9 décembre 2010

Les moitiés

Inspiré de notes recueillies lors d’une conférence d’Alan Cohen.

It takes TWO to tango 


Les relations à vie sont plutôt rares puisqu’il n’y a pas d’assurance tous risques contre les ruptures. Qui sait quand l’un des partenaires ne va pas rompre ou mourir? Si l’on ne comprend pas que tout est éphémère, on risque de sombrer dans le désespoir, comme en témoignent toutes nos superbes chansons de dépendance affective.

C’est pourquoi il vaut mieux mettre un bémol sur les grandes déclarations du genre : «sans toi, je n’existe plus» ou «je ne peux pas me passer de toi» ou «ma vie n’a pas de sens sans toi», puisque cela signifie qu’on est devenu une moitié...

J’étais au restaurant l’autre jour quand j’ai entendu un type dire au serveur : «Mon aut’ moitié va être là dans deux minutes.» Curieux quand même de se diminuer au point de se prendre pour une moitié! Est-ce la raison pour laquelle les relations ne durent pas? Comment être «qui l’on est» si l’on troque le tout pour une moitié?

Alan Cohen disait ceci à propos des moitiés :
«Les relations ne s’additionnent pas, elles se multiplient! Si, dans une relation de couple, on se prend pour des moitiés, on se retrouve avec moins qu’avant, car ½ multipliée par ½ donne ¼ (0,5 X 0,5 = 0,25). Hé, hé, faites le test. Par contre, si l’on se considère comme un être complet, on reste toujours UN, qu’on soit seul ou en couple, parce que 1 X 1 = 1. En réalité, on se joint tout simplement à une autre personne, complète elle aussi.»   

La plupart de nos chansons populaires encouragent la réduction, le besoin, la dépendance. Y a-t-il une seule rengaine - d’amour entre guillemets - qui ne parle pas de solitude, de déchirement, de blessure, d’amour perdu ou qui ne célèbre pas la personne qui a trouvé le partenaire qui va enfin la compléter? On y entend rarement parler de deux partenaires autosuffisants qui partagent leur richesse individuelle.

Les relations de couple les moins éphémères réunissent des individus capables de marcher côte à côte vers la lumière. L’autre n’est pas l’objet de notre bonheur mais il fait partie de l’aventure. Nous n’avons pas besoin des autres, mais nous pouvons sûrement avoir du plaisir à les côtoyer. Les autres n’ont pas le pouvoir de nous donner le bonheur, mais ils peuvent ajouter profondeur, couleur, beauté, appréciation et joie de vivre à notre vie quotidienne. Nous ne les aimons pas parce qu’ils peuvent compenser la prétendue affreuse personne que nous sommes, mais parce qu’ils nous rappellent à quel point nous sommes merveilleux. Dans un contexte comme celui-là, il est impossible de se prendre pour une moitié.

2 commentaires:

  1. Être indivisible, être UN pour rejoindre l'unité humaine grâce à l'union de tous les peuples de la Terre...
    Cette harmonie retrouvée valable pour un couple amoureux l'est tout autant pour notre espèce qui ferait mieux de s'accorder avec son support de vie qu'est la planète...
    A l'heure des négociations de Cancún les représentants des 192 pays seraient bien inspirés d'y réfléchir plutôt que d'envisager de botter en touche et de remettre une fois de plus à plus tard!

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  2. L’homme (femmes et hommes s’entend) n’est toujours soumis qu’à ses intérêts égoïstes, et tôt ou tard il paie les intérêts de ses intérêts. L’interdépendance économique peut facilement créer des relations symbiotiques destructrices, on le voit. Le UN nous est imposé, mais notre manière de l’envisager varie passablement d’un individu à l’autre, d’une société à l’autre, d’un État à l’autre, etc.

    «People are bound because they bind others.» ~ William Shakespeare

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