16 décembre 2020

Je ne crois plus personne

Ce faisant, je ne suis plus une cible pour les menteurs sans scrupule à la Trump qui nous prennent pour des idiots. 

«La télévision permet une expérience salutaire : garder l'image en supprimant le son. Cela transforme les politiciens en guignols, où le mensonge des gestes et du regard n'est plus masqué par l'écran des mots.» ~ Maurice Chapelan (Amoralités familières, p.78, Grasset, 1964) 

Il faudrait faire confiance à des escrocs, qui, par-dessus le marché, sont fiers de l’être? NON

Déformation de la vérité, mensonges par omission, mensonges éhontés et passe-droit

La désinvolture et l’arrogance du ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon et ses mensonges par omission concernant ses entreprises privées n’ont rien d’étonnant. Tout le monde est conscient des objectifs ultra mercantiles de la CAQ, axés sur la privatisation (1). La cohorte caquiste est largement constituée de comptables, d’économistes, d’affairistes et de spéculateurs qui gèrent l’État comme si c’était une de «leurs» entreprises. À ce titre, pour eux, économie verte signifie exploitation forestière, minière, gazière et pétrolière incluant, si nécessaire, l’inadmissible fracturation hydraulique.

   François Legault, lui-même ancien comptable et homme d'affaires multimillionnaire, a clairement dit avant et après son élection qu’il voulait adopter une approche «business» dans la gestion de certains dossiers de l'État. Fitzgibbon est à la bonne place. En passant, Legault affirmait en 2016 qu’Air Transat (compagnie dont il était un important actionnaire) n’avait jamais créé de filiales dans un paradis fiscal; peu après, recouvrant soudainement la mémoire, il a reconnu que l’entreprise avait une antenne à la Barbade. (Le Journal de Québec, 25 janvier 2016). 

«Il n'est pas possible de dire la vérité, mais on peut faire des mensonges transparents : c'est à vous de voir au travers.» ~ Jules Renard  (Journal / 16 février 1902, p.572, Éd. Robert Laffont coll. Bouquins) 

Le récidiviste

Michel David  / Le Devoir, 10 décembre 2020

«... il ressort de l’enquête que le ministre [Pierre Fitzgibbon] n’a pas informé son sous-ministre du nom des entreprises dans lesquelles il détenait des intérêts et ne lui a pas donné de consignes particulières advenant qu’une telle entreprise dépose une demande au ministère. Selon le directeur de cabinet du ministre, aucune mesure formelle n’a été mise en place». Sans parler des «sept ou huit compagnies à numéro» qu’il n’avait pas jugé utile de mentionner dans sa déclaration d’intérêt.

   On avait beau savoir que M. Fitzgibbon se fichait complètement du code d’éthique, sa façon cavalière, pour ne pas dire méprisante, de traiter la commissaire, dont il met la compétence en doute, est indigne d’un parlementaire. Il n’a offert aucune collaboration à son enquête, estimant avoir mieux à faire.

   Le ministre considérait sa déclaration d’intérêt comme une entreprise évolutive qu’il complétait à sa convenance. 

Article intégral :

https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/591330/le-recidiviste

Lisez les commentaires joints à l’article. Ce que les journalistes ne peuvent pas dire : Le ministre doit démissionner. Le vrai visage! Honte! Dehors! 2 poids 2 mesures  

«Avec tous les millions, les dizaines de millions, les centaines de millions que le ministre Pierre Fitzgibbon et «sa» banque Investissement Québec ont distribués jusqu’à présent, on comprend que les gens d’affaires apprécient le ministre.» (Michel Girard, Le Journal de Montréal 10.12.2020)

Les règles d’éthique et la richesse en politique

Denis Saint-Martin, Département de Sciences politiques, UDM

Pendant qu’Ottawa attend avec impatience le rapport «Trudeau III» du commissaire à l’éthique sur l’affaire UNIS, à Québec l’Assemblée nationale a reçu, le 8 décembre dernier, un rapport de Me Ariane Mignolet qui aurait pu aussi être intitulé «Fitzgibbon II», et qui risque d’avoir plusieurs suites, à en juger par la condescendance avec laquelle le ministre de l’Économie traite les règles d’éthique dans l’administration publique.

   Dans les faits, sur le plan de l’actus reus, le ministre est politiquement intervenu dans un processus bureaucratique – en principe impartial – pour qu’une entreprise dans laquelle il possède des intérêts reçoive un traitement particulier de la part des fonctionnaires. Point à la ligne.

Le photographe Édouard Plante-Fréchette (La Presse) a immortalisé le regard défiant, suspicieux et provocateur du ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon. À qui s’adressait ce regard?

Le premier ministre appuie son ami «à 100 %», dit-il. Il faudrait réviser le code d’éthique pour l’adapter au ministre, et non pas l'inverse. Il faudrait que les institutions s’ajustent aux conditions des plus riches, qui sont, de nos jours, plus nombreux en politique et au gouvernement.

Le petit monde des plus nantis

Car si Trudeau et Fitzgibbon ont peu en commun, sur le plan socio-économique, tous deux appartiennent aux couches les plus fortunées de la société. Tous deux sont insérés dans des réseaux sociaux dont les membres sont habitués à côtoyer des multimillionnaires. Le chef du gouvernement du Québec appartient lui aussi à ce petit club privilégié. Comme Pauline Marois avant lui, et comme Pierre Karl Péladeau à la tête du Parti québécois. Ou Bill Morneau au fédéral, pour qui il est normal d’«oublier» pendant trois ans de rembourser 41 000 $ à UNIS pour un voyage payé à sa famille en 2017.

   Ces exemples sont locaux, mais s’inscrivent dans une tendance mondiale à la concentration de plus en plus forte de la richesse et de la politique dans les démocraties capitalistes.

   Dans un projet de recherche visant à évaluer la richesse des hommes et des femmes politiques dans plusieurs pays, notre équipe a observé la présence croissante d’élus multimillionnaires au sein des branches législatives et exécutives. Dans les cas étudiés, les plus riches sont typiquement des hommes, le plus souvent membres de partis de droite et siégeant au Sénat ou à la chambre haute du Parlement.

   Les chiffres recensés proviennent de déclarations d’intérêt semblables à celle que le ministre Fitzgibbon n’a pas remplie diligemment. Ce qui est mesuré se limite donc à ce que les politiciens veulent bien dévoiler. Et parfois, ils ne veulent rien déclarer, comme dans le cas extrême de Trump aux États-Unis.

La liberté des riches

Les très riches en politique trouvent souvent encombrantes les obligations de transparence et de reddition de comptes imposées par leurs fonctions. Des études en psychologie expérimentale ont déjà révélé que les individus plus fortunés se sentaient moins contraints dans leur comportement par les normes éthiques environnantes que les moins nantis.

   Les plus riches ont plus de ressources et se sentent plus libres et indépendants des autres. Ils sont mieux équipés pour atténuer les conséquences futures d’un manquement à l’éthique.

   Un peu comme le ministre de l’Économie répliquant à la commissaire à l’éthique qu’il ferait «la même chose demain matin» lorsqu’elle lui a déconseillé de s’ingérer dans la décision d’Investissement Québec...

   Les politiciens très riches ne sont ni pire ni meilleurs que les autres. Ils ne forment pas un bloc homogène toujours opposé à la hausse des impôts des plus fortunés. Beaucoup se trouvent aussi à gauche de l’échiquier politique. Mais à cause de leurs multiples intérêts économiques et financiers, les politiciens riches sont plus à risque d’être en conflit avec l’intérêt public dans l’exercice de leurs tâches. C’est pourquoi ils doivent faire l’objet d’une attention particulière de la part des autorités chargées de veiller à l’intégrité et à la confiance du public dans les institutions.

https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2020-12-12/les-regles-d-ethique-et-la-richesse-en-politique.php

«Le criminel en cravate a le sentiment qu'il est correct d'enfreindre la loi pour satisfaire ses propres besoins. Pour plusieurs criminels ordinaires, le crime est un travail. Ce sont des professionnels qui comprennent les risques, mais qui choisissent de les courir pour profiter d'une manne au bout du compte. Les psychopathes, eux, sont différents. Ce ne sont pas des gens qui vont calculer les risques et les récompenses. Ils croient qu'ils ont droit à l'argent qu'ils pillent. Que les autres humains sont des objets qui n'ont ni sentiments ni droits. Un criminel professionnel peut avoir une conscience, une loyauté face aux autres, par exemple envers sa famille. Un psychopathe n'a de loyauté envers personne sauf lui-même. Vous pouvez avoir un criminel en cravate qui pille l'épargne de ses investisseurs. Pour lui, peu importe si ses victimes sont des membres de sa famille, des amis ou de parfaits étrangers. Il peut faire cela sans éprouver le moindre trouble de conscience. Le seul moment où il ressent du remords, c'est lorsqu'il se fait arrêter.» ~ Robert Hare (Des serpents en cravates : quand les psychopathes vont au travail – Snakes in Suits: When Psychopaths Go to Work)

Il existe une version révisée de l'ouvrage -- CD audio en anglais (Unabridge, August 2019) : All of us at some point have-or will-come into contact with psychopathic individuals. The danger they present may not be readily apparent because of their ability to charm, deceive, and manipulate. Although not necessarily criminal, their self-serving nature frequently is destructive to the organizations that employ them. So how can we protect ourselves and our organizations in a business climate that offers the perfect conditions for psychopaths to thrive? In Snakes in Suits, Hare, an expert on the scientific study of psychopathy, and Babiak, an industrial and organizational psychologist and a leading authority on the corporate psychopath, examine the role of psychopaths in modern corporations and provide the tools employers can use to avoid and deal with them. Together, they have developed the B-Scan 360, a research tool designed specifically for business professionals. Dr. Babiak and Dr. Hare reveal the secret lives of psychopaths, explain the ways in which they manipulate and deceive, and help you to see through their games. The rapid pace of today's corporate environment provides the perfect breeding ground for these "snakes in suits" and this newly revised and updated classic gives you the insight, information, and power to protect yourself and your company before it's too late.

Où se trouve l’équilibre entre confinement, liberté et protection du public?

Les initiatives pour encourager les gens à s’isoler ont davantage profité aux personnes qui sont déjà nanties et à celles qui peuvent faire du télétravail, croient le Dr Stefan Baral et la Dre Annie Janvier.

   «On n’a pas vraiment fermé l’économie au complet. On s’est assuré qu’Amazon continue de livrer, qu’Internet fonctionne, qu’on puisse se faire livrer de la nourriture avec des applications. Tout ça pour améliorer le confort de ceux qui sont les plus nantis. Ainsi, les personnes plus nanties ont été surtout des spectateurs de la pandémie. Ils ont vu ce qui se passe à la télévision, tout en se faisant livrer leurs choses à la maison par les personnes les plus à risques.» ~ Dr Stefan Baral, Université John Hopkins

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1743741/confinement-restriction-pandemie-covid-coronavirus-great-barrington-snow-immunite-collective 

La cambriole de haute voltige

Je salue les courageux journalistes qui ont osé investiguer les paradis de la corruption internationale dont nous faisons les frais (Panama/Canada/Paradise Papers). Les reportages et les articles d’Enquête sont sans équivoque : les lobbyistes, les multinationales et les grands investisseurs gouvernent le monde, non pas les ministres et les hauts-fonctionnaires de façade. Que le régime soit totalitaire ou démocratique, communiste ou capitaliste, les politiciens ne prennent des décisions qu’en faveur des intérêts privés.

https://situationplanetaire.blogspot.com/2017/11/la-cambriole-de-haute-voltige-suite.html

Autre exemple de conduite mercantile déplorable de la part de la CAQ : laisser un géant brésilien s’emparer de la cimenterie de Port-Daniel :

La cimenterie gaspésienne de Port-Daniel, un projet marqué par d’importants dépassements de coûts, sera désormais contrôlée par un conglomérat brésilien en vertu d’une transaction qui se traduira par des pertes de plusieurs centaines de millions de dollars pour les contribuables québécois. Pour le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, l’État québécois ne reverra pas la couleur des 350 millions injectés dans ce complexe dont la facture est au bas mot de 1,6 milliard, et est peu probable qu’il récupère les intérêts courus de 122 millions qui lui sont dus. «Nous sommes loin en arrière dans la chaîne de paiement, a-t-il dit, jeudi, en conférence de presse à l’Assemblée nationale à la suite de l’annonce de la transaction. Je crois que c’est plus réaliste de dire aux Québécois “on a provisionné l’argent […], dans 10-15 ans on ouvrira le tiroir et s’il y a de l’argent qui rentre, tant mieux”.» Dans sa mise à jour économique automnale, le gouvernement Legault avait déjà inscrit une perte estimée à environ 380 millions pour son investissement dans Ciment McInnis.

https://www.ledevoir.com/economie/591352/la-cimenterie-de-port-daniel-vendue-a-un-conglomerat-bresilien

(1) François Legault n’a cessé de marteler que le développement économique passait par la privatisation et le démantèlement de certains services publics. Réduire le rôle de l’État dans l'activité économique pour l’orienter vers une idéologie entrepreneuriale favorable au libéralisme économique et à la mondialisation capitaliste étant sa priorité. De sorte que la protection de l’environnement n’a jamais compté au nombre de ses priorités. Certains élus caquistes ont même ouvertement exprimé des opinions climatosceptiques, dont le ministre des Finances, Éric Girard. Leur ignorance en matière de protection de l’environnement est colossale, en particulier celle du ministre de l’Environnement lui-même Benoit Charrette! À moins qu’il ne s’agisse d’ignorance crasse ou de mauvaise foi (tromper volontairement autrui pour parvenir à ses fins).

Aucun commentaire:

Publier un commentaire