31 décembre 2010

Intuition 5

Conclusion à la série intuition

Photo intitulée Apologies par SHAUN GLADWELL
Un roadkill que le photographe commente ainsi :  
There is a moment
Of darkness before we see
Another highway, another death
It is a moment of ending,
An apology

Préparons le terrain
(Rappelons que l’ouvrage a été publié en 1986…)

Jamais encore au cours de notre histoire le besoin de sagesse intuitive n’aura été si criant qu’aujourd’hui. Le drame, c’est que ni les institutions scolaires qui nous ont modelé l’esprit, ni les milieux socioprofessionnels dans lesquels nous déployons nos activités mentales n’ont été conçues pour nourrir l’intuition. Il est grand temps de changer notre fusil d’épaule et de nous assigner pour objectif prioritaire de mieux comprendre comment opère notre esprit intuitif, étant donné que l’enjeu d’une telle entreprise va bien au-delà de la réussite et du bonheur individuels. Car en favorisant l’épanouissement d’une génération d’hommes instruits dont les facultés intuitives rivaliseront en précision et fiabilité avec nos méthodes objectives, nous nous donnerons les moyens d’exploiter un gisement d’importance vitale pour le genre humain.

Si les opinions de nos experts sont si partagées, c’est que les décennies à venir menacent d’être plus complexes et plus imprévisibles que toutes les époques qui les ont précédées. C’est aussi que les informations que nous serons appelés à traiter menacent d’être innombrables et bien souvent explosives. Dans un tel contexte, bien des décisions devront être prises à la hâte, à partir de données lacunaires, et tout laisse à penser que le risque d’erreur sera plus élevé, en même temps que les erreurs commises seront en elles-mêmes plus catastrophiques, surtout si elles sont le fait de ceux qui détiennent le pouvoir. ...

Bien sûr, l’informatique va nous rendre d’inestimables services, mais c’est à l’intuition de l’homme qu’il appartient de guider ses applications et de fournir aux machines logiques les éléments qu’elles sont incapables de générer seules. Plus que jamais nos sphères de décision, publiques et privées, ressentiront le besoin de faire appel à des penseurs qui ne soient point paralysés par la «psychosclérose», à des dirigeants d’esprit vif, animés d’un vaste idéal et ouverts à l’intelligence cosmique. C’est ce que voulait exprimer Platon lorsqu’il proposait de donner pleins pouvoirs aux «philosophes», à une époque où ce mot n’avait pas encore le sens qu’il a pris de nos jours, puisqu’il désignait alors «ceux qui sont capables d’approcher ce qui est éternel et immuable… de fixer leur regard sur la vérité absolue et, sans jamais déroger de cet idéal ni se distraire de sa contemplation, de s’inspirer de lui pour établir aussi dans le monde les lois de la beauté, de la justice et de la magnanimité».

Mais ce n’est pas seulement parmi les puissants qu’il est urgent d’épanouir la clairvoyance intuitive. Nous oublions trop souvent que chacun de nous est une cellule participant d’un gigantesque cerveau collectif. Notre monde de pensée et la nature de nos connaissances façonnent notre comportement. Que celui-ci soit vil ou noble, son impact sur le corps social a des retentissements considérables. Nous ne devons pas nous contenter d’exhorter les individus à se conformer aux règles sociales, économiques ou écologiques qui sont les nôtres. Pareille exhortation est toujours demeurée lettre morte, fût-elle assortie d’une menace de damnation éternelle.

Pourtant, il est encourageant de constater qu’on assiste de nos jours à un apparent glissement de nos valeurs, à la faveur duquel l’intuition est peu à peu réhabilitée. Depuis une vingtaine d’années, de vastes secteurs de notre société se détournent d’un matérialisme devenu synonyme de qualité de vie pour donner à cette vie une signification et une raison d’être plus élevées. Plus récemment, bien des gens qui s’étaient donné pour but l’accomplissement de la personnalité ont découvert que ce but n’était nullement incompatible avec l’exercice de leurs responsabilités sociales et planétaires, et que l’épanouissement individuel authentique ne peut résulter que d’une synergie harmonieuse associant en un même tout l’Ego, les êtres et les objets qui composent l’environnement. La conscience de cette complémentarité, des priorités collectives et individuelles (contemporaines des années soixante et soixante-dix) reflète la mutation qui s’est opérée dans notre conception du monde, laquelle se détourne de ses postulats mécanistes et matérialistes pour faire une place – encore bien modeste, il est vrai – aux valeurs organiques et spirituelles de l’Orient.

Nous découvrons aussi peu à peu que nous entretenons des relations de symbiose avec la nature et avec nos semblables, et il nous faut bien admettre l’absolue vérité d’un adage millénaire qui veut qu’on ne récolte que ce qu’on a semé. Est-ce faire preuve d’un optimisme déraisonnable que de prêter aux nouveaux systèmes de croyance qui se dessinent le pouvoir de nous inculquer des conduites plus pertinentes, plus harmonieuses, et de nous convaincre qu’il est grand temps de nous comporter comme des citoyens soucieux des intérêts bien compris de leur planète? Bien des signes témoignent d’une évolution en ce sens. Mais la bonne volonté n’est pas tout. Sinon, voilà des siècles que nous nous conduirions tous en bons chrétiens, en bons juifs ou en bons musulmans. Il ne suffit pas de pressentir que des liens indissolubles nous raccordent à la nature, que notre être participe d’un principe universel de spiritualité, ou encore que toutes les créatures n’en font qu’une et que chacun de nos actes retentit sur le tout. Encore faut-il que nos pressentiments consolident nos croyances et que la conscience de notre responsabilité inspire nos actes.

Seule une connaissance authentique, une appréhension intuitive directe de nos concepts abstraits peut se  commuer en une certaine qualité d’expérience capable de transformer nos conduites. Nous privilégions et nourrissons ce que nous percevons comme une partie de nous-mêmes, mais il est indispensable aussi que nous sentions profondément – concevoir intellectuellement ne suffit pas – ce qui nous unit à nos semblables et à la nature. Et si, en outre, nos convictions peuvent fortifier en nous la volonté d’assumer nos responsabilités, elles ne nous apprennent en rien comment nous y prendre, pas plus qu’elle ne nous éclairent sur les conséquences de nos engagements. C’est en cela que l’intuition nous est indispensable.

L’intuition 
La découvrir en soi, la comprendre, la mettre à profit
Philip Goldberg
Les Éditions de l’Homme, 1986

***
COMMENTAIRE 

Eh bien, voilà le billet idéal pour dire bye-bye à 2010.

Un souhait pour 2011?
Un renversement complet du taux vibratoire de la planète (ce qu’elle est en train d’accomplir apparemment), et que ses parasites (toutes catégories) soient capables de la suivre!

Bonne année 2011 à tous!

2 commentaires:

  1. Que la conscience de notre responsabilité inspire nos actes à venir et que le gigantesque cerveau collectif que forme l’humanité sur la planète puisse s’ouvrir rapidement à la clairvoyance intuitive !
    Merci pour avoir abordé ce sujet et tout de bon aussi pour 2011 !

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  2. Tandis qu’on s’achemine vers 2012, que quelque chose de majeur se produise ou non, cette projection ajoute passablement à l’angoisse crée par tous les défis auxquels nous faisons face. L’humanité est en train de réévaluer son entêtement, ses compulsions, ses dépendances, ses façons de gérer et son arrogance vis-à-vis du vivant. Nous contemplons les effets de nos fausses valeurs et de cet illusoire bonheur basé sur le matérialisme et le mercantilisme.

    Ce revirement fondamental de nos valeurs et de notre intentionnalité se propage lentement au sein de la masse endormie. Plus de gens réalisent que la transformation vient de l’intérieur, non pas à travers les institutions externes et la régulation autocratique. La sinistre foire d’empoigne politico-économique échafaudée sur le mensonge et la manipulation, la prédation, les guerres et les tueries, etc., a épuisé la volonté humaine. Le nouveau paradigme ne peut pas côtoyer l’ancien système. Il n’y a pas de changement sans mort. La confrontation et les combats risquent donc malheureusement d’être paroxystiques.

    Néanmoins, si une majorité d’humains croit qu’il faut foncer vers autre chose, cette croyance collective contribuera à modifier notre perception de la place que nous occupons dans le temps et l’espace. Et je crois que 2011 est une année charnière en ce sens car nous avons atteint le point de bascule.

    Que du bien et du bon à vous aussi!

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