8 novembre 2019

Le pouvoir exercé sur celles et ceux qui n'en ont pas

Depuis quelque temps, des scandales et des événements horribles ont projeté les enfants et les adolescent/e/s  sous le radar. On souhaiterait que les organismes et les ministères responsables de la jeunesse cessent de multiplier les commissions parlementaires et AGISSENT concrètement.

L’éducation sexuelle fait gravement défaut en milieu scolaire. On a besoin, non pas d’un programme improvisé datant de l’époque victorienne comme dans les provinces conservatrices, mais d’un programme adapté au 21e siècle, conçu par des biologistes, sexologues et psychologues compétents.

Voilà ce que je me dis à chaque fois que je regarde un épisode de «Toute la vie», un scénario créé par Danielle Trottier, auteure de la dérangeante série Unité 9 dont le sujet était la vie des femmes en milieu carcéral. Cette fois, l’enclos est une école pour jeunes filles enceintes. J’ai failli lâcher après le deuxième épisode avec l’impression que c’était une série pro-vie; mais j’ai continué. On verra.

Synopsis (Radio-Canada / télé) : 
Toute la vie gravite autour d’un établissement unique au monde : l’école Marie-Labrecque. Elle accueille une soixantaine de jeunes filles âgées de 12 à 17 ans, toutes enceintes ou jeunes mamans. Elle a la double mission de veiller à leur scolarité et de les préparer à assumer leur rôle de mère au point où, après l’accouchement, elles seront aptes à prendre soin du petit être fragile et totalement dépendant qu’elles ont mis au monde. Rien n’est moins sûr! C’est un défi de taille et il faut y parvenir en quelques mois.
   À l’instar de la soixantaine de filles qui fréquentent l’école, Edwidge, Flora, Den, Camille et Jolène se sont engagées fermement à poursuivre leurs études, tandis qu’Anaïs, 13 ans, souhaite ardemment être admise, mais elle devra convaincre ses parents. Parallèlement, ces filles doivent faire une entrée précipitée dans le monde adulte, même si elles sont aux prises avec des problèmes qui sont le lot de bien des adolescents d’aujourd’hui : faible estime de soi, conflits familiaux, hyper sexualisation, troubles alimentaires, anxiété, abandon ou autres. Le rêve est là, mais la réalité est exigeante et rien ne garantit qu’à l’accouchement, on leur laissera leur enfant.

Crédit photo : Véro Boncompagni. Anaïs (13 ans) à la clinique d’avortement. Au dernier moment elle refuse la procédure. On ne connait pas les raisons de son entêtement à poursuivre sa grossesse en dépit des nombreux obstacles. Cherche-t-elle à fuir une famille dysfonctionnelle – père violent, mère soumise, couple mal assorti et chicane dans la cabane? Elle refuse de réfléchir sur les répercussions de cette naissance sur sa propre vie, celle de sa famille et celle du petit copain qui sort à peine de l’adolescence.

Composée d’enseignants et d’intervenants dévoués dont Christophe, le nouveau psycho-éducateur, l’équipe de Marie-Labrecque, dirigée par Tina, les appuie autant qu’elle le peut pour les aider à réussir leurs études et à mettre assez d’ordre dans leur tête et dans leur vie pour prouver qu’elles sont capables de s’occuper de leur enfant. Ce sont des aidants qui feront souvent la différence, mais pas toujours. Ils seront parfois des témoins impuissants face à une pente trop dure à remonter ou des chocs imprévus de l’existence.
   Le métier de parent est peut-être le plus difficile qui soit. L’assumer prématurément réclame non seulement de l’amour, mais une bonne dose de résilience et sans doute un peu de chance.

Lecture suggérée :

Boucar disait...
Pour une raison X ou Y
Les éditions La Presse, mai 2017


«Si vous ne pouvez pas lire ce livre avant votre premier baiser, ce n'est pas grave. Il vous sera aussi bien utile avant de tomber amoureux, de former un couple, de vous marier, de fonder une famille, d'élever vos enfants et même de devenir grands-parents.
   Ce livre est une exploration humoristique et scientifique sur la reproduction humaine depuis le coup de foudre jusqu'à ce que les enfants nés du couple quittent la maison familiale et se reproduisent à leur tour. Comprendre pour mieux célébrer l'amour, l'attachement, la vie de couple, mais aussi pour lutter contre les discriminations et les violences sexuelles, tel est le sens de ma démarche, ce qui me tient à coeur.»
~ Boucar Diouf, biologiste, humoriste, conteur et animateur


Série suggérée :

Destinée aux jeunes de 13 à 15 ans, On parle de sexe est une série de capsules éducatives qui aborde sans détour l’identité de genre, la première fois, les préliminaires, l’orgasme féminin, l’exploitation sexuelle... des sujets qui préoccupent les ados et piquent leur curiosité.

Télé Québec

Le problème plus qu’alarmant de la prostitution juvénile, requiert des cours d’éducation sexuelle de toute urgence – en plus des jeunes il faudrait inscrire les parents, les proxénètes et les clients!  

Exploitation sexuelle des mineurs : «Le Québec, une pépinière pour le reste du Canada»

Valérie Gamache
Radio-Canada / nouvelle, 4 novembre 2019

Le Québec est devenu une plaque tournante de l'exploitation sexuelle de mineurs au Canada. Si dans les milieux policiers il ne fait plus de doute que la province se trouve en tête du palmarès, le sujet demeure tabou au sein de la population.
   Pour lever le voile sur le phénomène, une commission parlementaire transpartisane s'ouvrira lundi après-midi à Québec. Les députés veulent brosser le portrait de la prostitution juvénile et de ses conséquences sur la vie adulte. 
   Il faut maintenant parler d'un véritable trafic d'êtres humains entre les provinces canadiennes. Les jeunes filles recrutées ici sont en effet très demandées dans les autres provinces. «Les jeunes Québécoises sont très prisées, très exotiques à cause de la langue», soutient Ian Lafrenière ancien policier du Service de police de la Ville de Montréal, devenu député de la Coalition avenir Québec.
   Au Canada, les policiers estiment qu'une jeune fille peut rapporter entre 200 000 $ et 300 000 $ par année à son proxénète. «Les policiers observent que les plus payantes sont celles qui ont le moins d'expérience et qu’il y a aussi une recrudescence du sexe sans protection», explique le député. «Et quand elles ne font plus l'affaire, elles sont vendues à un autre proxénète pour une somme de 15 000 $ à 25 000 $», ajoute-t-il.
   Au Canada, près de 40 % des victimes de la traite sont des mineurs et, dans la majorité des cas, la traite vise l'exploitation sexuelle.
   «C'est une question de produits d'exportation. Les proxénètes se prennent pour des hommes d'affaires», raconte Maria Mourani. Cette criminologue sera appelée à témoigner devant les élus cette semaine. Elle donne l'exemple du projet Convalesce qui a permis aux policiers de démanteler, le 16 octobre, un réseau de prostitution en Ontario et dans l'Ouest canadien qui faisait la traite de personnes à partir du Québec.

Article intégral :

Documentaire suggéré :

L'enquête documentaire choc Trafic plonge le spectateur dans les rouages du monde de la prostitution juvénile. Rapidement, l'enquête se tourne vers le client. Si toute cette industrie existe, c'est pour répondre à ses besoins. Et pourtant, c'est rarement de lui dont on entend parler dans les médias. Qui est-il? Qu'est-ce qui le pousse à vouloir acheter les services sexuels de jeunes filles? Est-ce que la police fait réellement quelque chose pour l'arrêter?

Télé Québec, mercredi 13 novembre 2019 à 20 H

Lecture suggérée :

14 ans et portée disparue
Arielle Desabysses
Éditions De Mortagne, 2015


Un long cauchemar qui entraînera l’auteure malgré elle jusque dans un réseau de trafic humain, là où les jeunes filles de son âge sont très populaires en tant qu'esclaves sexuelles... Une autobiographie infiniment triste, une expédition dans l’ignoble système d’exploitation sexuelle. Ces drames sont malheureusement fréquents. Les parents et les jeunes devraient lire ce livre. Il vaut mieux prévenir que guérir. Et pourquoi  ne pas en faire une lecture obligatoire en milieu scolaire? L’histoire nous offre du même coup un aperçu de ce que vivent les familles autochtones – à ce jour, on n’arrive même pas à dénombrer les disparitions et les assassinats!

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L’entêtement de la Coalition avenir Québec à remplir des promesses, fréquemment insensées, oblige les ministres à rétropédaler constamment pour corriger ou amender des lois élaborées sans réflexion sérieuse. Une perte de temps et d’argent.
   Par exemple, l’École du Grand Voilier de Lévis a réclamé une aide financière de 2,4 millions de dollars pour ajouter trois classes de maternelle 4 ans à ses travaux d’agrandissement – ce qui équivaut à 800 000 $ par classe. François Legault a justifié la dépense en expliquant que les classes sont «amorties sur 40 ans» et «qu’on doit bien ça à nos enfants pour être capables d’offrir ce qu’il y a de mieux». On prévoit construire 1300 classes au cours des prochaines années – faites les calculs...
   Si la CAQ voulait «offrir ce qu’il y a de mieux aux enfants», elle pourrait utiliser ses surplus de revenus pour subventionner les cliniques d’obésité infantile (menacées de fermeture par manque de fonds), restructurer la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), pour renforcer les services de prévention contre l’exploitation sexuelle des mineur/e/s au Québec et pour offrir de vrais cours d’éducation sexuelle en milieu scolaire.  

Mais, la Coalition avenir Québec est constituée d’une horde de comptables, d’économistes, de gestionnaires, de gens d’affaires, d’entrepreneurs et d’investisseurs obsédés par le rendement, la productivité, le libre marché capitaliste néolibéral, les profits et la construction d’infrastructures. Les ministres gèrent les ministères comme si c’était leur business privé. Ce sont de dignes complices de l’Institut économique de Montréal (IEDM), un copié/collé de l’idéologie conservatrice de l’Institut Fraser (à la Reagan/Thatcher). Voilà pourquoi on prône la réduction de la taille de l'État, la privatisation des sociétés d'État (Hydro-Québec, SAQ, etc.), de l’enseignement public, des soins de santé, l’affaiblissement des lois du travail et des syndicats, l’abolition du salaire minimum, la purge des finances publiques, une grande ouverture au secteur privé et aux investisseurs étrangers, et la création d’une économie de propriétaires. On reconnait les positions de l’ancien directeur de la recherche à l’IEDM et porte-voix des lobbies pétroliers, Youri Chassin, élu député de Saint-Jérôme et très bon ami de François Legault. Il est membre de la Commission des finances publiques et adjoint parlementaire du ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. Il n’a pas obtenu un poste de ministre, mais on constate l’énorme influence que l’économiste exerce sur le cabinet et les députés de la CAQ, entre autres sur le ministre de l’Immigration, de la francisation et de l’intégration, Simon Jolin-Barrette. La réforme sur les règles entourant le Programme de l’expérience québécoise inclut des formations qui n’existent plus ou pas...! François Legault a décidé de suspendre sa mise œuvre le temps d’analyser la réforme en profondeur.

Catalogue des incohérences :

La logique mercantile et compétitive du député Youri Chassin, qui se défend bien d’être de la droite idéologique :

Youri Chassin a affirmé que le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) «était devenu toxique pour le développement économique en déviant (...) de sa mission», et il a critiqué le Fonds vert.
    Avant les élections, il s'est notamment prononcé en faveur de la production de pétrole au Québec, contre la taxe sur le carbone du gouvernement Trudeau et contre la gratuité des Centres de la petite enfance (CPE).
   «À propos du réseau de CPE du Québec, il a écrit en février 2017 que le «système s’occupe d’abord et avant tout de ceux qui le gèrent, au lieu de se préoccuper des parents et des enfants». Plus tôt, en 2011, alors que le débat sur la hausse de la contribution de 7 $ par jour avait lieu, il avait déclaré, selon TVA, qu’il «serait préférable de donner l’argent aux parents plutôt qu’aux garderies» afin de permettre aux parents d’acheter sur le marché les services qu’ils préfèrent. Il avait aussi déploré que les éducatrices en milieu familial soient syndiquées, alors qu’elles sont travailleuses autonomes.
   Dans un article de son blogue personnel, il a aussi exposé les «dangers de l'interventionnisme» d'État. «Si je me montre si suspicieux envers les solutions étatiques, c'est principalement parce que je ne crois pas au mythe d'un État au service du bien commun. Déjà, l'idée qu'il puisse exister un "bien commun" sonne l'alarme. La joute politique se fonde justement sur l'absence de consensus quant à la nature du fameux bien commun.» (Billet publié du 22 mars 2018 sur le blogue personnel de Youri Chassin)  
   En août 2016, il a utilisé sa tribune dans le Journal de Montréal pour promouvoir l’abolition des commissions scolaires «pour donner davantage d’outils aux écoles». «L’autonomie des écoles serait un facteur important d’amélioration de la réussite scolaire», plaidait-il.
   Dans une tribune publiée en novembre 2016 dans La Presse, il faisait activement la promotion d’une privatisation progressive des actifs de la SAQ. «Dans un tel scénario, la SAQ en tant qu’entreprise n’est pas condamnée à disparaître. Elle devra toutefois s’ajuster à la concurrence», écrivait-il.
   Il milite aussi pour une réduction substantielle du nombre d’employés à Québec. «On devrait, à terme, être capable d'imaginer un État québécois où les employés reçoivent de bonnes augmentations et sont bien payés, […] mais où il y a par ailleurs beaucoup MOINS d'employés de l'État», écrivait-il en mai 2014.

Source : Radio-Canada / nouvelle

Photo : François Léger-Savard / flsphoto

Les jeunes demandent des comptes aux gens en position d’autorité. Imitons-les! On devrait écrire aux députés sans relâche et collectionner leurs réponses mensongères, s'ils répondent...

«Le pouvoir expliqué à ceux qui l’exercent (sur moi)»

À l’origine du projet, se trouve une gageure : demander à des adolescents, n’ayant pour le moment qu’un pouvoir d’achat, de se pencher sur la nature des différents pouvoirs auxquels ils sont exposés et soumis : le pouvoir politique, économique, familial, parental, médiatique, institutionnel, scolaire, sans oublier celui de leurs pairs.
   Le pouvoir expliqué à ceux qui l’exercent (sur moi) s’offre comme un vibrant kaléidoscope composé des questionnements inquiets, réinterprétations du monde et tentatives d’espérance de plus de deux cents adolescents sondés dans les deux dernières années. Créé avec eux, porté par eux, mais adressé aux adultes, le spectacle présente une radiographie saisissante de ceux et celles qui, ni enfants ni adultes, s’apprêtent à hériter de l’état actuel du monde.
   Des lettres portant sur le pouvoir, écrites par des jeunes du 4e secondaire ont donné naissance à une pièce de théâtre. Plusieurs élèves de l'École Sophie Barat se sont donc retrouvés sur les planches.
   Le texte, une création collective de fragments de textes d’étudiants, a été composé l’an dernier. «On a écrit des lettres adressées à des personnes en position de pouvoir», explique une étudiante. Certaines sont intégrées au spectacle, et visent les Trump, Bolsonaro, Trudeau, Legault; Jeff Bezos (Amazon); Lyne Robitaille (les magazines de TVA), sur l’utilisation de l’image des femmes.
   «On a monté un glossaire politique. L’an dernier, il y a eu une nuit blanche de création avec deux stations de micros ouverts sur des thèmes imposés – ça a été marquant, parce qu’il y a beaucoup de ces petites choses écrites cette nuit-là sur le vif qui sont dans le show, et super-frappantes, et authentiques.»

Extrait :

Mais vers où il faut se tourner pour la dire notre colère? Où est-ce qu’il faut aller pour le dire qu’on n’est pas d’accord? À l’ONU justement? Dans les bureaux de l’Organisation mondiale du commerce? Le vrai pouvoir, il se trouve où? Au fond des paradis fiscaux? À Washington? À Ottawa? À Québec? À l’école? Chez nous? Dans la rue? Sur Facebook, Instagram pis Twitter? Il est où? Pis c’est quoi? C’est qui?



Le spectacle fut présenté une première fois au théâtre en juin dernier, et une seconde fois du 31 octobre au 3 novembre 2019. Idéation et accompagnement dramaturgique : Michel Stringer, professeur à l’École Sophie-Barat. Production : Système Kangourou en collaboration avec l’École Sophie-Barat et le Théâtre Aux Écuries.

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