart de ces activités est bien connue – mais l’appât du gain à court terme fait souvent pencher la balance vers le «développement» qui se traduira toutefois par une perte à long terme. (...)
       ...La politique conformiste a établi que les états souverains étaient les autorités suprêmes pouvant définir et diriger les affaires internationales. Mais la plupart de ces affaires sont à l’origine de disputes internationales qui ne peuvent pas rester confinées à un territoire national, même si nous essayons de toutes nos forces, car des réfugiés fuient leurs terres ravagées ou les polluants d’autres nations propagés délibérément ou accidentellement qui empoisonnent les stocks de poisson, les forêts et les gens. Les politiciens et les hommes d’états conformistes doivent commencer à réaliser que le bien-être humain dépend de la condition de l’écosphère, non pas des nations. Les relations harmonieuses de longue durée ne peuvent émerger que d’une coopération dans la gestion des écosystèmes, même ces derniers sont étiquetés sur la carte géographique comme «appartenant» à un pays ou à un autre.
       Une autre stratégie serait un changement de l'organisation économique mondiale. Il faut sérieusement chercher une façon de passer de l’économie de croissance où l'on s'efforce de s'enrichir toujours plus individuellement à un équilibre économique où chacun obtient seulement ce que l'utilisation durable des ressources permet. Par contre, étant donné qu’en ce moment une majorité de gens vit en-dessous du seuil de pauvreté, un arrêt brutal de la croissance les condamnerait à la misère à jamais. Conséquemment, la redistribution de la richesse est nécessaire, mais il n’est pas nécessaire que cela prenne la forme d'une révolution sanglante. Cela requiert la volonté des nations riches d’abandonner l’hyper-développement et d’aider les populations des pays pauvres à sortir du sous-développement. Paul Ehrlich, l'éminent écologiste américain, avait estimé en 1980 que si chaque individu américain décidait de réduire de moitié sa consommation énergétique, le niveau de consommation aux États-Unis serait équivalent à celui de la France.
       Nous, les écologistes, avons parfois été avertis par des économistes de ne pas nous mêler de choses que nous ne comprenions pas. Mais on peut dire des économistes conformistes (et des politiciens qu’ils conseillent) qu'ils se mêlent de choses qu'ils ne comprennent pas – à savoir tout le travail de l'écosphère et le rôle que chaque espèce, incluant la nôtre, doit jouer pour recycler des ressources limitées. (...)
       ...Aucune de ces actions  ne peut avoir de valeur durable si chaque individu de la planète ne s’engage pas à les considérer. Nous pouvons nous organiser et être aidés par divers secteurs de la société tels que le gouvernement, la science et l'éducation, qui ont plus de pouvoir que l'individu. Mais ça ne fonctionnera jamais si on les impose au gens. (…)
       ...Si nous voulons que nos enfants et nos petits-enfants vivent et héritent effectivement d’une vie meilleure, cela ne sera possible que si chacun de nous change sa façon de penser et de se comporter envers Gaïa.

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