8 juillet 2010

Alléger la souffrance

À l'occasiont du Calgary Stampede Rodeo, une réflexion de Matthieu Ricard, docteur en biologie moléculaire et moine bouddhiste, au sujet des souffrances reliées à la vie terrestre.

Si vous le voulez, vous pouvez vous joindre mentalement à des groupes de méditation ou de prière qui transmettent des énergies de bienveillance et d'amour pour aider à alléger les souffrances de tous les êtres vivants. En fait ces énergies accumulées dans l'éther de la conscience collective constituent un fonds de réserve - qui n'est pas géré par la Banque Mondiale - pour ceux qui désirent y puiser. On y trouve du courage, de la joie, de l'amour, etc., au besoin. C'est offert gratuitement, non pas imposé...


Faire tout ce qui est en notre pouvoir pour soulager ces tourments

Extrait 

Des êtres meurent alors qu'ils viennent à peine de naître, d'autres alors qu'ils viennent à peine d'enfanter. À chaque seconde, des êtres sont assassinés, torturés, battus, mutilés, séparés de leurs proches. D'autres sont abandonnés, trompés, expulsés, rejetés. Les uns tuent les autres par haine, cupidité, ignorance, arrivisme, orgueil ou jalousie. Des mères perdent leurs enfants, des enfants perdent leurs parents. Les malades se succèdent sans fin dans les hôpitaux.

Certains souffrent sans espoir d'être soignés, d'autres sont soignés sans espoir d'être guéris. Les mourants endurent leur agonie, et les survivants leur deuil. Certains meurent de faim, de froid, d'épuisement, d'autres sont calcinés par le feu, écrasés par des rochers ou emportés par les eaux.

Ce n'est pas seulement vrai des êtres humains. Les animaux s'entre-dévorent dans les forêts, les savanes, les océans ou le ciel. A chaque instant, des dizaines de milliers d'entre eux sont tués par les hommes, déchiquetés pour être mis en boîte. D'autres endurent d'interminables tourments sous la domination de leur propriétaire, portant de lourdes charges, enchaînés leur vie entière, chassés, pêchés, piégés dans des dents de fer, étranglés dans des rets, étouffés dans des nasses, suppliciés pour leur chair, leur musc, leur ivoire, leurs os, leur fourrure, leur peau, jetés vivants dans l'eau bouillante ou écorchés vifs.

Il ne s'agit pas de simples mots, mais d'une réalité qui fait partie intégrante de notre quotidien : la mort, la nature éphémère de toute chose et la souffrance. Bien que l'on puisse se sentir submergés, impuissants devant tant de douleur, vouloir s'en détourner ne serait qu'indifférence ou lâcheté. Il nous incombe d'être intimement concernés, en pensées et en actes, et de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour soulager ces tourments.

Chacun a la faculté d'examiner les causes de la souffrance et de s'en libérer graduellement. Chacun a le potentiel de dissiper les voiles de l'ignorance, de se débarrasser des toxines mentales qui provoquent le malheur, de trouver la paix intérieure et d'œuvrer au bien des êtres, extrayant ainsi la quintessence de sa condition humaine.

Quelle différence cela fait-il au regard des souffrances infinies des vivants?

Certains philosophes font preuve d'une vision à sens unique élégamment résumée par George Bernard Shaw : "Quand un homme tue un tigre, c'est un héros; quand un tigre tue un homme, c'est une bête féroce." Et de conclure: "Les animaux sont mes amis et je ne mange pas mes amis."


En 2001, quelques cas de baigneurs imprudents attaqués en Floride par des requins firent la une de la presse à sensation américaine, qui titra avec emphase : "Les requins tueurs se déchaînent!"

Cette année-là, vingt-cinq personnes ont péri dans le monde pour s'être malencontreusement trouvées sur la trajectoire de requins en chasse. La même année, les hommes ont tué cent millions de requins. "Ne soyons pas ridicule, me direz-vous, on ne peut tout de même pas comparer çà avec la pêche au gardon." Simple question de quantité.

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