10 août 2010

Coucou haïku, me revoilou

Suite du billet "À la poésie" - quelques principes de base pour composer vos haïkus…


Photo: Art Zen, Calligraphie fluide de Matsuo Basho, le plus grands des poètes de Haïku, avec une peinture d'un de ses élèves - http://www.onelittleangel.com/sagesse/religion/zen.asp  

Nihon-Zen, Le Japon d’hier et d’aujourd’hui
http://www.nihon-zen.ch/vie_haiku.htm

Déjà dans le Japon médiéval la poésie était un art.
Dans les cours des shoguns on récitait des poèmes.
Il existe 3 grandes formes de poésie japonaise : le haïku le plus connu, le tanka et le renku.

Le haïku, petit poème très court, comporte 17 syllabes sur seulement 3 lignes, comportant respectivement 5, 7, 5, syllabes.

Donc très court mais très évocateur ils sont intuitifs : un moment de la vie, un instant de nature. Rappelant toujours une saison.

kono aki wa
nande toshiyoru
kumo ni tori
Basho

Cet automne-ci
pourquoi donc dois-je vieillir?
oiseau dans les nuages
Basho

Note : La traduction en français ne correspond pas aux 17 syllabes bien sûr.

Matsuo Basho est connu comme le premier grand poète de l'histoire du haïku. Ses haïkus sont quelques fois un peu théâtraux, mais la plaisanterie, la mélancolie sont présentes, tout en rappelant la grandeur de la nature et l’aspect éphémère de l’homme.

Un vieil étang
Une grenouille saute
Des sons d'eau
Basho

Rien ne dit
dans le chant de la cigale
qu'elle est près de sa fin
Basho

Les occidentaux connaissent souvent ce qu’est un haïku, mais pour eux il n’aura jamais la même sensibilité ni le même zen.

Chacun peut faire des haïkus, mais pas essayer de copier, surtout rester soi-même dans sa pensée.

***
Site d’André Duhaime où vous y trouverez des exemples pour chacune des catégories : http://clicnet.swarthmore.edu/litterature/moderne/poesie/duhaime.html

Il serait peut-être souhaitable de préciser quelques termes de la poésie japonaise classique. Un tercet de 17 (5/7/5) syllabes est appelé haïku (le terme haïkaï est encore parfois utilisé pour désigner un tercet). Il y a aussi le tanka (uta ou waka) formé de 31 syllabes réparties en 17 (5/7/5) et 14 (7/7) syllabes. Outre le haïku et le tanka, il y a le poème lié ou renku (terme qui remplace renga, haïkaï, haïkaï no renga ou haïkaï-renga). Le hokku est en quelque sorte l'unité de base de la poésie japonaise; c'est l'ancien nom du haïku, le premier verset du poème lié ou encore un verset détaché.

HAÏKU

C'est à Basho (1644-1694) que l'on attribue la fragmentation du tanka ou du poème lié (les opinions diffèrent selon les spécialistes), c'est-à-dire la pratique d'écrire un hokku sans souci d'enchaînement. Bien longtemps après Basho, Shiki (père du haïku et du tanka modernes, 1867-1902) donne un nom à ce "chaînon" isolé: haïku (haïkaï-hokku).

Qu'est-ce donc que le haïku? C'est un poème sans mots, c'est-à-dire très bref, un tercet d'habituellement 17 (5/7/5) syllabes. Il contient une référence à la nature (kigo), à une réalité non seulement humaine. Sobre, précis, subtil, dense, sans artifice littéraire, il évite les marques habituelles du poétique, telles la rime et la métaphore. Loin du grand souffle lyrique occidental, le haïku peut sembler anodin au premier abord; en fait, il est banal ou sublime, tout se jouant sur la corde raide tendue entre le poète et le lecteur.

Juxtaposition de l'immuable et de l'éphémère. Légèreté humoristique désamorçant tout pathos. Art du détail. Fragment de vie, de souvenir, de rêve. Lire et écrire des haïkus, c'est découvrir une conception autre de la poésie. Par son caractère unique, cette forme poétique permet à la fois la prise de conscience et l'expression de l'ici-maintenant; il ne donne aucun espace à l'abstraction, à l'élaboration des sentiments, à la rêverie. Le haïku est un poème concret, une poésie des sens et non des idées. Prenons quelques exemples pour illustrer notre propos. Dans les Calepins de Félix Leclerc, il y a des textes brefs dont la manière nous est habituelle, c'est-à-dire qui font appel à des notions abstraites.

Le haïku pourrait être un texte développé, mais il ne l'est pas et c'est là toute sa toute force évocatrice. Prenons un exemple. Gabrielle Roy dit avoir écrit la nouvelle "L'Enfant morte" à la suite d'un flash: "Mais pourquoi, pourquoi donc ce souvenir de l'enfant morte est-il venu m'assaillir aujourd'hui en plein milieu de l'été qui chante? Est-ce le parfum des roses, tout à l'heure, sur le vent, qui me l'a apporté?" D'une sensation qui peut être une expérience unique et, éventuellement, donner naissance à un texte élaboré recréant un certain univers, le haïkiste, dans son poème à la fois bref et ouvert, ne garde que le flash initial. C'est là son défi, c'est là son art.

TANKA

Le tanka est la forme poétique classique la plus ancienne et on la retrouve dès les premières anthologies japonaises; ainsi, il y en a 4,170 dans le Manyôshû (vers 760).

Le tanka est un poème à forme fixe construit en deux parties, la deuxième venant comme réponse, ou relance, à la première; cette première partie est un tercet de 17 (5/7/5) syllabes et la deuxième est un distique de 14 (7/7) syllabes, ou vice versa. Si ces deux parties sont généralement écrites par un même poète, il n'est pas rare de voir des tankas écrits par deux poètes. Le tanka classique n'était pratiqué qu'à la Cour impériale; il est toujours considéré comme la forme la plus élevée de l'expression littéraire. Poème lyrique, exquis, raffiné, il explore des sentiments "nobles", tels l'amour, la solitude et la mort, selon un ensemble de règles des plus sophistiquées.

Si les formes poétiques ont traversé les frontières du Japon et si le haïku est largement répandu en Occident, la pratique du tanka reste relativement rare. Il semble bien que le haïku, forme encore plus brève, ait fasciné davantage que le tanka. Qui sait ce qui serait advenu si, en 1905, Julien Vocance et Paul-Louis Couchaud avaient choisi le tanka au lieu du haïku pour écrire Au fil de l'eau, le premier recueil empruntant une forme poétique japonaise...

Bien que millénaire, le tanka reste toujours populaire au Japon même. A la suite du succès phénoménal de Sarada Kinenbi (Salad Anniversary, 1987), recueil de tankas vendu à plus de huit millions d'exemplaires, Machi Tawara, une jeune poète de 26 ans, a reçu 200,000 tankas de ses lecteurs et lectrices.

RENKU

Le poème lié est une forme étrange pour les Occidentaux. La première caractéristique du poème lié est qu'il s'écrivait avec la collaboration de plusieurs poètes réunis en un même lieu pour une séance d'écriture, ou plutôt pour une joute dans laquelle chacun intervenait à tour de rôle. En Amérique, un renku se fait généralement par téléphone, par la poste ou encore par courrier électronique.

Deux autres caractéristiques. La forme est fixe; le premier chaînon et les chaînons impairs sont des tercets de 17 (5/7/5) syllabes, et le deuxième chaînon et les chaînons pairs sont des distiques de 14 (7/7) syllabes. Traditionnellement, un renku est constitué de 36 chaînons, 36 haïkus en quelque sorte, et est appelé kasen. La construction est non linéaire et sans plan logique, chaque chaînon ne répondant qu'au chaînon précédent: ainsi, le chaînon "B" répond au chaînon "A", et, oubliant "A", "C" répond à "B". Un renku se donne à lire comme une suite, à la fois liée et indépendante, de tankas. Plutôt qu'au jeu du Cadavre exquis (jeu littéraire surréaliste consistant à faire composer une phrase par plusieurs personnes qui ne savent pas ce que les autres ont écrit), le renku se comparerait plutôt à une partie d'échecs, un jeu ouvert et tout en stratégies. Tout l'art du poème lié réside dans l'enchaînement et le jeu gagne en complexité selon le degré de connaissance et d'habileté des "joueurs". Comme le souligne E.R. Miner, le poème lié est un sujet d'étude d'au moins vingt ans! Si le temps requis pour la composition d'un de ces poèmes est de deux à quatre heures, le temps alloué à l'écriture d'un chaînon n'est que de quelques minutes.

Autre site : http://pages.videotron.com/haiku/

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