29 novembre 2019

Pseudo climatologie

«Un seul mensonge découvert suffit pour créer le doute sur chaque vérité exprimée.»

Avant d’aborder la pseudo climatologie, un mot sur Steven Guilbault. «Petit-Pouce estima qu'il était de son intérêt de coller aux chausses du grand patron afin de ne pas louper le coche.» (Raymond Queneau, Pierrot mon ami)
   M. Guilbault était-il conscient de la manipulation stratégique des libéraux à son endroit? L’épouvantail fait rarement peur aux corbeaux... Les provinces pétrolières de l’Ouest ont néanmoins rejeté le PLC en bloc. Non pas à cause de l’ex-écologiste bien sûr, mais peut-être que les conservateurs craignaient une potentielle menace à leurs manigances s’il devenait ministre de l’environnement. La décision d’exclure l’écologiste de ce ministère avait quelque chose d’humiliant, et démontrait le mépris du PLC envers la crise climatique. On n’a  donc pas fini d’entendre ce raisonnement de pur illogisme : «pour résoudre le réchauffement climatique il faut extraire et vendre plus de pétrole de schiste».
   Suggestion à M. Guilbault : Ne sciez pas la branche sur laquelle vous êtes assis, à moins qu’on ne veuille vous y pendre.

Illustration : Thibault / Le Devoir

«Toute la mise en marché politique du candidat Guilbeault s’est faite autour de son parcours de militant vert. «Steven Guilbeault a décidé de se joindre à nous parce qu’il veut faire partie de la solution et qu’il sait que nous devons nous attaquer au problème des changements climatiques», résumait M. Trudeau dans la vidéo promotionnelle vantant la candidature du futur député de Laurier-Sainte-Marie.
Steven Guilbeault dans l’écosystème politique – Guillaume Bourgault-Côté, Le Devoir 23 novembre 2019

«[...] Mais pourquoi diable Steven Guilbeault avait-il besoin de quitter le terrain des luttes pour se retrouver dans la galère d’un gouvernement minoritaire? S’est-il cru assez rusé pour s’imaginer qu’on le laisserait entrer dans le poulailler d’un vieux parti par la porte de derrière et y régner à sa manière?
   Qu’il n’ait pas été nommé au ministère de l’Environnement n’est une surprise pour personne, sauf peut-être pour ceux qui continuent de s’imaginer les partis traditionnels réformables et malléables, comme par enchantement, au seul contact de pensées vertueuses.
   Rompu depuis longtemps aux pratiques du pouvoir, Guilbeault lui-même ne s’attendait pas à être nommé là, du moins si on en croit ses déclarations. Le ministère de l’Environnement lui était interdit d’accès quasi d’avance, ses compétences étant trop marquées pour qu’on puisse se l’imaginer louvoyer, comme cela est de mise dans un gouvernement dont la ligne d’horizon demeure celle de sa réélection. Alors, pourquoi diable être allé mettre le nez là? [...]
   L’impasse dans laquelle on a jeté Steven Guilbeault en l’écartant de tous les lieux où il promettait d’apporter du changement révèle avant tout une chose : le façadisme du Parti libéral. Le façadisme, en architecture, consiste à préserver la coquille d’un bâtiment, mais en travestissant sans gêne son intérieur.» [...]
Le façadisme Jean-François Nadeau, Le Devoir, 25 novembre 2019

«Nous sommes tous prisonniers d'une conception figée de ce qui est important et de ce qui ne l'est pas, nous fixons sur l'important des regards anxieux, pendant qu'en cachette, dans notre dos, l'insignifiant mène sa guérilla qui finira par changer subrepticement le monde et va nous sauter dessus par surprise.
   Est-on innocent parce qu'on ne sait pas? un imbécile assis sur le trône est-il déchargé de toute responsabilité du seul fait que c'est un imbécile?»
~ Milan Kundera

L’argent dévore tout ce qui lui barre la route, même les papillons... c’est un tueur en série.  

«Quand les cannibales veulent goûter à la connaissance, ils coupent la langue des savants.» ~ Stanislaw Jerzy Lec

Voici le résultat d’une enquête documentée sur les «scientifiques»,  essentiellement des climatosceptiques, qui niaient l’urgence climatique dans une lettre adressée aux Nations Unies. Dans l’article original tous les noms cités sont suivis d’un lien ‘(Nouvelle fenêtre)’ fournissant plus d’information :  

Qui sont les «500 scientifiques» qui affirment qu’il n’y a «pas d’urgence climatique»?

Bouchra Ouatik
Les Décrypteurs, ICI Radio-Canada, 23 novembre 2019

Très peu sont des climatologues, plusieurs ne sont pas des scientifiques et bon nombre d’entre eux ont des liens avec des groupes de pression climatosceptiques.
   Le 23 septembre dernier, une lettre signée par plus de 500 personnes, affirmant qu’il n’y a «pas d’urgence climatique», a été envoyée au secrétaire général des Nations unies. Sa publication coïncidait avec l’allocution de la militante suédoise Greta Thunberg à l’ONU.
   Une enquête conjointe de médias membres de l’International Fact-Checking Network, dont font partie les Décrypteurs, a permis de constater que très peu de signataires ont une expertise en climatologie. En outre, bon nombre d’entre eux ont des liens étroits avec l’industrie des énergies fossiles.
   Cette lettre, entre autres citée par le politicien Maxime Bernier, a été brandie comme une preuve que le consensus scientifique sur les changements climatiques est remis en question.
   Bien que le texte affirme qu’il s’agit de «500 scientifiques et professionnels du climat et de domaines connexes», cette lettre a depuis souvent été présentée comme étant signée par «500 scientifiques». Pourtant, non seulement peu de signataires sont climatologues, mais un grand nombre ne sont carrément pas des scientifiques.

Qui est à l'origine de cette initiative?

La lettre compte 506 signataires, dont 14 qui se présentent à titre d'ambassadeurs de cette initiative, et plusieurs sont connus pour leurs prises de position niant les changements climatiques.
   L’instigateur de la lettre, le physicien néerlandais Guus Berkhout, a travaillé durant une dizaine d’années pour la pétrolière Shell. Selon le média de vérification des faits croate Faktograph, M. Berkhout est spécialisé dans l’exploration géologique de gisements de combustibles fossiles.
   M. Berkhout est aussi le fondateur de l’organisation qui chapeaute cette initiative, Clintel. Selon des informations obtenues par le journaliste belge Jeroen de Preter, du magazine Knack, Clintel a reçu plus de 700 000 $ du milliardaire climatosceptique néerlandais Niek Sandmann.
   Deux Canadiens font partie des 14 ambassadeurs de ce projet, dont le Québécois Reynald Du Berger, professeur retraité de l’Université du Québec à Chicoutimi. Cet expert en séismes affirme que la température terrestre n’a pas augmenté depuis 15 ans. Des établissements d’enseignement ont par le passé annulé des conférences qu’il devait donner sur le sujet.
   L’autre ambassadeur canadien du projet est Jeffrey Foss, professeur de philosophie à l’Université de Victoria en Colombie-Britannique. Il travaille également pour le Frontier Centre for Public Policy, un groupe de réflexion canadien qui a déjà dénoncé les «dommages causés par [...] le lobby des énergies vertes».
   On note également parmi les principaux signataires le Britannique Christopher Monckton. Non seulement il n’est pas un scientifique, mais il a aussi faussement déclaré être lauréat d’un prix Nobel et il s’est autoproclamé membre de la Chambre des lords, une affirmation qui lui a valu une mise en demeure de l’institution parlementaire.
   Les autres ambassadeurs sont le physicien américain Richard Lindzen – dont certains articles scientifiques ont déjà été réfutés par ses pairs en raison d’erreurs et d’inexactitudes –, le géologue australien Viv Forbes, le professeur de philosophie suédois Ingemar Nordin, l’ex-journaliste néo-zélandais Terry Dunleavy, l’ingénieur électricien irlandais et consultant pour le secteur énergétique Jim O’Brien, le géologue italien Alberto Prestininzi, le mathématicien français Benoît Rittaud, le biologiste norvégien Morten Jødal, le chimiste allemand Fritz Vahrenholt, qui a travaillé avec l’industrie des énergies fossiles, et l’ingénieur civil belge Rob Lemeire.
   Ce genre d’initiative ne surprend pas le géologue Michel Jébrak, professeur émérite au Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). «Ça fait des années qu’on voit des groupes de petits scientifiques qui font des lettres de ce type-là», dit-il.

Très peu de climatologues

Climate Feedback, un site de vérifications de faits spécialisé en climat, a analysé le document et souligné que, parmi les 506 signataires de la lettre, 10 se décrivent comme des chercheurs en climat, soit moins de 2 % des signataires.
   «Là-dedans, il y a des gens qui n’ont jamais travaillé sur les changements climatiques. [...] N’ayant pas travaillé sur la réalité physique des changements climatiques, on est dans le domaine du commentaire éditorial.» (Michel Jébrak)
   D’autres se présentent comme chercheurs en climat sans expertise académique dans le domaine, tels que le Canadien Paul MacRae qui a signé la lettre à titre de «chercheur en climat indépendant», mais qui est instructeur d’anglais à l’Université de Victoria. Il a confirmé à Radio-Canada ne pas avoir étudié en sciences.
   Sept des signataires indiquent avoir été «réviseur expert» pour le Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (GIEC). Cependant, cette désignation ne signifie pas qu’ils ont fait partie des auteurs des rapports du Groupe, mais simplement qu’ils ont formulé des commentaires sur les rapports. Pour être réviseur auprès du GIEC, il ne suffit que de fournir une autodéclaration de son expertise.
   Les auteurs des rapports du GIEC, quant à eux, sont sélectionnés sur la qualité de leurs publications scientifiques. Michel Jébrak mentionne que, bien qu’ils ne soient pas tous climatologues, les auteurs du GIEC ont tous une expertise pertinente à la compréhension des causes et des conséquences des changements climatiques. «À chaque fois, ils prennent la meilleure recherche de pointe dans le monde», explique-t-il.
   Selon Climate Feedback, les deux groupes de professionnels les plus représentés parmi les signataires sont les ingénieurs (21 %) et les géologues (19 %). [...]
   On retrouve également dans la liste des scientifiques de domaines non reliés au climat, tels que des biologistes, des généticiens et des médecins. D’autres ne travaillent pas du tout dans le domaine scientifique. On recense notamment 15 économistes, 3 journalistes, 7 relationnistes, 1 historien, 1 architecte et 1 pilote de ligne à la retraite.  

Des liens avec l’industrie énergétique

Bon nombre des signataires de cette lettre travaillent dans le secteur des énergies fossiles. «Dans cette liste de gens, on voit qu’il y a des gens qui ont des intérêts, note M. Jébrak. [...] Évidemment, c’est très difficile pour ces gens-là d’admettre qu’ils sont en fait complices.» Le professeur trace un parallèle avec les scientifiques qui émettaient des doutes sur la nocivité du tabac, alors qu’ils étaient financés par des fabricants de cigarettes.
   Un des signataires de cette lettre, Viv Forbes, est un géologue australien qui a travaillé 40 ans pour l’industrie du charbon. Un autre, Michael Seymour, également géologue, a occupé un poste de direction pour la pétrolière britannique Trajan Oil and Gas.
   Cinq des signataires indiquent avoir travaillé pour la pétrolière Shell. L’ingénieur canadien Allan MacRae a, de son côté, une entreprise active dans l’industrie des sables bitumineux. Les trois signataires polonais sont quant à eux des représentants syndicaux de travailleurs de l’industrie du charbon.
   Plusieurs des signataires sont aussi affiliés à des groupes de pression qui rejettent le consensus scientifique sur les changements climatiques et qui défendent les intérêts des entreprises, comme l’a démontré le média d’enquête britannique DeSmog.
   On compte notamment plus de 20 signataires affiliés à des groupes tels que le Heartland Institute [ndlr : si vous voulez de la désinformation visitez ce site], le Cato Institute [ndlr : initialement appelé Charles Koch Foundation] et le Competitive Enterprise Institute, trois organisations membres d’Atlas Network, dont la mission est défendre le libre-marché. L’Atlas Network a notamment reçu des fonds de la pétrolière Exxon Mobil ainsi que de Koch Industries qui possède des filiales dans le domaine pétrolier [ndlr : l’entreprise possède une majorité de sites d’exploitation en Alberta].
   Quatre des signataires canadiens sont affiliés au groupe de réflexion Global Warming Policy Foundation, fondé par le politicien britannique Nigel Lawson, qui nie le rôle de l’activité humaine sur le réchauffement climatique.

Dix-sept signataires canadiens
[Voyez l’article intégral pour la liste complète. La plupart sont membres ou affiliés à Clintel, à Atlas Network et leurs succursales, notamment l’Institut Fraser (1).]

Des arguments contredits par la science

Les auteurs de la lettre ne nient pas le réchauffement climatique ni la responsabilité de l’humain, mais ils affirment qu’il n’y a pas d’urgence climatique, en se fondant sur des arguments réfutés par la science.
   «Ce qui est écrit là-dedans, ce sont des opinions sur une situation qui n’a pas été analysée», affirme le professeur Michel Jébrak.
   Le site de vérifications de faits scientifiques Climate Feedback a fait analyser les arguments de la lettre par une équipe de scientifiques.

Caricature : André-Philippe Cöté / Le Soleil, 2019.11.04

Les auteurs de la lettre de Clintel avancent que le réchauffement actuel fait partie d’un cycle naturel qui serait peu influencé par l’activité humaine, qu’il serait plus lent que prévu et que les modèles climatiques seraient défaillants. Ces affirmations sont toutes contredites par de nombreuses études scientifiques, telles que recensées par Climate Feedback.
   Ils prétendent également que le dioxyde de carbone (CO2) ne serait pas un polluant, mais plutôt «la base de toute vie sur Terre». S’il est vrai que le CO2 est utilisé par les plantes, il est aussi responsable de l’effet de serre, et des études démontrent qu’un excès de CO2 dans l’atmosphère aura un effet néfaste sur l’agriculture.
   La lettre avance de plus que le réchauffement climatique n’aurait pas eu d’effet sur les catastrophes naturelles. Les travaux du GIEC démontrent au contraire que les changements climatiques causent à la fois plus d’inondations en raison de l’élévation du niveau de la mer et plus de sécheresses.
   Les auteurs de la lettre concluent en soutenant qu’il n’y a pas d’urgence. Les récents rapports du GIEC indiquent plutôt qu’il faudra réduire les émissions de gaz à effet de serre de moitié pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degrés Celsius, et que de manquer cette cible entraînera des conséquences significatives, notamment sur la désertification et la sécurité alimentaire.
   Michel Jébrak souligne que des initiatives comme la lettre de Clintel donnent faussement l’impression qu’il y a un débat autour de la réalité des changements climatiques.
   «Il n’y a pas deux opinions. Il y a un consensus scientifique fort, et il y a des dissidents qui n’ont pas d’arguments solides à apporter.» (Michel Jébrak)
   Bien qu’il existe des climatologues qui rejettent le consensus scientifique, les études publiées ces dernières années précisent qu’entre 90 % et 100 % des chercheurs en climat sont d’avis que l’activité humaine a un impact sur le réchauffement planétaire.

~~~
(1) L’Institut Fraser est un think tank canadien politiquement conservateur et de droite libertarienne spécialisé dans l'économie, la société et l'éducation. Il est affilié  au réseau Atlas et à ses instituts. Sa principale mission est de «mesurer, d'étudier et de communiquer l'impact des marchés compétitifs et de l'intervention étatique». Il vise notamment à l'abolition du salaire minimum (qui a conduit plusieurs syndicats à le critiquer pour cette position), à privatiser l'enseignement public et à réviser le fonctionnement des mécanismes de protection sociale sans but lucratif tels que les soins de santé, ainsi qu'à affaiblir le rôle politique des associations de protection des droits des travailleurs comme les syndicats, etc. L'Institut Fraser s'inscrit clairement dans la filiation du conservatisme et du libéralisme économique de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan, et du monétarisme de Milton Friedman (le saint patron du néolibéralisme et conseiller économique de Reagan).
   L’Institut économique de Montréal (IEDM) est un rejeton de l’Institut Fraser. Maxime Bernier en fut le vice-président à une époque – on voit qu’il a retenu les enseignements...

Qui profite du système miracle qui «fait grandir» l’économie, que la majorité des élus fédéraux et provinciaux glorifient?
    «On voit que la plupart des politiciens sont des individus qui utilisent l’État au profit des intérêts privés. Le néolibéralisme de pacotille des gouvernants semble avoir perdu le nord. Il n’est pas clair si ces politiciens – et ceux qui, dans les coulisses, financent et font mousser les campagnes de leurs candidats – adhèrent au néolibéralisme, mais, sachant que nous sommes dans une société avec un État-providence qui n’accepterait pas de se faire privatiser d’un coup, ils utilisent l’État pour y arriver lentement et aident les amis et leur classe au passage avec la structure qu’ils déconstruisent lentement; ou s’ils ont plutôt compris qu’il y avait un moyen de faire encore plus de profit que dans le chacun pour soi : avec ce que certains ont habilement nommé «la collectivisation des risques et des pertes et la privatisation des profits», choisissant les idées qui leur sont utiles et envoyant au diable la cohérence. Cette seconde option semble nécessiter ce filet social entaillé : d’un côté, pas trop défait pour éviter la grogne populaire et, de l’autre, suffisamment déchiré pour avoir des gens juste assez vulnérables ou endettés pour qu’ils se plient aux besoins de l’employeur, ne pouvant quitter leur emploi et ayant peu de pouvoir de négociation pour améliorer leurs conditions. On comprend peut-être mieux pourquoi Thatcher et Hayek voulaient, et bien d’autres aujourd’hui voudraient, voir les syndicats disparaître.» ~ Christopher Pitchon, Une petite histoire du néolibéralisme  
https://www.sppcm.org/category/journal/social/

Quid du capitalisme radical?  

1979 / 1984 : Élections de Margaret Thatcher en Grande-Bretagne et Ronald Reagan aux États-Unis. Résultat : déréglementation de l’économie,  augmentation des taux d’intérêt, vague de privatisation, diminution de la protection sociale et coupure dans les programmes sociaux – retraite, santé, éducation supérieure, allocation de chômage, etc. En 1984, Brian Mulroney (Parti progressiste-conservateur du Canada de la droite néolibérale) est élu. Résultat : privatisation d’Air Canada, de Pétro-canada, de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN), et autres; création de l’Accord commercial Canada-États-Unis (ACCEU).
1987 / 1989: L’Accord de libre-échange Canada-États-Unis entraînera une vague de délocalisation d’entreprise et l’effondrement du secteur manufacturier au Québec.
1992 : Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) entre le Canada, les États-Unis et le Mexique signé par Bush, Salinas et Mulroney.
1993 : Le premier ministre libéral Jean Chrétien (nouvellement élu) ratifie l’accord. Plusieurs critiques aux États-Unis et au Canada font valoir que les négociations ont été dominées par les intérêts des entreprises et que l’ALENA va entraîner un appauvrissement des conditions de travail et des normes environnementales, les trois pays étant amenés à se faire concurrence en abaissant leurs normes. De même, de nombreux observateurs craignent de voir les emplois manufacturiers hautement payés passer du Canada et des États-Unis au Mexique.

Le Pirée : une tragédie grecque résultant de la mondialisation, un port devenu une halte de transfert pour conteneurs chinois. Notre nouveau Terminal portuaire de Contrecoeur, une fois construit, soutiendra la croissance du marché en augmentant sa capacité de manutention pour l'île de Montréal à 2,1 millions de conteneurs EVP. Le nouvel espace permettra de profiter des occasions d'affaires découlant des marchés émergents, de l'Accord économique et commercial entre le Canada et l'Union européenne et de la Stratégie maritime du Québec. Trois cargos par semaine, un train et 1200 camions par jour se chargeront des transferts. En voulez-vous de la junk, vous en aurez! Même scénario au Port de Québec. Au mépris de l'environnement, bien entendu. 

À un certain moment, les accords et partenariats internationaux se multipliant, nos brillants industriels et manufacturiers, convaincus de faire un bon coup en économisant sur la main-d’œuvre, se tournent vers l’Asie. La marchandise de qualité fabriquée au Canada est remplacée par de la marchandise de mauvaise qualité, jetable (obsolescence programmée), irréparable (pièces non disponibles), souvent non recyclable, causant ainsi une surproduction et une surconsommation involontaires, et le débordement des dépotoirs.
   Le Canada paie aujourd’hui la facture du chantage économique chinois en raison de la demande d’extradition de Meng Wanzhou par les États-Unis. Et si nous ouvrons la porte à l’intrusion numérique 5G du géant des télécommunications Huawei, nous sommes perdus. Impériale revanche. Et vive les camps de travail forcé : «le pouvoir est au bout du fusil» sur les routes de la soie, et les alliances politico-militaires sont de règle pour «établir le paradis communiste mondial» de Xi Jinping. Aucun doute que Huawei nous espionnera jusqu’au trognon et nous dépouillera de toute vie privée comme en Chine. Pire que la NSA!

HALIFAX (La Presse Canadienne, 23 novembre 2019) – «Le Canada doit rejeter le plan du géant chinois des télécommunications Huawei de déployer son réseau 5G au pays, car ce moyen technique pourrait être utilisé comme ‘un cheval de Troie’ pour saper la sécurité nationale», a averti le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Robert O'Brien, au cours d'un forum international sur la sécurité à Halifax. L'événement a attiré plus de 300 universitaires, responsables militaires et dirigeants gouvernementaux de 70 pays démocratiques.
   Selon M. O'Brien, Huawei utiliserait cette technologie pour créer des profils personnels de Canadiens [...]. Il a affirmé qu'une grande quantité de données privées seraient ainsi mises en péril – dossiers de santé, données bancaires et messages publiés sur les réseaux sociaux. Il a prévenu qu'une telle intrusion dans les données personnelles aurait des conséquences sur la participation canadienne à l'alliance des services de renseignement Five Eyes, dont font aussi partie l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et les États-Unis.
   Le président du comité du Sénat américain sur les Affaires étrangères, James Risch, avait déclaré que le Canada devait réfléchir à deux fois avant de s'engager avec une entreprise qui n'est guère plus qu'une branche du Parti communiste chinois.
   Un troisième officiel américain, le sénateur indépendant Angus King, qui siège à la commission sénatoriale sur le renseignement, a lancé une mise en garde similaire. «[Si le Canada permettait à Huawei de déployer son réseau], il serait difficile de partager l'ensemble des renseignements avec un partenaire ayant une ligne directe avec Pékin.»
   La veille, le nouvel ambassadeur de la Chine au Canada, Cong Peiwu, avait tenté de dissiper toute crainte quant à la possibilité pour Huawei de participer à la construction des réseaux mobiles 5G de la prochaine génération au Canada. M. Cong a rejeté l'idée que Huawei pourrait compromettre la sécurité des utilisateurs en installant des canaux par la «porte arrière» dans les appareils, appelant cela une «accusation sans fondement».
   «Nous espérons donc que la partie canadienne offrira un environnement commercial équitable, juste et non discriminatoire aux entreprises chinoises, y compris Huawei», a-t-il affirmé.

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