27 avril 2021

Vivre et mourir avec dignité

«J'ai toujours eu une admiration profonde pour ces âmes courageuses qui, en pleine possession d'elles-mêmes et par pur dégoût des misères terrestres, ont trouvé en elles la force de se débarrasser de l'existence. La Nature a bien su ce qu'elle faisait en nous dotant d'une irrémédiable lâcheté en face de la mort; mais combien il est beau de la vaincre et de lui crier : «Ô marâtre! je te rends ton fardeau. Si tu as cru me lier par le don fortuit et funeste de la vie, tu t'es trompée. Regarde! voilà le cas que j'en fais.» ~ Louise Ackermann (Pensées d'une solitaire, Alphonse Lemerre, 1903)

Lundi matin, le ministère de la santé de l’Ontario a formellement demandé à l'armée canadienne et à la Croix-Rouge d’envoyer des équipes afin de participer à la lutte contre la troisième vague de la pandémie (particulièrement sévère...). «Nous avons demandé l'aide [en ressources humaines], dont beaucoup résident, par exemple, au sein des Forces armées canadiennes et des organisations de la Croix-Rouge canadienne. En plus des ressources humaines en matière de santé, nous demandons un soutien logistique et opérationnel afin d'augmenter notre réponse à COVID-19.» (Presse Canadienne, 26 avril 2021)

 
Photo : Cpl Marc-André Leclerc / © 2020 DND-MDN Canada

Les membres des forces armées ont déjà fourni de l’aide en 2020 dans les centres de soins de longue durée au Québec et en Ontario. Leur rapport a révélé des problèmes très graves, voire horrifiants.

Le documentaire Vieillir avec dignité concerne la région de Toronto, mais au Québec et en réalité partout au Canada nous faisons face aux mêmes scénarios.

Coquerelles, nourriture avariée, résidents abandonnés sur des matelas à même le sol : le rapport des Forces armées canadiennes sur les cinq centres de soins de longue durée de la région de Toronto où leurs membres ont été déployés en renfort est accablant. Des militaires signalent avoir observé des aînés abandonnés dans des couches souillées pendant de très longues périodes sans que personne intervienne ou réponde à leur appel à l'aide. Le rapport dénonce aussi un «mépris flagrant» des mesures de prévention et de contrôle des infections, et une «culture de peur» entourant l’utilisation de matériel de protection individuelle. (Source : ICI Radio-Canada / Toronto)  

«C’est comme si on entreposait les vieux. Ce que j’ai vu dans les centres de soins de longue durée m’ont amené à repousser ce jour-là le plus loin possible. Si je suis chanceux, la mort va m’éviter de prendre cette décision.» (Homme âgé interviewé)

Vieillir avec dignité, pourquoi est-ce si difficile en 2020? Le documentaire montre l’envers du décor d’un sujet de société complexe, transgénérationnel et incontournable. À travers les voix de gens ordinaires, de professionnels et d’experts, Vieillir avec dignité met en lumière la réalité et les enjeux que vivent nos aînés.

Remarques tirées du documentaire  

– Des militaires citent en exemple des comportements agressifs envers les résidents, l’utilisation de cathéters urinaires souillés et laissés à même le sol, des soins palliatifs inadéquats ainsi qu'un manque criant de personnel et de formation des préposés.

– Des soldats ont rapporté avoir été témoins de patients criant à l’aide parfois pendant deux heures avant d’obtenir du soutien ou encore de résidents s’étant étouffés après avoir été nourris ou abreuvés sans que leur tête ait été adéquatement soulevée.

– Certains aînés n’avaient pas pris de bains depuis des semaines et plusieurs avaient des escarres.

– D’autres étaient en détresse après avoir été coupés de contacts avec leur famille sans pour autant bénéficier d’un soutien psychologique.

– Certains résidents ne recevaient pas trois repas par jour.

– L’armée rapporte également de nombreuses défaillances dans la prévention et le contrôle des infections : des patients ayant contracté la COVID-19 circulaient à leur guise dans la résidence, du personnel passait des zones chaudes aux zones froides et du matériel médical souillé était utilisé.

– Stérilisation compromise : un cathéter qui a été retiré est tombé sur le sol pendant une période indéterminée avant d’être réutilisé. 

– Erreurs dangereuses d’administration de médicaments.

– Les résidents qui se souillent régulièrement en dépit des produits pour l’incontinence ne peuvent avoir de coussinets absorbants supplémentaires ou de serviettes dans leur lit pour les protéger. (Les préposés aux bénéficiaires craignent même de perdre leur emploi pour cette raison.)

– Les préposés aux bénéficiaires et les infirmières n’assoient pas toujours les résidents avant de les nourrir/hydrater ou de leur donner leurs médicaments; les risques d’étouffement/d’aspiration sont donc élevés. 

– Des patients dormaient à même les matelas dû à un manque de draps.

– Les patients sont laissé dans des lites souillés ou dans des couches souillées plutôt que d’être déplacés vers une salle de bain.

– Culture de la peur généralisée concernant l’utilisation des fournitures liée à leurs soûts (soluté, pansements, jaquettes, gants, etc.

– Infestation d’insectes observée dans un centre d’hébergement de longue durée – fourmis, coquerelles, et autres insectes inconnus.

D’après le Rapport Opération Laser / Forces Armées Canadiennes

Vieillir avec dignité / Durée : 24 min / Diffusion : 2020-12-01 / Production Radio-Canada Ontario; Canada 2020 / Réalisateur : Serge Olivier; Collaboratrice : Sophie Vallée

https://ici.tou.tv/vieillir-avec-dignite

Mourir avec dignité

Cela dit, on revient toujours aux mêmes questions :

– À quoi bon prolonger la vie si c’est pour aboutir dans ces centres sordides où personne ne veut aller? Ce doit être parce que ça rapporte du fric dans les coffres de l’état même si on prétend le contraire – on siphonne littéralement les pensions des bénéficiaires.

– Pourquoi nos gouvernements refusent-ils de procéder à l’AMM selon la volonté d’une personne qui a fait une demande anticipée? On prétend que étant donné qu’elles ne pourront pas redonner leur consentement une fois emprisonnées au CHSLD – c’est évident, si on est atteint de sénilité ou d’Alzheimer, c’est pour ça qu’on donne un consentement anticipé!  De sorte qu’on refuse d’administrer l’AMM à des gens qui  avaient consenti par anticipation car elles pourraient avoir changé d’idée! Cet argument est tellement stupide, c’est incroyable.

Site de l’Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignitéAQDMD https://aqdmd.org/

Pétition de Sandra Demontigny : accès à l’aide médicale anticipée pour les gens atteints de maladie neurodégénératives

Depuis un certain temps déjà, Sandra Demontigny, atteinte d’Alzheimer précoce génétique, sa famille ainsi que Kim Verreault, collaboratrice, unissent leurs efforts afin que l’aide médicale à mourir anticipée soit accessible à tous les Canadiens et les Canadiennes atteints d’une maladie neurodégénérative, et souhaitant s’en prévaloir.

On meurt d’en parler / L’aide médicale à mourir et mise à jour du nouveau projet de loi

Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=DbD60Zd3uMo

L'équipe du Salon de la mort est fière de vous présenter «On meurt d'en parler», une série de balados où on y parle de la mort, de la fin de vie et du deuil.

Phoudsady Vanny, co-fondatrice du Salon de la mort et son co-animateur Alain Labonté vous proposent des rencontres avec des professionnels et des intellectuels pour réfléchir sur cette dernière saison de notre vie.

Cette semaine, nous recevons Dr Georges L'Espérance, neurochirurgien et président de l'Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité: L'aide médicale à mourir et mise à jour du nouveau projet de loi.

Site web : https://www.salondelamort.ca/

Son combat pour mourir dans la dignité (2017)

Obtenir l'aide médicale à mourir est encore un parcours du combattant pour certains patients. C'est ce que semble démontrer le cas d'Yvon Cournoyer. Davide Gentile l'a suivi dans sa lutte pour éviter l'agonie et décider lui-même du moment de son départ.

ICI Radio-Canada Info https://www.youtube.com/watch?v=nOJsR76oOvA

Comme le dit monsieur Cournoyer «les gouvernements doivent s’ouvrir l’esprit pour élargir l’accès à l’aide médicale à mourir». En effet, l’ouverture d’esprit n’est pas dangereuse, ce n’est pas une fracture du crâne!

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