27 avril 2021

Vivre et mourir avec dignité

«J'ai toujours eu une admiration profonde pour ces âmes courageuses qui, en pleine possession d'elles-mêmes et par pur dégoût des misères terrestres, ont trouvé en elles la force de se débarrasser de l'existence. La Nature a bien su ce qu'elle faisait en nous dotant d'une irrémédiable lâcheté en face de la mort; mais combien il est beau de la vaincre et de lui crier : «Ô marâtre! je te rends ton fardeau. Si tu as cru me lier par le don fortuit et funeste de la vie, tu t'es trompée. Regarde! voilà le cas que j'en fais.» ~ Louise Ackermann (Pensées d'une solitaire, Alphonse Lemerre, 1903)

Lundi matin, le ministère de la santé de l’Ontario a formellement demandé à l'armée canadienne et à la Croix-Rouge d’envoyer des équipes afin de participer à la lutte contre la troisième vague de la pandémie (particulièrement sévère...). «Nous avons demandé l'aide [en ressources humaines], dont beaucoup résident, par exemple, au sein des Forces armées canadiennes et des organisations de la Croix-Rouge canadienne. En plus des ressources humaines en matière de santé, nous demandons un soutien logistique et opérationnel afin d'augmenter notre réponse à COVID-19.» (Presse Canadienne, 26 avril 2021)

 
Photo : Cpl Marc-André Leclerc / © 2020 DND-MDN Canada

Les membres des forces armées ont déjà fourni de l’aide en 2020 dans les centres de soins de longue durée au Québec et en Ontario. Leur rapport a révélé des problèmes très graves, voire horrifiants.

Le documentaire Vieillir avec dignité concerne la région de Toronto, mais au Québec et en réalité partout au Canada nous faisons face aux mêmes scénarios.

Coquerelles, nourriture avariée, résidents abandonnés sur des matelas à même le sol : le rapport des Forces armées canadiennes sur les cinq centres de soins de longue durée de la région de Toronto où leurs membres ont été déployés en renfort est accablant. Des militaires signalent avoir observé des aînés abandonnés dans des couches souillées pendant de très longues périodes sans que personne intervienne ou réponde à leur appel à l'aide. Le rapport dénonce aussi un «mépris flagrant» des mesures de prévention et de contrôle des infections, et une «culture de peur» entourant l’utilisation de matériel de protection individuelle. (Source : ICI Radio-Canada / Toronto)  

«C’est comme si on entreposait les vieux. Ce que j’ai vu dans les centres de soins de longue durée m’ont amené à repousser ce jour-là le plus loin possible. Si je suis chanceux, la mort va m’éviter de prendre cette décision.» (Homme âgé interviewé)

Vieillir avec dignité, pourquoi est-ce si difficile en 2020? Le documentaire montre l’envers du décor d’un sujet de société complexe, transgénérationnel et incontournable. À travers les voix de gens ordinaires, de professionnels et d’experts, Vieillir avec dignité met en lumière la réalité et les enjeux que vivent nos aînés.

Remarques tirées du documentaire  

– Des militaires citent en exemple des comportements agressifs envers les résidents, l’utilisation de cathéters urinaires souillés et laissés à même le sol, des soins palliatifs inadéquats ainsi qu'un manque criant de personnel et de formation des préposés.

– Des soldats ont rapporté avoir été témoins de patients criant à l’aide parfois pendant deux heures avant d’obtenir du soutien ou encore de résidents s’étant étouffés après avoir été nourris ou abreuvés sans que leur tête ait été adéquatement soulevée.

– Certains aînés n’avaient pas pris de bains depuis des semaines et plusieurs avaient des escarres.

– D’autres étaient en détresse après avoir été coupés de contacts avec leur famille sans pour autant bénéficier d’un soutien psychologique.

– Certains résidents ne recevaient pas trois repas par jour.

– L’armée rapporte également de nombreuses défaillances dans la prévention et le contrôle des infections : des patients ayant contracté la COVID-19 circulaient à leur guise dans la résidence, du personnel passait des zones chaudes aux zones froides et du matériel médical souillé était utilisé.

– Stérilisation compromise : un cathéter qui a été retiré est tombé sur le sol pendant une période indéterminée avant d’être réutilisé. 

– Erreurs dangereuses d’administration de médicaments.

– Les résidents qui se souillent régulièrement en dépit des produits pour l’incontinence ne peuvent avoir de coussinets absorbants supplémentaires ou de serviettes dans leur lit pour les protéger. (Les préposés aux bénéficiaires craignent même de perdre leur emploi pour cette raison.)

– Les préposés aux bénéficiaires et les infirmières n’assoient pas toujours les résidents avant de les nourrir/hydrater ou de leur donner leurs médicaments; les risques d’étouffement/d’aspiration sont donc élevés. 

– Des patients dormaient à même les matelas dû à un manque de draps.

– Les patients sont laissé dans des lites souillés ou dans des couches souillées plutôt que d’être déplacés vers une salle de bain.

– Culture de la peur généralisée concernant l’utilisation des fournitures liée à leurs soûts (soluté, pansements, jaquettes, gants, etc.

– Infestation d’insectes observée dans un centre d’hébergement de longue durée – fourmis, coquerelles, et autres insectes inconnus.

D’après le Rapport Opération Laser / Forces Armées Canadiennes

Vieillir avec dignité / Durée : 24 min / Diffusion : 2020-12-01 / Production Radio-Canada Ontario; Canada 2020 / Réalisateur : Serge Olivier; Collaboratrice : Sophie Vallée

https://ici.tou.tv/vieillir-avec-dignite

Mourir avec dignité

Cela dit, on revient toujours aux mêmes questions :

– À quoi bon prolonger la vie si c’est pour aboutir dans ces centres sordides où personne ne veut aller? Ce doit être parce que ça rapporte du fric dans les coffres de l’état même si on prétend le contraire – on siphonne littéralement les pensions des bénéficiaires.

– Pourquoi nos gouvernements refusent-ils de procéder à l’AMM selon la volonté d’une personne qui a fait une demande anticipée? On prétend que étant donné qu’elles ne pourront pas redonner leur consentement une fois emprisonnées au CHSLD – c’est évident, si on est atteint de sénilité ou d’Alzheimer, c’est pour ça qu’on donne un consentement anticipé!  De sorte qu’on refuse d’administrer l’AMM à des gens qui  avaient consenti par anticipation car elles pourraient avoir changé d’idée! Cet argument est tellement stupide, c’est incroyable.

Site de l’Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignitéAQDMD https://aqdmd.org/

Pétition de Sandra Demontigny : accès à l’aide médicale anticipée pour les gens atteints de maladie neurodégénératives

Depuis un certain temps déjà, Sandra Demontigny, atteinte d’Alzheimer précoce génétique, sa famille ainsi que Kim Verreault, collaboratrice, unissent leurs efforts afin que l’aide médicale à mourir anticipée soit accessible à tous les Canadiens et les Canadiennes atteints d’une maladie neurodégénérative, et souhaitant s’en prévaloir.

On meurt d’en parler / L’aide médicale à mourir et mise à jour du nouveau projet de loi

Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=DbD60Zd3uMo

L'équipe du Salon de la mort est fière de vous présenter «On meurt d'en parler», une série de balados où on y parle de la mort, de la fin de vie et du deuil.

Phoudsady Vanny, co-fondatrice du Salon de la mort et son co-animateur Alain Labonté vous proposent des rencontres avec des professionnels et des intellectuels pour réfléchir sur cette dernière saison de notre vie.

Cette semaine, nous recevons Dr Georges L'Espérance, neurochirurgien et président de l'Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité: L'aide médicale à mourir et mise à jour du nouveau projet de loi.

Site web : https://www.salondelamort.ca/

Son combat pour mourir dans la dignité (2017)

Obtenir l'aide médicale à mourir est encore un parcours du combattant pour certains patients. C'est ce que semble démontrer le cas d'Yvon Cournoyer. Davide Gentile l'a suivi dans sa lutte pour éviter l'agonie et décider lui-même du moment de son départ.

ICI Radio-Canada Info https://www.youtube.com/watch?v=nOJsR76oOvA

Comme le dit monsieur Cournoyer «les gouvernements doivent s’ouvrir l’esprit pour élargir l’accès à l’aide médicale à mourir». En effet, l’ouverture d’esprit n’est pas dangereuse, ce n’est pas une fracture du crâne!

22 avril 2021

Bilan Terre 2021 : pas de quoi se vanter!

Lisez ou relisez la Charte de la Terre :

https://situationplanetaire.blogspot.com/p/charte-de-la-terre.html

Nous n’arriverons pas à sauver quoi que ce soit de vivant. La terre sera bientôt inhabitable, et nous comptons parmi les espèces en voie d’extinction, faut-il le souligner. Avec la pandémie et ses mesures sanitaires de désinfection constante, le plastique a repris tous ses droits et plus. C’est terrifiant. Je ne veux même pas savoir le nombre d’animaux de laboratoire (singes, chats, chiens, hamsters, souris, etc.) qu’on a produits et torturés pour la recherche d’un vaccin contre la Covid-19!

   «Peu m’importe de savoir si la vivisection obtient des résultats utiles à la race humaine ou non. Le fait de savoir que les résultats sont profitables à la race n’éliminerait pas mon hostilité à son égard. La souffrance infligée à des animaux non consentants est à l’origine de mon hostilité, et pour moi, cela ne nécessite aucune justification supplémentaire. C’est clairement une question de sentiment pour moi, et il est si intense et profondément enraciné dans ma constitution et ma nature, que je suis certain que je ne pourrais pas voir un vivisecteur vivisecté sans éprouver une sorte de satisfaction mitigée.» ~ Mark Twain

Parmi la multitude de journées internationales, celle-ci me tient à coeur :
24 avril : Journée Mondiale des Animaux dans les Laboratoires. Cette journée d'action a été reconnue par les Nations Unies et elle se déroule chaque année le 24 avril. Plusieurs manifestations ont lieu aujourd’hui en France (23 avril).

https://situationplanetaire.blogspot.com/2016/04/journee-antivivisection.html

«L'homme est un miracle sans intérêt. Tous les espoirs sont permis à l'homme, même celui de disparaître. La science a fait de nous des dieux avant même que nous méritions d'être des hommes.» ~ Jean Rostand (Pensées d'un biologiste, J'ai Lu)

La conclusion du bilan non exhaustif ci-après est radicale. Je penche plutôt du côté de Rostand : «[...] je crois avec Bertrand Russell que l'on peut toujours faire les choses sans violence, bien que ce soit peut-être un peu plus long.» (Ce que je crois, Grasset)

Le problème est que le temps nous manque... 

 
Somme toute – Un bref bilan du désastre (par Nicolas Casaux)

QUAND ON FAIT LA SOMME, pêle-mêle, des femmes battues, violées (en France, «94 000 femmes majeures déclarent avoir été victimes de viol ou de tentative de viol sur une année»), tuées, qui ont peur lorsqu’elles prennent le métro, qu’elles marchent dans la rue la nuit ou qu’elles rentrent chez elles; des enfants harcelés, battus, violés («près de 130 000 filles et 35 000 garçons […] sont victimes de violences sexuelles, par an, en France»), de ceux qui ont peur chez eux, dans la rue ou à l’école; de la «tragique banalité» de l’inceste aujourd’hui; des clochards, SDF et autres laissés-pour-compte à dépérir dans ce qu’il reste d’espaces dits «publics»; des dépressions, des troubles anxieux et des autres troubles psychiques; des alcoolismes et des toxicomanies en tous genres; de tous ceux (sept millions, juste en France) qui souffrent de cet «isolement social» épidémique propre à l’ère du «tout connecté»; de ceux qui sont atteints d’une ou plusieurs des toujours plus nombreuses maladies de civilisation (cancers, maladies cardiovasculaires, obésité, maladies neurodégénératives type Parkinson, Alzheimer, etc., et aussi maladies infectieuses épidémiques type Covid-19); des inégalités (sociales, économiques, etc.) d’ores et déjà colossales, sans précédent et croissantes; des vieux et des vieilles terrifiés à l’idée de finir dans une usine de retraitement pour ressources humaines usagées; des vieux et des vieilles qui y croupissent; de l’obligation faite aux humains d’aliéner leur temps de vie (principalement sous la forme du travail) à une vaste organisation machinale (inhumaine); des souffrances au travail; de la dépossession généralisée, des impuissances individuelles face à la marche inexorable de la civilisation; des fortunes qui se font grâce à l’exploitation des humains et de la terre; des innombrables injustices que les lois, les institutions et les structures sociales engendrent (des riches et des puissants qui ne vont jamais en prison peu importe ce qu’ils font; des pauvres qu’on harcèle, des manifestants qu’on tabasse); du progrès incessant des technologies de contrôle et de surveillance, de l’autoritarisme technologique de l’État et du capitalisme; de l’anéantissement inexorable de ces choses qui portaient autrefois le nom de sociétés ou communautés humaines, de l’ethnocide planétaire qui approche de son terme au profit d’une unique monoculture ou civilisation mondiale; des haines identitaires qui gangrènent cette grande conurbation mondiale en expansion illimitée de ses routes, voies ferrées, zones urbaines, parkings, supermarchés, etc. («Les prochaines décennies devraient voir la construction de quelque 25 millions de kilomètres de nouvelles routes pavées, de milliers de barrages hydroélectriques supplémentaires et de centaines de milliers de nouveaux projets miniers, pétroliers et gaziers»; «La surface des villes pourrait être multipliée par six d’ici 2100»; «Avec 72 réacteurs nucléaires en construction et 160 à l’état de projet, le développement du nucléaire se concentre pour les trois quarts dans les pays non membres de l’OCDE : Chine, Inde, Brésil, etc.»); de la bêtise que répandent les industries culturelles et du divertissement ainsi que les médias (télévision, etc.); des pollutions toujours plus nombreuses qui s’accumulent et s’agrègent en «effet cocktail» ou synergie, plastiques et métaux lourds et produits chimiques nocifs en tous genres dans les sols, les cours d’eau, les eaux souterraines, les mers, les océans et jusqu’aux fonds des abysses, déchets nucléaires sur et sous la terre (et aussi, un peu, au fond des mers), polluants atmosphériques multiples qui se concentrent inlassablement, «déchets spatiaux» qui s’entassent dans l’exosphère saturée de satellites servant notamment d’infrastructure à l’internet (en plus des innumérables câbles, data centers, ordinateurs, centrales de production d’électricité, etc.); des forêts qu’on rase et de tous les milieux ou habitats naturels que la civilisation pollue ou détruit sans relâche depuis des millénaires («le plateau de Lœss, berceau de la civilisation chinoise, était recouvert d’arbres et de plantes jusqu’à l’avènement de la dynastie Han (206 av. J.-C.), et fut en grande partie transformé en zone aride après la destruction à long terme de la végétation induite principalement par les activités humaines et secondairement par un changement climatique»); des divers produits toxiques en cide qu’elle épand; des océans qu’elle vide («En 2050, les océans compteront plus de plastique que de poisson») et, plus généralement, des animaux sauvages qu’elle décime («entre 1970 et 2014, l’effectif des populations de vertébrés sauvages a décliné de 60%»), au même titre que les insectes («les observations de terrain menées dans le monde entier depuis une vingtaine d’années démontrent de manière indiscutable une diminution nette du nombre total d’insectes»); des animaux mutants qu’elle cultive puis abat dans d’immenses camps de la mort; des exploitations minières qui se multiplient comme les smartphones; des nuisances desdits smartphones et des autres technologies écrans que certains chercheurs qualifient «d’héroïne électronique» ; du confinement des humains (bien antérieur au covid19) dans un univers entièrement fabriqué par leur soumission à la mégamachine, duquel même le ciel étoilé a été banni, et qui propage sur toute la planète sa pollution lumineuse à détraquer tous les équilibres (rythmes circadiens) et liquider tous les êtres vivants dépendants depuis des temps immémoriaux d’une nette alternance entre jour et nuit (les lucioles et les autres espèces lucifuges, par exemple) ; de l’apathie, de la résignation ou de l’acquiescement léthargique, comme sous hypnose, du plus grand nombre; etc. (l’inventaire du désastre, à son image, est interminable, défie la description, je m’arrêterai ici); comment ne pas souhaiter que tout ceci s’arrête et le plus vite possible?

Et comment ne pas voir que les bonnes âmes, écolos et autres gens de gauche – obnubilés par le taux de carbone atmosphérique et les conséquences potentielles que son augmentation pourrait avoir pour l’avenir de la civilisation, convaincus que les banques pourraient et devraient arrêter leurs mauvais investissements dans les énergies fossiles et investir dans le renouvelable et l’éthique pour nous tirer d’affaire (tirer d’affaire la civilisation), promoteurs d’une sobriété qui ferait notre salut (celui de la civilisation) si l’État voulait bien l’imposer, d’innovations technologiques prétendument vertes ou propres ou neutres en carbone (pour rendre durable la civilisation), de diverses réformes fiscales visant à rendre un peu plus juste l’imposition dans le système technocapitaliste, et d’autres balivernes du même tonneau – comment ne pas saisir que ces gens sont au mieux des aveugles, au pire des idiots?

Somme toute, face aux échecs flagrants du réformisme et de toutes les tentatives de maîtriser, contrôler humainement, et ne serait-ce que freiner la catastrophe appelée civilisation (tentatives qui ont immanquablement eu pour résultat, contrairement à ce qu’espéraient leurs auteurs, d’accompagner et d’assurer son développement, comme l’illustre dernièrement l’essor des industries des technologies – dont celles de production d’énergies – dites « vertes»), on est amené à penser que la manière la plus réaliste pour des humains de mettre un terme aux désastres sociaux et écologiques en cours, de libérer l’humanité de l’emprise de la machinerie sociotechnique dont elle s’est faite l’esclave, de supprimer les inégalités colossales qu’elle génère et d’endiguer son inexorable destruction de la nature, est sans doute qu’un petit nombre d’entre eux, un effectif minime en contraste de la population globale mais particulièrement déterminé, téméraire, décide de débrancher toutes les prises, sectionner tous les câbles, couper tous les fils, déboulonner tous les pylônes, tomber toutes les antennes, défoncer toutes les routes, bloquer tous les ports, effondrer tous les ponts, disloquer tous les rails (principalement dans les endroits nodaux du système sociotechnique).

(Compter sur la possibilité que la civilisation s’autodétruise de quelque manière au cours des décennies à venir (par exemple et entre autres prévisions issues du prolongement de tendances actuelles, en rendant infertiles ses ressources humaines d’ici 2045 en raison de son épandage massif de perturbateurs endocriniens partout), serait aussi présomptueux qu’indécent.)

https://www.partage-le.com/2021/04/09/somme-toute-un-bref-bilan-du-desastre-par-nicolas-casaux/

Chauvin à son tour menotté...

J’ai vu l’insupportable et interminable vidéo de l’assassinat en direct de George Floyd une seule fois, le jour de sa première diffusion. Comment oublier le regard de Derek Chauvin, un regard de psychopathe démontrant qu’il était conscient de son geste et de ses conséquences. C’était sans ambigüité, il s’agissait d’un meurtre délibéré. Bizarre de coïncidence : son nom de famille. En français chauvin signifie «qui manifeste un patriotisme exclusif, fanatique et belliqueux»; ajoutons un «racisme».

Derek Chauvin à son tour menotté. Photo: Court TV, via Associated Press.

On peut certes se réjouir du verdict unanime de culpabilité de l’assassin en uniforme de police. Un uniforme qui souvent «légalise» les pires injustices, notamment raciales. Mais là, grâce à la vidéo de la courageuse Darnella Frazier, il était impossible de blanchir un comportement non seulement abject mais illégal. Malheureusement, l’Amérique est loin d’avoir terminé ses classes en matière d’inégalités sociales et raciales et de respect des droits humains. Malgré le verdict, beaucoup d’Américains se questionnent : comment changer les pratiques policières, comment établir, à long terme, une justice raciale?

«Entre les quatre murs de la salle d’audience, la défense comme les procureurs se seront efforcés de ne faire le procès que de ce seul homme, sans égard au système et à la culture d’abus policiers dans lequel il s’inscrivait. Or, diaboliser Chauvin seul pour son inhumanité, c’est en fin de compte réduire l’affaire à une anecdote. C’est l’ensemble de l’institution qui mérite un procès et ce procès concerne l’ensemble de la société américaine.» ~ Guy Taillefer / Le Devoir, 22 avril 2021

https://www.ledevoir.com/opinion/editoriaux/599223/proces-chauvin-justice-rendue-justice-a-faire

Les policiers semblent incapables de se retenir :

– (Washington) Un Afro-Américain a été la cible d’un tir mortel de la police mercredi en Caroline du Nord, devenant la dernière personne noire tuée par les forces de l’ordre depuis l’annonce mardi de la condamnation du policier Derek Chauvin pour le meurtre de George Floyd. (Agence France Presse, le 21 avril 2021)

– Un policier a tiré 10 balles en 3,5 secondes dans une voiture, tuant 2 adolescents noirs. Aucune charge n’a été portée contre lui car selon le procureur sa vie était menacée.

Et ce n’est pas suffisant :

– L'Oklahoma adopte une loi protégeant les conducteurs qui percutent des manifestants.  Une tendance dans les États dirigés par les républicains. 

Le FBI affirme que Chauvin correspond au profil du ‘tueur en uniforme bleu’ qui se cache derrière des centaines d'autres meurtres non résolus  

The Onion* / 21 avril 2021

WASHINGTON – Évoquant un comportement troublant qui remonte à des décennies, le FBI (Federal Bureau of Investigation) a annoncé mercredi que le meurtrier condamné Derek Chauvin correspondait étroitement au profil d'un mystérieux tueur en uniforme bleu qui se cache derrière des centaines d'autres meurtres non élucidés dans tout le pays. «Le mode opératoire du suspect est clair. Il porte un uniforme bleu semblable à celui de M. Chauvin, traque des hommes non armés, en majorité des noirs, et utilise souvent de manière obsessionnelle les trois mêmes tactiques de meurtre : la matraque, l'arme de poing ou l'étranglement», a déclaré Christopher Wray, chef du FBI, soulignant que le ‘tueur au chapeau bleu’, comme on l'appelait, pourrait être lié à des centaines d'affaires non résolues à Los Angeles, New York, Chicago, Milwaukee, Houston et d'autres grandes villes américaines. «Il pourrait même y avoir une sorte d'aspect fétichiste, car de nombreux passants rapportent que cet individu porte continuellement des menottes, et j’ajoute que M. Chauvin en portait sur lui. Franchement, si nous pouvons confirmer qu'il est responsable de ces morts horribles, cela apporterait enfin un soulagement bien nécessaire à des milliers de familles qui désespèrent de recevoir un jour justice.» M. Wray a ajouté que le temps était compté pour établir ce lien, car des témoignages suggèrent que le ‘tueur au chapeau bleu’ a enfermé d'autres victimes encore vivantes dans des cellules insalubres et sans lumière.»

* The Onion est un magazine sociopolitique satirique

https://www.theonion.com/ 

4 avril 2021

À la merci des grands fourbes de l’ombre

«Un mensonge ne tient debout qu'en s'appuyant sur un autre.» – Anne Barratin (De toutes les Paroisses, p.4, Ed. Lemerre, Paris, 1913)

On pourrait aussi dire : «un menteur ne tient debout qu’en s’appuyant sur un autre menteur».

À quoi peuvent bien penser des cerveaux branchés exclusivement sur le cash, le rendement, l’investissement, les gains et les pertes, l’enrichissement personnel...? À des manigances pour arriver à leurs fins, coûte que coûte.

 

En ce moment, nous avons plusieurs politiciens (et des ex) à l’œil, en raison de présumés manques d’éthique, de mensonges, de dissimulations et autres; ils semblent évoluer dans un système à la Corleone.  

 

«Ne me raconte plus que tu es innocent parce que c'est une insulte à mon intelligence et ça me rend de mauvaise humeur.» – Michael Corleone à Carlo Rizzi (Le Parrain)

 

 

Commençons là où ça sent le plus mauvais, du côté de l’ex-premier ministre libéral, Jean Chrétien, qui en passant est membre du groupe Bilderberg. On sait que l’arriviste de haut calibre, particulièrement tordu, a toujours volontairement ignoré les conséquences désastreuses de ses manigances organisées derrière des portes closes. Le scandale Shawinigate et celui des commandites ne sont que deux exemples parmi une multitude d’autres qui ont jalonné sa vie politique publique et dans l’ombre post retraite.

   L’étrangleur de Shawinigan. L’homme est apparemment violent. En 1996, à Gatineau, Jean Chrétien avait sauté à la gorge d’un militant qui, pour dénoncer la réforme de l’assurance-chômage, scandait «Chrétien en chômage». Ce geste a été baptisé Shawinigan Handshake. Les agents de la GRC ont empêché Chrétien de l’étrangler et jeté le manifestant par terre qui s’en est tiré avec quelques contusions et une couronne  dentaire brisée. Imaginez qu’en 2012, Jean-René Dufort, alias Infoman, et le populaire animateur de CBC Rick Mercer ont eu droit à un Shawinigan Handshake! Bon, ce sont de malheureuses anecdotes.

 

Mais là, ce champion de la corruption dépasse les bornes. II devrait être suivi par un psy; l’appétit insatiable de pouvoir et de richesse, ça se soigne. À moins qu’il ne soit trop tard, vu ses 87 ans... les tares sont bien ancrées. Je fulmine quand j’entends cet hypocrite dire que nous sommes responsables de l’usage que font les pays consommateurs de nucléaire parce que nous leur avons vendu de l’uranium. Quelle absurdité! Il prône la responsabilité mais se déresponsabilise des risques que présente un tel site d’enfouissement au Labrador. Quel cynisme!

 

Jean Chrétien au cœur d’un projet secret pour enfouir des déchets nucléaires étrangers au Labrador

 

Enquête a obtenu des courriels de 2019 à 2020 qui lèvent le voile sur un projet de stockage de déchets nucléaires étrangers au Labrador et qui mettent en lumière le rôle clé de l’ancien premier ministre du Canada.

 

Par Marie-Maude Denis, Jacques Taschereau et Daniel Tremblay

Émission Enquête, publié le 1er avril 2021

 

Jean Chrétien au cœur d’un projet secret pour enfouir des déchets radioactifs étrangers

Enquête a obtenu des courriels de 2019 à 2020 qui lèvent le voile sur un projet de stockage de déchets nucléaires étrangers au Labrador et qui mettent en lumière le rôle clé de l’ancien premier ministre du Canada.

   Au printemps 2020, la pandémie a bousculé les plans d’un groupe d’hommes d’affaires et d’avocats qui planifiait une rencontre au Canada avec de potentiels partenaires japonais.

   La réunion devait réunir un ex-conseiller du gouvernement américain en matière d’énergie nucléaire, Tim Frazier; un homme d'affaires montréalais, Albert Barbusci; ainsi que des personnalités influentes de l’industrie nucléaire et des relations publiques au Japon.

   Mais le plus connu des invités à cette rencontre sans cesse repoussée par la fermeture des frontières est Jean Chrétien. Il agit depuis plusieurs années à titre d’avocat-conseil pour les promoteurs du projet, des clients de son cabinet Dentons.

   Selon des courriels obtenus par Enquête, le but de la rencontre était de discuter d’un projet de construction d’un «dépôt géologique en profondeur». ...

   Pour Mycle Schneider dont l’expertise est recherchée partout dans le monde, l’origine de la démarche est problématique, puisque ce genre de projet doit être mené par des gouvernements. ... Cette perspective a fait sursauter le consultant indépendant en énergie nucléaire. «La première réaction a été une stupéfaction à quel point des gens qui, extrêmement haut placés, se rassemblent dans une espèce de conspiration incroyable, destinée à garder au secret un plan et de le faire avancer suffisamment loin pour confronter les décideurs avec des faits accomplis. Ça ne s'est jamais fait et il y a de bonnes raisons», explique Mycle Schneider. Par définition, ce sont des questions qui doivent être gérées dans l’intérêt public et en aucun cas par les intérêts privés de quelque société que ce soit. Ce sont des matières extrêmement radioactives. Pour donner une idée, à un mètre de distance, si un combustible irradié n'est pas protégé, la dose létale pour un humain, c'est en moins d'une minute.»

   C’est dans la lettre de Jean Chrétien à Hisafumi Koga, patron d’une grande agence de relations publiques japonaise qu’on apprend où les clients de son cabinet d’avocats veulent faire ce projet.

   «Le granit sec du Labrador serait parfait pour cette utilisation.» – extrait lettre de Jean Chrétien à Hisafumi Koga, 2019

   Nous avons communiqué avec l’un des promoteurs du projet, l’homme d’affaires montréalais Albert Barbusci. Avant d’apprendre que nous avions obtenu les courriels échangés avec ses potentiels partenaires japonais, il a coupé court à nos questions en nous assurant qu’il n’y avait pas de projet, tout au plus une idée dont on avait discuté seulement 20 minutes avec Jean Chrétien. M. Barbusci ajoute qu’il n’est pas question spécifiquement du Labrador, puisqu’aucun site n’a vraiment été étudié.

   Pourtant, d’autres indices laissent croire que le projet est en marche depuis plusieurs années et que les promoteurs se concentrent effectivement sur Terre-Neuve-et-Labrador.

   Par exemple, en 2017, Greg Mercer qui était le chef de cabinet du premier ministre provincial d’alors, Dwight Ball, s’est fait pincer pour une affaire de lobbying. Mercer n’avait pas déclaré, dans les délais prévus par la loi, ses activités de lobbying notamment pour l’entreprise Terravault. Elle est inscrite au registre des entreprises du Québec et du Canada à l’adresse du cabinet Dentons à Montréal.

   Terravault, c’est l’entreprise qui mène le projet de site de stockage de déchets nucléaires au cœur des courriels que nous avons obtenus. L’un des principaux actionnaires est Tim Frazier, un ancien conseiller en nucléaire du département de l’Énergie aux États-Unis. Il a refusé de nous parler.

   «Il faut empêcher la fuite des informations avec le plus grand soin.» – extrait lettre Hisafumi Koga à Jean Chrétien, septembre 2019

   Lorsque nous avons contacté Jean Chrétien à la fin février pour discuter du projet de site de stockage de déchets nucléaires des clients de son cabinet d’avocat, l’affaire semblait vague et lointaine.

   «On m'a consulté, mais là, je sais pas où ils en sont rendus. Vous parlez des Japonais? J'ai pas entendu parler de ça.» – Jean Chrétien

   Dans sa lettre au Japonais Hisafumi Koga, Jean Chrétien écrit «bien qu’il serait inapproprié pour moi à ce stade-ci d’endosser le projet d’une entreprise en particulier, j’ai toujours été favorable à l’énergie nucléaire et au concept d’un dépôt géologique en profondeur dans le nord-est du Canada». Mais il promet quand même d’y travailler activement.

   «J’organiserai et participerai à des discussions au Canada, dans ses provinces et dans des pays partenaires éventuels pour faire avancer le projet d’un dépôt en profondeur dans le Nord-Est canadien.» – extrait lettre Jean Chrétien à Hisafumi Koga, 2019

   «Ce que je trouve incroyablement scandaleux c’est que quelqu’un avec ce profil-là utilise son nom pour ouvrir des portes à un projet qui est totalement clandestin, un projet en dehors de tout contrôle public.» – Mycle Schneider

   «On appelle ça de la politique silencieuse, ça se fait exactement tel que décrit dans les courriels. Eux, ils auront le temps d’aligner leurs pions sur trois, quatre, dix ans, ils vont aller s’en chercher des autochtones favorables à leur projet, ils vont aller chercher des certifications de Greenpeace ou d’autres organismes mondiaux qui vont dire que c’est beau, et que oui, c’est dans l’intérêt national canadien et dans l’intérêt mondial de le faire.» – Denis Saint-Martin, professeur de science politique à l’Université de Montréal

   Lorsque nous avons recommuniqué avec Jean Chrétien pour lui dire que nous avions cette lettre, il a accepté notre demande d’entrevue et nous a reçus à sa résidence d’Ottawa.

   «Nous, le Canada, on a été des vendeurs d'uranium, c'est-à-dire qu'on a profité de ce problème. Parce qu'on a vendu de l'uranium. Alors, on aurait une responsabilité d'aider à régler le problème.» – Jean Chrétien

   Et voici ce qu’il répond lorsqu’on soulève le fait que ces déchets seront encore radioactifs dans 10 000 ans : «Hé bien y'aura peut-être un problème dans 10 000 ans, on laissera aux politiciens de cette époque-là à le régler.» – Jean Chrétien

 

https://ici.radio-canada.ca/recit-numerique/2274/jean-chretien--secret-dechets-radioactifs-labrador

 

En complément :

 

Un prix Darwin pour la piscine radioactive de Chalk River (28 mars 2017)

Cet article inclut l’opinion de l’écrivain Henning Mankell sur l’énergie nucléaire –

À laquelle il s’oppose. L'écrivain craignait que l'instinct de destruction des humains ne les conduise à l'anéantissement. Disons que c’est en bonne voie.

https://situationplanetaire.blogspot.com/2018/03/un-prix-darwin-pour-la-piscine.html

 

Des articles où l’on fait référence à Jean Chrétien :

 

Gros malaise au PLQ (30 mars 2017)

https://situationplanetaire.blogspot.com/2017/03/gros-malaises-au-plq.html

 

Les poissons ne rient pas (1er avril 2017)

Quelques scandales qui nous ont rendus plus lucides https://situationplanetaire.blogspot.com/2017/04/les-poissons-ne-rient-pas.html

 

Poison Papers (suite) : les ingrédients secrets de l’écocide (8 août 2017)

https://situationplanetaire.blogspot.com/2017/08/poison-papers-suite-les-ingredients.html

 

La cambriole de haute voltige – suite logique (2017)

https://situationplanetaire.blogspot.com/2017/11/la-cambriole-de-haute-voltige-suite.html

 

Je ne crois plus en personne (16 décembre 2020)

https://situationplanetaire.blogspot.com/2020/12/je-ne-crois-plus-personne.html

 

~~~

 

Au Québec, avec quelque 125 députés caquistes, nous ne manquons pas de serpents à cravates! Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, se retrouve une fois de plus dans la mire puisqu’il gère le Québec comme une entreprise privée et qu’il se permet d’agir à sa guise avec la bénédiction du padre François Legault.

 

Encore dans l’embarras en matière d’éthique, Fitzgibbon dit être victime d’«acharnement médiatique»

 

Bien qu’il soit visé par quatre enquêtes de la commissaire à l’éthique et encore dans l’embarras en raison de sa participation dans un fonds basé dans un paradis fiscal, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a répété mercredi qu’il n’avait rien à se reprocher en la matière.

 

Photo : Jacques Boissinot / Presse Canadienne  

 

Le Journal de Montréal a révélé que l’élu de la Coalition avenir Québec (CAQ) possède des intérêts dans le fonds White Star Capital, établi dans le paradis fiscal de Guernesey. Deux hauts dirigeants de ce fonds ont été inscrits en 2020 comme lobbyistes auprès de M. Fitzgibbon, puisqu’ils cherchent «un appui politique ou financier» pour un investissement public potentiel de 20 millions de dollars. Le média a aussi publié une photo d’une rencontre organisée en 2019 à Paris entre le ministre Fitzgibbon, le premier ministre François Legault et le cofondateur de White Star Capital, Eric Martineau-Fortin.

 

https://www.msn.com/fr-ca/actualites/quebec-canada/  

 

Aussi :

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1781360/fitzgibbon-white-star-defense-conflit-interet

 

Québec solidaire et le Parti libéral du Québec demandent à Pierre Fitzgibbon de se retirer de son poste de ministre de l’Économie le temps qu’il se conforme au code d’éthique des députés de l’Assemblée nationale, après de nouvelles révélations embarrassantes sur ses liens d’affaires.

 

Sur une photo affichée sur le compte Twitter du premier ministre en janvier 2019, on voyait  le ministre de l'Économie Pierre Fitzgibbon, un cofondateur de White Star, Éric Martineau-Fortin, Patricia Barbizet, une investisseuse dans White Star, le premier ministre Legault et son épouse. Le premier ministre François Legault affirmait avoir eu un dîner notamment avec un des cofondateurs de White Star et le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon à Paris. «Très heureux d’avoir participé à un autre dîner économique hier soir notamment avec Patricia Barbizet de Temaris et Eric Martineau-Fortin de White Star Capital. De bonnes discussions sur l’économie!» affirme-t-il.

 

https://www.journaldemontreal.com/2021/03/31/photo-embarrassante--lopposition-invite-fitzgibbon-a-se-retirer

 

M. Fitzgibbon qui prétendait qu’il s’agissait d’une rencontre de 10 minutes «par hasard», se trouve à contredire pas le premier ministre Legault. 

 

Caricature : Pascal / Le Devoir 01.04.2021 

~~~

 

«Menteur : [...] maintenant les appellations politicien et menteur sont synonymes.» – Albert Brie (Le mot du silencieux, p.237, Fides, 1978)