Hugo en exil – Bref contexte historique : Devenu républicain il siège à l’Assemblée constituante et s’oppose au coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte du 2 décembre 1851 en tentant d’organiser la résistance. En vain. Opposant farouche à Napoléon III il doit s’exiler à Bruxelles pour fuir la répression qui s’abat sur les républicains : 26 000 arrestations, 9 500 personnes déportées à Cayenne et en Algérie et 1 500 expulsions (dont 66 députés). Son fils Charles le rejoint dans son exil, à sa sortie de prison, à la fin de janvier 1852. «Charles me dit tout bas : On entendrait voler un mouchard.» (V.H.)
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Il suffirait de changer quelques mots pour une parfaite concordance de temps.
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L’Assemblée constituante de 1848 … est presque entièrement composée d’hommes qui, ne sachant pas parler, ne savent pas écouter. Ils ne savent que dire, et ils ne veulent pas se taire. Que faire? Ils font du bruit.
On sent que cette assemblée est d’hier et qu’elle n’est pas de demain. Elle vient de naître et elle va mourir. De là le bizarre amalgame des défauts de l’enfance et des misères de la décrépitude. Elle est puérile et sénile. Elle discute, dispute, avance, recule, dit oui et non, se fâche, s’impatiente, boude, bougonne; elle se hâte et elle se traîne. Jamais de hauteur, jamais de profondeur, même dans la colère. Pas de tempêtes, des giboulées.
Je contemple souvent en rêvant l’immensité de la salle et la petitesse de l’Assemblée.
(…) Chaque système doit disparaître avec ses démolitions.
Le grand péril et le grand problème de la situation actuelle, c’est la vieillesse des choses aux prises avec la nouveauté des idées.
(1848; p. 656-657)
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Quand même les hommes se tairaient, la vérité crie. Voilà ce que savent ceux qui pensent, ceux qui font quelque distinction entre une plaie fermée et une plaie guérie, qui ne confondent pas les affirmations du code avec les solutions du droit, et qui ne croient pas que la volonté momentanée de la loi suffise pour réprimer l’éternelle révolte de la réalité méconnue. Faire le silence, ce n’est pas faire la paix. Il y a quelque différence entre un consentement et un bâillon.
Certains êtres naissent chefs de groupes.
Il y a le bélier, il y a le taureau, il y a le coq; ce sont les chefs des partis; en dehors il y a les solitaires, le lion, l’aigle, le génie. Que chacun suive sa loi.
Il y a les imbéciles, mais il y a les fourbes, il y a les alacoquistes, mais il y a les alacoquins; indulgence aux premiers, surveillance aux seconds.
(1885; Fragments sans date; p. 1394-1395)
~ Victor Hugo
HUGO Choses vues
Quarto Gallimard (édition 2002)
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