23 août 2010

Détachement

Comme la vie est un beau spectacle…
mais qu’est-ce qu’on est mal assis!
(Auteur inconnu)

Si jamais un tremblement de terre survient dans ma région, je meurs enterrée sous mes bibliothèques, garanti. Ce mausolée, constitué de tous mes compagnons de voyage de la vie actuelle - morts ou vivants - me conviendra parfaitement s’il y a lieu.

Jacques Languirand confessait lors d’une interview qu’il possédait près de 10,000 bouquins. Je n’en suis pas là, Dieu merci. Ma collection, beaucoup plus humble, subit un écrémage à intervalle régulier – une activité de détachement...

Photo "empruntée" au web
Décor similaire à mon environnement... le chat en moins.
Le mien est parti pour un monde meilleur il y a 15 mois.
"Aucun être n’est irremplaçable", dit-on. Faux.

On me qualifie parfois de « blue stocking » en raison de ma passion pour l’écriture… Peu importe, car en réalité, c’est l’intelligence du cœur et de la tête qui me fascine. Les énergies d’auteurs singuliers, déconcertants, sages, drôles, brillants, dont l’esprit m’émerveille, habitent ma biblio. Et, certains fantômes ne passeront jamais au tamis. Notamment, les philosophes grecs. Je suis loin d’être un modèle de sagesse, mais il est tout de même resté quelque chose de ces enseignements, dont cette profonde résonance au stoïcisme.

Le « lâcher prise » new age des années 75 est une sorte de combo de stoïcisme et de bouddhisme qui, en Occident, a remplacé avantageusement la notion de sacrifice/résignation des religions chrétiennes.

Disons en passant que résister n’est pas synonyme de lâcher prise. Il y a résistance uniquement en cas d’attachement. Quand je résiste, je me bats contre moi-même, contre des choses dont j’aimerais me détacher. Le vrai détachement fait en sorte que je peux me passer d’un contexte ou d’une chose sans ressentir de frustration parce que je n’en suis pas dépendante. Big difference! Bien sûr, on ne parle pas ici de besoins réels mais d’attachements et de désirs. L’ego n’arrête jamais la chaîne de montage de l’usine à désirs… il ne connaît pas le contentement.

Si seulement il y avait des gens mauvais quelque part en train de commettre insidieusement des actes mauvais et s’il suffisait de les isoler et de les détruire. Mais la frontière entre bien et mal traverse le cœur de chaque humain. Et qui souhaite détruire un morceau de son propre cœur?
(Alexandre Soljenitsyne)
Seul le savoir nous permettra (…) de délivrer de leur folie ceux qui ont une foi superstitieuse dans la toute-puissance de la violence. 
(Fang Lizhi)

Le contexte planétaire actuel n’est-il pas étrangement propice à la pratique du détachement?

Si la tendance se maintient, le barbarisme planétaire pourrait disparaître… dans 10,000 ans, peut-être? Une 6e extinction permettrait-elle l’introduction d’espèces bienveillantes sur la planète, non assujetties à l’odieuse et incontournable chaîne alimentaire? Ça ferait changement.

En attendant, tous ceux qui rêvent d’une vie meilleure – a gentle life – seront sans doute confrontés à pratiquer le détachement dans les jours à venir, car la voix des citoyens n’est pas respectée, même quand elle est entendue.

Smile as you go under…

Ce qui suit provient de sources Internet diverses.

Stoïcisme

Épictète : Philosophe grec de l’école stoïcienne né vers 50 et mort entre 125/130 de notre ère. Il naquit esclave en Phrygie (Asie Mineure), à Hiérapolis. Épictète n'est pas un nom propre : épiktétos signifiait, en grec, esclave, serviteur. Il passa son enfance comme esclave, au service d’un affranchi de l’empereur Néron qui s'amusait à le tourmenter (il lui aurait cassé la jambe, d’où le surnom d’Épictète le boiteux). Épictète enseigna la doctrine stoïcienne à Rome. À la suite d’un édit de l’empereur Domitien émis contre les philosophes il dut émigrer en Épire, à Nicopolis, où il attira de très nombreux disciples, en exprimant par sa parole un véritable art de vivre. Un de ses disciples, Arrien de Nicomédie, recueillit son enseignement, et le publia en huit livres, Les Entretiens (dont quatre seulement nous sont parvenus) auxquels il faut ajouter Le Manuel.

Le stoïcisme est un courant fort ancien de la pensée grecque, qui s'est formé au temps d'Épicure. Les philosophes de « l'École du Portique » (en grec, stoa, d'où le nom de Stoïciens), Zénon de Cittium (335-264 av. J.-C.) et Chrysippe (env. 280-206), ont développé une conception globale de la morale, de la nature, et de la connaissance, y compris une logique très moderne que l'on redécouvrit en 1935. Mais il ne nous reste de cet ancien stoïcisme que des fragments : ils décrivent un univers parcouru par une tension divine qui donne sa finalité à l'enchaînement rationnel des causes ou destin (heimarménè); la sagesse consiste à s'accorder à la nature, en donnant son libre assentiment à cette tension, en retrouvant l'unité de soi et du monde.

Le Manuel :
XI. ACCUSER les autres de ses malheurs, cela est d'un ignorant; n'en accuser que soi-même, cela est d'un homme qui commence à s'instruire; et n'en accuser ni soi-même ni les autres, cela est d'un homme déjà instruit.

XIX. SI tu veux avancer dans l'étude de la sagesse, ne refuse point, sur les choses extérieures, de passer pour imbécile et pour insensé. »

IV. SOUVIENS-TOI donc que, si tu crois libres les choses qui de leur nature sont esclaves, et propres à toi celles qui dépendent d'autrui, tu rencontreras à chaque pas des obstacles, tu seras affligé, troublé, et tu te plaindras des dieux et des hommes. Au lieu que si tu crois tien ce qui t'appartient en propre, et étranger ce qui est à autrui, jamais personne ne te forcera à faire ce que tu ne veux point, ni ne t'empêchera de faire ce que tu veux; tu ne te plaindras de personne; tu n'accuseras personne; tu ne feras rien, pas même la plus petite chose, malgré toi; personne ne te fera aucun mal, et tu n'auras point d'ennemi, car il ne t'arrivera rien de nuisible. »

Les Entretiens :
XLVIII. LES dieux ont créé tous les hommes afin qu'ils soient heureux; ils ne sont malheureux que par leur faute. »

Épicurisme

Épicure : Philosophe grec, né à Samos en 342 ou 341 av. J.-C et mort en 270 de notre ère. Il est le fondateur, en 306 av. J.-C., de l'épicurisme, l'une des plus importantes écoles philosophiques de l'Antiquité. Il était végétarien et menait une vie simple et frugale. Dans l’histoire de la philosophie, rares sont les philosophes qui ont autant souffert de la calomnie. L’image d’Épicure est devenue celle d’un débauché. Or sa philosophie prônait le contentement (de ses avoirs, de son état affectif, de son rang social) et la vie harmonieuse.

En physique, il soutient que tout ce qui existe se compose d'atomes indivisibles. Les atomes se meuvent aléatoirement dans le vide et peuvent se combiner pour former des agrégats de matière. L'âme en particulier serait un de ces agrégats d'atomes, et non une entité spirituelle, notamment d'après son disciple Lucrèce. En éthique, le philosophe grec défend l'idée que le souverain bien est le plaisir, défini essentiellement comme « absence de douleur ».

« Tous nos actes visent à écarter de nous la souffrance et la peur. »

« La vraie sagesse, la vraie supériorité ne se gagne pas en luttant mais en laissant les choses se faire d'elles-mêmes. Les plantes qui résistent au vent se cassent, alors que les plantes souples survivent aux ouragans. »

« Si les Dieux voulaient exaucer les vœux des mortels, il y a longtemps que la terre serait déserte, car les hommes demandent beaucoup de choses nuisibles au genre humain. » Doctrine et Maximes

« Tout plaisir est, de par sa nature même, un bien, mais tout plaisir ne doit pas être recherché; pareillement toute douleur est un mal, mais toute douleur ne doit pas être évitée à tout prix. »

« C'est parfois la peur de la mort qui pousse les hommes à la mort. »

« On ne peut pas être sans crainte quand on inspire la crainte. » Maximes

« À propos de chaque désir, il faut se poser cette question : quel avantage en résultera-t-il si je ne le satisfais pas? » Maximes

« Il n'y a rien à redouter dans le fait de vivre, pour qui a authentiquement compris qu'il n'y a rien à redouter dans le fait de ne pas vivre. » Lettre à Ménécée

« Ce n'est pas seulement le nombre des atomes, c'est celui des mondes qui est infini dans l'univers. »

Cynisme

Diogène Le Cynique : Philosophe grec contemporain de Platon, né à Sinope, 413-327 av. J.-C. Élève d'Antisthène, fondateur de l'école cynique, Diogène devient par son mode de vie décalé et ses provocations, le plus célèbre des cyniques. Méprisant les richesses, il vécut de rien, ne respectant aucune convention sociale et recherchant l'harmonie avec la nature. L'homme vertueux se doit, selon lui, de réduire au minimum ses besoins matériels et s'affranchir de ses désirs. C'est grâce à des auteurs ultérieurs, notamment Diogène Laërce, que l'on connaît sa vie et sa pensée.

Diogène Laërce dit que Diogène le Cynique « s'étonnait de voir les orateurs mettre tout leur zèle à parler de la justice, mais ne point la pratiquer, et encore les philosophes blâmer l'argent, mais le chérir par-dessus tout. Il condamnait aussi les gens qui louent les justes de ce qu'ils sont au-dessus des richesses, mais qui envient les gens fortunés. II était hors de lui quand des gens sacrifiaient aux dieux pour leur santé et, au cours même du sacrifice, bâfraient au détriment de cette même santé. Il admirait en revanche les esclaves qui, bien qu'ils vissent leurs maîtres gâcher de la nourriture, ne volaient rien de ce que ceux-ci laissaient perdre. Il louait les gens qui, sur le point de se marier, ne se mariaient point; qui, sur le point d'entreprendre un voyage, y renonçaient; qui, sur le point de s'occuper de politique, s'en détournaient; ou de procréer des enfants n'en faisaient pas; il louait également ceux qui s'apprêtaient à vivre dans la compagnie des princes et qui ne s'en approchaient point. »

Sa vie erratique, ses propos surprenants et son étonnante philosophie nous sont connus par des anecdotes.

Comme un philosophe qui venait de se faire gifler par un élève mécontent lui demandait que faire dans un pareil cas, il lui répondit : « Enseigner la sagesse c'est faire la guerre aux sots, alors mets un casque quand tu pérores ! »

Un jour, un parvenu lui faisant visiter sa maison luxueuse, aux sols revêtus d'un marbre étincelant de blancheur, lui recommanda de ne pas cracher par terre. La visite achevée, le philosophe lui cracha au visage, s'excusant en précisant que « c'était le seul endroit sale de sa magnifique demeure »!

« Moque-toi des conventions sociales et oppose-leur la nature; affranchis-toi du désir, réduis tes besoins au minimum et tu seras le plus heureux des hommes ! » telles étaient les bases de sa philosophie.

« Retranche tous ces engagements que tu voyais s’imposer à toi et qui sont autant de bagages qui t’entraînent au fond de la mer. »

« Les mathématiciens étudient le soleil et la lune et oublient ce qu'ils ont sous les pieds. »

« Plus j’étudie les hommes, plus j’aime mon chien. »

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Synthèse « écoles de la sagesse de l’Antiquité»
Transcription de l’émission « Par 4 chemins » du jeudi 24 février 2000 animée par Jacques Languirand : « Aujourd’hui, nous allons chercher la clé du bonheur. Et comme elle se trouve dans la sagesse, nous allons parler philosophie. »
http://www.radio-canada.ca/frameset.asp?http://www.radio-canada.ca/par4/accueil.html

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Articles à saveur de « lâcher prise » dans ce blog :
- La sérénité dans le trouble
http://situationplanetaire.blogspot.com/2010/08/la-serenite-dans-le-trouble.html
- En cas de déprimite aiguë
http://situationplanetaire.blogspot.com/2010/07/en-cas-de-deprimite-aigue.html
- Face à face
http://situationplanetaire.blogspot.com/2010/07/tripatif-ce-texte-dirait-peut-etre.html
- La mort taboue
http://situationplanetaire.blogspot.com/2010/06/la-mort-taboue.html
- Nos dogmes
http://situationplanetaire.blogspot.com/2010/05/nos-dogmes.html
- Vaines préoccupations
http://situationplanetaire.blogspot.com/2010/05/vaines-preoccupations.html

1 commentaire:

  1. Anonyme24.8.10

    Le platonisme et la nécessité de douleur ont pris le pas sur la pensée générale, c'est dommage car le stoïcisme et l'épicurisme, sont des disciplines philosophiques qui mériteraient d'intégrer, avec des mots simples, les programmes scolaires et ce, dès le plus jeune âge. La raison, la volonté, la sagesse et la réflexion pourraient alors devenir les bases mêmes de la vie en société. Le respect de la nature et du vivant serait ainsi la garantie d'une humanité sans conflits, sans tensions, en harmonie et en ataraxie.
    Tendre à l'absence de troubles dans chaque état de la matière et dans toutes les activités humaines permettrait alors de renouer avec le bon sens en développant un futur planétaire idéal !
    Utopie ?

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