10 août 2010

À la poésie!

Pas terminé mon ménage d’imprimés… Mais je découvre encore des perles comme celles qui suivent; ça donne envie d’écrire de la poésie, des haïkus peut-être.

Certaines personnes passent en coup de vent dans notre vie. Mais parfois, ces relations sont plus intenses et marquantes que plusieurs autres qui s’étiolent et meurent d’ennui comme des vieillards dans un mouroir.

Longévité n’est pas toujours synonyme de qualité.
L’important n’est peut-être pas tant de vivre longtemps que de bien vivre.

Bref, il y a plusieurs années, mon conjoint et moi avions rencontré par hasard une jeune femme et son frère. Ce dernier était vraiment doué en poésie - un potentiel de grand poète à mon avis. Si bien que nous les avions invités à la maison pour une lecture. Nous nous sommes perdus de vue peu après, mais j’ai conservé la carte postale et quelques poèmes qu’il avait envoyés. J’espère qu’il a continué d’écrire… car avec le tourbillon de la vie, on oublie facilement, hélas, pourquoi on a choisi de porter un masque de chair.


Prière à la vie

Vois mon âme Grande Mère.
Elle a construit avec ses sœurs, les premières
Montagnes, les premiers Univers.

Vois mon âme Grande Mère.
Elle a jailli avec les premiers feux.
Elle a suivi les laves des centres jusqu’aux cieux.

Vois mon âme Grande Mère.
Elle a touché les premières montagnes et
Voici des milliers d’années qu’elle se berce entre tes bras.

À mes sœurs et frères
Que contemple la lumière

Camirand

***
J’aurais voulu t’offrir un mot
à l’odeur des draps frais séchés au vent
sous les érables.

J’aurais voulu le déposer en ta
bouche comme une cuillère de miel.

Mais ce mot n’existe peut-être pas…

J’aurais voulu qu’il glisse sur tes cheveux
qu’il les mêle un peu. Qu’il ralentisse
à ton oreille, qu’il dessine ensuite ton cou
et meurt entre tes épaules.

Mais ce mot n’existe peut-être pas…

J’aurais voulu qu’il rassemble les saisons,
que tu les refasses à ta façon. Que tu prennes
un bout d’été au fond de tes yeux, que tu le déposes
fin janvier ou au milieu.

Mais ce mot n’existe peut-être pas…

J’aurais voulu ce texte en un simple mot,
mais seule la poésie me permet de l’approcher
un peu. Car il ne peut s’écrire et ne peut s’épeler
non plus.

Car ce mot n’existe pas…

Camirand
***
Jonny

Il était tard.
Y faisait frette.
C’est arrivé près d’une gare.
C’est là que gisent ses restes.

Jonny qui s’appelait,
pis y le criait ben fort,
pareil comme si y aurait pas plus grand fait
que son nom, même à sa mort.

Y nous disait avoir un bon job.
Y nous disait que c’était à l’université.
2e étage, 2e couloir à gauche, après ceux à grandes robes,
avec de beaux chapeaux à rubans parcheminés.

C’qui parlait pas par exemple,
c’était de ce qui faisait là-bas.
Autant forcer les portes d’un temple,
que de percer ce qui pensait tout-bas.

Moi, je l’ai pas vu souvent,
pis quand c’est arrivé, c’était jamais longtemps.
Y avait l’air aussi sauvage,
qu’un vieil avare face à son héritage.

J’avais toujours eu un doute.
Jonny était toujours fatigué,
Toujours une excuse au boutte
Pour nous dire qu’à soir c’était trop, y était resté.

Mais nous autres on voyait ben
que ses plaies ne guérissaient jamais.
Mal aux pattes, à tête, aux reins,
tout ça c’était bizarre qu’on trouvait.

D’habitude, un chien bien nourri,
ça pète le feu, ça s’amuse.
Mais y’a jamais fait ça, à peine si y a souri
quand son chum, Ti-Clèbe, imita la cornemuse.

On a compris trop tard,
on n'a pas pu l’aider.
Y était comme déjà mort,
le jour où on s’est rendus jusqu’à l’université.

Son shift était déjà fini supposé,
pis Jonny faisait jamais de temps supplémentaire.
Fa que le seul jour où y’a pas respecté son horaire,
Ça pas pris de temps qu’on s’est inquiété.

2e étage, 2e couloir à gauche… juste après les grandes robes,
on est entré, pour trouver d’autres robes.
Mais blanches, devant toute une série de cages.
Y’étaient vides, y restait juste Jonny, un peu trop sage.

Y’était là, tout seul à soir.
Avec des électrodes branchées
dans les spots que les robes avaient rasés.
Jonny était chien de laboratoire.

Camirand

Aucun commentaire:

Publier un commentaire