31 décembre 2011

He’s back!

Je jubile. Jim Unger a cédé aux demandes réitérées de ses admirateurs. Il revampe quelques caricatures de «Herman» et en crée de nouvelles de temps en temps.

Et celle-ci ne peut pas mieux convenir à l’article du jour
«À la procrastination!» ... créative.  

À la procrastination!

Les résolutions sont une merveilleuse opportunité de procrastination. On dit que «le langage a été inventé pour mentir»; et je crois que les résolutions ont été inventées pour nous mentir à nous-mêmes… Elles se concrétisent rarement car en réalité, elles représentent souvent toutes les choses que nous ne voulons pas faire. Pas de résolution, pas d’échec. Nous n’avons pas besoin de résolutions pour faire ce que nous aimons…

Nous sortons de la procrastination parce que nous sommes prêts ou parce qu’un événement déclencheur nous y oblige. Il y a des moments-clé pour manifester, et forcer les choses n’apporte jamais de résultats satisfaisants. Quand on attend le moment opportun, tout s’enclenche facilement.

Prenez ça cooooool !

Le nouvel an

Pour ma part, le 1er de l’an n’est rien d’autre qu’une journée qui s’additionne aux précédentes – et j’en ai déjà plus de 23000 à mon compte! (Si vous voulez savoir le nombre de jours que vous avez passés sur terre, utilisez le compteur de Peter Russel : http://www.peterrussell.com/age.php ) Je suis d’accord avec lui, il vaut mieux penser en jours plutôt qu’en années – c’est plus impressionnant. Calculez maintenant en heures, minutes, secondes… hallucinant. Et qu’avons-nous fait de toutes ces heures? Hum, il vaut mieux éviter le bilan exhaustif.

***
I can face the months and years; what troubles me are the hours and minutes.
I try to take one day at a time, but sometimes several days attack me at once.  
~ Ashleigh Brilliant

***
Mark Twain – nouvel an, résolutions et procrastination (je le savais que je trouverais des citations parfaites et complètes; it’s no surprise…) :

New Year's Day -- Now is the accepted time to make your regular annual good resolutions. Next week you can begin paving hell with them as usual. Yesterday, everybody smoked his last cigar, took his last drink, and swore his last oath. Today, we are a pious and exemplary community. Thirty days from now, we shall have cast our reformation to the winds and gone to cutting our ancient shortcomings considerably shorter than ever. We shall also reflect pleasantly upon how we did the same old thing last year about this time. However, go in, community. New Year's is a harmless annual institution, of no particular use to anybody save as a scapegoat for promiscuous drunks, and friendly calls, and humbug resolutions, and we wish you to enjoy it with a looseness suited to the greatness of the occasion.
~ Mark Twain (Letter to Virginia City Territorial Enterprise, Jan. 1863)  

Never put off until tomorrow what you can do the day after tomorrow.
Let us save tomorrows for work.
~ Mark Twain

I am no lazier now than I was forty years ago, but that is because I reached the limit forty years ago. You can't go beyond possibility.
~ Mark Twain (Eruption)

Do something every day that you don't want to do; this is the golden rule for acquiring the habit of doing your duty without pain.
~ Mark Twain (Following the Equator, Pudd'nhead Wilson's New Calendar)

***
Bon 2012 ! 
Et, ne perdez pas trop de temps à ressasser des résolutions…
Rappelons-nous que chacun fait au mieux de son ignorance ou de son inconscience.
Et je suis membre en bonne et due forme de ce Club de plus de
7 milliards d'égarés... 
  

29 décembre 2011

Silence, ça tourne


La femme de cette lame sourit presque imperceptiblement. En fait, elle est en train d’observer le spectacle mental. Elle ne juge pas, n’apprécie ni ne déprécie rien. Elle n’essaie pas d’arrêter la film qui se déroule dans sa tête; elle ne s’y identifie pas non plus. Elle regarde comme s’il s’agissait du trafic sur la route ou de vaguelettes à la surface du lac. Les cabrioles de son mental ont même quelque chose d’amusant, avec leurs sauts et leurs contorsions, leurs volte-face et leurs tentatives pour capter son attention et l’entraîner dans leur jeu.

Développer l’habilité de prendre une distance par rapport à l’agitation cérébrale est une des plus grandes bénédictions possibles. C’est cela, la méditation. Non pas psamoldier un mantra ou répéter une  affirmation, mais se contenter d’observer comme si les mouvements cérébraux appartenaient à quelqu’un d’autre.

Vous êtes actuellement prêt à prendre ce recul et à contempler la scène sans vous laisser piéger. Accordez-vous la liberté simple de regarder en vous-même chaque fois que vous en avez le loisir. Votre capacité de méditer grandira et s’approfondira.

Le regard intérieur n’est pas un renversement, le retournement de quelque chose. Le regard intérieur signifie simplement prendre conscience du fait que vous vous êtes sans cesse laissé aiguillonner par des désirs successifs, que vous avez couru dans tous les sens et que chaque tentative s’est soldée par la frustration. C’est se rendre compte que chaque désir génère la souffrance, que jamais il n’aboutit à la plénitude, que vous n’êtes toujours nulle part et que de cette manière le contentement est impossible. Quand cette vérité vous sautera aux yeux, vous vous arrêterez. Cet arrêt ne pourra pas être le résultat d’un certain effort, car refuser de vous leurrer reste encore, subtilement, un désir : vous êtes attaché au détachement.

Si vous essayez de tourner votre regard vers l’intérieur, vous êtes encore en train de vous concentrer sur ce qui n’est pas la vérité profonde. Toutes vos tentatives ne peuvent que vous orienter vers les objets de votre conscience et vous éloigner de cette dernière qui est le sujet.

Les mouvements sont invariablement extravertis. Le voyage intérieur n’existe pas. Comment pourriez-vous avancer vers votre centre conscient? Il a toujours été là, c’est ce que vous êtes. Quand tout mouvement s’arrête, la pérégrination disparaît. Lorsque le désir n’obnubile plus votre esprit, vous demeurez en vous-même, en repos. La découverte de votre nature profonde éternellement présente est ce qu’on appelle tourner le regard vers l’intérieur. Cela veut simplement dire ne plus tendre vers l’extérieur.

TAROT ZEN 
Éditions du Gange  

COMMENTAIRE

La technique d’observation de notre tournis mental peut se pratiquer lorsque nous sommes en présence de gens qui parlent tous en même temps; ce qui est souvent le cas durant les partys des fêtes. Une façon de prendre du recul et de passer au travers sans se retrouver complètement étourdis…

28 décembre 2011

"Never mind!"

J’écoutais un vieux documentaire (1959) de l’ONF sur Germaine Guèvremont : http://www.onf.ca/film/germaine_guevremont_romanciere/  

L’interviewer lui demandait ce que représentait le «Survenant» (personnage principal et titre du roman). Elle disait qu’il symbolisait l’être libre, le vagabond que chacun porte en lui.

Un être sans port d’attache, sans entraves sentimentales, sans famille ni progéniture et sans responsabilités, qui vire les talons à son gré et dit «Never mind!» quand on ne le comprend pas.

Le Survenant ne laissait personne indifférent. On l’aimait et on le détestait pour la même raison : on enviait sa liberté.

Ce passage du roman résume bien le caractère du personnage, tout entier dans sa belle arrogance d’indépendant que la servitude volontaire n’a jamais gagné.

(En «parlure québécoise»…) 

Jean Coutu dans le rôle du Survenant (téléroman)

Survenant s’indigna :

– Des maldisances, tout ça, rien que des maldisances! Comme de raison une étrangère, c’est une méchante : elle est pas du pays.

Soudainement il sentit le besoin de détacher sa chaise du rond familier. Pendant un an il avait pu partager leur vie, mais il n’était pas des leurs; il ne le serait jamais. Même sa voix changea, plus grave, comme plus distante, quand il commença :

– Vous autres...

Dans un remuement de pieds, les chaises se détassèrent. De soi par la force des choses, l’anneau se déjoignait.

– Vous autres, vous savez pas ce que c’est d’aimer à voir du pays, de se lever avec le jour, un beau matin, pour filer fin seul, le pas léger, le coeur allège, tout son avoir sur le dos. Non! vous aimez mieux piétonner toujours à la même place, pliés en deux sur vos terres de petite grandeur, plates et cordées comme des mouchoirs de poche. Sainte bénite, vous aurez donc jamais rien vu, de votre vivant! Si un oiseau un peu dépareillé vient à passer, vous restez en extase devant, des années de temps. Vous parlez encore du bucéphale, oui, le plongeux à grosse tête, là, que le père Didace a tué il y a autour de deux ans. Quoi c’est que ça serait si vous voyiez s’avancer devers vous, par troupeaux de milliers, les oies sauvages, blanches et frivolantes comme une neige de bourrasque? Quand elles voyagent sur neuf milles de longueur formant une belle anse sur le bleu du firmament, et qu’une d’elles, de dix, onze livres, épaisse de flanc, s’en détache et tombe comme une roche? Ça c’est un vrai coup de fusil! Si vous saviez ce que c’est de voir du pays...

Les mots titubaient sur ses lèvres. Il était ivre, ivre de distances, ivre de départ. Une fois de plus, l’inlassable pèlerin voyait rutiler dans la coupe d’or le vin illusoire de la route, des grands espaces, des horizons, des lointains inconnus.

Comme son regard, tout le temps qu’il parlait, tendait uniquement vers la porte, chacun, à son exemple, porta la vue dessus : une porte grise, massive et basse, qui donnait sur les champs, si basse que les plus grands devaient baisser la tête pour ne pas heurter le haut de l’embrasure. Son seuil, ils l’avaient passé tant de fois et tant d’autres l’avaient passé avant eux, qu’il s’était creusé, au centre, de tous leurs pas pesants. Et la clenche centenaire, recourbée et pointue, n’en pouvait plus à force de cliqueter sous toutes sortes de mains, une humble porte de tous les jours, se parant de vertus à la parole d’un passant.

– Tout ce qu’on avait à voir, Survenant, on l’a vu, reprit dignement Pierre-Côme Provençal, mortifié dans sa personne, dans sa famille, dans sa paroisse.

Dégrisé, Survenant regarda un à un, comme s'il les voyait pour la première fois, Pierre-Côme Provençal, ses quatre garçons, sa femme et ses filles, la famille Salvail, Alphonsine et Amable, puis les autres, même Angélina. Ceux du Chenal ne comprennent donc point qu'il porte à la maison un véritable respect, un respect qui va jusqu'à la crainte? De jour en jour, pour chacun d'eux, il devient davantage le Survenant à Beauchemin (...) Pour tout le monde il fait partie de la maison. Mais un jour, la route le reprendra....

***
Mieux vaut mourir incompris que de passer toute sa vie à s'expliquer.
William Shakespeare

27 décembre 2011

Migaloo la baleine blanche



THE OCEANIA PROJECT
Plusieurs vidéos de chants de baleines :
http://www.youtube.com/user/iWhales/featured
http://www.oceania.org.au/iwhales/portal/home.php 

Voyez MPH pour les actions de sauvegarde de ces grands mammifères en voie d'extinction.

26 décembre 2011

Dominés / Dominants

À chaque fin d’année je passe l’aspirateur dans mes favoris. Les sites abandonnés, ceux que je ne visite jamais, etc., retournent au cosmoweb. En vidant le sac de poussière, il m’arrive de retrouver des bijoux qui avaient roulé derrière le sofa. En voilà un, à lire ou relire; les luttes de pouvoir actuelles lui donnent pas mal d’éclat. Ce texte est classé «anarchique». Pour moi, liberté n’est pas synonyme d’anarchie.

Esclaves et citoyens romains

Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Discours_de_la_servitude_volontaire

Discours de la servitude volontaire en français moderne :
http://fr.wikisource.org/wiki/Discours_de_la_servitude_volontaire/Fran%C3%A7ais_moderne 

Le Discours de la servitude volontaire ou le Contr'un est un ouvrage qui fut rédigé en 1549 par Étienne de La Boétie; la première publication date de 1574.

Ce texte consiste en un court réquisitoire contre l'absolutisme qui étonne par son érudition et par sa profondeur, alors qu'il a été rédigé par un jeune homme d'à peine 18 ans. Ce texte pose la question de la légitimité de toute autorité sur une population et essaye d'analyser les raisons de la soumission de celle-ci (rapport «domination-servitude»).

L'ŒUVRE

La puissance subversive de la thèse développée dans le Discours ne s’est jamais démentie. Il serait anachronique de la qualifier d’anarchiste, mais cette thèse résonne encore aujourd’hui dans la réflexion libertaire sur le principe d’autorité. Le jeune humaniste sarladais recherche une explication à l’étonnant et tragique succès que connaissent les tyrannies de son époque. S’écartant de la voie traditionnelle, La Boétie porte son attention non sur les tyrans mais sur les sujets privés de leur liberté. Et il pose une question troublante : comment se fait-il que «tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran, qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent?» Si pour éviter la censure, les exemples sont tirés de l’Antiquité, la réflexion porte bien sur son époque, dans un pays où le poids du pouvoir monarchique se renforce.

L’originalité de la thèse de La Boétie est contenue tout entière dans l’association paradoxale des termes «servitude» et «volontaire». Il établit ainsi un modèle de la servitude, des causes de son apparition à celles de son maintien qu’il s’agit d’établir ici.

Un point de vue : La Boétie, en énonçant son discours, ne se positionne pas comme maître à penser, ni comme détenteur de la vérité : ceux qui affirment détenir la vérité sont en vérité ceux qui détiennent le pouvoir. Ce qui est vrai, c'est la compréhension singulière qu'on a du texte : pour accéder à la liberté, il faut n'être ni maître ni esclave. C'est à un relativisme sceptique que le Discours invite à penser; question de point de vue.

COMMENT UN HOMME ARRIVE-T-IL À DOMINER UN PEUPLE?

Le Malencontre : origine de la dénaturation

Par glissement hors de l'Histoire, La Boétie découvre que la servitude consentie est historique, mais qu’elle n'a pas toujours existé, qu'elle a une date d’origine et que quelque chose de particulier a dû se passer pour que les hommes passent de la liberté à la servitude : «…quel malencontre a été cela, qui a pu tant dénaturer l'homme, seul né de vrai pour vivre franchement [librement]; et lui faire perdre la souvenance de son premier être, et le désir de le reprendre?»

Le Malencontre est un accident tragique, une malchance inaugurale dont les effets ne cessent de s'amplifier au point que s'abolit la mémoire de l'avant, au point que l'amour de la servitude s'est substitué au désir de liberté. La Boétie considère donc le passage de la liberté à la servitude «sans nécessité» et affirme que la division de la société entre ceux qui commandent et ceux qui obéissent est «accidentelle». Ce qui est désigné ici, c'est bien ce moment historique de la naissance de l'Histoire, cette rupture fatale que constitue dans l’histoire de l’humanité la naissance de l’État. Or, celle-ci est contingente, et non pas inévitable.

Cette chute de la société dans la servitude volontaire de presque tous à un seul fait apparaître un homme nouveau, qui n'est plus un homme, pas même un animal, puisque «les bêtes… ne se peuvent accoutumer à servir, qu'avec protestation d'un désir contraire…», cet être difficile à nommer est dénaturé. Car la servitude est contraire à l’état de nature : «Ce qu’il y a de clair et d’évident pour tous, et que personne ne saurait nier, c’est que la nature, premier agent de Dieu, (…) nous a tous créés et coulés, en quelque sorte au même moule, pour nous montrer que nous sommes tous égaux, ou plutôt frères.»

L’état de nature voudrait donc que les sociétés soient «égalitaires» où personne ne pourrait détenir du pouvoir sur les autres. C’est-à-dire le contraire de la servitude que connaissent les peuples. La première cause de la servitude est donc l'oubli de la liberté, et la coutume de vivre dans une société hiérarchisée où règne la domination des uns sur les autres. «La première raison de la servitude volontaire, c'est l'habitude»; «la première raison pour laquelle les hommes servent volontairement, c'est qu'ils naissent serfs et qu'ils sont élevés dans la servitude».

La liberté délaissée

C’est bien le peuple qui délaisse la liberté, et non pas le tyran qui la lui prend. En effet, comment expliquer que les hommes non seulement se résignent à la soumission mais, bien plus, servent avec leur plein consentement? Ainsi certains hommes seraient même prêts à perdre leur vie pour le tyran. Seule la servitude de l’homme permet au tyran de rester au pouvoir, l’obéissance est un préalable à la violence.

Face à l’individu qui s’est soumis, La Boétie refuse d’opposer les bons princes aux mauvais tyrans. Qu'importe en effet que le prince soit d'un naturel aimable ou cruel : n'est-il pas, de toute manière, le prince que le peuple sert? «S’ils arrivent au trône par des moyens divers, leur manière de régner est toujours à peu près la même. Ceux qui sont élus par le peuple le traitent comme un taureau à dompter, les conquérants comme leur proie, les successeurs comme un troupeau d’esclaves qui leur appartient par nature.»

Aux questions pourquoi le Malencontre est-il advenu? - pourquoi la dénaturation de l'homme a-t-elle eu lieu? - pourquoi la division s'est-elle installée dans la société?, La Boétie ne répond pas. Elle concerne, énoncée en termes modernes, l'origine de l’État. Mais rien ne permet à l’auteur de comprendre pour quelles raisons les hommes renoncèrent à la liberté. Il tente en revanche d'apporter une réponse à la seconde question : comment le renoncement à la liberté peut-il être durable, comment l'inégalité se reproduit-elle constamment?

DE LA PÉRENNITÉ DE LA TYRANNIE COMME MODÈLE DE DOMINATION

La volonté de soumission

L’une des raisons de ce maintien de la servitude est que les tyrans usent de plusieurs stratagèmes pour affaiblir le peuple. D'abord, le peuple est engourdi par le théâtre et les passe-temps ludiques. La Boétie condamne ainsi ces «drogueries» : les théâtres, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bêtes curieuses, les médailles, les tableaux et autres drogues de cette espèce étaient pour les peuples anciens les appâts de la servitude, la compensation de leur liberté ravie, les instruments de la tyrannie. Le tyran allèche ses esclaves pour endormir les sujets dans la servitude. Il accorde des largesses à son peuple sans que celui-ci se rende compte que c'est avec l'argent même soutiré à ses sujets que ces divertissements sont financés. Ils font parfois, avant de commettre leurs crimes, de beaux discours sur le bien général et la nécessité de l'ordre public. D'autres utilisent l'artifice de la religion pour susciter la crainte du sacrilège, utilisant la tendance de l'ignorant à la superstition. La Boétie, dans un siècle pourtant marqué par les guerres de religion, distingue Dieu du pouvoir. Le pouvoir n’est pas d’origine divine, mais vient bien de la servitude des hommes.

Mais l'idéologie, les passe-temps ludiques et les diverses superstitions ne peuvent endormir que le «gros populas», et non pas les «hommes bien nés» et cultivés. Toujours en est-il certains qui, plus fiers et mieux inspirés que les autres, sentent le poids du joug et ne peuvent s'empêcher de le secouer; qui ne se soumettent jamais à la sujétion (...). Ceux-là ayant l'entendement net et l'esprit clairvoyant, ne se contentent pas, comme les ignorants encroûtés, de voir ce qui est à leurs pieds, sans regarder ni derrière, ni devant; ils rappellent au contraire les choses passées pour juger plus sainement le présent et prévoir l'avenir. Ce sont ceux qui ayant d'eux-mêmes l'esprit droit, l'ont encore rectifié par l'étude et le savoir. Ceux-là, quand la liberté serait entièrement perdue et bannie de ce monde, l'y ramèneraient; car la sentant vivement, l'ayant savourée et conservant son germe en leur esprit, la servitude ne pourrait jamais les séduire, pour si bien qu'on l'accoutrât. Ainsi, même sous un régime totalitaire, il y en aura toujours pour résister.

Mais la principale raison est qu'une partie de la population se met au service de la tyrannie par cupidité et désir d'honneurs. Ce que j'ai dit jusqu'ici sur les moyens employés par les tyrans pour asservir [la contrainte, la coutume d'obéir, l'idéologie, les jeux ou les superstitions], n'est guère mis en usage par eux que sur la partie ignorante et grossière du peuple. Ainsi, si le tyran veut maintenir sa domination, il doit trouver un autre stratagème pour les gens instruits. C'est là le secret et le ressort de la domination, le soutien et le fondement de toute tyrannie : rendre ces gens «complices» des «cruautés» du tyran, les asservir en leur donnant l'occasion de dominer d'autres gens à leur tour. Ce sont donc les courtisans qui se font les complices de la tyrannie, perdant du même coup leur propre liberté. Certains hommes flattent leur maître espérant ses faveurs, sans voir que la disgrâce les guette nécessairement, devenus complices du pouvoir. Ainsi se forme la pyramide sociale qui permet au tyran «d'asservir les sujets les uns par le moyen des autres». La résistance et l'usage de la raison sont donc les moyens de reconquérir la liberté (La Boétie ne fait aucune théorie de la révolte populaire) car les tyrans «ne sont grands que parce que nous sommes à genoux».

La tyrannie s’assimile à une pyramide fondée sur le contrôle social «5 ou 6 ont eu l’oreille du tyran […]. Ces 6 ont 600 qui profitent sous eux, et qui font de leurs 600 ce que les 6 font au tyran […] ces 600 en maintiennent sous eux 6000 …». Une majorité a alors intérêt à la tyrannie. La structure hiérarchique du pouvoir permet d’enfermer la majorité dominée en différents sous-groupes intermédiaires.

Or, ces courtisans sont encore moins libres que le peuple opprimé : le laboureur et l'artisan, pour tant asservis qu'ils soient, en sont quittes en obéissant; mais le tyran voit ceux qui l'entourent, acoquinant et mendiant sa faveur. Il ne faut pas seulement qu'ils fassent ce qu'il ordonne, mais aussi qu'ils pensent ce qu'il veut, et souvent même, pour le satisfaire, qu'ils préviennent aussi ses propres désirs. Ce n'est pas tout de lui obéir, il faut lui complaire, il faut qu'ils se rompent, se tourmentent, se tuent à traiter ses affaires et puisqu'ils ne se plaisent que de son plaisir, qu'ils sacrifient leur goût au sien, forcent leur tempérament et le dépouillent de leur naturel. (...) Est-ce là vivre heureusement? Est-ce même vivre? (...) Quelle condition est plus misérable que celle de vivre ainsi n'ayant rien à soi et tenant d'un autre son aise, sa liberté, son corps et sa vie!

Comment sortir de cette servitude?

Pour sortir de cette domination il faut sortir de l'habitude. L'homme qui connaît la liberté n'y renonce que contraint et forcé. Mais ceux qui n'ont jamais connu la liberté «servent sans regret et font volontairement ce que leurs pères n'auraient fait que par contrainte. La première raison pour laquelle les hommes servent volontairement, c’est qu’ils naissent serfs et qu’ils sont élevés comme tels». Comme le précise La Boétie, «on ne regrette jamais ce que l’on n'a jamais eu».

Ce n'est pas que l'homme nouveau ait perdu sa volonté, c'est qu'il la dirige vers la servitude : le peuple, comme s'il était victime d'un sort, d'un enchantement, veut servir le tyran. En effet, pour l’auteur du Discours, la domination du tyran ne tient que par le consentement des individus. Sans ce consentement, la domination ne serait rien : «soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libre». Les hommes sont responsables de leur assujettissement au pouvoir. En un mot, la tyrannie repose moins sur la répression que sur la dépossession volontaire de la liberté.

Pour La Boétie, la liberté n'est pas l'objet de la volonté, mais désir (volonté) et liberté sont confondus : désirez et vous êtes libre, car un désir qui n'est pas libre n'est pas concevable, n'est pas un désir. La liberté c'est ce que nous sommes, et si vous n'êtes pas libre, c'est que vous avez renoncé à votre désir. Le point central de la domination est ainsi le refus par le moi, le je, de s'assumer comme liberté.

La Boétie est un de ces premiers théoriciens d'un mode d'action qu'il faut distinguer de la rébellion, qui elle est active. Sans le soutien actif du peuple, les tyrans n'auraient aucun pouvoir. La désobéissance passive suffit à briser les chaînes de la domination. Comment ne pas entrer dans la servitude? En gardant l'esprit libre. Un tyran peut-il régner sur un peuple d'Hommes Libres? 

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http://situationplanetaire.blogspot.com/2010/06/en-quete-de-verite-2.html   
"Agissez sans motifs personnels et le peuple changera de lui-même. Ne tracassez pas le peuple et il vivra en ordre par lui-même."

25 décembre 2011

Chants d'oiseaux



Note 09-02-2013 : parfois le lien fonctionne, parfois non... bizarre

Besoin de détente après les festivités?
Écoutez, admirez...
De toute beauté.
Photographe : Jean Marie Sauvage

Les oiseaux meurent-ils quand il fait trop froid?

Il semble que non… Ces minuscules boules de plumes dont les pattes ne sont pas plus grosses que des aiguilles de pin s’affairent autour des mangeoires par des moins 25°C comme si de rien n’était. Et je n’en reviens jamais.


Amarelle

Je me souviens d’une tourterelle triste qui, par un froid de canard, avait eu l’aile abîmée par un prédateur. Probablement le très vorace chat du voisin. Je l’ai prise sous mon aile et baptisée Amarelle.

Selon les instructions du vétérinaire, je devais la mettre dans une petite cage où elle ne pourrait pas voler pendant trois semaines. Ainsi, l’aile avait des chances de se réparer d’elle-même. J’allais la voir à toute heure du jour, prenant soin de bien fermer la porte derrière moi car ma chatte avait terriblement envie de faire sa connaissance.



J’observais minutieusement ses progrès. Au bout de trois semaines, j’ouvris la cage pour faire un test. Amarelle sortit prudemment et fit une première tentative. Le lendemain, elle en fit quelques autres avec succès. J’étais ravie, mais je décidai de la garder une semaine de plus étant donné le froid extrême qui sévissait. 

À la fin du mois de pension, la température étant plus clémente, je sortis la cage dehors. Amarelle scrutait les alentours d’un œil vigilant. J’ouvris doucement la porte de la cage et l’invitai à s’envoler. Elle s’avança, me regarda, hésitante, puis s’envola gracieusement. Quelle joie de la voir retrouver sa liberté!


Une semaine passa et voilà que la température dégringolait à nouveau. Je surveillais la communauté de tourterelles avec anxiété car la froidure était cassante. Par un beau matin tandis que je me dirigeais vers la mangeoire à l’autre bout du terrain, je distinguai de loin quelque chose qui gisait par terre, à l’intérieur du grillage de protection où se trouvait le fast-food des oiseaux. Peut-être qu’Amarelle n’était pas totalement rétablie et qu’elle était morte de froid?


Je m’approchai, inquiète. Je vis alors le chat du voisin, gisant là, mort, sans doute victime d’un prédateur affamé ... et c'était peut-être un aigle. Ah la prédation!

Boudabla © 2004  

***
Ces superbes photos proviennent d'un pps et les noms des photographes ne sont pas indiqués malheureusement.

24 décembre 2011

Mercigrammes

Lumière astrale
Remercier est contre nature. Chez la plupart d’entre nous, la gratitude n’est pas innée. Par contre, la critique et les plaintes à propos de ce qui nous dérange émergent toujours spontanément. Nous n’avons aucune difficulté à lister nos frustrations et nos problèmes, tandis qu’il faut nous creuser les méninges pour trouver des raisons d’être reconnaissants.
Néanmoins, comme n’importe quoi d’autre, la gratitude peut s’apprendre. Je ne parle pas ici du merci non ressenti, exprimé du bout des lèvres par politesse. Non, j’entends par là un sentiment sincère qui illumine le récipiendaire autant que nous.

La gratitude a le pouvoir de calmer les turbulences émotionnelles et de nous éjecter de la boîte mentale pour nous envoyer direct dans le cœur. En réalité, l’exprimer peut nous sortir de la morosité, de la lassitude ou de la déprime. Elle a comme effet d’élever notre fréquence vibratoire et de libérer notre aura de ses miasmes. Il est fabuleux de voir les corps d’énergie subtile s’allumer comme un arbre de Noël chez la personne qui remercie du fond du cœur. Splendide! Je n’ai pas vue d’auras émotionnelles aussi belles qu’en ces occasions-là, ça pétille de joie. Si les gens pouvaient se voir, je crois qu’ils exprimeraient leur reconnaissance à la moindre occasion. Ce qui compte, c’est la sincérité.

Selon mon expérience, et je suis loin d’être la seule à l’avoir noté, il se produit un curieux phénomène de boomerang : plus je remercie, plus les bonnes choses se multiplient, et les événements tendent à se dérouler plus harmonieusement, même les situations contrariantes. Que des vertus… qui dit mieux?

On peut démontrer sa gratitude de toutes sortes de façons : mentalement (télépathiquement), verbalement, par écrit (les emails comptent!) ou avec des objets.

Suggestions

- Dites merci en «face à face» à chaque fois que c’est possible – en privé ou en public; personne n’est indifférent à la reconnaissance.

- Le téléphone raccourcit les distances; et la chaleur de votre merci résonnera longtemps à l’oreille de la personne.

- Envoyez une vidéo ou un audio; une manière d’être présent même si ce n’est pas «en simultané».

- Écrivez un mot à la main; cela peut sembler vieux-jeu, mais l’email ne remplacera jamais la lettre manuscrite…

- S’il est impossible d’envoyer une lettre, eh bien dieu merci! nous avons le texto et l’email.

- Écrivez un court poème; vous n’avez pas besoin d’écrire comme Baudelaire pour toucher – laissez parler votre cœur.

- Si vous avez des talents artistiques, offrez un dessin ou un collage joliment emballé.

- Invitez la personne à dîner, au resto – ou chez vous si vous aimez cuisiner…

- Enfin, les bisous et les accolades ne se démoderont jamais.

La saison de l’ivresse…

Étant donné les effets parfois navrants de l’abus d’alcool, notamment sur le corps physique, l’on peut se demander pourquoi nous buvons tant, et même de plus en plus.


Il n’existe pas de substance plus largement utilisée que l’alcool (et dont on abuse le plus) en individuel ou en groupe. Il n’y a pas une seule culture sur cette planète où l’on ne consomme pas d’alcool, même si certaines religions, sectes ou écoles métaphysiques bannissent l’alcool systématiquement. De la vodka russe au saké japonais, de la bière américaine, germanique ou anglaise, des brandies nordiques, des vins français et hébreux, des boissons africaines, des rhums islandais  aux whiskies écossais, l’alcool a une place prépondérante partout dans le monde.

Pour tenter d’expliquer la prévalence de l’alcool, les chercheurs allèguent divers facteurs. Notamment le besoin de socialiser et de faire comme les autres, les problèmes soi-disant psychologiques ou raciaux, et même génétiques – on cherche à trouver dans l’ADN s’il n’y a pas un gène ou un chromosome qui favorise «l’alcoolisme». Plusieurs considèrent même la consommation d’alcool comme une «maladie».

Nous commençons à boire parce que nous y avons été initiés par notre groupe social. Nous savons donc comment nous avons commencé à boire, mais nous ignorons pourquoi nous buvons.

Nous buvons de l’alcool pour ses effets, bien sûr, après s’être habitué au goût qu’au départ nous n’aimions même pas (pour contourner le problème, on le dilue avec des jus de fruits, des boissons gazeuses sucrées...). L’on boit pour relaxer, délester notre besoin de tout contrôler (un grand générateur de stress, s’il en est) pour éliminer la gêne, et ainsi de suite.

Mais, au point de vue ésotérique, ou spirituel, la vraie raison pour laquelle nous buvons de l’alcool, est que nous désirons nous brancher sur les mondes subtils de l’esprit, puisque nous sommes carrément coincés dans la densité physique. Très peu de gens peuvent s’ouvrir à autre chose que leurs cinq sens physiques. Or la substance de base des boissons alcooliques, l’éthanol (alcool éthylique), nous fait automatiquement basculer au plan éthérique (astral) et même à des plans de conscience supérieurs. L’éthanol étant yin, il fonctionne comme un bouton d’ascenseur vers les plans subtils. Pas étonnant que certains alcools portent le nom de spiritueux. Qui plus est, les éthanols clairs comme le gin, rhum blanc, vodka et le vin blanc sont plus yin, donc plus légers, tandis que les alcools foncés comme le whisky, rhum brun, brandy et le vin rouge sont yang, donc plus denses.

De façon générale, l’alcool, quelle que soit la catégorie, a pour effet de littéralement détacher et faire tomber notre centre Ajna (troisième œil –centre de la conscience et de la Persona intégrées) vers les centres inférieurs (plexus solaire et sacral, les centres du «désir» et des pulsions inconscientes). Sans le voile protecteur du centre Ajna, l’aura du consommateur se retrouve sans protection et il peut devenir la cible d’énergies du plan éthérique qui ont le potentiel de magnifier des pulsions et obsessions astrales néfastes. Par contre, le consommateur d’alcool conscient peut se créer un écran protecteur contre ces énergies et ainsi mieux contrôler les effets négatifs de l’alcool.

Cependant, selon la catégorie, la qualité et la quantité d’alcool ingéré, l’on peut éprouver de l’exaltation et du bien-être ou sombrer dans le désespoir, la colère, et devenir soudainement enclin à violenter autrui.

Si au lieu de faire boire les jeunes, on leur enseignait à méditer, ils auraient moins besoin d’éthanol pour se brancher aux plans de conscience supérieurs. Qui plus est, à ma connaissance, contrairement à l’alcool, la méditation n’a jamais poussé quiconque à commettre des actes de violence ou à se suicider…

Alors, si vous prévoyez de multiples occasions de boire pendant les fêtes :  
- contrairement à la recommandation habituelle disant qu’il faut éviter de boire seul : il vaut mieux boire seul qu’en compagnie de gens désagréables que l’alcool rend agressifs et violents
- choisissez des alcools «transparents» et diluez-les avec des jus de fruits ou autres
- les vins étant moins alcoolisés, si vous êtes raisonnable, vous ne devriez pas subir la gueule de bois du lendemain de veille
- les énergies ambiantes sont moches? abstenez-vous simplement de boire de l’alcool…  

Que la joie soit au rendez-vous et … tchin-tchin!

Et si, après quelques verres, vous vous sentez inspiré, amusez-vous à adapter les chants traditionnels de saison à notre époque… :  
«Minuit Païen»
«Les anges dans nos condos»
«Tralalalala-lalalala… »

Vous aimerez peut-être :
http://situationplanetaire.blogspot.com/2011/01/anesthesiant-onereux.html

20 décembre 2011

Les ???



Étant moi-même un "?" sur 2 pattes, par rapport aux grandes questions non résolues de l'univers, mais aussi par rapport à ma petite vie, j'apprécie particulièrement ce savoureux sketch.

On aura beau lancer tous les rapalas qu'on voudra... beaucoup de questions restent sans réponses.

J'adeure ce gars-là...

19 décembre 2011

Yé où l’Paradis?

Hum, je cherchais quelque chose d’inspirant pour Noël qui ne soit ni religieux, commercial, jingle, kitch, etc. Finalement, j’ai choisi deux textes, très connus, mais dont on pourra s’inspirer encore et encore, jusqu’à ce que … peut-être ...

À l’amour donc, autrefois le «moteur» de la fête de Noël  
et… l'Paradis à la fin de vos jours! comme on disait  


Parfaite illustration du paradoxe 
à la fois «brute et ange»  

Extrait de "El Canto General"
Pablo Neruda

Je prends congé, je rentre
chez moi, dans mes rêves,
je retourne en Patagonie
où le vent frappe les étables
où l'océan disperse la glace.

Je ne suis qu'un poète
et je vous aime tous,
je vais errant par le monde que j'aime :
dans ma patrie
on emprisonne les mineurs
et le soldat commande au juge.

Mais j'aime, moi, jusqu'aux racines
de mon petit pays si froid.

Si je devais mourir cent fois,
c'est là que je voudrais mourir
et si je devais naître cent fois
c'est là aussi que je veux naître
près de l'araucaria sauvage,
des bourrasques du vent du sud
et des cloches depuis peu acquises.

Qu'aucun de vous ne pense à moi.

Pensons plutôt à toute la terre,
frappons amoureusement sur la table.

Je ne veux pas revoir le sang
imbiber le pain, les haricots noirs,
la musique : je veux que viennent
avec moi le mineur, la fillette,
l'avocat, le marin
et le fabricant de poupées.  

Que nous allions au cinéma,
que nous sortions
boire le plus rouge des vins.

Je ne suis rien venu résoudre.

Je suis venu ici chanter
je suis venu
afin que tu chantes avec moi.

Dans son autobiographie Confieso que he vivido (J'avoue que j'ai vécu) parue à titre posthume, Neruda disait :

Je veux vivre dans un pays où il n'y a pas d'excommuniés.
Je veux vivre dans un monde où les êtres seront seulement humains, sans autres titres que celui-ci, sans être obsédés par une règle, par un mot, par une étiquette.
Je veux qu'on puisse entrer dans toutes les églises, dans toutes les imprimeries.
Je veux qu'on n'attende plus jamais personne à la porte d'un hôtel de ville pour l'arrêter, pour l'expulser.
Je veux que tous entrent et sortent en souriant de la mairie.
Je ne veux plus que quiconque fuie en gondole, que quiconque soit poursuivi par des motos.
Je veux que l'immense majorité, la seule majorité : tout le monde, puisse parler, lire, écouter, s'épanouir.

~ Pablo Neruda (Neftalí Ricardo Reyes Basoalto), écrivain, diplomate, homme politique et penseur chilien, né le 12 juillet 1904 à Parral (province de Linares) et mort le 23 septembre 1973 à Santiago, Chili. Ce grand poète Chilien fut tour à tour poursuivi par les autorités de son pays, candidat aux élections présidentielles, ambassadeur, fugitif, ennemi public N°1 et Prix Nobel de Littérature.

***

Cette célèbre chanson de Violeta Parra, Gracias a la Vida (Merci à la vie) a été popularisée de par le monde, entre autres, par Joan Baez, Maria Dolores Pradera, U2, Mercedes Sosa, Elis Regina, Colette Magny et Maria Farandouri…


Merci à la vie
Violeta Parra

Merci à la vie qui m'a tant donné.
Elle m'a donné deux yeux et quand je les ouvre
Je distingue parfaitement le noir du blanc
Et là-haut dans le ciel, un fond étoilé
Et parmi les multitudes, l'homme que j'aime.

Merci à la vie qui m'a tant donné.
Elle m'a donné d'entendre, oreilles grandes ouvertes
Enregistrer nuit et jour grillons et canaris,
Marteaux, turbines, aboiements, orages,
Et la voix si tendre de mon bien-aimé.

Merci à la vie qui m'a tant donné.
Elle m'a donné la voix et des lettres
Avec lesquelles je pense les mots, et je dis
Mère, ami, frère, lumière qui éclaire
Le chemin de l'âme que j'aime.

Merci à la vie qui m'a tant donné.
Elle m'a donné de marcher de mes pieds fatigués
Et j'ai ainsi parcouru villes et marécages,
Plages et déserts, montagnes et plaines
Jusqu'à ta maison, ta rue, ta cour.

Merci à la vie qui m'a tant donné.
Elle m'a donné un cœur qui devient débordant
Quand je vois le fruit du cerveau humain;
Quand je vois la distance qu'il y a entre le bien et le mal
Quand je vois le fond de tes yeux clairs.

Merci à la vie qui m'a tant donné.
Elle m'a donné le rire, elle m'a donné les pleurs.
Ainsi, je distingue le bonheur du désespoir
Ces deux éléments qui forment mon chant,
Et votre chant qui est le même chant,
Et le chant de tous, qui est encore mon chant.

~ Violeta del Carmen Parra Sandoval (1917-1967) est née à San Fabián de Alico (sud du Chili) d'un père professeur de musique et d'une mère paysanne qui jouait de la guitare et chantait. Violeta Perra réinventa la musique folk chilienne et la popularisa au delà des frontières de son pays.

***
Un peu d'humour quand même - lu dans «Démons quotidiens» de Nancy Huston :
«Anna, la fillette de pas tout à fait neuf ans avec qui nous visitons le musée San Marco, a bien compris le côté prestidigitateur de Jésus-Christ. ‘C’est ça, oui, c’est un vrai magicien, il sait marcher sur l’eau, il sait transformer l’eau en vin, alors si Satan l’embête avec toutes ces tentations, pourquoi il ne le transforme pas en poulet? Regarde, les trois femmes viennent se recueillir sur sa tombe et la trouvent vide. Il a laissé un mot. Eh! Désolé les filles, pouvais pas vous attendre, finalement ça me dit rien qui vaille, la mort – ciao, je vous enverrai une carte postale!’»


Étant donné que mon vœu de l’an dernier n’a pas été exaucé par Dieu, ni le père Noël, je leur retourne : 
http://situationplanetaire.blogspot.com/2010/12/les-fetes.html

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