10 mars 2012

Soliveau ou Grue?


Les Grenouilles qui demandent un Roi
Jean de La Fontaine

Les grenouilles se lassant
De l’état démocratique, 
            Par leurs clameurs firent
Que Jupin les soumit au pouvoir monarchique.
Il leur tomba du ciel un roi tout pacifique;
Ce roi fit toutefois un tel bruit en tombant, 
            Que la gent marécageuse, 
            Gent fort sotte et fort peureuse, 
            S’alla cacher sous les eaux, 
            Dans les joncs, dans roseaux, 
            Dans les trous du marécage,
Sans oser de longtemps regarder au visage
Celui qu’elles croyaient être un géant nouveau.
            Or c’était un soliveau,
De qui la gravité fit peur à la première 
            Qui, de le voir s’aventurant, 
            Osa bien quitter sa tanière. 
            Elle approcha, mais en tremblant;
Une autre la suivit, une autre en fit autant : 
            Il en vint une fourmilière;
Et leur troupe à la fin se rendit familière 
            Jusqu’à sauter sur l’épaule du roi.
Le bon sire le souffre, et se tient toujours coi.
Jupin en a bientôt la cervelle rompue :
«Donnez-nous, dit ce peuple, un roi qui se remue.»
Le monarque des dieux leur envoie une grue, 
            Qui les croque, qui les tue, 
            Qui les gobe à son plaisir; 
            Et grenouilles de se plaindre,
Et Jupin de leur dire : «Eh quoi? votre désir 
            À ses lois croit-il nous astreindre? 
            Vous avez dû premièrement 
            Garder votre gouvernement;
Mais, ne l’ayant pas fait, il vous devait suffire
Que votre premier roi fût débonnaire et doux : 
            De celui-ci contentez-vous,
De peur d’en rencontrer un pire.»

***
Hum, ce cher Jean, rien du comportement des hommes ne lui a échappé.

*** 

Trop délicieux… une autre pour dessert.

L’Enfant et le Maître d’école

Dans ce récit je prétends faire voir
D’un certain sot la remontrance vaine.

Un jeune enfant dans l’eau se laissa choir
En badinant sur les bords de la Seine.
Le ciel permit qu’un saule se trouva,
Dont le branchage, après Dieu, le sauva.

S’étant pris, dis-je, aux branches de ce saule,
Par cet endroit passe un maitre d’école;
L’enfant lui crie : «Au secours! je péris.»
Le magister, se tournant à ses cris,
D’un ton fort grave à contretemps s’avise
De le tancer : «Ah! le petit babouin!
Voyez, dit-il, où l’a mis sa sottise!
Et puis, prenez de tels fripons le soin.
Que les parents de tels fripons le soin.
Que les parents sont malheureux qu’il faille
Toujours veiller à semblable canaille!
Qu’ils ont de maux! et que je plains leur sort!»
Ayant tout dit, il mit l’enfant à bord.

Je blâme ici plus de gens qu’on ne pense.
Tout babillard, tout censeur, tout pédant
Se peut connaitre au discours que j’avance.
Chacun des trois fait un peuple fort grand :
Le Créateur en a béni l’engeance.
En toute affaire ils ne font que songer 
            Aux moyens d’exercer leur langue.
Eh! mon ami, tire-moi de danger, 
            Tu feras après ta harangue.

2 commentaires:

  1. Anonyme25.3.15

    Salut j'ai une petite question:--------------->quel est l'illustrateur DE SGRENOUILLES QUI DMANDENT UN ROI??????????????????????????????????????????????
    Merci!!!!!!!!! :-O

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    1. Bonjour,

      Désolée. Si je l'avais su, je l'aurais indiqué. Trouvé sur un quelconque Pinterest. Une illustration tirée d'un livre ancien probablement. Si jamais vous trouvez, faites-le moi savoir :-)

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